À 8H30 HEURE CE MERCREDI 16 JANVIER, LE TRIMARAN GÉANT NOIR ET OR A QUITTÉ LE QUAI DE LA MARINA DU CHÂTEAU À BREST AFIN DE RALLIER LA LIGNE DE DÉPART DÉFINIE À OUESSANT, DEVANT LE PHARE DE CRÉAC’H. LES DOUZE HOMMES DE SPINDRIFT 2 COMPTENT TROIS HEURES POUR REJOINDRE LA LIGNE ET DEVRAIENT PARTIR VERS MIDI, AU MOMENT OÙ LE FRONT ATTENDU DOIT PASSER SUR OUESSANT AVEC UN BON FLUX DE NORD-OUEST.
Beaucoup d’émotion, mais surtout beaucoup de concentration pour ce départ que certains attendent depuis le 5 novembre, date du début du stand-by. Mais cette fois, l’opportunité est belle et les conditions idéales pour atteindre l’équateur en moins de cinq jours, le meilleur temps étant toujours détenu par Yann Guichard et son équipe en 2015 : 4 jours 21 heures 45 minutes…
Mais c’est surtout l’Atlantique Sud qui va déterminer comment se présentera l’enchaînement vers le Grand Sud : le skipper et ses hommes espèrent pouvoir franchir la longitude du cap de Bonne-Espérance en moins de douze jours, afin d’avoir une journée de marge sur le record autour du monde (Trophée Jules Verne) détenu depuis 2017 par Francis Joyon en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes.
« Ils ont dit » avant le départ :
Erwan Israël : « Les premières heures vont être intenses puisqu’on a un front qui arrive de l’Ouest. Le vent de Nord-Ouest va être soutenu et nous emmener rapidement jusqu’au cap Finisterre… Il y a 70% de vent portant jusqu’à l’équateur. Et le Pot au Noir à l’air gentil… Ensuite CLS nous fournit des données sur la position des glaces : l’Atlantique et l’Indien ne devraient pas poser de problèmes, mais par contre, le Pacifique risque d’être assez difficile parce qu’il y a beaucoup d’icebergs au large de la mer de Ross. Comme ils sont très Nord, il est peut-être possible de passer dessous. Il faudra ajuster. »
Xavier Revil : « Le départ du ponton se fait de nuit, mais le franchissement de la ligne à midi. Sous le soleil, devant Créac’h ! On doit avoir un peu de vent de Sud-Ouest mais une bascule franche est annoncée rapidement à l’Ouest-Nord Ouest. Après, on a une belle météo le long du Portugal et après dans les alizés… Cela fait deux mois qu’on attend et on n’a rien eu à se mettre sous la dent ! L’hiver a été assez calme et la première fenêtre qui se présente alors, est bonne. »
François Morvan : « Cela va être assez rapide parce qu’on va partir juste avant que le front arrive sur Ouessant. Après quelques heures, on vire et le vent va devenir de plus en plus favorable pour descendre vers le cap Finisterre : on sera alors déjà sous gennaker ! C’est un schéma assez classique pour un départ de Jules Verne. C’est ma troisième tentative et je suis content de m’élancer, surtout que le temps à l’équateur apparait bon. Ça fait toujours quelque chose de partir pour un tour du monde ! C’est un gros dossier et on ne s’habitue jamais. »
Erwan Le Roux : « On va essayer de franchir tous ces caps et tous ces objectifs autour du monde ! Il y a une belle fenêtre et le bateau est top, l’équipage est prêt. On va s’éclater tous et on va profiter à fond de ce qu’on va vivre. Je n’ai jamais fait ça avant et je n’ai jamais connu le Grand Sud : on va voir des paysages juste hallucinants, une faune incroyable… J’ai hâte de découvrir tout cela. Je suis un novice ! »
Thierry Chabagny : « J’ai eu la chance de faire trois saisons à l’époque où le bateau s’appelait Banque Populaire… Et j’ai fait un Trophée Jules Verne avant de revenir l’année dernière à bord de Spindrift 2. C’est le même bateau, mais il a été optimisé : ce n’est pas le même gréement, le trimaran est plus léger, les voiles sont moins lourdes et on navigue à douze au lieu de quatorze. Le bateau est ainsi un peu plus nerveux, plus sympa. Je suis très heureux de repartir ! »
Duncan Späth : « C’est un grand périple : j’ai déjà fait des transats avec Spindrift 2 mais là, le tour du monde, c’est magnifique. C’est sûr qu’il y a une tension avant le départ, et de l’appréhension, mais je me réjouis d’aller dans le Grand Sud. C’est toujours unique une telle aventure ! C’est le plus beau challenge dans le monde de la voile et c’est incroyable d’avoir l’opportunité de le faire… L’équipage est super et cela fait un moment qu’on se connaît. »
Benjamin Schwartz : « J’ai navigué à bord de Spindrift 2 au retour de la transat de New-York à la fin de l’été. En six jours, j’ai pu bien connaître l’équipage. Et l’expérience de l’ascension du Mont-Blanc nous a bien soudé. J’ai fait le tour du monde, mais à terre avec Dong Feng Race Team : ça change quand même de ne pas rester sur le ponton quand le bateau part ! Beaucoup d’attente et un petit peu d’appréhension : partir quarante jours… Et on s’élance de jour pour voir la ligne de départ. Certes on passe de l’hiver à l’été austral, mais c’est relatif : il a l’air de faire un peu froid dans le Grand Sud… »
Jacques Guichard : « On a simplifié le bateau puisqu’on a un mât plus court et que nous ne sommes que douze : on n’embarque qu’un seul gennaker ! Cela fait gagner du poids, mais les voiles ne doivent pas casser. Et on va plus vite avec ce mât au-dessus de vingt nœuds de vent… Nos chances d’améliorer le record restent excellentes puisque IDEC Sport avait un petit mât aussi ! On sait que lorsque les deux bateaux ont navigué ensemble en équipage, Spindrift 2 était plus rapide. »
Christophe Espagnon : « Les conditions de ce deuxième départ s’avèrent un peu moins violentes mais c’est surtout le temps à battre qui est différent ! C’est mon deuxième, donc c’est un peu plus facile parce que je connais un peu. Mais il y a cinq jours de mieux à faire… Nous ne sommes plus dans la découverte : il y a un noyau dur à bord, complété par des jeunes qui en veulent. C’est un trimaran exigeant puisque certaines manoeuves demandent dix, voir douze équipiers sur le pont ! Mais l’important, c’est de ne pas faire d’erreurs parce que les pièces sont énormes et on n’a pas le droit de casser du matériel. »
Jackson Bouttell : « C’est ma première fois autour du monde en multicoque : je viens d’arriver avec Dong Feng après la Volvo Ocean Race : c’était aussi un tour du monde mais en monocoque. Et le trimaran est presque deux fois plus grand. Et cette fois, c’est sans escale ! Et en multicoque, c’est tellement différent ! »
Sam Goodchild : « J’ai un peu d’appréhension de partir, mais c’est un super bateau et une super équipe. Je connais bien le trimaran depuis trois ans et je suis un des plus exposé comme numéro 1 avec Benjamin (Schwartz) et Jackson (Bouttell). Il faut faire attention, mais il faut aussi aller vite. Je sais que Yann (Guichard) est très attentif pendant les manoeuvres. J’ai hâte de voir les mers du Sud ! »