Code jaune, la fenêtre semble se concrétiser

Le scénario météo se précise pour les hommes du Maxi Edmond de Rothschild, plus que jamais en attente d’un code vert pour larguer les amarres et rejoindre la ligne de départ du Trophée Jules Verne au large de la pointe bretonne. La mise à jour des fichiers de prévisions de ce mardi soir est très attendue.
En effet, la cellule météo de l’écurie aux cinq flèches affinera à l’issue de l’analyse de ces derniers le bon moment pour quitter Lorient et pointer les étraves du géant de 32 mètres vers Ouessant. Deux grandes tendances sont dans la balance : un départ dès demain, mercredi 6 janvier, au petit matin ou 48 heures plus tard pour finir cette première semaine de l’année 2021 en beauté.

 

 

Update du 5 janvier au soir

Les fichiers météos convergent pour indiquer un meilleur créneau de départ vendredi 8 janvier. C’est pourquoi ce soir, à l’issue de l’analyse des dernières prévisions, la cellule météo du Maxi Edmond de Rothschild a choisi de rester en code jaune en attente de ce scénario favorable. Les deux skippers, Franck Cammas et Charles Caudrelier, et leur routeur Marcel van Triest observent la situation plusieurs fois par jour et la fenêtre sera à ajuster jusqu’au dernier moment pour optimiser les premiers temps de passage visés (équateur et cap des Aiguilles). Les six marins du dernier-né des Gitana sont sur le pied de guerre, prêts à larguer les amarres, et pourraient quitter leur port d’attache lorientais dès jeudi si besoin était.

 

Une fenêtre de tir à ajuster

Au briefing de lundi matin 10h30, Marcel van Triest dressait le tableau : « L’année 2021 semble vouloir nous proposer plus de possibilités et la semaine qui s’ouvre devrait nous permettre d’envisager un premier départ avec les temps de passage que nous nous étions fixés en critères. Sous les 5 jours à l’équateur et autour des 11 jours sous l’Afrique du Sud. » Le ton était donné mais restait alors à ajuster au mieux le timing de franchissement de ligne pour parvenir à obtenir l’enchaînement si capital de ce premier tiers de record.


En effet, lorsque les équipages s’élancent de la pointe bretonne, ils cherchent non seulement une bonne fenêtre de départ afin d’être rapides jusqu’à l’équateur mais surtout ils visent une transition millimétrée au large du Brésil afin d’embarquer dans le bon wagon pour glisser vers les mers du Sud. C’est précisément cette coordination que recherche actuellement la cellule météo du Gitana Team.


Sur le pied de guerre
Cet après-midi au cœur de la base technique du Gitana Team et à bord du Maxi Edmond de Rothschild, l’équipe tout comme les navigants s’affairaient aux derniers détails : chargement de l’avitaillement, réalisation des pleins d’eau et de « gasoil », installation des affaires personnelles des six marins… Demain, à l’aube, si la météo en a décidé ainsi, le dernier-né des Gitana sera prêt pour attaquer son nouveau défi ; le premier tour du monde en équipage d’un maxi-trimaran volant, ou bénéficiera d’un répit de quelques heures pour fourbir ses armes.

La fenêtre se referme, retour en stand-by pour préparer la prochaine !

Hier midi, à l’issue du briefing météo avec leur routeur Marcel van Triest, Franck Cammas et Charles Caudrelier savaient que leurs chances de s’élancer dans les prochaines heures à l’assaut du Trophée Jules Verne étaient faibles pour ne pas dire infimes : «nous estimons à 5 % de chance la possibilité d’un départ demain, mais d’un fichier à l’autre ce pourcentage peut doubler ou totalement s’écrouler, alors il faut tenter et se laisser quelques heures supplémentaires pour trancher», expliquait le marin aixois. Malheureusement, la patience des six équipiers du Maxi Edmond de Rothschild et de tout le team qui les accompagne n’a pas été récompensée ; pour cette fois tout du moins ! Car si la période consacrée au stand-by dans la quête du mythique record est sérieusement entamée, avec déjà deux mois au compteur et une tentative écourtée fin novembre suite à un choc avec un OFNI, il reste encore plus d’un mois et demi aux hommes du Gitana Team pour concrétiser leurs efforts et tenter de venir détrôner Francis Joyon et son équipage d’Idec Sport, les actuels détenteurs en 40 jours 23 heures 30 minutes.

 

 

Aucun des trois critères réunis

Les six marins du maxi-trimaran volant se seraient parfaitement vus tourner la page de cette année 2020 en mer. Mais il en sera autrement ! L’étroite fenêtre visée depuis quelques jours représente trop de zones d’incertitude pour un gain faible, c’est-à-dire des temps de passage intermédiaires trop éloignés des objectifs fixés par le team.

 

« Hier midi, les probabilités étaient très faibles mais existantes. Nous savions que l’Atlantique Nord ne s’améliorerait pas mais nous pouvions toujours espérer que le Sud en vaille la chandelle. Les derniers fichiers de prévisions météo que nous avons à notre disposition n’ont montré aucune amélioration notable. Les temps de passage à l’équateur sont bien plus élevés que ce que nous visons : de 5 jours 18 heures à 6 jours 10 heures contre les 4 jours 15 heures que nous pourrions légitiment viser avec une belle fenêtre. D’autant que malgré ces temps peu engageants, la route pour y parvenir nous paraît difficile à mettre en œuvre avec un tracé majoritairement côtier et plein d’embûches du fait des chapelets d’îles à négocier. Et désormais s’ajoute à cela que dans le Sud, la transition que nous devons accrocher pour gagner rapidement les latitudes australes ne semble plus acquise. Il y a trop d’aléatoire et pas assez de certitudes pour tenter l’histoire sur cette fenêtre. Ces allers et retours font partie du jeu des records… » ,  relativisait le co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild bien que naturellement déçu de devoir rester à quai encore quelques jours.

 

Ne pas gâcher ses chances

Les échanges ont été fournis car l’enjeu est important, mais la décision a été unanime ! « Nous pouvons avoir plus d’ambition que ce que nous proposait cette fenêtre. Ce n’est jamais une décision facile de revenir en stand-by mais il ne faut pas gâcher nos chances de battre ce record en voulant partir dans un mauvais timing. Nous avons tous hâte de pouvoir partir et de nous exprimer sur ce parcours, c’est ce qui rend l’attente assez longue… Et la météo n’est pas des plus simples cette année. Depuis le début nous devons composer avec un Atlantique Nord plutôt atypique pour la saison. Il y a des dépressions qui descendent très Sud, elles se promènent vers les Açores et dans l’Ouest des Canaries. Cette configuration météo rend notre tâche plus compliquée car bien souvent nous avons des situations favorables pour quitter la pointe bretonne mais des ruptures dans le régime d’alizés de l’hémisphère Nord qui hypothèquent sérieusement une course de vitesse vers les latitudes Sud… » concluait Franck Cammas, récemment élu marin de la décennie par la Fédération Française de Voile.

 

A ce stade de leur stand-by sur le Trophée Jules Verne, les hommes de Gitana 17 doivent être particulièrement vigilants et ne pas confondre vitesse et précipitation… Ce proverbe prend aujourd’hui tout son sens, comme l’expliquait Charles Caudrelier : « La date de fin de stand-by approchant, nous ne pouvons pas nous permettre de partir pour un essai, il faut que ça soit la bonne ! »

Code jaune malgré de nombreuses incertitudes

C’est bien connu, le Trophée Jules Verne est avant tout une école de patience. Car avant même d’espérer battre le prestigieux record aujourd’hui détenu par Francis Joyon et les hommes d’Idec Sport, il faut trouver la meilleure rampe de lancement pour débuter ce tour du monde. Et attendre la bonne fenêtre n’est pas chose facile tant l’envie de s’élancer est forte après deux mois de stand-by. Surtout quand les éléments ne semblent pas décidés à s’aligner…Mais Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers sont depuis longtemps rompus aux aléas de la météo et savent garder la tête froide. Malgré une forte dégradation des conditions météos et des temps de passage qui s’allongent tant à l’équateur qu’au cap des Aiguilles, une fine probabilité subsiste. Alors tant que la fenêtre reste entrouverte, les skippers du Maxi Edmond de Rothschild ne relâchent pas leurs observations. Les mises à jour des fichiers de prévision de ce lundi soir et celles de demain matin seront déterminantes pour déclencher ou non un nouveau départ sur les 21 760 milles nautiques théoriques de la grande boucle planétaire.

 

 

Depuis le début, le créneau actuellement étudié par la cellule de routage du Gitana Team n’est pas classique. En effet, la tempête Bella qui a touché les côtes bretonnes en fin de week-end a laissé des stigmates, à commencer par une mer très forte qui pour l’heure empêche tout convoyage vers le départ du Trophée Jules Verne, au large de Ouessant. Les choses devraient se calmer dans la journée de demain, ce qui autoriserait un franchissement de ligne en fin de journée. Mais par la suite le scénario que propose l’Atlantique Nord n’est pas propice à un record de vitesse au passage dans l’hémisphère Sud. En effet, certains modèles voient une dépression en formation dans l’ouest sud-ouest des Canaries qui pourrait venir casser le régime d’alizés, forçant ainsi à une route très Est tandis que le Pot-au-Noir semblerait plus coopératif à l’ouest. En bref, l’enchaînement météorologique n’est pas là et obligerait l’équipage à un véritable zigzag pour rejoindre l’équateur. Pour autant un faible pourcentage de routes correctes demeure sur les derniers routages.

 

« 5% de chance c’est déjà 5% de chance d’être dans une bonne fenêtre donc tant que l’espoir est permis il faut se donner les moyens d’y aller à fond. Aujourd’hui de façon certaine, la fenêtre n’est pas terrible dans l’Atlantique Nord avec des temps très très moyens à l’équateur et une route difficile à tenir et à mettre en pratique le long des côtes africaines, avec notamment les Canaries et le Cap Vert à négocier sur notre trajectoire proche. Mais tant qu’il y a une possibilité, même si aujourd’hui elle est très fine, d’avoir une bonne transition dans l’Atlantique Sud et donc de faire un bon temps au cap des Aiguilles, nous maintenons l’option ouverte jusqu’au dernier moment », précisait Franck Cammas pour expliquer le passage en code jaune.

 

« Pour partir nous nous étions fixés trois critères principaux. En premier lieu des conditions maniables pour s’élancer de Ouessant et dégolfer, un temps de passage à l’équateur autour des 4 jours 15 heures et un passage au cap des Aiguilles sous les 11 jours. Aujourd’hui, nous approchons de la deuxième partie de notre stand-by et le temps avançant vers la fin de notre période possible d’attente fixée à la mi-février, nous revoyons un peu nos critères et nos prétentions. Une fenêtre comme celle des prochains jours n’aurait certainement pas été étudiée début novembre mais au 28 décembre elle mérite qu’on s’y attarde un peu », rappelait cependant le co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild.

 

A l’issue d’un long briefing météo, l’ensemble de l’équipe réuni dans la base lorientaise de l’écurie aux cinq flèches s’est une fois encore prêté au jeu des tests PCR. Les membres d’équipage ont quant à eux finalisé leur sac d’affaires personnelles, avant que chacun ne regagne son domicile dans l’attente des fichiers du soir.

Code orange activé, un nouveau départ pour conclure l’année 2020 ?

Il y a un mois jour pour jour, le Maxi Edmond de Rothschild était contraint de rebrousser chemin et d’interrompre sa première tentative de record sur le Trophée Jules Verne suite à un choc qui avait endommagé safran et foil du flotteur bâbord. Cet incident intervenant relativement tôt dans la période de stand-by fixée par le Gitana Team augurait d’un nouveau départ dès les réparations faites, mais surtout d’un créneau météo propice. Ce dernier pourrait se présenter dès mardi prochain et ce jusqu’au jeudi 31 décembre inclus.

 

 

Orange is the new black…
Après un long retour vers leur base lorientaise dicté par une météo atypique sur l’Atlantique Nord, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild avaient confié début décembre le géant de 32 mètres aux mains expertes de l’équipe technique. Peu avant la trêve des fêtes de fin d’année, le dernier-né des Gitana était prêt à en découdre à nouveau grâce au remarquable travail et à la réactivité de l’équipe dirigée par Cyril Dardashti. Ne manquait alors que l’enchaînement météorologique espéré pour s’élancer sur les 21 760 milles nautiques théoriques de la grande boucle planétaire.
Depuis, la cellule météo composée des deux skippers, Franck Cammas et Charles Caudrelier, et de leur routeur Marcel van Triest, scrutait matin et soir les fichiers de prévisions pour trouver cette fameuse « fenêtre ». Une possibilité est actuellement étudiée et pourrait conduire à un franchissement de ligne au large de Ouessant entre le 29 et le 31 décembre. Par conséquent, le Gitana Team bascule ce dimanche en code orange !

 

Le routeur hollandais, véritable 7e homme de l’équipage, nous décryptait la situation atypique dans laquelle pourraient s’élancer les six marins dès mardi ; une fenêtre loin d’être parfaite mais qui retient aujourd’hui toutes les attentions à quelques jours de basculer en 2021 :
« Ce n’est pas un créneau extraordinaire comme nous l’espérions en début de stand-by, mais c’est un créneau à prendre au sérieux car il propose des temps de passage corrects sur le premier tiers du parcours. Actuellement la météo est très agitée au large de la Bretagne avec la tempête Bella qui a balayé les côtes atlantiques et celles de La Manche. Le vent va tourner au nord nord-ouest puis il devrait faiblir à compter de demain soir. L’état de la mer devrait également redevenir plus praticable. Ces conditions musclées et trop engagées bloquent pour le moment tout départ. Mais il ne nous faudra pas trop trainer car dans les prochains jours si les modèles voient juste une dépression se forme dans l’ouest sud-ouest des Canaries, au milieu de l’Atlantique, et son déplacement vers les côtes africaines pourrait venir totalement casser le régime d’alizés… » Rester vigilants, opportunistes et prêts à partir, tels sont les mots d’ordre du jour pour le Gitana Team.

 

Demain matin, les six marins du Maxi Edmond de Rothschild et l’équipe qui les accompagne dans cette quête de Trophée Jules Verne, se retrouveront à la base lorientaise de l’écurie aux cinq flèches pour un programme bien chargé. Entre briefing météo avec Marcel van Triest, tests PCR, chargement de l’avitaillement et préparation des affaires personnelles, le début de semaine se fera sur les chapeaux de roues, à l’image du défi que s’apprêtent une nouvelle fois à relever Franck Cammas, Charles Caudrelier, Yann Riou, Erwan Israël, Morgan Lagravière et David Boileau.

SODEBO ULTIM 3 MET LE CAP SUR LORIENT

Après cinq jours d’escale technique express, l’équipage de Sodebo Ultim 3 a quitté La Réunion mardi pour mettre le cap sur Lorient. Le trimaran géant devrait retrouver sa base à la mi-janvier.

 

 

L’équipage a été légèrement modifié, puisque Thierry Briend et Léo Legrand sont montés à bord remplaçants ainsi François Duguet, le boat-captain, et Martin Keruzoré, équipier-médiaman. Ils rejoignent donc le reste de l’équipage, également composé de Thomas Coville, François Morvan, Matthieu Vandame, Corentin Horeau, Sam Goodchild et Thomas Rouxel, et vont donc passer les fêtes en mer, entre océan Indien et Atlantique Sud.

 

Arrivé jeudi dernier au Port, au nord-ouest de La Réunion, six jours après avoir interrompu sa tentative sur le Trophée Jules, l’équipage de Sodebo Ultim 3 avait été rejoint par l’équipe technique, dépêchée sur place pour procéder aux réparations sur le safran tribord endommagé.

 

« Dès que le bateau est arrivé, on a tout de suite attaqué par les « checks » pour s’assurer qu’il n’y avait pas plus de boulot que ce que les navigants avaient vu et prévu, explique William Fabulet, responsable composite du team Sodebo. On a attaqué les réparations dès le lendemain pour remettre le bateau en état et permettre à l’équipage de repartir sereinement. Les marins nous ont aidés sur beaucoup de petits dossiers, tout ça s’est fait dans une bonne ambiance. »

 

Et rapidement, car grâce à l’énorme travail de toute l’équipe technique, Sodebo Ultim 3 a repris la mer mardi en début d’après-midi, après une escale technique qui aura duré cinq jours et aussi permis à l’équipage de partager des moments forts avec la population locale.

 

« Une escale comme ça, ça fait du bien, confirmait Thomas Coville au moment de quitter La Réunion. Quand on est athlète, on est dans le prisme du résultat, du chiffre, de la déception, et là, on arrive chez des gens qui sont dans la rencontre, l’échange. Cela confirme que nos projets ont un sens, c’est celui de partager. Je suis assez ému, on a tout le temps eu 20, 30, 40 personnes qui sont venues nous voir, de 7 à 77 ans, La Réunion est une très belle île qui fera partie de mon histoire et de l’histoire de ce Trophée Jules Verne. »

 

Place désormais à trois semaines de navigation que l’équipage compte bien mettre à profit pour continuer à progresser sur Sodebo Ultim 3.

 

« Léo s’occupe de l’électronique, c’était important qu’il puisse naviguer, parce que nous avons encore des développements à faire, explique Thierry Briend. De mon côté, comme je suis en charge des voiles, ça va me permettre de me concentrer dessus surtout que nous allons rencontrer différentes conditions de navigations et d’arriver avec de bonnes idées à la maison. »

 

SODEBO ULTIM 3 EN ESCALE TECHNIQUE À LA RÉUNION

Six jours après avoir renoncé à sa tentative sur le Trophée Jules Verne et après 23 jours de mer, l’équipage de Sodebo Ultim 3 est arrivé jeudi midi heure locale à La Réunion (9h, heure de la Métropole) – précisément au Port, au nord-ouest de l’île. Il devrait y rester entre 3 et 5 jours avant de reprendre la mer en direction de Lorient, son port d’attache.

 

 

Vendredi dernier, Thomas Coville et son équipage prenaient la difficile décision de mettre un terme à leur tentative sur le Trophée Jules Verne. L’avarie survenue sur le safran tribord ne leur permettait pas d’envisager une traversée du Pacifique avec un bateau fiable, et donc sûr, à 100%. La déception passée, les huit « Sodeboys » ont mis le cap sur La Réunion, alors distante de 2 300 milles, où ils sont arrivés ce jeudi matin, après un peu moins de six jours de mer.

 

« Nous avons été très bien accueillis, il y avait du monde, nous avons retrouvé notre équipe technique. Même si ce n’était pas le plan à l’origine de s’arrêter à La Réunion, ce sont toujours de bons moments », a commenté le skipper de Sodebo Ultim 3 au moment d’amarrer le trimaran. L’équipe technique dépêchée sur place est aussitôt montée à bord pour inspecter en détail le safran abîmé avant d’entamer les réparations.

 

« On estime entre 3 et 5 jours la durée de l’escale, l’objectif est de repartir vers Lorient rapidement tout en restant dans la dynamique de faire progresser le bateau. Quand on s’est arrêté, on s’est dit qu’on avait déjà fait quelque chose de formidable, on veut encore faire fructifier ce que nous avons appris et capitalisé sur la dynamique de notre équipe », explique Thomas Coville. Sodebo Ultim 3 devrait retrouver sa base mi-janvier après trois semaines de navigation.

THOMAS COVILLE : « C’EST UNE ÉVIDENCE QU’ON REVIENDRA »

Après un peu plus de 16 jours de mer, Thomas Coville a pris la décision vendredi avec son équipage de ne pas poursuivre la tentative sur le Trophée Jules Verne. Après avoir essayé de réparer le safran tribord de Sodebo Ultim 3 avec François Duguet, le boat-captain et le reste de l’équipe, le skipper a choisi d’agir en bon marin et de ne pas « tenter le diable ». Le trimaran fait actuellement route vers La Réunion où il est attendu en fin de semaine prochaine.

 

 

C’est une journée de vendredi particulière qu’auront vécue, à des milliers de kilomètres de distance, les huit équipiers de Sodebo Ultm 3 en plein milieu de l’océan Indien, et les membres du team dans la base de Lorient. Tout a commencé par des premiers retours de deux des barreurs du bord, François Morvan et Matthieu Vandame.

 

« Après une réflexion de François et de Matthieu sur leurs quarts qui avaient été difficiles à la barre dans du vent fort au portant, on s’est rendu compte lors d’un contrôle de routine qu’on avait un problème de direction, de safran, de gouvernail », explique Thomas Coville.

 

Après un premier diagnostic, le skipper décide de ralentir pour tenter de réparer le safran du flotteur tribord. Du côté de Lorient, l’équipe à terre se mobilise, comme le raconte Jean-Christophe Moussard, le team-manager : « On a un document spécial qui nous permet de gérer ces moments anxiogènes, pendant lesquels il y a beaucoup de choses à faire en même temps. Il faut notamment que les responsables techniques des pièces touchées rejoignent la cellule routage pour une coordination rapide et efficace avec le bateau. De notre côté, on est arrivé à la conclusion qu’après la réparation, le bateau ne serait plus à 100%. Mais, le dernier mot revient au skipper et à son équipage. »

 

A bord, Thomas Coville, après six heures passées avec François Duguet dans l’inconfort du flotteur tribord de Sodebo Ultim 3, se rend à l’évidence : « Le problème était plus sérieux qu’on ne le pensait au départ, si bien qu’il n’était plus possible de diriger le bateau avec les mêmes ambitions et surtout la même sécurité. » Le skipper, après avoir échangé avec la terre, réunit son équipage pour lui annoncer sa décision de renoncer à poursuivre cette tentative :

 

« C’est super dur de vous dire ça mais c’est aussi mon job de vous ramener et de ramener le bateau à son armateur. On n’est pas « out », on a fait un truc super jusqu’aux Kerguelen, on était devant, je ne pense pas qu’il faille tenter le diable avec un bateau qui n’est pas à 100%. »

 

Pour Jean-Christophe Moussard, « Thomas a pris la décision qui s’imposait, c’est un homme d’expérience, il sait que le Pacifique est un « no man’s land », où personne ne vient te chercher. Prendre ce genre de décision après six heures passées dans le flotteur, il faut être costaud. »

 

Les équipiers accusent forcément le coup, certains yeux sont rougis, mélange de fatigue et d’une déception légitime après 16 jours de navigation intense. Interrogé samedi matin par Martin Keruzoré, Thomas Coville résume : « Le fait de prendre cette décision quasiment à mi-chemin a été plus qu’une déception. Quand vous êtes dans une spirale, que vous avez quelque chose qui vous prend les tripes et que tout le groupe est dans cette même atmosphère, arrêter ça, c’est arrêter quelque chose de trop beau. Je n’étais pas uniquement dans la projection de battre le Jules Verne, je voulais aussi continuer à vivre ce moment, cette expérience, ce voyage, qui étaient tels que je l’avais imaginé avec ce groupe qu’on a formé. Je n’avais pas envie que ça s’arrête. »

 

S’il parle « d’une école d’humilité », le skipper de Sodebo Ultim 3 sait aussi tout le beau chemin qui a été accompli jusque-là : « Le prix à payer est un peu fort, je suis très déçu, mais je ne suis pas abattu parce que c’est une évidence : on reviendra. On a un groupe et un bateau pour le faire, on a un partenaire qui veut bien y retourner aussi, donc l’avenir est devant nous. On écrira d’autres histoires, mais on continuera d’abord celle-là, tellement elle a bien démarré, ce n’est pas fini ! »

 

Ce périple n’est en effet pas terminé puisque le trimaran fait désormais route vers La Réunion, où il sera rejoint par une petite équipe technique pour remplacer les pièces défectueuses. « Nous avons choisi La Réunion plutôt que l’Australie pour plusieurs raisons, explique Jean-Christophe Moussard. D’abord parce que les conditions météo étaient plus favorables pour rejoindre la Réunion, ensuite parce qu’on pouvait envoyer plus facilement une équipe technique. Pour l’Australie, les conditions sanitaires actuelles imposaient une quatorzaine en isolement. La Réunion est un département français, c’est donc beaucoup plus simple pour s’organiser. Pour rentrer à Lorient en passant par le Cap de Bonne Espérance, les systèmes météo sont plus favorables. Dans les premiers échanges que nous avons avec les Réunionnais, on les sent déjà très enthousiastes pour nous aider et nous accueillir, on va vivre de beaux moments de partage. »

 

L’escale à Port Réunion au Nord-Ouest de l’île devrait durer quelques jours, après quoi l’équipage reprendra la mer pour environ trois semaines jusqu’à Lorient où il est espéré à la mi-janvier. Un nouveau départ pour le Trophée Jules Verne sera-t-il alors possible cet hiver ? « Non, on ne repartira pas, le bateau aura fait plus qu’un tour du monde en nombre de milles, il a besoin d’être révisé, inspecté sous toutes ses coutures, mais nous allons profiter du retour pour continuer à travailler sur la connaissance et la performance de ce jeune bateau mis à l’eau en Mars 2019 », conclut le team-manager.

SODEBO ULTIM 3 MET FIN À SA TENTATIVE DE TROPHÉE JULES VERNE suite à une avarie de safran

Après un peu plus de 16 jours de mer, l’équipage de Sodebo Ultim 3 a décidé ce vendredi 11 décembre d’interrompre sa tentative sur le Trophée Jules Verne.

 

 

Alors qu’ils naviguaient entre les Kerguelen et le Cap Leeuwin, à plus de 30 nœuds, Thomas Coville et ses sept équipiers ont constaté une avarie sur le safran tribord. Après plusieurs heures de travail acharné, d’échanges avec l’équipe technique à terre, ils ont dû se rendre à l’évidence.

 

La réparation ne permet plus au bateau de naviguer à 100% de ses capacités pour tenter de battre le record du Trophée Jules Verne, ils ont décidé d’interrompre leur tentative débutée le 25 novembre à 2h55.

 

Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame auront montré que Sodebo Ultim 3 avait le potentiel pour battre le record d’Idec Sport (40 jours 23 heures et 30 minutes).

 

C’est donc légitimement très déçus qu’ils renoncent à la suite de ce tour du monde, mais avec la conviction que le record est à leur portée.
Pour la suite des opérations et des questions de logistiques, ils font route vers la Réunion – distante de 2300 milles d’où ils se trouvent actuellement – afin de fiabiliser le bateau et repartir en toute sécurité vers Lorient.

 

Patricia Brochard, co-présidente de Sodebo :

 

« S’engager sur le Trophée Jules Verne requiert une préparation humaine et technique de très haut niveau. Thomas, François, Sam, Corentin, Martin, François, Thomas et Matthieu ont été à la hauteur de ce défi et ont fait preuve d’un engagement mental et physique total. A terre, la cellule routage et toute l’équipe lorientaise ont également été admirables durant cette tentative. Je tiens à les remercier pour tout le travail effectué. Nous avons réussi le pari de faire rêver nos publics à travers cette aventure hors-norme. Cet abandon est bien sûr une déception pour tous. Mais il sera aussi formateur et apprenant afin d’aller relever nos prochains challenges. »

 

FAIRE LE DOS ROND pour en finir avec l’Indien

Evoluant toujours dans un océan Indien chaotique, Sodebo Ultim 3 fait cap plein est vers le Cap Leeuwin, distant ce vendredi matin d’un peu moins de 1000 milles de son étrave. Il accuse désormais un léger retard de 50 milles sur le tableau de marche d’Idec Sport.

 

 

L’océan Indien, qui avait été si favorable à Idec Sport il y a quatre ans lors de sa tentative victorieuse sur le Trophée Jules Verne, s’avère décidément bien plus capricieux pour Sodebo Ultim 3. Depuis qu’ils ont franchi le Cap des Aiguilles lundi matin, Thomas Coville et ses sept équipiers doivent en effet composer avec une mer croisée et formée qui les contraint à progresser vers l’est avec prudence.

 

Ce qui explique que leur avance accumulée à Bonne-Espérance sur le détenteur du record se soit transformée en léger retard ce vendredi matin (50 milles à 6h). Invité jeudi soir du live organisé chaque semaine au sein de la base du team à Lorient, Philippe Legros, qui compose la cellule de routage à terre avec Jean-Luc Nélias, analyse :

 

« Nous savions qu’Idec avait eu une trajectoire idéale dans l’océan Indien, parce qu’il avait gardé un phénomène météo très longtemps, ce qui lui avait permis de faire très peu de route et de manœuvres. C’est pour ça que nous voulions passer au Cap de Bonne-Espérance en avance. On mange un peu notre capital en ce moment, mais il reste encore énormément de terrain et on attend le Pacifique avec impatience, la trajectoire d’Idec y avait été moins limpide. Il y aura également beaucoup de choses à jouer dans la remontée de l’Atlantique. »

 

En attendant, l’équipage fait le dos rond et s’appuie sur sa cohésion pour traverser cette phase un peu plus compliquée pour les nerfs. Ce qu’a confirmé Thomas Coville lors du live :

 

« On a des garçons incroyablement solidaires, il y a une vraie complicité, une envie de vivre ensemble, le groupe a fait un pas en avant énorme au niveau de la cohésion, de la compétence et de la confiance, c’est magnifique à voir. »

 

Le skipper de Sodebo Ultim 3 a eu la surprise de pouvoir échanger avec l’entraîneur du quinze de France de rugby, Fabien Galthié, avec lequel il a noué des liens proches (ce dernier est même venu naviguer sur Sodebo Ultim 3) et dont il s’est lui-même inspiré pour endosser son rôle de sélectionneur de l’équipage. « C’est un peu surréaliste d’entendre Fabien Galthié dans la nuit noire au large des Kerguelen, c’est le kif total, incroyable ! ». Quant à celui qui, avec une équipe de France composée quasi exclusivement de néophytes, a fait trembler l’Angleterre dimanche dernier (défaite 22-19), il a confié, à l’adresse des huit « Sodeboys » : « Je voudrais leur dire toute l’admiration que j’ai pour eux, leur témoigner mon support inconditionnel. Dans cet équipage, j’ai vu de la passion, de l’humilité, de la force de caractère, ils vont y arriver ! »

 

Trophée Jules Verne 2020 : un observateur nommé Joyon

Francis Joyon est un observateur attentif des tentatives en cours et à venir contre le record du Trophée Jules Verne, tour du monde à la voile, en équipage et sans escale. Détenteur depuis 2017 du chrono référence, à bord du maxi trimaran IDEC SPORT, en compagnie d’un détonnant équipage composé d’Alex Pella, Gwénolé Gahinet, Bernard Stamm, Sébastien Audigane et Clément Surtel, et en un peu plus de 40 jours (40 jours, 23 heures, 30 minutes et  30 secondes, à 22,84 noeuds de moyenne), Francis souscrit volontiers à l’axiome « Un record est fait pour être battu ». Amoureux du beau geste marin, il privilégie cependant, et au delà du résultat, la manière, l’engagement humain, les belles trajectoires et les stratégies opportunistes qui écrivent l’histoire et créent véritablement la légende. Regard d’un expert ès Tour du monde sur les tentatives en cours de Thomas Coville (Sodebo) et à venir du tandem Cammas – Caudrelier (Gitana 17).

 

 

Le bel Atlantique Sud de Sodebo !
« Ce Trophée passionne tous les marins » résume, laconique, Francis Joyon. « Je ne suis donc pas étonné de voir le sérieux, le professionnalisme investis par des Teams aussi prestigieux que Sodebo et Gitana pour s’y aventurer. Ces équipes disposent de formidables machines, très complexes et dont j’ai plaisir à observer les performances. Je constate d’emblée que Gitana 17 a, comme nous à l’époque, fait le pari d’un équipage réduit, synonyme de légèreté. Il ne m’est cependant pas possible de juger des performances de l’équipe Caudrelier-Cammas sur leur tentative avortée. Je constate en revanche que Sodebo semble très rapide dans moins de 20-25 noeuds de vent. La combinaison de la légèreté, des foils et autres plans porteurs fonctionne parfaitement dans le vent medium, et sur mer relativement plate. Thomas et ses hommes ont été très bons en Atlantique Sud, et dans l’enchainement des systèmes météos. Leur vitesse dans le vent fort de cette semaine semble en revanche assez équivalente à la nôtre. »

 

Afrique – Australie en 4 jours et 9 heures !
A l’heure où nos écrivons ces lignes, Sodebo croise entre Kerguelen et l’île Heard, par 50° de latitude Sud. Un moment du parcours où le maxi trimaran IDEC SPORT débutait voici 4 ans une invraisemblable traversée de l’océan Indien, signant pas moins de 6 journées à plus de 850 milles, soit 35,45 noeuds de moyenne. Sodebo, très véloce en Atlantique Sud, parcourait le 5 décembre dernier 888,5 milles en 24 heures. IDEC SPORT en avait avalé 894, à 37, 25 noeuds de moyenne. A cette allure ébouriffante tenue en avant d’un front, Joyon et ses 5 « Incroyables » ralliaient le cap Leeuwin depuis son passage au cap des Aiguilles en 4 jours, 9 heures et  37 minutes, à la vitesse moyenne de 35,08 nœuds sur le fond (3 705 milles) ou 842 milles par 24 heures, soit 6 jours, 8 minutes ou 36 % de mieux que le précédent record de Loïck Peyron (Banque Populaire V). C’est à cette performance que Thomas Coville et ses 7 hommes d’équipage s’attaquent cette semaine. « C’est amusant de comparer les trajectoires, les choix de route dans des secteurs que l’on a fréquentés » poursuit Francis. « Je suis toujours très intéressé de voir ce que nous mêmes, à circonstances égales, aurions fait, en terme de stratégie mais surtout d’engagement. Où mettre le curseur de la performance et donc, de l’exigence humaine, dans des conditions données. J’aime quand les marins se donnent à fond, du début à la fin. »

 

Admiratif de Le Cam.
Francis Joyon étend aussi ses réflexions au Vendée Globe qu’il suit avec intérêt. Il ne fait guère secret de son admiration pour Jean Le Cam. « Je crois que Jean et moi avons une démarche similaire dans l’approche de nos courses » atteste-t’il. « J’admire beaucoup sa trajectoire depuis le départ, ses prises de risque assumées et maîtrisées. On voit que la réalité de la Nature reprend vite ses droits, et que des voiliers testés en Atlantique Nord réagissent de manière inattendue lorsque confrontés aux réalités du grand Sud, ses creux de 9 mètres et ses vents à plus de 55 noeuds. J’attends à présent le nouveau départ de Gitana. »