Sodebo Ultime 3 : 7 marins à la conquête d’un chrono autour du monde !

Dans les prochains jours, l’équipage de Sodebo Ultim 3 emmené par Thomas Coville débutera son stand-by, pour s’attaquer au Trophée Jules Verne, le record du tour du monde en équipage, détenu depuis janvier 2017 par Idec Sport (Francis Joyon) en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes.

 

 

C’est l’un des records les plus convoités de la planète voile, déjà tenté par Sodebo fin 2020. Si l’aventure s’était arrêtée après 16 jours alors que le trimaran était dans les temps du record, le skipper et son fidèle partenaire depuis 25 ans ont toujours gardé cet objectif en tête, conscients qu’il faut savoir persévérer quand cela ne se concrétise pas dès la première tentative. Thomas Coville est un insatiable. Moins d’un an après sa deuxième place sur l’Arkea Ultim Challenge-Brest (course autour du monde en solitaire), le voilà prêt à enchaîner pour un deuxième tour, le dixième de sa carrière.

Pour relever ce sacré défi, le skipper de Sodebo Ultim 3 a choisi de s’entourer de Frédéric Denis, Léonard Legrand, Pierre Leboucher, Guillaume Pirouelle, Benjamin Schwartz et Nicolas Troussel. Afin de préparer cette échéance, l’équipage a beaucoup navigué depuis la remise à l’eau de Sodebo Ultim 3 mi-juin, entre entraînements au large de Lorient et participation aux deux courses du calendrier de la classe Ultim, les 24h Ultim (2e place) et la Finistère Atlantique (3e).

 

Présentation des sept candidats qui vont s’engager dans cette course contre le chrono, doublée d’une véritable aventure humaine.

On ne présente plus le skipper de Sodebo Ultim 3, l’un des marins français les plus expérimentés autour du monde. Entre son premier tour, en 1997 sur le Trophée Jules Verne aux côtés d’Olivier de Kersauson, et son dernier, l’Arkea Ultim Challenge-Brest en solitaire en début d’année 2024 (deuxième place), Thomas Coville aura bouclé neuf fois le tour de la planète à la voile, 5 en solitaire, 4 en équipage, 7 en multicoque, 2 en monocoque. Avec réussite, puisqu’il a détenu le Trophée Jules Verne à deux reprises (1997 et 2010 avec Franck Cammas sur Groupama 3) et le record en solitaire en 2016 (49 jours, 3 heures et 7 minutes, battu l’année suivante par François Gabart).  « Thomas a une énorme expérience, c’est à la fois rassurant et un privilège de partager cette aventure avec lui, mais également un gage de performance, car il connaît les spécificités de chaque endroit », résume Frédéric Denis. Pour s’attaquer de nouveau au Trophée Jules Verne, « un défi unique et singulier », Thomas Coville, animé de « l’envie de se nourrir des autres », a choisi de s’entourer de six équipiers qui, eux, n’ont jamais fait le tour de la planète. « Tous ensemble, on rêve d’être Duplantis (Armand Duplantis, champion olympique et recordman du monde de saut à la perche) et de passer sous la barre des 40 jours. On a l’enthousiasme et l’émerveillement d’aller voler sur un bateau de cette dimension dans des endroits hostiles. Ce sont des moments dans lesquels les athlètes se subliment, on a envie de s’offrir cette transcendance commune et collective. »

 

Frédéric Denis, 40 ans

Né à Pithiviers (Loiret), Frédéric Denis a longtemps vécu dans la région nantaise, initié à la voile à Pornichet où il passait ses vacances et week-ends, « plutôt sur l’eau que sur la plage ». De la voile légère d’abord, du J80, du match-racing et le Tour Voile ensuite, avant de se lancer au large : « La course au large me faisait de l’œil, j’ai décidé de passer ma Mini d’abord, comme le dit le dicton ». Avec succès, puisque dès sa première année, « Freddy » remporte la Mini Transat 2015 en proto, preuve d’un talent certain. Entre-temps, il avait découvert le Team Sodebo qui l’avait accueilli pour son stage de fin d’études en électronique en 2010. Il y a deux ans, il revient dans l’équipe, après avoir notamment goûté à l’Imoca auprès d’Alan Roura (9e de la Transat Jacques Vabre 2017) et au Class40 avec Axel Tréhin (victoire sur la Normandy Channel Race en 2021). « Touche à tout » à bord de Sodebo Ultim 3, Frédéric s’attaque à son premier tour du monde, estimant que le Trophée Jules Verne, « c’est un peu un graal, un rêve qui s’accomplit », avant d’ajouter, à propos de la difficulté de l’exercice : « Il faut vraiment trouver le curseur entre aller le plus vite possible et garder le maximum du potentiel du bateau jusqu’au bout. » Et ce père de trois enfants de conclure : « J’attends particulièrement les grandes mers du Sud qu’aucune barrière ne freine, je suis à la fois impatient mais aussi un peu effrayé à l’idée de les rencontrer. »

 

 

Pierre Leboucher, 43 ans

Pierre Leboucher est un sportif dans l’âme, qui a commencé la voile en Optimist sur l’Erdre, à côté de Nantes, avant de suivre la filière classique du dériveur qui l’a mené jusqu’au 470. Il est deux fois vice-champion du monde et finalistes aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 (7ème). « Je me suis alors dit qu’il y avait plein d’autres choses à faire et je me suis mis à la course au large. » Particulièrement au Figaro, dont il est devenu un pilier du circuit, remportant notamment la Sardinha Cup en 2022 et une étape de la Solitaire du Figaro. La porte de Sodebo Ultim 3 s’est ouverte cette année : « Je me suis senti mûr pour postuler », sourit celui qui se réjouit d’avoir « la chance de partir sur un premier tour du monde qui va me permettre de découvrir de nouveaux océans et décors, c’est palpitant ». Barreur/régleur, mais également en charge de la mécanique, du gréement et des voiles, l’ancien « olympien » mesure cependant la difficulté de la tâche, celle de se battre contre un chrono et non contre des adversaires : « On sait très bien qu’avant d’envisager le record, il faut arriver au bout, donc préserver le matériel. L’exercice consiste à ne pas l’utiliser à 300%, mais pas à 80% non plus, sinon tu risques de ne pas battre le record. Et sans concurrent à côté, c’est sans doute plus difficile de trouver la bonne cadence. » Le Nantais rappelle que la dimension humaine est un élément clé de la réussite : « Quand je regarde les hommes à bord et notre préparation, qui a permis de souder l’équipage, ça matche bien entre nous, je suis confiant. »

 

Léonard Legrand, 30 ans

Arrivé au sein du Team Sodebo en 2015 dans le cadre d’une alternance en électronique, Léonard Legrand n’en est depuis plus parti. En moins de dix ans, celui qui a commencé sur une planche à voile du côté de Saint-Cast est en effet parvenu à y faire sa place, occupant désormais la responsabilité du pôle électronique et informatique. Au-delà de cette expertise technique, son grand sourire et sa forte volonté lui ont permis, peu à peu, de sortir du cadre pour devenir un navigant à part entière. « En électronique, une partie du travail se fait en mer, puisqu’on doit calibrer les capteurs automatiques, valider les pilotes, voir comment Thomas utilise le bateau pour mettre les outils à sa main, ça nécessite donc de naviguer. Au début, je n’y connaissais rien, mais petit à petit, j’ai pris mes marques jusqu’à être utile à bord. » Son envie d’apprendre et de progresser l’a aussi amené depuis deux ans à naviguer à bord du trimaran Viabilis sur le circuit des Ocean Fifty. Séduit par l’enthousiasme de « Léo » – « on l’appelle Léonard quand on a quelque chose à lui reprocher », sourit Thomas Coville qui a été vite convaincu de l’embarquer pour cette tentative de Trophée Jules Verne. « Notre équipe et nos compétences se complètent. On a réussi à avoir le bon mélange à bord entre les techniciens/navigants membres du Team Sodebo, qui connaissent par coeur le bateau, et les marins qui viennent de l’extérieur et apportent leur expérience de la compétition, la précision des réglages. Ce mariage se fait très bien », souligne Léonard qui, en plus de barrer et régler le bateau comme les autres, gérera la partie électronique et aura la casquette de media man. Pour l’un des benjamins de l’équipage, « le Trophée Jules Verne, c’est ce qu’on peut imaginer de mieux en voile, c’est très fort sportivement, mais aussi humainement, il faut réussir à vivre à sept pendant 40 jours dans un espace de 6m². Ça peut faire peur, parce que ce n’est pas sans danger, mais c’est en même temps hyper grisant. »

 

 

Guillaume Pirouelle, 30 ans

Originaire de Normandie, Guillaume Pirouelle est un talent précoce qui, comme beaucoup, a fait ses armes en voile légère avec déjà de beaux titres : double champion d’Europe et double vice-champion du monde en 420. Il confirme en 470 (champion du monde jeune en 2015, vice-champion d’Europe en 2017), ce qui lui vaut d’être embarqué au sein du Team Beijaflore sur le Tour Voile, qu’il remporte en 2019. « Curieux de nature », il décide alors de se lancer en course au large, avec bonheur puisqu’il est sélectionné par la région Normandie pour succéder à Alexis Loison sur le circuit Figaro. Le Havrais frappe fort d’entrée, terminant deuxième (et premier bizuth) de sa première Solitaire du Figaro, en 2022. Des résultats qui lui valent d’être invité à faire un essai la même année sur Sodebo Ultim 3. « C’était inattendu parce que cela ne faisait que deux ans que je faisais de la course au large, mais je ne pouvais pas refuser. C’est un rêve de naviguer en Ultim et l’opportunité d’apprendre énormément de choses sur des machines ultra technologiques », commente celui qui est par ailleurs titulaire d’un diplôme d’ingénieur à l’INSA Rennes. Barreur/régleur à bord, également en charge de l’accastillage, de l’hydraulique et de l’avitaillement, Guillaume – le plus jeune de l’équipage – considère que « le Trophée Jules Verne est un défi hors norme. Pour moi, c’est le record ultime, très dur à battre, il faut réussir à tenir dans la durée, tant physiquement que mentalement. Ça fait un peu peur, mais on est chacun bien préparés, j’espère découvrir plein de choses et revenir avec des étoiles plein les yeux. »

 

Benjamin Schwartz, 37 ans

Dernier arrivé dans l’équipage, Benjamin Schwartz peut se targuer d’une solide expérience du large. Ce Lyonnais d’origine, qui s’est initié à la voile sur les lacs de sa région et en Méditerranée, a décidé d’en faire son métier à la fin de ses études en géologie appliquée, après de premières expériences notamment auprès de Lionel Péan et de François Duguet (aujourd’hui boat captain de Sodebo Ultim 3). Il intègre ensuite en tant qu’électronicien l’équipe technique de Dongfeng Race Team de Charles Caudrelier, vainqueur de la Volvo Ocean Race 2017-2018. Ce dernier lui suggère alors de se former sur le circuit Figaro, un conseil avisé, puisque Benjamin termine premier bizuth (et 6e au général) de la Solitaire du Figaro 2019, décrochant la même année le titre de champion de France Elite de course au large. Son talent, particulièrement de navigateur, en fait dès lors un équipier très recherché. Il découvre ainsi l’Imoca sur The Ocean Race Europe en 2021 auprès de Nicolas Troussel … qu’il retrouve donc à bord de Sodebo Ultim 3, avant d’être le skipper de Holcim PRB sur les dernières étapes de The Ocean Race 2023. Membre de l’équipage de Yann Guichard en 2018, l’exercice du stand-by et du Jules Verne, il connaît. « J’étais embarqué sur la tentative l’hiver 2018 – 2019 que l’on avait bien commencé mais malheureusement avortée en Australie sur casse d’une mèche de safran. Ensuite nous avons fait un an de stand-by, sans jamais partir. » Et puis récemment, on le retrouvait dans l’équipe de Charles Caudrelier. Ce dernier ayant renoncé à s’élancer en fin d’année sur le Jules Verne (démâtage), Thomas Coville a proposé à Benjamin Schwartz de relever le défi sur Sodebo Ultim 3. « Benjamin a montré ces dernières années que le Trophée Jules Verne était l’un de ses objectifs majeurs. Il a beaucoup travaillé sur ce sujet : la gestion du stand-by, le parcours, la météo. Il s’est préparé pour cet exercice complexe. Il va renforcer notre organisation du bord entre Nico et moi sur la partie navigation. C’était naturel de l’intégrer et cela me plaît de partir à 7. »

 

Nicolas Troussel, 50 ans

Originaire de la baie de Morlaix, Nicolas Troussel est, après Thomas Coville, le plus expérimenté de l’équipage de Sodebo Ultim 3, lui qui confie avoir « toujours voulu être professionnel dans le milieu de la voile ». Ce qu’il réussit à faire au début des années 2000 sur le circuit Figaro, qu’il marque de son empreinte en remportant la Transat AG2R en 2004 avec son copain de la baie, Armel Le Cléac’h, puis à deux reprises la Solitaire du Figaro, en 2006 et 2008. Suivent des expériences en Class40 (deuxième de la Route du Rhum 2010), sur le Tour Voile puis en Imoca, skipper de Corum L’Épargne. Si l’arrêt du projet en septembre 2023 est un coup dur pour « Nico », il ne reste pas inactif longtemps. Thomas Coville, qui avait déjà fait appel à lui en 2022 pour toutes les courses en équipage, lui propose en effet de faire partie de l’aventure du Jules Verne. « Comme il a été lui-même skipper d’un projet, Nico a la faculté de se mettre dans ma tête en prenant le lead à certains moments, j’ai tout de suite vu qu’il avait compris ce que j’attendais de lui », commente Thomas Coville. Chargé de la navigation en relation avec la cellule de routage à terre, le Finistérien ne cache pas sa motivation au moment de s’attaquer à son premier tour du monde en équipage. « Le Jules Verne, c’est le plus beau record à décrocher en tant que marin, on sait tous très bien qu’il est très dur à battre, mais ça le valorise d’autant plus et ça donne encore plus envie. »

 

 

Sur le banc des remplaçants

Basile Bourgnon, 22 ans, sort de trois saisons réussies sur le circuit Figaro, avec notamment une 2e place sur la Solitaire en 2023. Le fils de Laurent, qui a également couru en Class40 et sera en 2025 à la barre d’un Ocean Fifty, a navigué plusieurs fois sur Sodebo Ultim 3 cette saison, notamment lors du convoyage entre Antibes et Lorient.

François Duguet, 43 ans, est, avec Thomas Coville, celui qui connaît le mieux Sodebo Ultim 3 dont il est le boat captain. Il faisait également partie de l’équipage de la précédente tentative sur le Trophée Jules Verne, en 2020.

SODEBO ULTIM 3 MET LE CAP SUR LORIENT

Après cinq jours d’escale technique express, l’équipage de Sodebo Ultim 3 a quitté La Réunion mardi pour mettre le cap sur Lorient. Le trimaran géant devrait retrouver sa base à la mi-janvier.

 

 

L’équipage a été légèrement modifié, puisque Thierry Briend et Léo Legrand sont montés à bord remplaçants ainsi François Duguet, le boat-captain, et Martin Keruzoré, équipier-médiaman. Ils rejoignent donc le reste de l’équipage, également composé de Thomas Coville, François Morvan, Matthieu Vandame, Corentin Horeau, Sam Goodchild et Thomas Rouxel, et vont donc passer les fêtes en mer, entre océan Indien et Atlantique Sud.

 

Arrivé jeudi dernier au Port, au nord-ouest de La Réunion, six jours après avoir interrompu sa tentative sur le Trophée Jules, l’équipage de Sodebo Ultim 3 avait été rejoint par l’équipe technique, dépêchée sur place pour procéder aux réparations sur le safran tribord endommagé.

 

« Dès que le bateau est arrivé, on a tout de suite attaqué par les « checks » pour s’assurer qu’il n’y avait pas plus de boulot que ce que les navigants avaient vu et prévu, explique William Fabulet, responsable composite du team Sodebo. On a attaqué les réparations dès le lendemain pour remettre le bateau en état et permettre à l’équipage de repartir sereinement. Les marins nous ont aidés sur beaucoup de petits dossiers, tout ça s’est fait dans une bonne ambiance. »

 

Et rapidement, car grâce à l’énorme travail de toute l’équipe technique, Sodebo Ultim 3 a repris la mer mardi en début d’après-midi, après une escale technique qui aura duré cinq jours et aussi permis à l’équipage de partager des moments forts avec la population locale.

 

« Une escale comme ça, ça fait du bien, confirmait Thomas Coville au moment de quitter La Réunion. Quand on est athlète, on est dans le prisme du résultat, du chiffre, de la déception, et là, on arrive chez des gens qui sont dans la rencontre, l’échange. Cela confirme que nos projets ont un sens, c’est celui de partager. Je suis assez ému, on a tout le temps eu 20, 30, 40 personnes qui sont venues nous voir, de 7 à 77 ans, La Réunion est une très belle île qui fera partie de mon histoire et de l’histoire de ce Trophée Jules Verne. »

 

Place désormais à trois semaines de navigation que l’équipage compte bien mettre à profit pour continuer à progresser sur Sodebo Ultim 3.

 

« Léo s’occupe de l’électronique, c’était important qu’il puisse naviguer, parce que nous avons encore des développements à faire, explique Thierry Briend. De mon côté, comme je suis en charge des voiles, ça va me permettre de me concentrer dessus surtout que nous allons rencontrer différentes conditions de navigations et d’arriver avec de bonnes idées à la maison. »

 

SODEBO ULTIM 3 EN ESCALE TECHNIQUE À LA RÉUNION

Six jours après avoir renoncé à sa tentative sur le Trophée Jules Verne et après 23 jours de mer, l’équipage de Sodebo Ultim 3 est arrivé jeudi midi heure locale à La Réunion (9h, heure de la Métropole) – précisément au Port, au nord-ouest de l’île. Il devrait y rester entre 3 et 5 jours avant de reprendre la mer en direction de Lorient, son port d’attache.

 

 

Vendredi dernier, Thomas Coville et son équipage prenaient la difficile décision de mettre un terme à leur tentative sur le Trophée Jules Verne. L’avarie survenue sur le safran tribord ne leur permettait pas d’envisager une traversée du Pacifique avec un bateau fiable, et donc sûr, à 100%. La déception passée, les huit « Sodeboys » ont mis le cap sur La Réunion, alors distante de 2 300 milles, où ils sont arrivés ce jeudi matin, après un peu moins de six jours de mer.

 

« Nous avons été très bien accueillis, il y avait du monde, nous avons retrouvé notre équipe technique. Même si ce n’était pas le plan à l’origine de s’arrêter à La Réunion, ce sont toujours de bons moments », a commenté le skipper de Sodebo Ultim 3 au moment d’amarrer le trimaran. L’équipe technique dépêchée sur place est aussitôt montée à bord pour inspecter en détail le safran abîmé avant d’entamer les réparations.

 

« On estime entre 3 et 5 jours la durée de l’escale, l’objectif est de repartir vers Lorient rapidement tout en restant dans la dynamique de faire progresser le bateau. Quand on s’est arrêté, on s’est dit qu’on avait déjà fait quelque chose de formidable, on veut encore faire fructifier ce que nous avons appris et capitalisé sur la dynamique de notre équipe », explique Thomas Coville. Sodebo Ultim 3 devrait retrouver sa base mi-janvier après trois semaines de navigation.

THOMAS COVILLE : « C’EST UNE ÉVIDENCE QU’ON REVIENDRA »

Après un peu plus de 16 jours de mer, Thomas Coville a pris la décision vendredi avec son équipage de ne pas poursuivre la tentative sur le Trophée Jules Verne. Après avoir essayé de réparer le safran tribord de Sodebo Ultim 3 avec François Duguet, le boat-captain et le reste de l’équipe, le skipper a choisi d’agir en bon marin et de ne pas « tenter le diable ». Le trimaran fait actuellement route vers La Réunion où il est attendu en fin de semaine prochaine.

 

 

C’est une journée de vendredi particulière qu’auront vécue, à des milliers de kilomètres de distance, les huit équipiers de Sodebo Ultm 3 en plein milieu de l’océan Indien, et les membres du team dans la base de Lorient. Tout a commencé par des premiers retours de deux des barreurs du bord, François Morvan et Matthieu Vandame.

 

« Après une réflexion de François et de Matthieu sur leurs quarts qui avaient été difficiles à la barre dans du vent fort au portant, on s’est rendu compte lors d’un contrôle de routine qu’on avait un problème de direction, de safran, de gouvernail », explique Thomas Coville.

 

Après un premier diagnostic, le skipper décide de ralentir pour tenter de réparer le safran du flotteur tribord. Du côté de Lorient, l’équipe à terre se mobilise, comme le raconte Jean-Christophe Moussard, le team-manager : « On a un document spécial qui nous permet de gérer ces moments anxiogènes, pendant lesquels il y a beaucoup de choses à faire en même temps. Il faut notamment que les responsables techniques des pièces touchées rejoignent la cellule routage pour une coordination rapide et efficace avec le bateau. De notre côté, on est arrivé à la conclusion qu’après la réparation, le bateau ne serait plus à 100%. Mais, le dernier mot revient au skipper et à son équipage. »

 

A bord, Thomas Coville, après six heures passées avec François Duguet dans l’inconfort du flotteur tribord de Sodebo Ultim 3, se rend à l’évidence : « Le problème était plus sérieux qu’on ne le pensait au départ, si bien qu’il n’était plus possible de diriger le bateau avec les mêmes ambitions et surtout la même sécurité. » Le skipper, après avoir échangé avec la terre, réunit son équipage pour lui annoncer sa décision de renoncer à poursuivre cette tentative :

 

« C’est super dur de vous dire ça mais c’est aussi mon job de vous ramener et de ramener le bateau à son armateur. On n’est pas « out », on a fait un truc super jusqu’aux Kerguelen, on était devant, je ne pense pas qu’il faille tenter le diable avec un bateau qui n’est pas à 100%. »

 

Pour Jean-Christophe Moussard, « Thomas a pris la décision qui s’imposait, c’est un homme d’expérience, il sait que le Pacifique est un « no man’s land », où personne ne vient te chercher. Prendre ce genre de décision après six heures passées dans le flotteur, il faut être costaud. »

 

Les équipiers accusent forcément le coup, certains yeux sont rougis, mélange de fatigue et d’une déception légitime après 16 jours de navigation intense. Interrogé samedi matin par Martin Keruzoré, Thomas Coville résume : « Le fait de prendre cette décision quasiment à mi-chemin a été plus qu’une déception. Quand vous êtes dans une spirale, que vous avez quelque chose qui vous prend les tripes et que tout le groupe est dans cette même atmosphère, arrêter ça, c’est arrêter quelque chose de trop beau. Je n’étais pas uniquement dans la projection de battre le Jules Verne, je voulais aussi continuer à vivre ce moment, cette expérience, ce voyage, qui étaient tels que je l’avais imaginé avec ce groupe qu’on a formé. Je n’avais pas envie que ça s’arrête. »

 

S’il parle « d’une école d’humilité », le skipper de Sodebo Ultim 3 sait aussi tout le beau chemin qui a été accompli jusque-là : « Le prix à payer est un peu fort, je suis très déçu, mais je ne suis pas abattu parce que c’est une évidence : on reviendra. On a un groupe et un bateau pour le faire, on a un partenaire qui veut bien y retourner aussi, donc l’avenir est devant nous. On écrira d’autres histoires, mais on continuera d’abord celle-là, tellement elle a bien démarré, ce n’est pas fini ! »

 

Ce périple n’est en effet pas terminé puisque le trimaran fait désormais route vers La Réunion, où il sera rejoint par une petite équipe technique pour remplacer les pièces défectueuses. « Nous avons choisi La Réunion plutôt que l’Australie pour plusieurs raisons, explique Jean-Christophe Moussard. D’abord parce que les conditions météo étaient plus favorables pour rejoindre la Réunion, ensuite parce qu’on pouvait envoyer plus facilement une équipe technique. Pour l’Australie, les conditions sanitaires actuelles imposaient une quatorzaine en isolement. La Réunion est un département français, c’est donc beaucoup plus simple pour s’organiser. Pour rentrer à Lorient en passant par le Cap de Bonne Espérance, les systèmes météo sont plus favorables. Dans les premiers échanges que nous avons avec les Réunionnais, on les sent déjà très enthousiastes pour nous aider et nous accueillir, on va vivre de beaux moments de partage. »

 

L’escale à Port Réunion au Nord-Ouest de l’île devrait durer quelques jours, après quoi l’équipage reprendra la mer pour environ trois semaines jusqu’à Lorient où il est espéré à la mi-janvier. Un nouveau départ pour le Trophée Jules Verne sera-t-il alors possible cet hiver ? « Non, on ne repartira pas, le bateau aura fait plus qu’un tour du monde en nombre de milles, il a besoin d’être révisé, inspecté sous toutes ses coutures, mais nous allons profiter du retour pour continuer à travailler sur la connaissance et la performance de ce jeune bateau mis à l’eau en Mars 2019 », conclut le team-manager.

SODEBO ULTIM 3 MET FIN À SA TENTATIVE DE TROPHÉE JULES VERNE suite à une avarie de safran

Après un peu plus de 16 jours de mer, l’équipage de Sodebo Ultim 3 a décidé ce vendredi 11 décembre d’interrompre sa tentative sur le Trophée Jules Verne.

 

 

Alors qu’ils naviguaient entre les Kerguelen et le Cap Leeuwin, à plus de 30 nœuds, Thomas Coville et ses sept équipiers ont constaté une avarie sur le safran tribord. Après plusieurs heures de travail acharné, d’échanges avec l’équipe technique à terre, ils ont dû se rendre à l’évidence.

 

La réparation ne permet plus au bateau de naviguer à 100% de ses capacités pour tenter de battre le record du Trophée Jules Verne, ils ont décidé d’interrompre leur tentative débutée le 25 novembre à 2h55.

 

Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame auront montré que Sodebo Ultim 3 avait le potentiel pour battre le record d’Idec Sport (40 jours 23 heures et 30 minutes).

 

C’est donc légitimement très déçus qu’ils renoncent à la suite de ce tour du monde, mais avec la conviction que le record est à leur portée.
Pour la suite des opérations et des questions de logistiques, ils font route vers la Réunion – distante de 2300 milles d’où ils se trouvent actuellement – afin de fiabiliser le bateau et repartir en toute sécurité vers Lorient.

 

Patricia Brochard, co-présidente de Sodebo :

 

« S’engager sur le Trophée Jules Verne requiert une préparation humaine et technique de très haut niveau. Thomas, François, Sam, Corentin, Martin, François, Thomas et Matthieu ont été à la hauteur de ce défi et ont fait preuve d’un engagement mental et physique total. A terre, la cellule routage et toute l’équipe lorientaise ont également été admirables durant cette tentative. Je tiens à les remercier pour tout le travail effectué. Nous avons réussi le pari de faire rêver nos publics à travers cette aventure hors-norme. Cet abandon est bien sûr une déception pour tous. Mais il sera aussi formateur et apprenant afin d’aller relever nos prochains challenges. »

 

S’ADAPTER À SON ENVIRONNEMENT

Plus de 15 jours de mer pour Thomas Coville et ses sept équipiers qui sont passés dans la nuit de mercredi à jeudi sous les Kerguelen, avant d’empanner par 53° Sud juste devant l’île Heard, qui appartient à l’Australie. Après une journée à 29 nœuds de moyenne, Sodebo Ultim 3 reste en avance sur le tableau de marche d’Idec Sport (160 milles à 6h).

 

 

Température de l’air 2°, température de l’eau 2°C également, le froid est de rigueur ce jeudi matin à bord de Sodebo Ultim 3. Après être descendu très Sud, jusqu’à 53°, le trimaran est d’ailleurs en train de remonter en bâbord amure dans un vent plus maniable d’une vingtaine de nœuds pour longer une zone d’icebergs identifiée à tribord.

 

Mercredi, les conditions de vie à bord sont restées difficiles dans une mer formée, comme l’a raconté François Duguet :

 

« Je me sens bien, c’est un accomplissement d’être dans le Grand Sud, un rêve de gosse, même si je ne cache pas qu’il y a des petits moments un peu difficiles. L’Indien est un océan coriace, exigeant, la mer est dure depuis deux-trois jours, c’est vraiment difficile de se déplacer dans le bateau, il y a des accélérations et des décélérations constantes, la vie de tous les jours est assez sportive. Au début, on se fait un peu surprendre, on est d’ailleurs deux ou trois à s’être légèrement blessés, mais au bout de 36 heures, on s’adapte, le corps humain est capable de repousser ses limites. On se balade à quatre pattes pour préparer notre tambouille ; en ce moment, je suis quasiment couché sur la table pour ne pas me fracasser toutes les dix secondes à l’avant du cockpit, on trouve des astuces, on est un peu comme des animaux. On sait que le Trophée Jules Verne n’est pas un sprint, mais une course d’endurance, parfois, il faut savoir faire le dos rond. »

 

La contrariété du jour pour le boat-captain de Sodebo Ultim 3 : « L’huile d’olive a gelé, c’est très critique ! A bord, il y a toute une bande de Bretons qui ne mangent que du beurre, donc ils n’ont pas l’air de s’en offusquer, mais moi, ça me dérange énormément, parce que ça fait partie des éléments importants de mon alimentation, j’espère que le tabasco ne gèlera pas… »

 

Toujours très attentif au bateau, François Duguet en estime « le potentiel quasi-intact à ce stade », l’équipage s’aidant notamment des nombreux capteurs à bord, à la fois pour bien le régler, mais aussi pour mesurer les efforts qu’il supporte : « Comme on passe la plupart du temps confinés dans notre petite cellule devant le mât, les capteurs aident pour avoir de bons repères de réglages sur les appendices, les angles d’attaque des foils, et pour nous donner des informations sur les contraintes, même s’ils sont parfois mis à rude épreuve : ça arrive qu’ils nous envoient des informations erronées, dans ce cas, on essaie de contrôler visuellement, de sortir la tête par la fenêtre. »

 

Et à terre, l’équipe technique du team Sodebo veille au grain :

 

« L’analyse d’un ingénieur au bureau d’études, tranquille à son bureau, permet d’avoir des réponses et des infos plus précises que notre analyse à chaud à bord, confirme le marin de 39 ans. Je compare ça à la F1 : le pilote est sur la piste, concentré pour faire avancer la voiture, et sur la murette, il y a les ingénieurs qui voient défiler les chiffres et les analysent. Nous, c’est un peu pareil. »

 

LES KERGUELEN DANS LE VISEUR

Sodebo Ultim 3 a entamé dans la nuit de mardi à mercredi sa troisième semaine de mer dans un Océan Indien toujours assez chaotique. Ce qui explique des vitesses moins élevées que les jours précédents (25 nœuds sur 24 heures) et une avance sur Idec Sport qui diminue (235 milles à 6h). Thomas Coville et ses équipiers devraient passer la nuit prochaine sous les Kerguelen.

 

 

Depuis le passage du Cap des Aiguilles lundi matin, les « Sodeboys » ont le droit à la version « shaker » de l’Océan Indien avec du vent et une mer formée qui ne se laisse pas dompter facilement. Un Océan Indien qui rappelle quelques souvenirs à Sam Goodchild :

 

« Je connais déjà un peu le Sud, parce que j’avais fait une étape de la Global Ocean Race en Class40 entre Cape Town et Wellington en 2011 ; je suis aussi venu il y a deux ans avec Spindrift sur le Trophée Jules Verne, nous étions passés juste au sud des Kerguelen, il y avait un peu moins de mer, c’était un peu plus facile. »

 

Si les conditions de vie à bord actuelles ne sont pas évidentes, cette région du globe reste pour nombre de marins source de fascination : « C’est sûr que les mers du Sud et l’Océan Indien sont des endroits mythiques, confirme le natif de Bristol. Quand on est jeune, on entend plein d’histoires sur les tours du monde, le Vendée Globe, The Ocean Race, le Trophée Jules Verne, donc le fait d’y venir soi-même, c’est assez spécial, ça n’arrive pas dix fois dans une vie. On essaie d’en profiter, ce sont des expériences intenses qui vont nous rendre plus forts dans le futur et nous soudent aussi en tant qu’équipage. »

 

Comment se sent-il après deux semaines de mer ?

 

« Globalement, tout va bien. On a tous des mini-soucis, parce que ce n’est quand même pas simple ce qu’on fait vivre à notre corps : on ne dort pas comme d’habitude, on ne mange pas pareil, il n’y a pas cinq minutes dans la journée où ça ne bouge pas et où il n’y a pas de bruit, c’est usant, mais c’était prévu. Et on fait tout ce qu’on peut pour maintenir le corps comme le bateau en forme. »

 

Et pour se régénérer moralement, on envoie parfois des petits mots à ses proches, ce que fait régulièrement Sam Goodchild : « Je communique juste avec ma famille, c’est toujours sympa de garder le lien avec la terre, de voir ce qui se passe à la maison et ce qui nous attend quand on revient. On n’a pas énormément de temps à y consacrer, ce n’est pas très facile d’envoyer un mail avec le vent et les vagues, mais c’est un petit plaisir que j’arrive à prendre tous les deux-trois jours. »

 

A bord, l’équipage suit également les pérégrinations des marins du Vendée Globe, situés dans leur nord : « On regarde les classements sur l’ordinateur, c’est chouette à suivre, on est bien plus au sud qu’eux, mais on vit à peu près les mêmes choses aux mêmes moments », conclut celui qui rêve un jour de disputer la course autour du monde en solitaire.

 

UN TEMPO ENTRE TERRE ET MER

Bientôt deux semaines de mer pour Sodebo Ultim 3 qui continue de faire route vers l’est et l’archipel des Kerguelen, situé à un peu plus de 1000 milles de son étrave mardi matin. Après une journée à 32 nœuds de moyenne, Thomas Coville et ses sept équipiers sont toujours en avance sur le tableau de marche d’Idec Sport (500 milles à 6h).

 

Malgré un début d’Océan Indien assez chaotique, comme l’a montré la vidéo envoyée lundi par le media man Martin Keruzoré, Sodebo Ultim 3 parvient à maintenir une bonne vitesse : après un peu plus de 13 jours de mer, le trimaran a parcouru 765 milles lors des dernières 24 heures, à 32 nœuds de moyenne.

 

 

Les conditions sont engagées, faisant dire lundi à Matthieu Vandame, barreur/régleur : « Il y a 30 nœuds établis, pas mal de mer, il fait très froid, ça va très vite, ça bouge énormément, il faut sans cesse se tenir. »

 

Le tempo reste élevé, fruit d’un échange permanent entre Thomas Coville en mer et la cellule de routage à terre composée de Jean-Luc Nélias et de Philippe Legros.

 

« On propose et eux disposent, c’est toujours une boucle entre nous, explique Jean-Luc Nélias. On est un peu un aiguillon, mais généralement, les consignes qu’on leur donne sont atteignables, on essaie d’être réaliste et on tient évidemment compte des problématiques à bord. Et avec Thomas, on commence à avoir l’habitude de travailler ensemble. »

 

Jean-Luc Nélias a effectivement accompagné le skipper de Sodebo Ultim 3 sur ses tentatives de record du tour du monde en solitaire pou sur la Route du Rhum, mais également en mer, notamment l’an dernier sur la Brest Atlantiques. Cette complicité primordiale permet aux deux hommes de s’accorder sur le rythme à tenir, même si, c’est avant tout la nature qui décide, aux dires du routeur : « La météo demande toujours d’aller un peu plus vite pour éviter de se faire rattraper par du petit temps ou par un coup de baston ; nous, on décide de quelques adaptations, mais globalement, c’est la météo qui nous dirige et donne le tempo. »

 

Une météo qui reste donc actuellement soutenue pour Sodebo Ultim 3, légèrement remonté en latitude la nuit dernière, puisqu’il évolue par 48°50 Sud, dans un flux de nord-ouest qui va peu à peu tourner à l’ouest. Ce qui va sans doute contraindre l’équipage à caler un ou plusieurs empannages sur la route des Kerguelen. Et explique que l’avance sur Idec Sport, particulièrement véloce il y a quatre ans sur cette partie du parcours, ait un peu baissé en 24 heures.

A L’ATTAQUE DE L’INDIEN !

A l’assaut du Trophée Jules Verne, Sodebo Ultim 3 a franchi ce lundi matin le Cap de Bonne-Espérance avec une avance de 17h35 sur Idec Sport. Les 8 hommes d’équipage du trimaran géant sont entrés dans le vif du sujet de l’Océan Indien par 50° Sud. Au programme : du vent fort, de la mer, du froid et de la haute vitesse !

 

 

Après la belle glisse du week-end dans l’Atlantique Sud qui a permis à Sodebo Ultim 3 de filer pleine balle vers le Cap de Bonne-Espérance, franchi lundi à 5h, Thomas Coville et ses sept équipiers ont changé d’ambiance en même temps que d’océan : « C’est engagé, la mer est en train de se former, l’Océan Indien est pour moi le plus difficile », commente Thomas Coville dans une impressionnante vidéo envoyée par Martin Keruzoré, où l’on voit le trimaran filer à vive allure sous un ciel gris et sur une mer cabossée. « On a changé d’ambiance en deux-trois jours, on est dans le frigo ! », sourit quant à lui un Corentin Horeau encagoulé, en référence aux petits 4°C affichés sur le thermomètre.

 

 

Pour le skipper de Sodebo Ultim 3, « Bonne-Espérance, c’est le cap de l’espoir, c’est aussi le cap de la décision, d’y aller ou de faire demi-tour. » En l’occurrence, en accord avec la cellule de routage composée de Jean-Luc Nélias et de Philippe Legros, Thomas Coville a choisi de poursuivre le périple entamé le 25 novembre :

 

« Aujourd’hui, on estime que nous sommes dans des temps honorables, on sait que la suite jusqu’au Cap Leeuwin (pointe sud-ouest de l’Australie), voire jusqu’en Nouvelle-Zélande, sera moins bien que ce qu’ont fait nos concurrents de référence (Idec Sport), mais c’était le moment où il fallait se décider, on est lancés. »

 

Et bien lancés, puisqu’à Bonne-Espérance, Sodebo Ultim 3 comptait 17 heures et 35 minutes d’avance sur le tableau de marche du détenteur du Trophée Jules Verne. Ce qui ne fait que confirmer à Jean-Luc Nélias que la fenêtre choisie au départ valait le coup d’être tentée : « On a respecté le planning de cette fenêtre, on savait qu’elle n’était pas excellente, mais le résultat est conforme à ce qu’on avait prévu. »

 

DES ICEBERGS SOUS SURVEILLANCE

La suite du programme ? « Ça s’annonce plus compliqué que pour Idec qui avait été tout droit jusqu’en Nouvelle-Zélande, poursuit-il. Nous allons avoir plus de vent arrière et en arrivant vers le Cap Leeuwin, il y a une situation météo complexe avec soit du petit temps, soit du très mauvais, mais ça peut aussi très bien se passer. On va sans doute perdre l’avance accumulée jusqu’ici, ce serait bien d’être à égalité avec Idec sous la Nouvelle-Zélande. » Ce qui permettrait d’attaquer le Pacifique avec des chances de s’emparer du record.

 

D’ici là, il va falloir négocier au mieux un Océan Indien où ont été repérés quelques icebergs et growlers (morceaux de glace qui se détachent) que l’équipage et la cellule de routage surveillent attentivement, avec le support de CLS, société spécialisée dans leur détection.

 

« Contrairement au Vendée Globe sur lequel une limite des glaces s’impose à tous les concurrents, rien ne nous contraint, si ce n’est la sécurité du bateau et surtout de l’équipage, explique Jean-Luc Nélias. On est obligés de prendre un peu de risques parce que la route la plus courte passe plus proche des glaces, c’est un dosage particulier à trouver. Comme le plus petit objet détectable par les images satellites mesure 20 mètres, on mise aussi sur les statistiques et sur notre savoir-faire. »

 

Autant dire que l’heure est à la plus extrême concentration, tant à bord de Sodebo Ultim 3 que dans la base du Team à Lorient, où Jean-Luc Nélias et Philippe Legros veillent au grain : « Le rythme est intense ici aussi, confirme le premier. Entre 7h et midi, nous sommes à fond, entre les visio-conférences pour les glaces, la récupération des fichiers météo, la préparation des bulletins et des routages. L’après-midi, c’est plus du suivi, ce qui nous permet de faire une sieste ou du sport à tour de rôle. Et la nuit, on a également des quarts ; on dispose des mêmes alarmes que sur le bateau : de vitesse, de cap, de pression atmosphérique… on vit le truc comme un neuvième équipier. » A fond…

 

Pour s’emparer du Trophée Jules Verne, détenu depuis le 26 janvier 2017 par Idec Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes, Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame doivent couper la ligne à Ouessant avant le mardi 5 janvier à 2h25 (heure française, sous réserves de validation du WSSRC).

BONNE-ESPÉRANCE, UN PREMIER CAP EN AVANCE !

Après 12 jours 2 heures et 5 minutes de mer, Sodebo Ultim 3 a franchi ce lundi 7 décembre à 5h00 (Heure française) la longitude du Cap de Bonne-Espérance. C’est le premier des 3 caps mythiques à franchir dans cette tentative de Trophée Jules Verne. 

 

 

Depuis leur départ d’Ouessant le 25 novembre à 2h55, Thomas Coville et ses sept équipiers ont parcouru 8154 milles (15 101 km), à 28 nœuds de moyenne.

Ces dernières 48 heures, ils ont allongé la foulée avec des vitesses moyennes de près de 70 km/h, ce qui leur a permis de creuser un peu plus leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport.

Au passage du Cap de Bonne-Espérance, ils comptaient 17 heures et 35 minutes de marge par rapport au détenteur du Trophée Jules Verne.

Depuis le 30 novembre, ils auront mis 6 jours 16 heures 15min pour parcourir l’Atlantique Sud entre l’Equateur et le cap Sud-Africain (temps d’Idec Sport 7j 00h 30min).

Désormais entré dans l’Océan Indien (au niveau du Cap des Aiguilles franchi à 6h 40min (Heure française) après 12 jours 3 heures et 45 minutes ), Sodebo Ultim 3 fait désormais route vers l’archipel des Kerguelen.

Pour s’emparer du Trophée Jules Verne, détenu depuis le 26 janvier 2017 par Idec Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes, Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame doivent couper la ligne à Ouessant avant le mardi 5 janvier à 2h25min (heure française, sous réserves de validation du WSSRC).