Après avoir regagné la Marina du château de Brest vendredi dernier pour un potentiel départ, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a repris la mer ce mercredi matin et sera de retour à Lorient dans la journée suite à une sortie d’entraînement au large. La complexité à trouver le bon enchaînement entre l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud ne permet pas encore aux hommes du Gitana Team d’apercevoir le bon timing pour s’élancer sur le Trophée Jules Verne. Mais Charles Caudrelier, Franck Cammas et l’ensemble du Team restent vigilants et particulièrement attentifs à l’évolution des conditions.
Ça bloque au Sud
La décision a été prise vers 22h30, hier soir. Après avoir envisagé un départ dans les 24 heures, l’équipe, en conformité avec l’analyse du routeur et météorologue Marcel van Triest, a décidé d’y renoncer pour le moment. « La météo ne nous convient pas assez », reconnaît Charles Caudrelier. « Francis Joyon a placé la barre très haut avec son record (40 jours, 23 heures et 30 minutes en 2017). Même si le potentiel d’Edmond de Rothschild est très bon, il faut trouver un enchaînement météorologique très favorable et très rare qui soit propice à la fois dans l’Atlantique Nord et dans l’Atlantique Sud. C’est la rampe de lancement d’une tentative et si elle n’est pas réussie, les chances de battre le record sont quasiment nulles. » L’objectif n’a pas varié : passer sous l’Afrique du Sud et le cap de Bonne-Espérance en moins de 11 jours.
Depuis samedi dernier, l’équipe tente de « trouver une correspondance entre ce qui se passe au Nord – notamment dans le golfe de Gascogne – et une dépression dans l’Atlantique Sud qui nous propulserait dans les mers australes, » poursuit Franck Cammas. « Pour l’instant, quand le timing du Nord est bon, celui du Sud n’est pas bon ». Dimanche, lundi et mardi, ce sont les effets de la tempête Gérard, qui a balayé l’Hexagone, qui rendaient impossible un potentiel départ. « On n’a pas voulu prendre de risque pour le bateau avec une mer très grosse sur les premières heures », confie Charles.
« La patience, c’est le jeu du record ! »
« On vise une dépression au large du Brésil mais il faut 7 à 8 jours pour y parvenir », précise le récent vainqueur de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. « Mais les prévisions changent beaucoup dans cette zone-là… Ce que nous cherchons, c’est attraper la bonne dépression avec une vitesse adéquate au potentiel du bateau qui puisse nous emmener jusqu’à l’océan Indien », abonde Franck. « Pour l’instant, à chaque fois que l’on approche d’un scénario, les modèles évoluent et ce n’est pas encore favorable ». Pourtant, celui qui a déjà signé le record en 2010 souligne « qu’il y a des opportunités qui peuvent arriver assez vite »
Ce mercredi matin, l’équipage a quitté la marina du château et la rade de Brest pour regagner sa base à Lorient. « Nous nous étions positionnés à Brest parce qu’il y avait une fenêtre entre deux vents tempétueux de Nord-Ouest », explique Franck. « Ce n’est plus le cas donc nous rentrons à Lorient. Nous allons en profiter pour partir comme si on prenait un départ », ajoute Charles. « Nous allons pouvoir confronter le bateau pendant quelques heures à de la mer forte afin de voir comment il se comporte. Avec le Maxi Edmond de Rothschild, on sait qu’on peut très rapidement venir à Brest dès qu’une opportunité se présentera ». Les deux marins avouent une « petite frustration » mais tout comme leurs quatre équipiers – Morgan Lagravière, David Boileau, Erwan Israël et Yann Riou – ils connaissent parfaitement les aléas d’une tentative de départ sur le Trophée Jules Verne et savent prendre les opportunités qu’offrent la météo comme elles viennent : « Nous aimerions partir le plus tôt possible, mais nous avons de l’expérience. On sait que le record est dur à battre et qu’il faut savoir être patient. C’est le jeu du record ! », concluait le skipper du Maxi Edmond de Rothschild juste avant de larguer les amarres, direction Lorient.