Trophée Jules Verne, 2e round

Trophée Jules Verne 2020/2021
Gitana Team
Charles Caudrelier
Franck Cammas


Créé le:
10 January 2021 / 10:18
Modifié le:
12 January 2021 / 9:42

Avec la précision d’un métronome c’est à 2 heures 33 minutes et 46 secondes que le Maxi Edmond de Rothschild s’est élancé ce dimanche 10 janvier sur une nouvelle tentative de record du Trophée Jules Verne. Par un vent de nord-est d’une vingtaine de nœuds et dans une mer maniable, les six marins ont laissé l’île de Ouessant par son travers et salué une dernière fois le Créac’h, phare emblématique de ce passage de ligne. Partis de leur base lorientaise quelques heures auparavant, juste avant le coucher du soleil, Franck Cammas, Charles Caudrelier, Morgan Lagravière, David Boileau, Yann Riou et Erwan Israël ont dû patienter quelques heures au large pour ajuster au mieux leur créneau de départ; un timing millimétré savamment calculé avec leur routeur météo à terre Marcel van Triest, véritable 7ehomme du bord. Car dans un record comme le Trophée Jules Verne chaque minute compte! Il faut dire qu’avec leur chrono de 40 jours 23 heures et 30 minutes, Francis Joyon et l’équipage d’Idec Sport ont placé la barre très haut. Pour battre le record et devenir le 10e équipage à inscrire son nom à ce monument de la course au large, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild devront être de retour au large de la pointe bretonne avant le 20 février à 2 heures 3 minutes et 15 secondes. D’ici là, près de 22000 milles nautiques se présentent devant les étraves et une aventure planétaire à hautes vitesses les attend.

 

 

 

Deuxième tentative et deuxième départ de nuit

Il semble que les départs au clair de lune soient au goût des marins du Maxi Edmond de Rothschild. Le 25 novembre dernier, pour la première tentative du Gitana Team sur le Trophée Jules Verne, la ligne avait été franchie dans l’intimité de la nuit noire, à 3h26 très précisément.  Un mois et demi plus tard, l’histoire se répète. Cette nuit, à 2 heures 33 minutes et 46 secondes, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont à nouveau déclenché le chronomètre du record du tour du monde à la voile à bord du premier maxi-trimaran conçu pour voler en haute mer.  Rappelons que, fin novembre, les six hommes avaient dû interrompre leur parcours dans la descente de l’Atlantique Nord suite à des dommages sur le safran et le foil bâbord du géant ; des avaries consécutives à un choc avec un OFNI. De retour à Lorient début décembre, ils avaient pu compter sur la réactivité de l’équipe technique pour réparer au plus vite et se remettre en stand-by avant les fêtes de fin d’année. Depuis, tous attendaient la bonne fenêtre, et ces derniers jours aucun ne cachait son impatience de repartir au plus vite.

 

 

Une route rapide et des compromis

« Nous aurons un vent de secteur nord-est de 15-20 nœuds sur la ligne, avec une mer très maniable. Mais ça va forcir rapidement et nous devrions avoir 24 premières heures avec pas mal de vent et des manœuvres, notamment au niveau du cap Finisterre, avant de pourvoir rejoindre les alizés », expliquait brièvement Franck Cammas. Le long de la péninsule ibérique tout sera déjà histoire de compromis et l’équipage devra se faufiler dans un couloir étroit pour gagner vers le Sud, ni trop près de la côte où le vent pourrait s’essouffler, ni trop au large pour ne pas subir une mer forte et peu propice à la vitesse. Toute la difficulté de ce début de Trophée Jules Verne est de trouver puis de maîtriser l’enchaînement météorologique si déterminant entre le Nord et le Sud pour gagner au plus vite vers les mers australes. Pour y parvenir, le duo Cammas-Caudrelier et leurs quatre équipiers savent qu’ils devront être précis dans leur trajectoire pour tenir le tempo imposer par le schéma météo. Selon les derniers routages, les temps de passage du premier tiers de parcours sont prometteurs. L’équateur est accessible sous les 5 jours et le cap des Aiguilles pourrait être dépassé en moins de 12 jours.

 


Toute une équipe dans leur sillage 
Tandis que le Maxi Edmond de Rothschild s’apprêtait à larguer les amarres sous les applaudissements d’un public venu nombreux malgré l’ambiance hivernale qui régnait ce samedi après-midi, Cyril Dardashti, le directeur du Gitana Team, ne cachait pas son plaisir : « Nous sommes sur notre deuxième départ cet hiver et nous sommes super contents que cette fenêtre s’ouvre pour permettre à l’équipage d’aller s’exprimer sur l’eau. Cela fait un mois désormais, depuis que le bateau est réparé, que nous nous préparons à saisir une situation favorable. S’engager sur le Trophée Jules Verne, c’est l’un des grands objectifs de notre programme. Avec le Team Verdier, nous avons imaginé et conçu ce bateau pour ce type de grand record avec l’objectif d’expérimenter le vol au large. Cela fait plaisir de rentrer concrètement dans le jeu. Les temps prévus par Marcel van Triest et les routages sont bons, à l’équateur comme au cap des Aiguilles ; l’équipage et le bateau sont bien prêts ; on peut dire qu’il n’y a plus qu’à ! Les gars ont hâte d’y aller, nos armateurs, l’équipe technique et tous les collaborateurs du groupe Edmond de Rothschild sont derrière. C’est ce que nous attendons tous, que le bateau s’élance et aille se mesurer à ce fabuleux record ! »



Paroles de marins
Franck Cammas : « Nous sommes ravis d’avoir cette belle fenêtre qui s’ouvre devant nous. C’est notre deuxième tentative et nous l’abordons avec beaucoup plus d’espoir que la première. En plus, les conditions sont avec nous sur ce départ de nuit, sans lune mais avec des étoiles. Il fera frisquet, c’est sûr, mais on va très vitre rejoindre les latitudes plus chaudes. Tout va aller très vite. J’espère qu’on va rencontrer de la réussite, même si c’est une longue aventure qui se profile devant les étraves du Maxi Edmond de Rothschild. C’est vraiment sympa de se retrouver dans l’action avec l’équipage. On croise les doigts pour revenir le plus vite possible à Brest après notre grand tour complet de la planète. »


Charles Caudrelier : « L’attente a été un peu longue. À Noël, quand une fenêtre s’est refermée, on a eu une petite inquiétude. On aurait pu partir il y a deux-trois jours, l’Atlantique Nord était très bon, mais l’Atlantique Sud restait très moyen. On a essayé d’allier les deux, ce qui n’est pas simple, car il reste des incertitudes. Ce n’est pas encore parfait, mais on est en janvier et on a rarement eu une si bonne fenêtre. Notre première tentative a eu l’avantage de nous permettre de re-naviguer ensemble dans des conditions musclées. Aujourd’hui, on est plus que prêt, l’équipe a fait un boulot fantastique avec le souci du détail. Au-delà de la performance, nous avons gagné en fiabilité, ce qui est essentiel pour battre ce record très dur à atteindre. Depuis une semaine, l’impatience monte crescendo. On observe, on analyse et on décale tous les jours le moment de partir. Ce sera mon troisième tour du monde en équipage après deux Volvo Ocean Race, mais en mode record, c’est la première fois. C’est une nouvelle aventure,  je suis ravi de vivre ça et conscient de la chance que nous avons de vivre nos rêves. »


Yann Riou : « Personnellement, je trouve cela plus agréable que le premier départ ; il fait beau, il fait jour et il y a du monde, les proches sont là. Tout ça fait que c’est très sympa de partir aujourd’hui. Cela reste un peu difficile de dire au revoir à sa famille quand on part pour un tour du monde. Mais je suis super content d’embarquer à nouveau à bord de ce magnifique bateau. J’ai une double casquette sur ce Trophée Jules Verne, je suis naviguant tout autant qu’équipier média. Les journées de départ, comme celles des passages aux temps intermédiaires par exemple, sont des journées bien chargées. Après avoir envoyé des images du départ, pour essayer de vous faire vivre au plus près l’intimité du franchissement de la ligne en pleine nuit, je vais pouvoir rentrer petit à petit dans mon rôle d’équipier, prendre mes quarts ! J’ai vraiment hâte… »


Erwan Israël :  « Le Trophée Jules Verne, c’est peut-être le plus beau record à la voile avec la possibilité de naviguer sur des bateaux extraordinaires. Je connais bien Franck et Charles, avec lesquels j’ai disputé la Volvo Ocean Race il y a près de dix ans. Être de nouveau avec eux, à bord de cette belle machine pour battre ce record, c’est l’éclate totale ! »



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