JOUR 6 : LE BRÉSIL À TRIBORD !

Au lendemain du passage de l’équateur, Sodebo Ultim 3 navigue mardi matin au large de la pointe nord-est du Brésil, à la hauteur de Natal. Thomas Coville et ses sept équipiers ont réussi à accroître un peu leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport (environ 70 milles), détenteur du Trophée Jules Verne.

 

Le passage de l’équateur, lundi à 12h45 après 5 jours 9 heures et 50 minutes de mer, aura été accueilli avec soulagement par l’équipage après un Pot-au-noir complexe. Mais aussi avec un peu d’émotion pour le « bizuth » du bord, Corentin Horeau, pour qui c’était une première.

 

« J’aurais pu le passer une première fois sur la Transat Jacques Vabre en 2015 avec Nicolas Troussel en Class40, mais nous avions abandonné, ce qui nous avait privés d’équateur. Ce n’était donc que partie remise. Maintenant, après cette première, j’ai hâte de passer les autres échéances du tour du monde, et notamment les fameux caps, Bonne-Espérance, Leeuwin, et le Cap Horn. »

 

 

Le programme du jour à bord de Sodebo Ultim 3, qui progresse à environ 20 nœuds de vitesse moyenne depuis la sortie du Pot-au-noir dans un alizé modéré de sud-est ? « Descendre le plus vite possible vers le sud le long du Brésil, puis négocier au mieux le passage de l’anticyclone pour faire un temps pas mal au Cap des Aiguilles (le point le plus méridional de l’Afrique du Sud, qui marque l’entrée dans l’Océan Indien) », répond le marin de La Trinité-sur-Mer.

 

Qui se réjouit de la « super ambiance » à bord, essentielle pour que tout le monde soit focalisé sur la performance :

« On a désormais trouvé notre rythme, on sent que tout le monde est plus à l’aise sur ses quarts ; la nuit dernière (de dimanche à lundi), nous étions tous un peu KO parce que nous avions pas mal bossé dans le Pot-au-noir, ce n’est en plus pas évident de dormir la journée, il fait très chaud à l’intérieur. Mais tout va bien, nous n’avons pas de grosse casse, juste un peu de bricolage, et dans ce cas, on a notre McGyver (le boat-captain François Duguet), qui, dès qu’il y a un peu de moins de vent, sort la caisse à outils. »

 

Le prochain objectif météo, après la descente des côtes brésiliennes, va être le contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène, situé au milieu de l’Atlantique Sud, avant le Grand Sud d’ici quelques jours. « Quand on n’y a jamais été, il y a forcément de l’appréhension, on se pose plein de questions, c’est normal. On va voir à quoi ça va ressembler, j’ai hâte. En tout cas, je suis à fond ! », sourit Corentin Horeau.

 

RÉACTION DE THOMAS COVILLE AU PASSAGE DE L’ÉQUATEUR : « UNE GROSSE ENVIE ET UNE VRAIE COHÉSION »

Sodebo Ultim 3 a franchi l’équateur lundi à 12h45 (heure FR) après 5 jours 9 heures et 50 minutes de mer. Découvrez les premières réactions de notre skipper Thomas Coville, et de ses équipiers.

 

Comment se sont passés ces cinq premiers jours de course ?

« Depuis le départ, on a déroulé notre feuille de route, avec un début de tentative viril, comme ils le sont toujours parce qu’on essaie de partir avec du vent. Au large de Lisbonne, il y avait du vent et de la mer soutenus, nous avions alors une confrontation avec l’équipage de Gitana très intéressante, qui créait de l’émulation. Ensuite (après le demi-tour de ce dernier), nous avons continué seuls depuis les Canaries, avec une descente et une glisse relativement faciles. Lorsqu’on navigue au-dessus de 30 nœuds il faut rester concentrés et vigilants. Jusqu’ici, nous n’avons pas eu d’alizés très forts, ce qui nous a handicapés fortement hier dans tout le passage du Pot-au-Noir. »

 

Ce Pot-au-Noir a-t-il été compliqué et quelle est la suite du programme ?

« Nous avons dû beaucoup manœuvrer pour arriver à s’extraire de cette zone de transition qui détermine souvent beaucoup de choses. Nous en ressortons cependant avec une petite avance sur Idec Sport. La suite, le long du Brésil, sera la partie qui, je pense, va être la plus facile de ce tour du monde. Ça va être le moment de récupérer et de bien se préparer pour le Grand Sud. Pour l’instant, ce dernier se présente avec une dépression qui va nous cueillir au niveau du Brésil ou de l’Uruguay et nous emmènera jusqu’au Cap de Bonne-Espérance dans un temps honorable. Voilà pour la suite du programme qu’il faut toujours prendre avec précaution, parce que la météo peut vite évoluer. En tout cas, nous sommes tous super contents d’être là, l‘ambiance est très bonne, on veut absolument garder ça. Nous sommes dans cet état d’esprit de bien faire et ça se ressent sur les performances. Et le bateau est à 100% de son potentiel, on n’a rien abîmé, rien touché. »

 

Peux-tu nous dire comment, depuis le départ, tu as endossé ton rôle de leader de cet équipage ?

« En tant que chef de bord, je dois pousser l’équipage à mener le bateau pour qu’il soit performant. Mon objectif pendant ces cinq jours était d’instaurer une dynamique pour que chacun trouve son rythme et sa place. J’ai pour cela fait le choix d’être hors quart, de ne quasiment jamais barrer, afin de laisser beaucoup de responsabilités et d’initiatives à chacun. Je pense que ça a permis aux gars d’être plus en confiance. Ces premiers jours ont donné le ton, ils ont une importance déterminante sur la dynamique qu’on lance sur 40 jours. Dans la compétition, avec de l’enjeu et des situations pas toujours faciles à gérer, tout le monde a répondu présent, a été très solidaire et très pro. On sent une grande envie et une vraie cohésion. »

 

 

Les autres mots du bord :

« Le bateau est en bon état, les bonshommes aussi, le Pot-au-noir n’a pas été très gentil avec nous, mais on continue, parce qu’il y a des chances de récupérer du chemin d’ici Bonne-Espérance où on espère être dans un peu moins d’une semaine. Tout le monde a le moral. »
Sam Goodchild

 

 « Même si on est désormais dans le rythme et qu’on sait qu’on est partis pour un long voyage, il y a un côté symbolique à passer l’équateur, c’est la première belle étape. Tout se passe bien, on tient un bon rythme à bord, les conditions météo sont correctes après un Pot-au-noir un peu difficile, on sent que ça repart, tout le monde est à bloc, on a bien rechargé les batteries. »
François Duguet

JOUR 5 : L’ÉQUATEUR EN VUE

Sodebo Ultim 3 est entré la nuit dernière dans le Pot-au-noir, vaste zone située au nord de l’équateur, dans laquelle convergent les alizés des hémisphères Nord et Sud et qui génère grains et bulles sans vent. D’où un ralentissement ce matin, qui ne devrait être que provisoire pour Thomas Coville et son équipage, attendus à l’équateur la nuit prochaine au bout d’environ cinq jours de mer.

Après une journée de samedi à 30 nœuds de moyenne tout droit cap au sud, les « Sodeboys » doivent faire face depuis la nuit dernière aux caprices du fameux Pot-au-noir. Cette large bande qui, au nord de l’équateur, s’étire du nord du Brésil au Golfe de Guinée, est également appelée zone de convergence intertropicale, parce que s’y retrouvent les alizés de nord-est de l’hémisphère Nord et de sud-est de l’hémisphère Sud. Leur confrontation crée un phénomène météo très perturbé, avec d’un côté des grosses bulles sans vent, dont il peut être bien compliqué de s’extirper, de l’autre, des grains parfois violents, le vent pouvant monter subitement de quelques nœuds à plus de 30.

 

 

Certains y ont laissé beaucoup de plumes, d’où l’extrême attention portée par la cellule de routage météo pour choisir le meilleur point d’entrée, afin de permettre à Sodebo Ultim 3 de traverser le plus vite possible ce Pot-au-noir. Et à bord, il faut redoubler de vigilance, à la fois pour aller au bon endroit et éviter ainsi de tomber dans des « molles », mais aussi pour adapter les réglages aux conditions susceptibles de soudainement changer. Samedi, dans sa vidéo du jour, Martin Keruzoré, le media man (et régleur) de l’équipe confiait d’ailleurs : « Le Pot-au-noir n’a pas l’air simple, donc à mon avis, la nuit va être longue avec beaucoup de manœuvres. »

Et effectivement, le Pot-au-noir n’est évident pour Thomas Coville et ses sept équipiers, qui depuis quelques heures, ont vu leur marche en avant ralentie, perdant une partie de leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport, détenteur du Trophée Jules Verne (125 milles dimanche à 8h). Mais une fois sorti de la zone, sans doute dans la journée, Sodebo Ultim 3 va de nouveau reprendre de la vitesse pour basculer, la nuit prochaine, dans l’hémisphère Sud, après plus ou moins 5 jours de mer. Le chrono de référence à l’équateur est détenu par Spindrift 2 en 4 jours 19 heures et 57 minutes (janvier 2019), Idec Sport avait de son côté mis 5 jours 18 heures et 59 minutes lors de son Jules Verne victorieux il y a quatre ans.

François Morvan explique le pot-au-noir :

LE MOT DU BORD DE THOMAS COVILLE LE 28 NOVEMBRE À 13H

Toujours aussi intense ces départs de tour du monde. Je ne sais pas si on peut s’y préparer ou s’y habituer, mais les émotions ou sentiments qui se déversent dans ces moment génèrent toujours une sensation étrange, entre la boule au ventre, l’envie de revivre ça et de retourner là bas, où les conditions de vie changent votre rapport au monde et à l’autre.
Vivre autrement c’est sûr ! Dans une parenthèse, comme une chance de plus être autrement, ou tout simplement vraiment.

Départ de nuit avec le phare de Créach qui tourne autour de nos têtes, et cette ligne qui coupe la manche et détermine le point de départ et d’arrivée, qui matérialise une boucle autour avant le tour du continent antarctique .

Jean Luc, après nous avoir tous stressés à partir vite, nous laisse quelques heures pour souffler, reprendre nos esprits, tenter de dormir et d’évacuer le trop plein d’émotions, se remettre comme dans une fuite en avant dans le réel et la technique du départ. Choisir l’angle, la voile, le bon timing pour lancer toute l’envie dans une vitesse.

Nous ne serons pas seul sur ce départ. Après avoir préféré différer leur départ de quelques jours, Franck et son équipe ont décidé de nous matcher ! Ca n’est pas anodin, de partir sur un Jules Verne, mais encore moins d’être chasser par une telle équipe dont les ambitions sont affichés clairement : « être les premiers à voler autour du monde ! ». Le bateau, l’équipe, tout est optimisé depuis des années pour réussir ce pari audacieux .

 

 

Ca part vite, même très vite. Je laisse la barre à Thomas Rouxel pour le départ et endosse le rôle de skipper / navigateur pour donner le tempo, la feuille de route avec Jean-Luc et la trajectoire.

Rapidement après être tombé dans une zone que je ne me suis pas vraiment expliquée, Franck et son équipe reviennent sur nous et nous retrouvons bord à bord. Je m’offre un petit appel à la VHF et tombe sur Erwan. La conversation n’a pas d’intérêt mais c’était pour marquer la proximité de notre engagement mutuel et mon respect d’être bord à bord avec eux.
Incroyable duel en visuel ou les équipes se livrent et se retrouvent sur l’eau, avec l’enjeu de ne pas perdre cette premiere grande confrontation… Et pourtant la route est tellement longue que de se laisser prendre au jeu du seul match serait une erreur de stratégie dont ni l’un ni l’autre de sortirait gagnant .

Les conditions se musclent ; le vent fort autour de ce centre dépressionnaire aux alentours de Lisbonne est bien présent, et la mer est courte et délicate par moment à négocier à haute vitesse. Il va falloir gérer et ça commence par là, un Jules Verne. Doser, gérer, analyser, comprendre et agir avec souvent ses tripes, un feeling, une expérience, un ressenti d’une autre situation qui te revient alors. Jacques , Laurent , Olivier , Bruno, Knut… et tant d’autres, ils auraient fait quoi ?

A 8, le schéma est tout autre de ce que j’ai l’habitude, et j’ai confiance en eux alors je me fais confiance. On décide d’une approche et d’une configuration de voile de base, de foils, d’appendices autour de laquelle on va tourner et oeuvrer comme une base de la recette, et on va tout articuler autour de cette séquence . Le mauvais choix peut être fatal .

On va alors dérouler et enchainer les manœuvres. Je ne compte pas et on s’adapte. Changement devant et prise de ris se succédant dans le bon ordre, on a le rythme et ça passe bien . L’équipe répond parfaitement, pas d’erreur, pas de faux pas. On a répéter et répéter ces séquences pour les jouer maintenant. Sam au piano, excelle , Mat [Matthieu Vandame] voit tout et de sa puissance physique donne le rythme, ils se relaient devant et derrière sur le field avec François [Duguet] et Corentin qui contrôlent et rassurent. On prend notre temps. François [Morvan] et Tom [Rouxel] à la barre son sûrs, prudents et respectueux des gars dehors exposés, et du matériel. Martin est là et il observe tout de son oeil d’expert, rien ne lui échappe, il est mes yeux quand je dors, il se consacre aux autres pour que tous soit là au moment ou j’ai besoin d’eux.

Ca passe .

On se sert alors de l’autre trimaran pour se caler en vitesse et en exigence. Quelle pression, certes, mais quelle chance !

Hier je m’étais allongé à coté de la table à carte pour récupérer de ce passage, de l’empannage qui allait quasiment décider de notre passage dans 2 jours du pot au noir, quand j’entends que ça parle fort . Big news !
« Ils font demi tour … Ils ont touché … ». Je ne mets pas très longtemps à comprendre. A quelques dizaines de milles derrière nous ,l’ incident leur est arrivé. Celui que l’on redoute tous. Celui que l’on ne souhaite même pas à son pire adversaire pour l’avoir subit déjà à de nombreuses reprises. L’avarie qui élimine sans option ou si rarement .
Naviguer avec Franck a été l’une de mes plus grande chance, concourir contre lui est un privilège qui demande d’être à son meilleur niveau.

Je vous salue messieurs, Franck, Charles, Erwan, Yann, David, Morgan. Je garde pour moi cette image de ce trimaran sublime qui volent au dessus de l’eau, qui dégage une telle puissance. Ce bateau hors norme qui nous inspire tous. Sans nul doute que vous y retournerez, je vous le souhaite .

Thomas, au large du Cap Vert

JOUR 3 : 24 HEURES À 31,5 NŒUDS ET UN ANNIVERSAIRE FÊTÉ !

Sodebo Ultim 3, qui a parcouru 755 milles en 24 heures, à 31,5 nœuds de moyenne, évolue à la latitude des Canaries ce matin, avec une avance de 124 milles sur le tableau de marche d’Idec Sport, détenteur du Trophée Jules Verne. Après 48 premières heures engagées, Thomas Coville et ses sept équipiers devraient bénéficier dans la journée de conditions de plus en plus favorables à une belle glisse vers l’équateur.

Les sourires étaient lumineux sur les visages des « Sodeboys » jeudi sur le coup de 18h à l’occasion du premier « live » hebdomadaire organisé depuis la base du Team à Lorient. Thomas Coville a pu évoquer en direct un début de Trophée Jules Verne engagé : « On a traversé beaucoup de grains, avec un vent instable en force et en direction, qui a nécessité de sans cesse réagir aux conditions changeantes. Le vent est soutenu, mais c’est ce qu’on voulait et d’ici quelques heures, ça va s’apaiser et on va rentrer dans une phase plus volante. J’ai l’impression d’être parti depuis très longtemps, alors que ça fait à peine 36 heures. Tout le monde a pris son rythme, les quarts se succèdent, on a réussi à bien dormir et manger, on prend un plaisir incroyable. »

 

 

Et Sodebo Ultim 3 a déjà atteint d’impressionnantes vitesses, puisque le skipper a ajouté : « Pour l’instant, c’est François Morvan qui a la palme avec une pointe à 48,9 nœuds, mais ce n’est pas l’objectif, on essaie plutôt d’avoir des vitesses moyennes élevées qui n’altèrent pas le bateau. Il faut tout le temps avoir en tête le compromis entre la performance et l’usure du matériel, c’est à moi qu’incombe cette responsabilité, donc je ne pousse pas forcément les gars à aller très vite, parce que le risque est de brusquer le bateau et de les fatiguer. »

L’équipage a vécu jeudi son premier anniversaire à bord, celui de Thomas Rouxel qui fêtait ses 38 ans et a eu le droit à un « gâteau sport », avec un briquet en guise de bougie, que lui a apporté le boat-captain François Duguet : « C’est loin d’être la première fois que ça m’arrive. L’an dernier déjà, j’étais sur Sodebo Ultim 3 lors du convoyage retour du Cap, a-t-il commenté. C’est une époque où, en général, on navigue beaucoup, j’ai l’habitude de passer mes anniversaires et mes Noël en mer. »

 

 

Les cadeaux du Costarmoricain ? Une avance sur le tableau de marche d’Idec Sport qui a doublé en 24 heures (124 milles ce vendredi matin) et des conditions qui vont peu à peu s’apaiser : « Après un début de course assez engagé, on ne va que vers du plus facile. Jusqu’ici, nous étions plutôt dans 25-30 nœuds de vent avec une mer jusqu’à 4,5 mètres ; on s’attend désormais à 15-20 nœuds et entre 1 et 3 mètres de mer, ça sera plus drôle. Car plus la mer est plate, plus le bateau est confortable à vivre tout en allant toujours aussi vite, ce sont les allures optimales pour Sodebo Ultim 3. »

Ce que confirmait jeudi soir le routeur du trimaran, Jean-Luc Nélias : « Le vent va peu à peu mollir et tourner, la mer va s’aplatir, la température se réchauffer. A partir de vendredi, ils seront dans des conditions d’alizés très sympas, mais qui ne vont pas durer si longtemps, parce que le bateau va très vite, ils devraient être à l’équateur en 5 jours environ. »

JOUR 2 : AU LARGE DE LISBONNE TOP DEPART !

Parti à 2h55 dans la nuit de mardi à mercredi à l’assaut du Trophée Jules Verne, Sodebo Ultim 3 évolue après un peu plus de 24 heures de mer au large du Portugal, il compte 65 milles d’avance sur le tableau de marche d’Idec Sport, détenteur du record.

C’est à 38 nœuds, juste après le passage d’un front ayant levé un peu de mer, néanmoins maniable, que Sodebo Ultim 3, avec à la barre Thomas Rouxel, a attaqué dans la nuit de mardi à mercredi, à 2h55 précisément, son premier Trophée Jules Verne. « C’est parti pour une belle tranche de vie ! », peut alors lancer Thomas Coville à son équipage. L’objectif fixé par la cellule de routage composée de Jean-Luc Nélias et Philippe Legros : descendre le Golfe de Gascogne le plus vite possible dans un vent d’une vingtaine de nœuds de nord-ouest assez instable, donc nécessitant beaucoup de réglages.

 

 

Chose bien faite une petite quinzaine d’heures plus tard, puisque Thomas Coville et ses sept équipiers (François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame) ont dépassé le Cap Finisterre, à la pointe nord-ouest de l’Espagne, mercredi dès 17h. Non sans s’offrir un beau duel à vue, immortalisé par la caméra de Martin Keruzoré, avec le Maxi Edmond de Rothschild, parti 31 minutes après eux, Thomas Coville ayant même pris le temps d’échanger à la VHF avec l’équipage mené par Franck Cammas et Charles Caudrelier, ses anciens « collègues » de la Volvo Ocean Race 2011-2012 victorieuse !

Ce jeudi au petit matin, Sodebo Ultim 3, qui a parcouru 685 milles lors des 24 premières heures, à quasiment 29 nœuds de moyenne, évolue au large de Lisbonne dans du vent fort d’une trentaine de nœuds, passé au nord, qui va lui permettre de poursuivre à vive allure sa descente de l’Atlantique Nord, cap vers Madère. Il est en avance de 65 milles par rapport au tableau de marche d’Idec Sport, détenteur du Trophée Jules Verne depuis janvier 2017, un beau cadeau d’anniversaire pour Thomas Rouxel, qui fête ses 38 ans aujourd’hui !

Le Gitana Team interrompt sa tentative sur le Trophée Jules Verne

Après trois jours de mer sur leur première tentative de record autour du monde, Franck Cammas et Charles Caudrelier, en accord avec Cyril Dardashti, le directeur de l’écurie aux cinq flèches, ont pris la décision ce soir d’interrompre leur record et de rentrer vers leur port d’attache. Cette annonce intervient suite à des avaries consécutives à un choc avec un OFNI* survenu hier et qui ne permet plus à l’équipage de mener le Maxi Edmond de Rothschild à 100 % de son potentiel. Actuellement au nord de l’archipel du Cap Vert, les marins du Gitana Team se trouvent à 1 900 milles de Lorient. La destination vers laquelle Gitana 17 pointe dès à présent ses étraves.

 

« La décision de faire demi-tour n’a vraiment pas été facile à prendre. Elle a été mûrement réfléchie et concertée entre toutes les parties concernées et c’est le bord qui a tranché. Elle est motivée par deux éléments : l’incident survenu hier et les conséquences techniques découvertes cet après-midi, combinés à la qualité de la fenêtre dans laquelle nous nous inscrivons. Les observations météos confirment en effet jour après jour que l’Atlantique Sud ne présentera pas son meilleur visage avec un anticyclone de Sainte-Helène très Sud qui oblige non seulement à faire le grand tour mais aussi à plonger très Sud pour passer le cap de Bonne-Espérance. Même si les routages donnent encore des temps de passage dans les temps du record, nous savons que cela réclame d’être à 100 %, ce qui n’est malheureusement plus notre cas. Faire demi-tour aujourd’hui nous permet de revenir rapidement vers notre base technique et de réparer pour nous remettre très vite en stand-by pour repartir cet hiver à la conquête du Trophée Jules Verne », concluait Cyril Dardashti.

 

En s’élançant dans la nuit de mardi à mercredi de Ouessant, l’éventualité d’un demi-tour était clairement évoquée par Franck Cammas avant de quitter la terre ferme. Si les doutes du co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild portaient alors plus sur la fiabilité de la fenêtre qu’avec ses équipiers il s’apprêtait à emprunter, ce scénario de casse matérielle faisait également partie des cas discutés en amont au sein du team. Cette situation n’est pas inédite sur le Trophée Jules Verne et fait même partie intégrante de l’histoire du record ! Ironie des dates, il y a 4 ans jour pour jour Idec avait choisi de rebrousser chemin alors qu’il naviguait au sud du Pot au Noir suite à la dégradation de sa fenêtre météo. Cette première tentative avortée ne l’avait pas empêché de repartir dix-neuf jours plus tard et de revenir le 26 janvier 2017, le record et un nouveau temps de référence exceptionnel en poche.

 

Gitana 7

 

RETOUR SUR LES AVARIES

26 novembre 15h
Jeudi après-midi alors qu’il glissait au portant à plus de 30 noeuds entre les Açores et Madère, le Maxi Edmond de Rothschild a percuté un OFNI*. Le choc est violent et ralentit tout de suite le géant de 32 mètres. L’équipage de Franck Cammas et Charles Caudrelier prévient son équipe à terre et démarre les investigations. L’impact, qui est survenu au niveau du safran de flotteur bâbord et plus précisément de son élévateur, a entraîné la casse d’une pièce du système de barre. David Boileau reprend immédiatement sa casquette de boat captain et réalise rapidement la réparation. Après 1h à plus faible allure, le dernier-né des Gitana reprend la route de son record à hautes vitesses. Visuellement la pelle de safran n’est pas abîmée mais l’appendice se révèle dur à manipuler ce qui peut laisser présager un endommagement du système de montée et descente de ce safran bâbord. Pour autant, le contrôle est impossible car la zone située à l’extrémité du flotteur est trop exposée et trop dangereuse pour s’y aventurer. Le Maxi Edmond de Rothschild poursuit sa route vers l’équateur.

27 novembre 10h
Pour ajuster leur trajectoire vers l’équateur, les hommes de Gitana effectuent plusieurs empannages. Lors du deuxième, réalisé dans la matinée, et alors qu’ils naviguent désormais bâbord amure, le quart sur le pont constate que le foil bâbord est également endommagé et les traces que l’équipage découvre ne laisse pas de place aux doutes ; elles sont consécutives à un choc, probablement celui survenu hier après-midi. Malgré la motivation du bord à aller de l’avant, les échanges fournis tout au long de la journée avec leur directeur technique, Pierre Tissier, et le responsable du bureau d’études, Sébastien Sainson, concluent que l’appendice est réparable en mer mais que l’équipage ne pourra plus l’utiliser au maximum de son potentiel.

Le Gitana Team souhaite à l’équipage de Sodebo une belle réussite dans sa tentative.

*OFNI : Objet flottant non identifié

La vie en accéléré s’installe !

Depuis mardi soir, 21h37 très précisément, et leur départ du ponton lorientais pour rejoindre la pointe bretonne et la ligne de départ, le rythme n’a cessé de s’accélérer pour les hommes du Maxi Edmond de Rothschild. À 3h26, mercredi 25 novembre, dans la nuit noire de l’automne à l’arrière d’un front pluvieux, le géant de 32 mètres franchissait la ligne virtuelle tendue entre Ouessant et le cap Lizard, à la pointe sud-sud-ouest de l’Angleterre, et déclenchait ainsi le chronomètre de son premier Trophée Jules Verne. Depuis, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont déjà parcouru plus de 1000 milles vers le but. Ils ont doublé ce matin la latitude des Açores et dépasseront dans la soirée celle de Madère… Ça va vite, très vite mais c’est bien là le but d’un record de vitesse. A la position de 15h30, l’équipage possédait 71,6 milles d’avance sur le record détenu par Francis Joyon et Idec Sport.

 

Un couloir vers le Sud

En s’élançant de Ouessant dans la nuit de mardi à mercredi, la cellule météo du Maxi Edmond de Rothschild composée des deux skippers et de leur routeur Marcel van Triest visait une veine de vent assez nette, synonyme de hautes vitesses en quasi ligne droite vers les alizés de l’hémisphère Nord puis de l’équateur. Mais cette belle trajectoire se mérite et à bord du dernier-né des Gitana, l’équipage a dû se mettre rapidement dans le bain.
En plus de 30 heures de navigation, les six hommes du bord ont en effet réalisé deux empannages pour rester dans ce couloir mais surtout des changements de voiles d’avant pour ajuster sans cesse leur trajectoire face à des conditions décrites instables par Charles Caudrelier hier dans la matinée : « La première nuit a été sportive et intense ! Le vent était très instable, la mer pas très haute mais très désordonnée et nous avons passé notre première nuit sous pilote automatique car c’était inbarrable .» La nuit dernière, tandis que Gitana 17 démarrait son deuxième jour de record, le vent avait bien forci et la mer avait pris du coffre au large de la péninsule ibérique « 4,5 à 5 mètres et un flux puissant de nord nord-est de 25-30 nœuds soufflant jusqu’à 40 nœuds dans les rafales. » Autant dire que lancé en permanence à plus de 30 nœuds, la mise en route est tonique pour les marins du Gitana Team.

Les maxis-trimarans de nouvelle génération, dont le Maxi Edmond de Rothschild est le pionnier, affolent les compteurs sur ce début de record. L’édition 2019 de la Brest Atlantiques nous avait permis d’observer cela avec un départ sur les chapeaux de roues et un dégolfage express malgré des conditions musclées. Un an plus tard, l’histoire se répète et l’intensité de ce début de Trophée Jules Verne se montre à la hauteur des espérances. A 14h45, le duo Cammas – Caudrelier et leurs équipiers avaient avalé plus de 1 200 milles sur le fond (au réel parcouru sur l’eau) à la vitesse moyenne de 35 nœuds !

 

Gitana 6

 

Pas de duel car en record mais de l’émulation

« Une des pages légendaires de ce Trophée Jules Verne s’est ouverte cette nuit », déclarait Yann Eliès hier lors de l’émission en direct réalisée dans la base du Gitana Team.

Car cela n’a échappé à personne mais ce sont bien deux bateaux qui se sont élancés au pied du Créac’h dans la nuit de mardi à mercredi. Sodebo à 2h55 et le Maxi Edmond de Rothschild dans son sillage 31 minutes plus tard, à 3h26.
Ces départs quasi simultanés aux allures de course ne doivent cependant pas nous faire oublier l’essentiel : c’est bien à une chasse au record de Francis Joyon que les deux géants se livrent et donc dans une course contre le temps établi par Idec Sport en 2017. Mais ce serait mentir que de ne pas évoquer l’adversaire et le coude à coude qui se joue actuellement dans la descente de l’Atlantique.

« Partir à deux bateaux ? L’hypothèse de s’élancer en même temps que Sodebo était bien présente dans nos esprits puisque l’équipe de Thomas Coville était en stand-by en même temps que nous. Et depuis le début partir à deux bateaux nous plaît assez. C’est une émulation, une motivation supplémentaire ! Et en termes de sécurité c’est aussi sympa », confiait Franck Cammas avant le départ.

Le Maxi Edmond de Rothschild s’attaque au Trophée Jules Verne

Partis de Lorient peu après 21h30 mardi 24 novembre, c’est un convoyage express qui a conduit les hommes du Maxi Edmond de Rothschild vers Ouessant et la ligne de départ de leur première tentative sur le Trophée Jules Verne. Quatre heures plus tard, le dernier-né des Gitana était en attente d’un passage de front pour s’élancer sur les 21760 milles nautiques théoriques de la grande boucle planétaire. A 3h26, le duo Cammas-Caudrelier et leurs quatre équipiers déclenchaient enfin le chrono en laissant à vive allure, la pointe bretonne dans leur sillage. Avec un temps à battre de 40 jours 23 heures et 30 minutes, record détenu par Francis Joyon et Idec Sport, les marins du Gitana Team devront être de retour au large de Brest avant le 5 janvier 2021 à 2h55, pour espérer devenir le 10e équipage de l’histoire à accrocher le prestigieux record du tour du monde à la voile.



Ils étaient pressés d’y aller. Aucun des six hommes du bord n’a caché sa satisfaction d’enfin larguer les amarres et de mettre les voiles pour rejoindre la zone de départ du Trophée Jules Verne. Ce mardi soir, dans les quartiers du Gitana Team à Lorient, le rythme s’est brutalement accéléré vers 19h30 pour Franck Cammas, Charles Caudrelier, Morgan Lagravière, Erwan Israël, Yann Riou, et David Boileau. Les six marins, sur le qui-vive depuis plus de deux semaines, ne se sont pas laissé tromper. Tous savaient que cette fois, l’heure d’un départ pour affoler les compteurs autour du monde sur une course contre la montre au meilleur niveau de performance océanique, avait bel et bien sonné. Les bottes et les cirés déjà enfilés, les lampes frontales déjà vissées sur la tête ou à portée de main, ils ont tous les six écouté les dernières et précieuses indications météorologiques du routeur Marcel van Triest. Depuis son QG, celui-ci leur confirmait qu’ils pouvaient tenter de provoquer leur chance sur la route des trois caps, à condition de ne pas trop traîner et de vite prendre au vol une fenêtre météo, qui sans être exceptionnelle, n’en permet pas moins d’espérer entamer leur giration planétaire de la plus belle manière en ralliant l’équateur en 4 jours et dix heures.

 

Gitana 5

 

Après avoir quitté fissa, à 21h37 le ponton de Lorient, sous les encouragements de l’équipe et de leurs proches dans une ambiance joyeuse où l’énergie du collectif l’emportait déjà à bord du Maxi Edmond de Rothschild, les deux skippers et leurs hommes n’ont pas tardé à rejoindre la zone de départ au large de l’île d’Ouessant. Après quelques dernières manœuvres, ils se sont finalement élancés à 3h26 très précisément dans 18 nœuds de Nord-Ouest sur une mer avec des vagues de trois mètres. Sous J3 et grand-voile haute, ils coupaient la ligne, ou plutôt décollaient dans une chasse au record… à 40 nœuds ! Une trentaine de minutes derrière Sodebo Ultim 3.


PAROLES D’AVANT-DÉPART

Charles Caudrelier, skipper : « Ce n’est pas si mal ce départ, parce que finalement nous n’avons pas le temps de faire monter la pression. On s’attendait à partir à n’importe quel moment. C’est le Trophée Jules Verne et plus que le départ, c’est surtout une belle arrivée qu’on vise. Ce sont plutôt les périodes d’avant-course qui sont stressantes ; le stress, lui, diminue, puis disparaît dans l’action. Dans nos têtes, cela fait un petit moment déjà que nous sommes prêts. Ce record, c’est différent d’une course puisque nous allons un peu nous battre contre un bateau fantôme, même s’il y a un autre bateau sur l’eau qu’on va regarder et suivre. On sait que de notre côté nous avons un bateau exceptionnel. Si nous une bonne météo avec un peu de réussite, on peut faire un temps canon. Ce bateau va vraiment vite ! »

Franck Cammas : « Terminer ce tour du monde, c’est déjà un beau challenge. Évidemment, on a espoir de battre le record ; et c’est pour ça qu’on part. Mais rien n’est moins sûr lorsqu’on est sur le ponton du départ ! Ce qu’on part chercher dans l’Atlantique Sud, ça bouge encore. On n’est pas plus sûr en partant jeudi que ce soit mieux qu’en partant maintenant. On se disait que c’était risqué de partir avant notre concurrent dans une fenêtre moyenne, et il est moins risqué de partir derrière lui dans une fenêtre moyenne. Cela reste une fenêtre moyenne, mais lors de mon précédent record, en 2010 avec Groupama 3, nous étions partis avec une fenêtre très mauvaise et nous avons fini par battre le record. Bien sûr, l’idéal aurait été une fenêtre parfaite. Mais peut-être qu’elle n’existera pas cet hiver. Alors nous tentons déjà notre chance ce soir et après nous verrons… »

Morgan Lagravière, barreur-régleur : « Je m’attendais à un départ un peu précipité, mais pas comme ça ! Ça m’a pris deux minutes pour dire au revoir à la famille. C’est un peu intense sur le moment, mais on est très vite dans l’action. Je me projette déjà dans les actions qu’on doit dérouler. Je me projette aussi déjà dans les émotions qu’on va vivre, les émotions positives levées par l’énormité du défi que nous devons relever. C’est un honneur de faire partie de cet équipage sur ce bateau exceptionnel. Être conscient de cette chance-là dans ces moments, c’est important. J’ai hâte de passer la ligne. Comme nous ne sommes pas en course, la stimulation sportive est un peu différente. Nous allons donc nous concentrer jusqu’au franchissement de la ligne puis on va faire jouer notre instinct de compétiteurs pour se surpasser. À bord, nous sommes tous des compétiteurs, nous vibrons tous avec cette émotion, donc nous allons essayer de capitaliser sur tous nos entraînements, le travail technique qui a été réalisé et la confiance de tous ceux qui nous entourent. »

David Boileau, régleur-numéro un : « Je suis content de partir, de mettre fin à cette période de stand-by. Nous sommes prêts pour ce départ, cela fait longtemps qu’on attend ça, qu’on s’entraîne pour ça. C’est comme une libération. Nous allons nous diriger vers la ligne, on va se préparer à prendre un bon départ à Ouessant. Puis il faudra prendre notre rythme sur les deux premiers jours de mer. Prendre les choses, morceau par morceau, journée par journée, c’est dans cet état d’esprit que je pars ce soir sur mon premier Trophée Jules Verne. »

Erwan Israël, barreur-régleur : « C’est mon quatrième départ pour une tentative de Trophée Jules Verne. Cette fois-ci j’espère qu’il sera beaucoup plus rapide que les autres et surtout qu’il ira au bout, parce que sur mes quatre tentatives, j’ai pu boucler la boucle qu’une seule fois. Cet été, il y a quelques mois, je doutais encore de mes chances d’être sur le Maxi Edmond de Rothschild pour cette tentative, après m’être blessé à la jambe. La guérison a pris du temps ; et j’ai eu un gros soulagement à l’automne quand j’étais de nouveau à 100%, et apte à naviguer. Ce n’est que du bonheur. Mais je ne suis pas là pour faire de la croisière, mais pour tout donner. Passer sous la barre des 40 jours, ce sera la cerise sur le gâteau, mais ce qui compte, c’est battre le record. Si nous finissons avec dix minutes ou deux jours d’avance, peu importe. »

Yann Riou, régleur-médiaman : « C’est la première fois que je pars faire le tour du monde sur un bateau volant, et peut-être qu’il y a dix ans je n’aurais même pas compris la phrase ! C’est quelque chose d’assez génial. J’ai hâte de passer la ligne. Je pense que je vais faire pas mal de médias, vidéo-photos sur le début, puis dès que nous allons rentrer dans le système de quarts, je vais prendre ma place d’équipier à bord. »

L’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a quitté Lorient et est en route vers la ligne départ

Il y a de l’agitation dans l’air du Trophée Jules Verne ! Pour le Gitana Team, l’heure a bel et bien sonné de larguer les amarres pour rejoindre la ligne de départ au large de Brest. Après beaucoup d’incertitudes, la décision de s’élancer dans une chasse au record absolu de vitesse autour du monde l’a finalement emportée ce mardi soir. L’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a quitté le ponton de sa base de Lorient à 21h37 après des aurevoirs rapides dans les frimas de ce début de nuit d’automne. Franck Cammas, Charles Caudrelier, Erwan Israël, Yann Riou, Morgan Lagravière et David Boileau devraient couper la ligne virtuelle entre Ouessant et le cap Lizard sur les coups des 3h du matin.

 

Seul le Trophée Jules Verne peut réserver un tel scénario ! 

Ce matin, après le briefing météo matinal, le duo Cammas-Caudrelier et leur routeur Marcel van Triest avaient décidé de reporter leur départ envisagé en fin de journée pour se laisser l’opportunité d’ajuster leur fenêtre de tir et un créneau jeudi matin était alors évoqué. L’équipage du Maxi Edmond de Rothschild restait ainsi en code jaune, sur le qui-vive. Mais, les mises à jour du soir sont venues accélérer la cadence. En effet, les derniers fichiers météos indiquaient que le créneau de départ se rétrécissait et qu’il ne fallait pas tarder pour le saisir. C’est pourquoi à 20h45, l’équipe basculait en code vert et qu’une heure plus tard, la silhouette du dernier-né des Gitana s’éloignait dans la nuit noire, direction Ouessant et la ligne de départ de son premier Trophée Jules Verne.

 

Gitana 4

 

Franck Cammas, skipper du Maxi Edmond de Rothschild : « Ce matin, on pensait que les modèles resteraient assez stables dans la perspective de prendre un départ jeudi matin, mais on voit qu’entre les fichiers américains et les fichiers européens, cela continue à diverger. Le départ qu’on pensait prendre jeudi matin n’est finalement pas meilleur que celui qu’on va prendre cette nuit. Attendre comporte un risque que nous n’avons pas envie de prendre car les temps annoncés sur l’Atlantique Nord seraient alors moins bons. Le fait que notre concurrent direct soit parti sur l’eau cela change un peu la donne mais c’est surtout la météo qui dicte notre départ. On ne se précipite pas, c’est une fenêtre qu’on regardait, elle n’est pas géniale, et des incertitudes persistent. Mais il y a de moins en moins de raisons de ne pas la prendre. Les modèles divergent toujours pour l’Atlantique Sud, mais il serait vraiment dommage de laisser passer l’opportunité qui demeure que tout s’enchaine pour que ça passe très bien. On y va et on verra si cela se concrétise. Il faut rester ouverts ! »