En laissant dans son sillage la longitude du cap des Aiguilles, ce jeudi 21 janvier à 16h37’53’’, le Maxi Edmond de Rothschild fait officiellement son entrée dans l’océan Indien. Après 11 jours 14 heures et 3 minutes de mer, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers attaquent les mers du Sud avec plus de 1 jour 7 heures et 19 minutes d’avance sur Francis Joyon et les hommes de Idec Sport. Ils deviennent ainsi les marins les plus rapides de l’histoire sur cette descente de l’Atlantique ; un temps canon qu’ils dédiaient naturellement au baron Benjamin de Rothschild, disparu quelques jours auparavant.
Deux caps et deux nouveaux temps de référence
Cette douzième journée de mer aura permis au Maxi Edmond de Rothschild d’ouvrir le tableau de chasse de son Trophée Jules Verne. Partis de Ouessant le 10 janvier à 2h33’46’’, les six marins franchissaient la longitude du cap de Bonne-Espérance ce jeudi midi, à 12h27’46’’ après 11 jours 9 heures et 53 minutes de mer. Ils amélioraient ainsi de 11 heures et 55 minutes le chrono établi par l’équipage de Banque Populaire en 2012 sur le Trophée Jules Verne. A noter aussi, que jusqu’à ce 21 janvier, le chrono absolu sur ce tronçon était détenu par un solitaire en 11 jours 20 heures et 10 minutes. Il s’agissait de François Gabart qui, en 2017, signait une performance ahurissante à la pointe de l’Afrique du Sud.
Quatre heures plus tard, à 16h37’53’’, Franck Cammas, Charles Caudrelier, David Boileau, Erwan Israël, Yann Riou et Morgan Lagravière réitéraient au cap des Aiguilles et basculaient dans l’océan Indien, toujours avec le meilleur temps de référence mais surtout avec 1 jour 7 heures et 19 minutes d’avance sur l’actuel détenteur du Trophée Jules Verne.
« Moins de 11 jours 10 heures pour aller à Bonne Espérance c’est quand même bien, ça veut dire que la fenêtre était bonne, on a bien fait de la prendre ! Après on a toujours l’impression d’avoir perdu du temps sur le chemin, notamment dans le Pot-au-Noir, mais bon, on est content d’être là et à ces vitesses-là. Maintenant on attaque la partie difficile, » confiait Franck Cammas à la caméra de Yann Riou.
Dans le grand bain du tour de l’Antarctique
Le Maxi Edmond de Rothschild vit les premiers milles de sa carrière dans les mers australes, tout comme David Boileau et Morgan Lagravière qui débutent leur première traversée de l’Indien. Mais l’équipage le sait bien, c’est ici que les choses sérieuses commencent ! Tout d’abord, parce que sur cette longue portion du parcours dans les mers du Sud, Francis Joyon et son équipage ont été magistraux et ont clairement fait la différence grâce à une trajectoire proche de la perfection ; 5 jours 21 heures pour dévaler l’Indien puis 7 jours 21 heures pour saluer le cap Horn… Mais aussi parce que les hommes du Gitana Team plongent vers des latitudes où il n’est jamais anodin de naviguer. « C’est un beau premier temps puisque c’est le record absolu sur ce parcours entre Ouessant et la pointe de l’Afrique du sud. Même si c’est un record qui ne compte pas beaucoup, il est important pour nous parce qu’il nous permet de franchir ce passage avec presque 1 jour et demi d’avance sur le record du Trophée Jules Verne détenu par Francis Joyon et c’est l’objectif qu’on s’était fixé. Puisqu’ensuite Francis a eu des mers du Sud complètement dingues et on a très peu de chance de trouver ça. Et d’ailleurs nous n’aurons pas un océan Indien aussi rapide donc nous sommes ravis d’avoir cette marge-là qui est à peine suffisante pour rester devant lui ou avec lui à la sortie je pense. Donc notre premier objectif n’est pas trop mal réussi ! Et le bateau est en parfait état, et ça c’est l’essentiel ! » concluait Charles Caudrelier.
En hommage à Benjamin de Rothschild, notre armateur disparu
Depuis vendredi dernier, le Gitana Team, l’écurie de course au large qu’il a fondée avec son épouse Ariane de Rothschild en 2000, est endeuillé par la disparition de son armateur. À notre manière, depuis le large qu’il aimait tant, nous avons souhaité lui rendre un dernier hommage. Ces nouveaux temps de référence, les meilleurs chronos de tous les temps sur cette partie du parcours, nous voulions les lui dédier et les offrir à Ariane de Rothschild et à leurs quatre filles en son honneur.
« Le sillage du Maxi Edmond de Rothschild marquera l’histoire des bateaux volants et de la course au large. Nous ne remercierons jamais assez Benjamin de Rothschild de nous avoir embarqué dans cette aventure incroyable et d’avoir cru en ce projet et en notre équipe pour le concrétiser. Il a su transformer son héritage avec audace et passion. Nous mesurons chaque jour notre chance d’en faire partie et d’écrire de nouvelles pages dans cette lignée unique au monde », déclarait Cyril Dardashti, le directeur du Gitana.