Les fichiers météo qui se succèdent depuis plusieurs jours et que Franck Cammas et Charles Caudrelier étudient avec le routeur et 7e homme, Marcel van Triest, s’accordent pour dire qu’il est bientôt temps de larguer les amarres et hisser les voiles du Maxi Edmond de Rothschild. Ce jeudi, tous les indicateurs prennent une belle couleur jaune soutenu en passe de tourner au vert. Tous les membres de l’écurie aux cinq flèches sont sur le qui-vive depuis plusieurs jours pour ne pas laisser s’échapper cette belle opportunité qui se présente devant les étraves du coursier océanique. Les six marins de ce trimaran taillé pour le vol en haute mer pourraient se présenter ce samedi 9 janvier 2021 sur la zone de départ au large de l’île d’Ouessant pour couper la ligne de ce record absolu de vitesse autour du monde à la voile.
Erwan Israël
« On attaque le début du 3e mois de stand-by… C’est long, mais avec des moments où on a la certitude qu’il ne va rien se passer d’intéressant sur le plan météo. On peut penser à autre chose, faire du sport. Et puis il y a des situations, comme ces derniers jours, où on lorgne un départ, on hésite… On enchaîne des déplacements, des tests PCR… Et puis finalement, on ne part pas. Ces périodes plus incertaines sont un peu moins rigolotes. On est sur le qui-vive et nerveusement c’est plus compliqué, notamment sur un plan familial. On dit au revoir aux enfants, mais on ne sait pas si c’est pour 3 jours… ou 40 jours. Le stand-by idéal, c’est quand cela ne dure pas longtemps et qu’une fenêtre extraordinaire se présente au bout d’une semaine ou de 15 jours. Là, cela ne s’est pas passé comme ça malheureusement.
Actuellement, il y a une situation de départ qui s’installe avec beaucoup de portant, des vents de Nord générés par l’anticyclone. Cela nous laisse une fenêtre de tir un peu plus ouverte. Mais il y a aussi une dépression qui barre un peu la route au début, elle est assez violente, donc on aimerait qu’elle s’évacue dans l’Est pour nous ouvrir le chemin des alizés plus facilement. On aimerait partir le plus tard possible, mais attendre comporte le risque qu’on se retrouve aussi avec pas de vent du tout sur la ligne de départ. »
Morgan Lagravière
« C’est mon premier stand-by. Je n’avais jamais vécu jusqu’ici ce type de préparation et cette période d’attente. C’est une période particulière, mais j’ai la chance d’être en contact avec des gens qui ont déjà vécu ce type d’expérience. Cela fait partie du jeu. Depuis deux mois, on a eu plusieurs situations où on était prêt à partir, on est même parti avant de faire vite demi-tour. Ces tentatives dans la tentative sont des bons entraînements pour se préparer au niveau matériel, mais aussi sur un plan plus psychologique pour être en mode course dès qu’on lâche les amarres et qu’on dit au revoir. Cela reste des bateaux exigeants et l’erreur n’est jamais loin. Il faut vraiment se concentrer d’entrée de jeu. Mais c’est vrai que plus le temps passe, plus on a envie de partir… Et il va être temps d’y aller. Cela tombe bien, c’est le bon moment !
Depuis mardi soir, on a différentes options possibles, avec une fenêtre assez longue sur l’Atlantique Nord qui nous permet de patienter pour voir comment évolue l’Atlantique Sud. On va monter en pression petit à petit, finir d’affiner les derniers préparatifs. Le bateau est prêt. Il est chargé en avitaillement, il ne reste plus qu’à embarquer un peu de frais et à se diriger vers la ligne de départ ! »
Une nouveau briefing est organisé demain matin avec la cellule météo du Gitana Team. Nous aurons alors plus de précisions quant à l’heure et aux conditions de départ.