Paradoxalement, la traversée hier soir d’une zone peu ventée dans le nord-ouest des îles Malouines, a été plutôt bien vécue par l’équipage d’IDEC SPORT, pas fâché de trouver quelques heures de répit pour à la fois se remettre physiquement d’une traversée haletante des mers du Sud, et effectuer une vérification de fond de l’état du bateau.
De petites avaries sans conséquence, constatées depuis déjà plusieurs jours, ont ainsi pu être réparées en toute sérénité. Clément Surtel, Sébastien Audigane, Gwénolé Gahinet, Bernard Stamm, Alex Pella et Francis Joyon, tous curieux de nature des choses de l’Environnement, ont profité de ces rares moments de contemplation pure lors de cette tentative de record du tour du monde, pour observer les évolutions d’une faune particulièrement riche et diversifiée au plus près de ces îles Britanniques du bout du monde.
La dépression espérée venue d’Argentine ne s’est guère fait attendre et Francis Joyon a pu déclencher au petit matin (heure française), l’empannage tribord amure qui doit lui permettre de remonter ces prochaines heures avec une belle efficacité vers des latitudes plus clémentes. L’avance substantielle enregistrée lors du passage du cap Horn n’a que peu pâti de l’arrêt de la nuit et IDEC SPORT compte toujours ce matin, à moins de 6 500 milles de l’arrivée, 1 850 milles d’avance sur le tenant du titre Banque Populaire V.
Le maxi-trimaran IDEC SPORT, skippé par Francis Joyon, a franchi la longitude du Cap Horn, dernier des trois grands caps du Trophée Jules Verne, cette nuit à 01 heure et 04 minutes (heure française).
Partis d’Ouessant le 16 décembre dernier, Joyon et ses cinq hommes d’équipage, Clément Surtel, Sébastien Audigane, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet et Alex Pella signent le meilleur temps intermédiaire jamais réalisé sur la distance Ouessant – Cap Horn, en 26 jours, 15 heures, 45 minutes avec 4 jours 06 heures et 35 minutes d’avance sur le temps de référence de Banque Populaire V en 2012 (30 jours, 22 heures et 19 minutes).
Ils empochent à cette occasion un quatrième record intermédiaire avec celui de l’océan Pacifique entre la pointe sud-est de la Tasmanie et le Cap Horn en 07 jours 21 heures et 14 minutes (record détenu par Bruno Peyron en 2005 en 8 jours, 18 heures et 8 minutes).
IDEC SPORT a parcouru les 18332 milles de distance sur le fond (distance réelle parcourue depuis le départ) entre Ouessant et le Cap Horn à 28,7 nœuds de moyenne.
Trophée Jules Verne – Temps de référence / Banque Populaire V (2012) : 45 jours, 13 heures, 42 minutes et 53 secondes
Francis Joyon, Alex Pella, Bernard Stamm, Sébastien Audigane, Gwénolé Gahinet et Clément Surtel s’apprêtent à signer ce soir une des plus belles pages de leur Trophée Jules Verne.
Ils devraient en fin de journée (heure française) apercevoir les feux du cap Horn, rocher perdu aux confins du continent sud américain, qui marque la fin de l’immense océan Pacifique, et l’entrée dans l’Atlantique. Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’IDEC SPORT et ses formidables marins ont littéralement avalé les redoutables mers du sud, explosant les chronos dans l’Indien (4 jours, 9 heures et 37 minutes), puis ce soir, au Horn, paré au terme de 26 jours et quelques heures de course.
Le tenant du Trophée Jules Verne, Banque Populaire V et ses 14 hommes d’équipage, avaient rejoint le célèbre rocher en 30 jours, 22 heures et 18 minutes. IDEC SPORT va toute la journée batailler ferme pour en finir avec ces éprouvantes mers du grand sud. Le maxi-trimaran progresse plein vent arrière et doit enchainer les empannages pour s’offrir le meilleur angle de descente dans un vent soutenu qui lui permet de conserver des vitesses élevées.
Il débordera le Horn depuis une route nord volontairement empruntée afin d’éviter les calmes qui s’établissent pernicieusement dans le canal de Drake. Une navigation millimétrée, ultime difficulté avant le grand soulagement du retour en des eaux espérées moins inhospitalières dans l’est argentin, à l’entame de cet océan Atlantique de tous les pièges météos, synonymes pour l’heure et pour l’extraordinaire commando Joyon, du début du retour vers Ouessant et la maison.
À moins de 1000 milles du Horn, IDEC SPORT poursuit sa progression au pas de charge vers la 3ème et dernière marque balisant la circumnavigation expresse sur les eaux mal pavées du Grand Sud. Dans des vents d’ouest d’une vingtaine de nœuds, les six hommes du bord, pied au plancher et tête dans le guidon, au maximum du potentiel du bateau, gagnent encore des milles et du terrain au gré des empannages qui ponctuent ce dernier tronçon du parcours sous les latitudes extrêmes. Ce matin, alors qu’ils progressent entre les 57è et 58è parallèles en direction de cette frontière océanique, Francis Joyon, Alex Pella, Sébastien Audigane, Gwénolé Gahinet, Clément Surtel et Bernard Stamm ont déjà porté leur avance à 1 700 milles sur le tableau de marche du Trophée Jules Verne.
Si tout va pour le mieux dans le meilleur d’un tour du monde par sa face australe – comme en témoigne encore le gain de 300 milles enregistré ces dernières douze heures – Francis Joyon ne fait pourtant pas mystère de ses inquiétudes concernant le passage de la fusée IDEC SPORT au cap Horn. Des conditions de petit temps, avec la menace de calmes lancinants, risquent en effet de franchement freiner sa progression à l’heure de planter les étraves en Atlantique Sud.
Le cap Horn par le nord ?
Pour esquiver cette zone aléatoire et incertaine, Francis Joyon et le routeur Marcel van Triest espèrent pouvoir aborder la pointe sud de la Terre de Feu par le nord afin de bénéficier d’un flux plus favorable pour rejoindre la sortie du Pacifique. Ce matin, après avoir longtemps taillé sa route au sud des 57è pour éviter de croiser un iceberg ou des growlers en eau plus chaude, le trimaran rouge et gris a déjà regagné quelques degrés de latitude au rythme des bords à tirer plein vent arrière.
Les prochaines 24 heures s’annoncent sous haute tension pour approcher au mieux le rocher noir qui restera un moment fort pour tous les marins du bord. À eux six, ils ont beau déjà cumuler plus de quinze passages au cap Horn, l’impatience de rejoindre des latitudes plus douces associée à la promesse d’accumuler de précieux milles d’avance avant d’entamer la remontée de l’Atlantique l’emporte pour cet équipage de haut vol au sommet de son art en matière de navigation extrême. « C’est toujours un moment très fort. On a une stratégie de course qui bascule à ce moment là. On passe d’une situation, qui peut être parfois un peu de survie, à une situation plus confortable, plus normale », souligne le skipper d’IDEC SPORT, en passe de saluer pour la cinquième fois le rocher mythique.
S’il s’est embarqué pour la grande aventure du Jules Verne à trois reprises, c’est en 2010 que Franck Cammas s’est offert le record de l’épreuve. A la barre de Groupama 3, un maxi-trimaran conçu pour les records, celui que l’on surnomme le petit Mozart de la voile avait alors bouclé son tour du monde en 48 jours, 7 heures, 44 minutes et 52 secondes. Vainqueur notamment de la Volvo Ocean Race (2011-2012), de trois transats Jacques Vabre (2001, 2003 et 2007) et d’une Route du Rhum (2010), Franck Cammas revient sur son expérience dans le Jules Verne.
Qu’est ce qui vous a amené à vous engager dans l’aventure du Trophée la première fois, en 2008 ?
Avec l’équipe, nous étions engagés dans les 60 pieds depuis 8 ans déjà et on voulait passer à quelque chose de plus grand sportivement. Avec notre partenaire Groupama, on s’est dit que le Trophée Jules Verne était un défi qui pouvait convenir aussi bien sportivement pour nous et médiatiquement pour eux. C’est pour ça qu’on s’est lancé, avec un programme dès 2006, année de la construction du bateau. On l’a mis à l’eau en 2006 et notre première tentative est intervenue l’année suivante.
Quel est votre meilleur souvenir du Trophée Jules Verne ?
J’en ai plein ! Mais je dois dire que lorsque j’ai fait le Jules Verne, c’était la première fois que je passais le Cap Horn. Quand on l’a franchi, on était face au vent, à 15 nœuds, avec pas beaucoup de vent. C’est marrant même si ce n’était pas très rapide. C’était quoi qu’il en soit assez émouvant. Ensuite, l’arrivée est forcément un grand moment. En 2010, on a eu tout le long une assez mauvaise météo. On était en retard même quand on a passé l’équateur au retour. On a gagné deux jours juste sur l’hémisphère nord au retour. C’était assez tendu et donc c’était une délivrance d’arriver et de battre ce record.
Quel est votre pire souvenir ?
En 2010, c’était la frustration de tomber toujours dans des impasses météo. On était au près au Cap Horn et on l’est resté jusqu’à l’équateur. On n’a jamais fait pu ouvrir les voiles du Cap Horn à l’équateur. On était partis en date limite (fin janvier) et tout était allé un peu à l’envers en terme de météo. Heureusement, on avait un bon bateau, très polyvalent, et ça nous a permis de battre le record.
Que préférez-vous : naviguer en solitaire ou en équipage ?
Depuis la Route du Rhum 2010, je n’ai pas navigué en solitaire. Dans l’ensemble, j’ai toujours préféré l’équipage et la dimension du travail d’équipe. Il faut dire qu’en équipage, on peut exploiter le bateau à 100%, chose qu’on ne peut pas faire quand on est en solitaire. En solitaire, on est contraint de survoler un peu plus les réglages et la finesse de la conduite. En équipage, il y a donc une certaine intensité qu’on n’a pas ou moins en solitaire.
Que représente pour vous le Trophée Jules Verne ?
C’est la course la plus simple. Il n’y a quasiment pas de règles, si ce n’est un parcours. Du coup, ça permet d’ouvrir les champs d’innovations et d’investigations que ce soit au niveau sportif ou technique. On voit que ce ne sont pas forcément les bateaux les plus grands et les plus puissants qui gagnent. Ca permet vraiment de tenter des choses sans avoir de borne, ce qui fait du Jules Verne une compétition assez jusqu’au-boutiste. C’est plaisant. Il n’en n’existe pas deux comme ça.
Pensez-vous refaire le Jules Verne un jour ?
Je n’y ai pas pensé … Je ne ferme pas la porte, évidemment. Il faut voir le record car quand on s’engage, il faut qu’il y ait une possibilité de le battre. C’est parce qu’on pense qu’on peut le battre qu’on s’aligne un jour sur la ligne de départ. Il faut par ailleurs avoir les conditions techniques pour le faire, c’est-à-dire avec un bateau adapté. Soit il faut construire un bateau qui convienne et ce sont de grosses opérations, soit on peut récupérer des bateaux qui sont encore capables de le faire comme Idec Sport est en train de le prouver.
Idec Sport est en effet l’ancien Groupama sur lequel vous avez navigué …
C’est un vieux bateau mais il prouve aujourd’hui encore qu’il a été conçu dans un bon équilibre : pas trop grand, très efficace et qui peut être mené en solitaire comme en équipage. Il n’y a pas beaucoup de bateau comme ça. Il est ni complètement optimisé pour le solitaire, ni complètement optimisé pour l’équipage mais il est capable de faire les deux. Et il le fait bien.
Avez-vous un message pour Francis Joyon et ses cinq coéquipiers qui sont actuellement engagés sur le Jules Verne ?
Francis a fait des temps canon et a enchaîné les grosses journées. C’est remarquable ! Il faut bien comprendre que naviguer en permanence à plus de 30 nœuds, ça demande beaucoup d’attention, du doigté à la barre, c’est inconfortable et très bruyant. Il y a forcément un stress. Francis et son équipage sont en train de prouver qu’ils dominent bien la machine. Ils arrivent à trouver la limite sans la dépasser donc c’est une belle navigation. On ne peut que les féliciter.
Ce lundi, la promesse de doubler le cap Horn dans les jours à venir se rapproche des étraves d’IDEC SPORT, qui paradoxalement a mis cette nuit du sud dans sa route. À bord du maxi-trimaran rouge et gris, tous les indicateurs restent au vert pour l’équipage qui ne cesse de grappiller des milles et de l’avance sur le record planétaire, comme en témoignent les 1 270 milles crédités au dernier relevé de position.
Cette nuit, Francis Joyon et ses cinq équipiers ont enclenché un premier empannage. Tribord amures, cap au sud-est en direction d’un flux de vent portant et poussif qui devrait pouvoir les emmener jusqu’à la porte de sortie du Grand Sud, à coups de bords à tirer.
« On va rester encore un bout de temps par 59° Sud, on va même peut-être descendre un peu encore en fonction de la manière selon laquelle le vent va adonner. On vise désormais la bande de vents portants les plus forts pour nous rapprocher du cap Horn. On peut espérer un peu de pression, mais il faudra tirer des bords », indiquait hier après-midi Francis Joyon, alors qu’IDEC SPORT traçait avec bonheur et réussite sa trajectoire dans les conditions, certes froides, mais néanmoins très maniables servies sous un anticyclone par un océan Pacifique conciliant sous ces latitudes extrêmes.
Pas étonnant donc ce matin de voir l’équipage pointer dans les 60ème, fort d’une avance qui ne cesse d’augmenter sur Banque Populaire V, son adversaire virtuel dans la chasse au Trophée Jules Verne. D’ici quelques heures, quand il aura attrapé le flux sud-ouest attendu et désiré dans ses voiles, il pourra alors remettre un peu de nord dans sa trajectoire en zigzags pour se rapprocher du célèbre rocher noir balisant, par 55°58°Sud et 1 500 milles plus loin, la frontière avec l’Atlantique et indiquant le début de la remontée vers des latitudes plus chaudes…
À l’aube du 24ème jour de course, dans les contrées lointaines et désertiques du Pacifique Sud, IDEC SPORT est parvenu à se glisser sous un anticyclone et progresse actuellement dans des vents de nord-ouest d’une petite quinzaine de nœuds sur une mer apaisée. Si Francis Joyon et ses hommes ont franchement réduit la cadence infernale qu’ils maintenaient encore hier, ils n’en gardent pas moins un bon tempo dans la chasse au record sur la route du Trophée Jules Verne.
« Nous avons plusieurs petites difficultés météo devant nous », déclarait hier le skipper du trimaran rouge et gris. « L’anticyclone n’est pas trop contrariant, il nous laisse quand même un passage dans son sud. Nous ne serons pas ultra rapides, mais nous avancerons quand même. C’est plus en approche du cap qu’il risque de ne pas y avoir de vent. »
Ce dimanche, la folle cavalcade des six hommes du bord connaît un léger ralentissement, prévu, anticipé et plutôt bienvenu alors qu’IDEC SPORT, toujours porté par les vents de la réussite, trace son sillage en direction du cap Horn. Aujourd’hui, il lui reste un peu plus de 2 000 milles à parcourir pour rallier la sortie du Grand Sud. Si Francis Joyon, au regard d’une situation météo encore incertaine, se refuse à estimer son arrivée au 3ème et dernier des grands caps balisant le parcours planétaire, il peut compter sur son crédit de 1 185 milles, ce matin, sur le tableau de marche de son concurrent virtuel (Banque Populaire V), pour garder l’avantage à l’heure de laisser le célèbre rocher noir à bâbord.
« Le moral à bord est toujours aussi bon. Tout le monde reste très positif en approche du cap Horn qui reste source de beaucoup d’espoirs pour nous. Notamment celui d’être très largement dans les temps du record quand nous le doublerons », ajoutait-il en substance avant de retourner sur le pont, dans le brouillard et la douceur relative du Pacifique par 58° Sud.
Un empannage et ça repart à pleine vitesse ! Après une journée de net ralentissement, IDEC SPORT a retrouvé en bordure nord d’une dépression australe des vents plus favorables pour allonger la foulée en direction du cap Horn.
La barre des 10 000 milles restant à parcourir jusqu’à l’arrivée franchie dans la nuit, Francis Joyon et son équipée sauvage ont renoué avec les hautes vitesses et augmentent la cadence sur les eaux du Pacifique Sud qui tiennent leurs promesses. Ce matin, par 55° Sud dans le grand désert liquide, ils affichent une avance de 950 milles sur le tableau de marche du Trophée Jules Verne, qui ne cesse d’augmenter au fil des derniers relevés de positions.
Du vent de nord-ouest soufflant jusqu’à 40 nœuds dans les rafales sur des vagues moins scélérates, touts les ingrédients sont réunis pour de nouveau faire le bonheur du grand trimaran rouge et gris qui a retrouvé, bâbord amures, l’angle de progression qui lui sied si bien. « On vient d’empanner. La mer est encore un petit peu confuse, mais ça marche bien. Le bateau avance à 30-35 nœuds sans trop forcer. La mer va s’améliorer au fil du temps », raconte Francis Joyon à l’aube de ce week-end qui démarre fort, à 2 700 milles environ du cap Horn.
Changement de régime, nouveau décor dans les eaux du Pacifique Sud. À l’approche du 22ème jour de course sur le Trophée Jules Verne, IDEC SPORT a laissé la dépression australe, avec laquelle il a convolé en justes – et rapides – noces sur toute la traversée de l’océan Indien, dans son sillage rectiligne.
Après un « tout droit » express sur un même bord, Francis Joyon et son équipage, qui ont empanné et multiplié les manœuvres ces dernières heures, connaissent un ralentissement bienvenu. Salués par les albatros, forts de leur solide avance sur le tableau de marche du record planétaire (près de 800 milles ce matin), ils entament le dernier tronçon de leur parcours autour de l’Antarctique avec un peu de douceur méritée, comme en témoigne Sébastien Audigane dans son carnet de bord du jour…
« Nous venons de passer notre première journée ensoleillée depuis bien longtemps. En effet, après le « gybe » de ce matin, le temps s’est nettement amélioré laissant place au soleil, à une petite chaleur temporaire bienvenue. Plus de paquet de mer et de vent apparent fort dans la figure. Le casque ou la cagoule en néoprène ont été remplacés par les lunettes de soleil et le simple bonnet. Ça fait du bien de souffler un peu, la route est encore longue pour le Horn. Nous glissons sous gennak dans une mer encore un peu formée. Les albatros sont avec nous. Tout va bien à bord d’IDEC SPORT ! »
À l’aube du 21è jour de course, Francis Joyon et son équipage d’élite s’apprêtent à quitter le système dépressionnaire qui les a propulsés à pleine puissance 11 jours sur le même bord, leur permettant de signer un sprint austral qui restera dans les annales du Trophée Jules Verne. À l’entame du Pacifique et en approche de l’antiméridien matérialisant le début des longitudes Ouest, IDEC SPORT aborde une zone de transition, synonyme d’un empannage imminent pour rejoindre une autre dépression en direction du cap Horn.
« On est déjà dans le Pacifique, on a à peine le temps de le réaliser ! La dépression qui nous accompagne depuis une éternité va s’arrêter là. Notre idée est de faire route au Nord, de faire un empannage et de redescendre sur une autre dépression plus en avant. Il s’agit de passer dans un autre système », confirme Francis Joyon à la vacation du jour alors que le trimaran fait cap au Nord-Est dans des vents de Nord-Ouest mollissants. « On a déjà renvoyé toute la toile. On n’avait pas revu la grand-voile haute depuis si longtemps. On va sûrement refaire un peu de gennaker dans la nuit jusqu’à ce qu’on retrouve la dépression et qu’on remette les plus petites voiles. »
Antiméridien imminent
Par 52° Sud, à 500 milles environ dans le sud-est de Stewart Island à l’extrémité sud de la Nouvelle-Zélande, aucun des six hommes du bord ne boude ce petit moment de répit. Une pause pas volée alors qu’ils se rapprochent inexorablement de la longitude symbolique leur signifiant le début de la fin, sur un régime beaucoup plus stratégique, d’une fantastique chevauchée océanique en direction du cap Horn et de la sortie des mers du sud.
« Même si on est totalement perdus avec les dates, les heures, et qu’on n’a plus trop de repères dans ce no man’s land loin de tout, on sait qu’on va bientôt se rapprocher de Brest, quoi ! » poursuit Bernard Stamm. « C’est quand même incroyable de faire un tout droit comme ça, c’est fou ! Cela s’est vraiment bien enchaîné pour nous. Après cette zone de transition, on va toucher un nouveau flux et on va surtout pouvoir faire de nouveau cap au sud-sud-est. Et tout cela s’annonce plutôt bien, et jusqu’au Horn, même s’il y aura plus de manœuvres à faire », ajoute le plus finistérien des marins suisses, tandis que le trimaran rouge s’apprête à dépasser cette marque virtuelle sur son parcours planétaire. Francis, Alex Pella, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet, Clément Surtel et Sébastien Audigane affichent aujourd’hui une avance stabilisée à 950 milles sur le chrono sur le géant Banque Populaire V, mené il y a 5 ans par 14 hommes d’équipage.
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