Joyon’s progress and speeds are fantastic. In Enza we averaged 448 miles per day between Africa and Australia, or about 18 1/2 knots and we thought we were fast, (it certainly felt fast!) but here we are, 23 years later, and the speeds are around 30 knots.
Would not you love to be on that boat right now ? I would love it. I know the Vendee has a wonderful competition right now, but Joyon’s race against time is phenomenal. What is next ? A larger trimaran with foils?
L’ahurissante cavalcade australe du maxi-trimaran IDEC SPORT continue de se solder par la cueillette de records intermédiaires, certes non homologables, mais si révélateurs du Trophée Jules Verne.
Après Leeuwin, voici à peine deux jours, c’est celui de la Tasmanie, au sud-est de l’Australie, qui est tombé en milieu de nuit, passant de l’escarcelle du maxi-trimaran Spindrift 2 de Yann Guichard et Dona Bertarelli, à celle des Joyon, Pella, Surtel, Gahinet, Stamm et Audigane. Il s’établit à présent à 18 jours, 18 heures et 31 minutes et efface les 20 jours, 4 heures et 37 minutes établis l’an passé par le plus grand trimaran de course au monde et ses 14 marins.
IDEC SPORT entre de tonitruante manière dans l’Océan Pacifique avec ce matin plus de 1 060 milles d’avance sur son adversaire virtuel, le tenant du titre Banque Populaire V. Un écart conséquent appelé à se stabiliser ces prochaines heures, Loïck Peyron et ses 13 hommes d’équipage ayant en cette partie du parcours, réalisé de belles journées sur la route directe.
Un moment modéré par une mer creuse et mal rangée, le tempo s’est de nouveau accéléré pour Joyon et ses hommes qui sont repassés au dessus de la barre des 800 milles parcourus quotidiennement, à la faveur de vitesses moyennes qui dépassent les 35 noeuds. A moins de 1 000 milles de l’antiméridien, IDEC SPORT en aura terminé, sur sa vitesse actuelle, demain soir avec la première moitié express de son tour du monde.
Pour l’anecdote, il sera revenu sur une partie de la flotte du Vendée Globe, partie des Sables d’Olonne quelques 6 semaines avant son décollage de Ouessant.
A plus de 32 nœuds sur une route toujours aussi efficace en gain vers le cap Horn, et après une nuit particulièrement difficile sur une mer peu propice à la très haute vitesse, le maxi-trimaran IDEC SPORT est ce soir en mesure de signer un nouveau temps intermédiaire référence dans son Trophée Jules Verne. En son 19ème jour de course, le grand multicoque rouge et gris glissera en effet la nuit prochaine sous la Tasmanie, effaçant des tablettes le chrono de 20 jours, 4 heures et 37 minutes réalisé l’an passé par Spindrift 2 de Yann Guichard et Dona Bertarelli. Bien que ralentis cette nuit lors d’une navigation musclée face à une houle forte et désordonnée, Joyon et ses hommes continuent pourtant d’accentuer leur avance sur le record, portée ce soir à plus de 888 milles.
C’est un Francis Joyon toujours aussi mesuré dans ses analyses qui revenait brièvement ce matin sur la performance du maxi-trimaran IDEC SPORT depuis son départ d’Ouessant. « Nous sommes en avance sur nos plus folles espérances » explique-t-il d’une voix claire et posée. « Nous avons tiré le meilleur parti des conditions proposées. Le bateau, son excellent passage à la mer et son bon plan de voilure, associé à un équipage qui ne lâche rien, ont fait le reste. » Et Francis de se faire le porte-parole de l’unanime opinion du bord : « La route est encore longue et nous arrivons à un point de ce Trophée Jules Verne où hommes et matériel commencent à souffrir. »
L’air est frais, l’eau à 2 ou 3 degrés, et la violence des vagues a déjà eu raison des panneaux de protection récemment installés pour protéger les régleurs sur le pont. La violence des embardées de la nuit s’est rajoutée à l’inconfort et à l’humidité d’un habitacle dépourvu de chauffage, pour rogner davantage encore sur les phases de sommeil de marins terriblement sollicités par déjà 18 jours d’efforts inlassables. « L’an passé, le Pacifique portait bien, trop bien son nom » se souvient Gwénolé Gahinet, « Nous n’avions pas été très rapides, mais nous avions au moins vu la lumière. Nous avons depuis 8 jours l’impression de naviguer dans un tunnel. »
Petites avaries, fatigue physique n’entament en rien ce qui fait la force de cet étonnant équipage, un moral à toute épreuve, et un plaisir de naviguer que les belles performances ne font qu’accentuer. « Passé le petit épisode un peu pénible de la nuit dernière, nous retrouvons un angle de descente au vent favorable, qui nous permet de gagner imperceptiblement vers le sud » explique Francis. « Nous devrions glisser jusqu’à 54 degrés de latitude sud pour passer sous la Nouvelle Zélande. Marcel van Triest, notre conseiller météo à terre, est vigilant sur la position des glaces et il nous a rassuré sur ce point. »
Après la Tasmanie en milieu de nuit prochaine, le passage à l’Antiméridien constituera une étape psychologiquement importante, avec ce « retour à l’ouest » propice, déjà, au début d’un compte à rebours. Pour mémoire, l’antiméridien est le demi-cercle imaginaire passant par les deux pôles, situé à l’opposé du Méridien de Greenwich. A l’est de l’antiméridien, il est douze heures de plus que sur le Méridien de Greenwich ; à l’ouest, il est douze heures de moins. De quoi aider les 6 hommes d’IDEC SPORT à retrouver quelques repères civilisés dans un rythme de vie chamboulé par une si fulgurante progression par-delà les fuseaux horaires.
Le maxi-trimaran IDEC SPORT, en ralliant cet après-midi la longitude du Cap Leeuwin, au sud ouest de l’Australie, vient de signer depuis son entrée dans l’océan Indien jeudi 29 décembre dernier, une des plus époustouflante, ahurissante, ébouriffante page de l’histoire du Trophée Jules Verne. Les Joyon, Surtel, Audigane, Pella, Gahinet et Stamm viennent tout simplement d’aligner sept journées à plus de 800 milles parcourues quotidiennement, avec des pointes du 28 au 31 décembre à respectivement 876, 871 et 869 milles, soit d’effarantes moyennes à plus de 36 noeuds!
Ouessant – Australie en seulement de 17 jours, 6 heures et 59 minutes
Parti d’Ouessant le 16 décembre dernier en profitant d’une fenêtre météo unanimement qualifiée de « moyenne », Joyon et son incroyable commando ont forcé leur destin dans un océan Atlantique peu coopératif, concédant jusqu’à 755 milles de retard sur le tenant du titre, le maxi-trimaran Banque Populaire V de Loïck Peyron et ses 13 hommes d’équipage. En plongeant dans les 40èmes sud, ils ont accroché l’avant d’une dépression qu’ils chevauchent encore alors que se profile la longitude du cap Leeuwin. Vitesses moyennes stratosphériques, permanence dans la durée, et trajectoires au cordeau, dynamitent ce soir tous les chronos références à ce point d’une course encore longue. Avec un passage à Leeuwin en 17 jours, 06 heures et 59 minutes, Joyon et sa bande effacent de plus de 16 heures la performance de Peyron. Groupama 3, devenu IDEC SPORT, avait mis en 2010, 21 jours et 14 heures pour rejoindre ce même point.
L’Indien en 4 jours et 09 heures. Plus de 35 nœuds de moyenne
Le chrono record entre le cap des Aiguilles (qui marque l’entrée dans l’Indien) et le cap Leeuwin était déjà, depuis l’an passé, propriété de Francis Joyon en 5 jours, 11 heures et 23 minutes. Il se désintègre au terme de cette historique semaine pour ne plus représenter « que » 4 jours, 09 heures et 37 minutes. Certes, Ouessant est encore loin, et la mi-course ne sera atteinte qu’en fin de semaine. Mais IDEC SPORT n’en a pas encore terminé avec la rectitude de son impressionnant sillage qu’il compte bien prolonger jusqu’aux portes du Pacifique…
Un titanesque effort
Le nez dans le guidon depuis son entrée dans les quarantièmes, l’équipage d’IDEC SPORT vit littéralement en apnée, absorbé quart après quart par l’effort prolongé d’un exercice de vitesse de haute volée. « Les conditions étaient réunies pour glisser vite et sans effort » explique Francis Joyon, loin de tout triomphalisme à l’énoncé des immensités océaniques avalées en quelque jours. « Nous sommes totalement concentrés sur le travail de barre, pas plus de 30 minutes d’affilées, et sur les réglages. Sur un seul bord bâbord amure, nos manoeuvres consistent essentiellement à prendre ou larguer des ris, et à modifier le plan de voilure à l’avant. Cela a été le cas la nuit dernière quand nous sommes tombés dans une zone à grains imprévue. » Le talent des hommes de barre fait merveille sur une mer jusqu’alors bien rangée.
« Nous entrons aujourd’hui dans une zone de transition entre la dépression que nous devançons depuis plusieurs jours, et une nouvelle dépression en formation devant nous » précise Bernard Stamm. « Tant que ces deux systèmes ne sont pas confondus en un seul, les conditions de vent vont demeurer instables. » IDEC SPORT poursuit ainsi sa folle équipée, travers au vent de nord, une allure hautement acrobatique, quand le trimaran géant se montre volatile, levant parfois exagérément la patte au vent. « Plus que jamais, et alors que nous commençons à sentir la fatigue, il faut être vigilant à la barre mais aussi aux écoutes » insiste captain Joyon.
Les hommes d’IDEC SPORT, loin de s’attarder sur leurs lauriers du jour, ont déjà le regard braqué sur l’avenir immédiat, et leur envie de pousser toujours plus loin ce bord gagnant. « Nous pensions revenir sur Banque Populaire V beaucoup plus tard » s’étonne Francis Joyon, « dans le Pacifique où Loïck avait connu quelques journées difficiles. Nous sommes contents. Le Pacifique s’annonce plutôt intéressant pour nous, et nous aurons à coeur d‘y pousser notre avantage… »
La folle cavalcade entreprise depuis une semaine par le maxi-trimaran IDEC SPORT va trouver aujourd’hui en début d’après-midi sa juste récompense, sous la forme de premiers records intermédiaires historiques à placer dans la besace de Joyon and Co.
Le passage à la longitude du Cap Leeuwin, deuxième marqueur fort de ce Trophée Jules Verne, au sud-ouest de l’Australie, sera scandé par un temps absolument « canon », enregistré depuis le départ d’Ouessant, en un peu plus de 17 jours, soit près de 20 heures d’avance sur le chrono référence établi par le tenant du Trophée Jules Verne, Banque Populaire V.
Les Joyon, Pella, Stamm, Gahinet, Audigane et Surtel devraient à l’occasion signer un temps intermédiaire record sur le tronçon Bonne Espérance – Leeuwin qu’ils ont avalé à plus de 36 noeuds de moyenne ! Une moyenne qui mollit (et le terme est très relatif) depuis hier soir, conformément à ce qu’annonçait hier Francis Joyon. Le vent, toujours fort, tourne ostensiblement sur la gauche du bateau en passant au nord. Il impose une navigation toute en subtilité à la barre, travers au vent, moins propice aux vitesses « stratosphériques » enregistrées depuis l’entrée dans l’océan Indien le 29 décembre dernier, il y a tout juste… 4 jours !
L’avance sur Loïck Peyron et ses 13 hommes d’équipage est ce matin portée à 437 milles, toujours à la hausse, tandis qu’IDEC SPORT prolonge sa belle trajectoire rectiligne et terriblement efficace en gain réel sur la route directe au coeur des 50ème hurlant.
Dès sa première tentative, en 2012, Loïck Peyron signait un nouveau record dans le Trophée Jules Verne. A la barre du maxi-trimaran Banque Populaire V, le marin nantais bouclait son tour du monde en 45 jours 13 heures 42 min et 53 secondes, un record que Francis Joyon tente actuellement de battre. Celui qui a notamment remporté une Route du Rhum, 3 Transats anglaise et 2 Transats Jacques-Vabre revient sur son expérience dans le Jules Verne. Une expérience qu’il n’exclut pas de retenter si son record venait à tomber.
Quel est votre meilleur souvenir dans le Trophée Jules Verne ?
C’est l’arrivée ! Pour une course, contre d’autres concurrents, il est décevant de ne pas gagner mais ça arrive tout le temps. On en perd plus qu’on en gagne mais il n’empêche que ça fait des bons souvenirs quand même. Les records, j’en ai très peu tenté dans ma vie de marin mais j’ai eu la chance : ça m’a souri à chaque fois, immédiatement, dès la première tentative. Dès lors, je n’ai pas vécu la frustration de beaucoup de mes collègues de bureau qui ont souvent tenté et pas toujours réussi du premier coup. Par ailleurs, l’arrivée sur le Trophée Jules Verne est d’autant plus grande qu‘elle est collective, partagée, avec ceux qui étaient à bord.
Quel est votre pire souvenir ?
Tout s’est relativement bien passé pour moi même si ce n’est pas facile tous les jours et qu’il y a des moments de stress. Quoi qu’il en soit, mon pire souvenir reste la glace, les icebergs. Cela génère de la peur et de la fascination à la fois. J’ai eu la chance d’en voir beaucoup lors de mon premier Vendée Globe. A l’époque, il n’y avait pas de limite sud, comme encore aujourd’hui sur le Jules Verne. On se créé alors ses propres limites. Il faut bien comprendre que, quand on est tout seul à bord, on est le seul maître de ses décisions et on est responsable uniquement de soi. Dans ces cas-là, la prise de risque ne génère a priori pas de dégâts collatéraux. Mais quand on est skipper avec 13 autres personnes à bord, on a la responsabilité de ramener le bateau et les bonhommes. Et ça, c’est un poids beaucoup plus difficile à porter. Quand on se retrouve dans des situations compliquées, ce n’est pas simple à vivre intérieurement mais il ne faut pas trop partager ses inquiétudes car le but du leader est de faire que tout se passe bien, sans angoisse.
Racontez-nous votre Trophée Jules Verne …
Les records m’ont toujours fasciné même si je me suis concentré depuis le début de ma carrière dans la compétition contre les autres plutôt que contre l’horloge. C’est plutôt mon grand frère qui s’est spécialisé dans ce domaine. Ce qui m’a toutefois décidé à participer au Jules Verne, c’est qu’on est venu me chercher. Il faut rappeler que je suis arrivé comme un cheveu sur la soupe, comme un chef d’orchestre qu’on change au dernier moment. C’était Pascal Bidegorry qui avait initié cette belle histoire, la création de ce bateau et de l’équipage. Il y avait un bateau exceptionnel, une équipe parfaitement bien préparée et entraînée. Je n’ai eu qu’à mettre en œuvre tout son travail. Je le dis souvent : je n’ai été qu’une petite salière sur la table. Aujourd’hui, quand je repense à mon premier jour sur le Jules Verne, je pense que cela a peut-être été le moment le plus délicat. J’avais embarqué à bord de Banque Populaire, au large de Lorient, en étant sorti du port de la manière la plus secrète possible parce qu’à l’époque il y avait un petit buzz autour de la personne qui allait remplacer Pascal. Ca a été le moment le plus délicat humainement à vivre car même les équipiers à bord ne savaient pas qui allait arriver. Fort heureusement, ça s’est passé formidablement bien !
Aujourd’hui, que préférez-vous : naviguer en solitaire ou en équipage ?
Les deux. Je n’ai aucune préférence. Je suis l’un des rares marins à avoir la chance d’avoir autant d’activités différentes, d’être détenteur d’un Jules Verne avec mes copains de Banque Pop’, de barrer un bateau en finale d’une Coupe de l’America … J’ai une chance incroyable, je le sais. Après, cela reste un travail considérable. Ma grande spécialité, c’est d’être généraliste.
Que représente le Trophée Jules Verne pour vous ?
C’est très symbolique et c’est aussi une histoire qu’on pourrait qualifier de « familiale » car mon frère et moi avons battu le record 4 fois.
Pensez-vous refaire le Jules Verne un jour ?
Il faut être battu pour y retourner. Dans le domaine de la voile, c’est comme ça, on attend d’être battu pour retourner au charbon. Si les conditions météo sont parfaites, il ne fait aucun doute que le record sera amélioré. Après, je dois dire que le bonheur d’un Jules Verne réside aussi dans sa préparation. Ce que je n’ai pas eu la chance de vivre. Je n’ai de cesse d’ailleurs de dessiner pour moi et pour d’autres des engins du futur. Mais quelque soient les engins du futur, nous serons toujours tributaires de la météo. Et cela fait du Jules Verne un sacerdoce un peu frustrant. Ce qui pourrait me freiner, c’est justement ce long cheminement au bout duquel on n’est pas sûr de réussir, ni même de pouvoir partir.
Avez-vous un message pour Francis Joyon qui est actuellement engagé sur le Jules Verne ?
Oui, qu’il fasse bien ! Je suis toujours impressionné par sa manière de naviguer car il attaque comme un malade, tout le temps. Là, ils ont des conditions vraiment parfaites. Maintenant, à tous les futurs marins qui s’engageront sur le Jules Verne, je dis qu’il faut battre ce record. La barre sera de plus en plus haute, c’est sûr, mais un record est définitivement fait pour être battu.
Francis Joyon, ses cinq marins sont depuis hier soir en avance sur le temps record établi en 2012 par Loïck Peyron et ses 13 hommes du maxi trimaran Banque Populaire V. Ils ne cessent depuis d’accroitre leur avantage, porté en ce premier après midi de l’année 2017, début de leur 17ème jour de course, à 210 milles nautiques. L’étonnant commando bouclera ce soir une pleine semaine absolument unique dans l’histoire de la course au large, scandée par des distances de plus de 850 parcourues quotidiennement! Les Joyon, Surtel, Pella, Gahinet, Stamm et Audigane s’apprêtent dans la foulée, à exploser le chrono intermédiaire déjà en leur possession depuis leur tentative de l’an passé, entre Bonne Espérance et la Cap Leeuwin, à moins de 740 milles de leurs étraves. Ils tracent au coeur du redoutable Océan Indien un sillon d’une rectitude et d’une efficacité absolument étonnantes, qu’ils comptent bien, malgré la fatigue et l’hostilité grandissante de leur environnement de vie immédiat, prolonger le plus loin possible, et pourquoi pas jusqu’à la Nouvelle Zélande !
« A 30 noeuds, je me suis réveillé la nuit dernière, pensant que nous étions arrêtés ». L’anecdote révélée ce matin par Francis Joyon témoigne parfaitement de l’addiction propre à chaque membre de l’équipage d’IDEC SPORT aux très hautes vitesses. « 40 noeuds, c’est le bonheur » renchérit Seb Audigane, « en dessous, on s’ennuie! ». Jour après jour depuis le 27 décembre dernier, les hommes d’IDEC SPORT, aiguillonnés par le déplacement dans leur tableau arrière d’une dépression australe virulente, sacrifient tout à la performance et à la belle tenue en mer de leur grand trimaran.
Fêtes de Noêl, du Jour de l’an, anniversaire de Gwéno, et jusqu’au bien être personnel de chaque homme d’équipage, tout est en cet instant crucial du parcours, mis à l’écart au bénéfice de la vitesse. « Dehors, tout est uniformément gris et monotone depuis près d’une semaine » raconte Clément Surtel, « mais tenir de telles vitesses jour après jour provoque une incroyable stimulation. » « C’est grisant de voir le bateau passer sans effort, et à grande vitesse dans la mer » poursuit Gwéno.
La fatigue, désormais bien présente, disparait pourtant face à la légitime satisfaction des hommes. « Le bateau est sain » souligne Clément. « A part quelques bricoles, dont hélas, notre système de chauffage, IDEC SPORT est à 100% de ses capacités » Joyon et ses hommes, plus vigilants et à l’écoute de leur superbe monture que jamais, rivalisent avec panache avec les plus spectaculaires chronos du tour du monde. Loïck Peyron avait en décembre 2011 signé sa plus belle journée, avec 811,70 milles parcourus en 24 heures. Groupama 3 skippé par Franck Cammas, devenu IDEC SPORT, alignait en 2005 sa meilleure performance quotidienne, 798 milles. IDEC SPORT a couvert vendredi dernier 879 milles, à 36,6 noeuds de moyenne.
« Le choix du petit mât, et de la légèreté induise par notre équipage réduit, font des merveilles dans le sud, dans du vent fort bien orienté sur l’arrière du bateau » explique Francis. Nous bénéficions d’un angle au vent idéal. Nous réduisons la voilure en fonction de la mer, comme nous l’avons fait ce matin dans un grain. »
Le vent va progressivement tourner au nord, sur la gauche du bateau, offrant ces prochains jours un angle moins favorable, car plus inconfortable, aux très hautes vitesses. Mais le rythme record désormais bien enclenché, ne devrait guère baisser, et Joyon et ses hommes lorgnent déjà vers les prochains grands marqueurs de leur fabuleux périple, le Cap Leeuwin bien sûr, mais aussi la Tasmanie et la Nouvelle Zélande…
L’expression est de Sébastien Destremau, le skipper engagé dans le Vendée Globe et qui au large de l’Australie, n’a pas manqué d’observer cette semaine, dans son sillage la trajectoire fulgurante suivie par Joyon et ses hommes lancés à toute allure vers le cap Leeuwin.
Jour après jour, depuis qu’il est parvenu à se caler à l’avant d’un front dépressionnaire en circulation sous le continent africain le 27 décembre dernier, le maxi- trimaran IDEC SPORT surfe avec obstination, concentration et une rare efficacité, poussé par des vents portants, sur une mer toujours propice à la très haute vitesse. Les Joyon, Surtel, Pella, Audigane, Stamm et Gahinet n’en font pas mystère, ils sont depuis « au taquet », à fond sur les réglages et sur la performance à la barre.
Leur course de vitesse face au tenant du titre Banque Populaire V s’est depuis plusieurs jours doublée d’un nouvel adversaire, avec ce front dépressionnaire qu’ils ne veulent à aucun prix voir les dépasser, sous peine de perdre les superbes conditions qui, avec l’aide de leur expertise et de leur froide (c’est le mot par 51 degrés de latitude sud) détermination, leur permettent de revenir comme un avion sur leur adversaire virtuel, désormais à portée d’étraves, quelques 140 milles dans leur ouest.
Ainsi que l’envisageait hier Francis Joyon, un dépassement et un delta positif avec le record est plus que jamais d’actualité, avant même le passage au cap Leeuwin, que le super commando d’IDEC SPORT pourrait, sur son rythme actuel, déborder en un temps « canon ».
Pour mémoire, rappelons que déjà l’an passé, lors de sa tentative infructueuse, le maxi-trimaran gris et rouge avait signé le temps référence dans l’océan Indien, en 5 jours, 11 heures et 23 minutes. Joyon et ses hommes glisseront à la mi-journée sous l’Archipel des Kerguelen, 48 heures seulement après leur passage à Bonne Espérance !
À 1000 milles de l’archipel de Kerguelen, qu’il devrait doubler par le sud, IDEC SPORT poursuit sa progression au pas de charge. Francis Joyon et son équipage maintiennent des vitesses élevées, favorables à une belle remontée sur leur concurrent virtuel, détenteur du Trophée Jules Verne. Le speedomètre coincé à 35 nœuds moyens, la chasse au record bat toujours son plein sur les eaux de l’Indien. Mais gare aux glaces sous ces latitudes froides et hostiles…
On ne change pas une formule qui fait des étincelles. À bord d‘IDEC SPORT, qui a fait hier son entrée dans le dur du Grand Sud, Francis Joyon et ses équipiers se relaient toutes les demie-heures à la barre et tirent le meilleur des conditions propices à la glisse pour abattre les milles à train d’enfer. À l’entrée des Cinquantièmes, le trimaran gris et rouge, lancé comme une fusée, continue sa remontée en force et réduit son écart face à Banque Populaire V, qui fond comme banquise au soleil. Au dernier pointage ce matin, le retard de 755 milles enregistré le 26 décembre vient ainsi de passer sous la barre des 300 milles.
Sur le pont, les cagoules et les gants en néoprène sont de sortie alors que les températures chutent à mesure que le trimaran rouge et gris descend les latitudes à toute vitesse. À bord, le radar allumé assure une veille permanente. Il reste le meilleur allié de l’équipage dans sa traversée des mers les plus australes. « Il fait très froid, l’eau n’est plus qu’à 2 ou 3° », », témoigne Sébastien Audigane, dans une vidéo envoyée au petit jour. Réputé pour son toucher de barre, le « Grand Seb » ne boude pourtant pas son plaisir d’affoler les compteurs sous le ciel bas et lourd et la grisaille de l’océan Indien. « On vient de renvoyer un ris. On n’allait qu’à 35 nœuds – pas assez vite -, alors que maintenant sous grand voile haute ; on file à 40 nœuds »…. Froid devant !
Toujours lancé à pleine puissance, IDEC SPORT a doublé au cœur de la nuit, à 4h47 (heure française) après 12 jours et 19 heures, la longitude du cap de Bonne Espérance, la première des trois grandes marques géographiques jalonnant sa chasse au Trophée Jules Verne. Propulsé à l’avant d’un système dépressionnaire, Francis Joyon et son équipage, pied au plancher et tête dans la guidon, maintiennent une cadence folle, comme en témoigne le joli score de 879 milles parcourus à 36,6 nœuds de moyenne sur les dernières 24 heures. Décoiffant !
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour la bande d’IDEC SPORT. Depuis qu’ils ont fait leur entrée sous les latitudes australes, il y a tout juste 48 heures, Francis Joyon, Alex Pella, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet, Clément Surtel et Sébastien Audigane explosent les compteurs du bord dans des conditions idéales pour abattre les milles à un train d’enfer.
À l’attaque, les six marins se succédant à la barre ont entamé une course de vitesse pure avec les systèmes météo du Grand Sud. Dans cette échappée océanique, ils font un retour en force dans leur course poursuite contre le chronomètre, affichant la meilleure progression journalière de l’histoire du Trophée Jules Verne (879 milles contre 811 milles pour Banque Populaire V, en 2012).
Pointés au cap de Bonne Espérance après 12 jours 19 heures et 28 minutes de mer depuis le départ de Brest, ils concèdent aujourd’hui moins d’une journée de retard (21h et 40mn) face au détenteur de ce record planétaire, Banque Populaire V mené par Loïck Peyron. Un écart qui, depuis hier, se réduit à vitesse grand V à mesure qu’IDEC SPORT accélère dans des conditions favorables et un angle de vent idéal pour parcourir de longues distances à une vitesse moyenne de l’ordre de 35 nœuds ! De quoi permettre au trimaran rouge et gris de faire une entrée fracassante dans l’Océan Indien. C’est à 6h41, ce jeudi matin, que l’équipage passait la latitude du cap des Aiguilles, matérialisant l’entrée dans cet océan. Sous la grisaille de ces contrées froides et hostiles, il fonçait à 40 nœuds.