Trophée Jules Verne 2020 : un observateur nommé Joyon

Trophée Jules Verne 2020/2021
Joyon


Créé le:
10 décembre 2020 / 11:14
Modifié le:
10 décembre 2020 / 11:16

Francis Joyon est un observateur attentif des tentatives en cours et à venir contre le record du Trophée Jules Verne, tour du monde à la voile, en équipage et sans escale. Détenteur depuis 2017 du chrono référence, à bord du maxi trimaran IDEC SPORT, en compagnie d’un détonnant équipage composé d’Alex Pella, Gwénolé Gahinet, Bernard Stamm, Sébastien Audigane et Clément Surtel, et en un peu plus de 40 jours (40 jours, 23 heures, 30 minutes et  30 secondes, à 22,84 noeuds de moyenne), Francis souscrit volontiers à l’axiome « Un record est fait pour être battu ». Amoureux du beau geste marin, il privilégie cependant, et au delà du résultat, la manière, l’engagement humain, les belles trajectoires et les stratégies opportunistes qui écrivent l’histoire et créent véritablement la légende. Regard d’un expert ès Tour du monde sur les tentatives en cours de Thomas Coville (Sodebo) et à venir du tandem Cammas – Caudrelier (Gitana 17).

 

 

Le bel Atlantique Sud de Sodebo !
« Ce Trophée passionne tous les marins » résume, laconique, Francis Joyon. « Je ne suis donc pas étonné de voir le sérieux, le professionnalisme investis par des Teams aussi prestigieux que Sodebo et Gitana pour s’y aventurer. Ces équipes disposent de formidables machines, très complexes et dont j’ai plaisir à observer les performances. Je constate d’emblée que Gitana 17 a, comme nous à l’époque, fait le pari d’un équipage réduit, synonyme de légèreté. Il ne m’est cependant pas possible de juger des performances de l’équipe Caudrelier-Cammas sur leur tentative avortée. Je constate en revanche que Sodebo semble très rapide dans moins de 20-25 noeuds de vent. La combinaison de la légèreté, des foils et autres plans porteurs fonctionne parfaitement dans le vent medium, et sur mer relativement plate. Thomas et ses hommes ont été très bons en Atlantique Sud, et dans l’enchainement des systèmes météos. Leur vitesse dans le vent fort de cette semaine semble en revanche assez équivalente à la nôtre. »

 

Afrique – Australie en 4 jours et 9 heures !
A l’heure où nos écrivons ces lignes, Sodebo croise entre Kerguelen et l’île Heard, par 50° de latitude Sud. Un moment du parcours où le maxi trimaran IDEC SPORT débutait voici 4 ans une invraisemblable traversée de l’océan Indien, signant pas moins de 6 journées à plus de 850 milles, soit 35,45 noeuds de moyenne. Sodebo, très véloce en Atlantique Sud, parcourait le 5 décembre dernier 888,5 milles en 24 heures. IDEC SPORT en avait avalé 894, à 37, 25 noeuds de moyenne. A cette allure ébouriffante tenue en avant d’un front, Joyon et ses 5 « Incroyables » ralliaient le cap Leeuwin depuis son passage au cap des Aiguilles en 4 jours, 9 heures et  37 minutes, à la vitesse moyenne de 35,08 nœuds sur le fond (3 705 milles) ou 842 milles par 24 heures, soit 6 jours, 8 minutes ou 36 % de mieux que le précédent record de Loïck Peyron (Banque Populaire V). C’est à cette performance que Thomas Coville et ses 7 hommes d’équipage s’attaquent cette semaine. « C’est amusant de comparer les trajectoires, les choix de route dans des secteurs que l’on a fréquentés » poursuit Francis. « Je suis toujours très intéressé de voir ce que nous mêmes, à circonstances égales, aurions fait, en terme de stratégie mais surtout d’engagement. Où mettre le curseur de la performance et donc, de l’exigence humaine, dans des conditions données. J’aime quand les marins se donnent à fond, du début à la fin. »

 

Admiratif de Le Cam.
Francis Joyon étend aussi ses réflexions au Vendée Globe qu’il suit avec intérêt. Il ne fait guère secret de son admiration pour Jean Le Cam. « Je crois que Jean et moi avons une démarche similaire dans l’approche de nos courses » atteste-t’il. « J’admire beaucoup sa trajectoire depuis le départ, ses prises de risque assumées et maîtrisées. On voit que la réalité de la Nature reprend vite ses droits, et que des voiliers testés en Atlantique Nord réagissent de manière inattendue lorsque confrontés aux réalités du grand Sud, ses creux de 9 mètres et ses vents à plus de 55 noeuds. J’attends à présent le nouveau départ de Gitana. »



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