Francis Joyon et son équipage IDEC Sport, détenteurs du Trophée Jules Verne 2017, se sont engagés dimanche dans la course The Bridge 2017 face au trimarans géants Sodebo de Thomas Coville, Macif de François Gabart et Actual d’Yves Le Blévec. Au départ de Saint Nazaire, les concurrents suivront le parcours du Queen Mary 2 avec comme destination finale New-York.
Retour en images sur la soirée prestigieuse de remise du Trophée Jules Verne à Francis Joyon et l’équipage de IDEC SPORT. La cérémonie qui a eu lieu au Musée de la marine à Paris a aussi été l’occasion de fêter les 25 ans du Trophée. Continue reading « La Cérémonie de remise du Trophée en images »→
Jeudi soir, le Musée de la marine (Paris) a accueilli l’équipage IDEC SPORT pour lui remettre le Trophée Jules Verne, oeuvre d’art signée Thomas Shannon. Le 26 janvier dernier, Francis Joyon et ses cinq équipiers battaient le record de l’épreuve en franchissant la ligne d’arrivée à Ouessant après 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes passés en mer. Une telle performance méritait d’être saluée lors d’une cérémonie pour laquelle d’éminents représentants du monde de la voile ont fait le déplacement. L’Association Tour du Monde en 80 jours, porteuse du Trophée, fêtait aussi ce soir-là ses 25 ans.
Vestes noires, chemises blanches et cravates rouges. Alex Pella, Bernard Stamm, Gwéloné Gahinet, Clément Surtel et Francis Joyon avaient troqué leurs cirés pour un costume car ce jeudi soir, au Musée de la marine, à Paris, ils recevaient le Trophée Jules Verne. Les cinq hommes ont passé près d’un mois et demi en mer autour du monde, bravant des conditions climatiques parfois hostiles pour améliorer de quatre jours le record de cette circumnavigation détenu par Loïck Peyron et triompher. C’est cet exploit sportif, technique et humain que le monde de la voile est venu saluer.
À leur habitude, les marins ont reçu cet hommage avec beaucoup d’humilité et de discrétion. Devant un parterre admiratif, les cinq équipiers (ndlr : Sébastien Audigane n’était pas présent) et le routeur de génie Marcel Van Triest ont fait le récit de leur aventure, partagé leurs sensations et leurs souvenirs.
« Cela sera à coup sûr difficile de faire mieux que Francis et son équipage, de nouveaux challengers s’y emploieront, maisons n’en sommes pas là !Nous sommes ici pour remercier Francis et toute l’équipe d’IDEC de nous faire le cadeau d’anniversaire de cette victoire », a conclu Titouan Lamazou, co-fondateur du Trophée Jules Verne.
Aujourd’hui, chacun des équipiers d’IDEC envisage de nouveaux projets maritimes. Mais aucun d’entre eux n’oubliera cette performance unique qu’ils ont accompli ensemble. C’est encore ensemble qu’ils ont clos cette belle épopée collective en déposant l’élégant Trophée Jules Verne sur son socle magnétique, avant de profiter d’une belle soirée loin des océans mais avec l’histoire de la marine en toile de fond.
Titouan Lamazou, président de l’association du Trophée Jules Verne, était à Brest, ce jeudi matin, pour accueillir Francis Joyon et ses cinq coéquipiers. Il a salué l’exploit de la team Idec Sport qui a signé « une très belle victoire ». Ce succès va, à coup sûr, donner des envies de records à d’autres skippers dans les mois à venir …
Titouan Lamazou : « C’est forcément un grand jour, on est toujours très content quand il y a une arrivée de record autour du monde. Nous le sommes d’autant plus que le Trophée Jules Verne fête ses 25 ans cette année. Francis est un grand skipper qui vient prendre la suite de tous ceux qui l’ont précédé comme Peter Blake, Robin Knox-Johnson, Franck Cammas, Loïck Peyron… et j’en passe ! C’est une très belle victoire d’un équipage qui attire beaucoup de sympathie. Ils sont très joyeux et modestes. Ils me paraissent s’inscrire dans la lignée de coureurs au large comme Eric Tabarly. Il est vrai qu’ils ont réalisé une traversée assez exceptionnelle dans le Grand Sud, mais ça va dans la logique des choses que les records soient battus et provoquent ce type de navigation. Ce bateau était bien né. Il avait déjà un beau pédigrée et ils l’ont très bien préparé pour un équipage relativement réduit. Et il faut les saluer pour ça aussi. Il y a 25 ans, l’objectif était de faire moins de 80 jours. Désormais, il va s’agir de faire moins de 40 et on peut penser que pas mal de skippers vont essayer de ravir ce Trophée dont Francis vient de s’emparer. Pourvu que ça dure ! »
Francis Joyon s’est toute la journée plié de la meilleure grâce du monde aux sollicitations du public et des médias à Brest où il est ce matin venu amarrer son maxi-trimaran IDEC SPORT, au terme d’une circumnavigation expresse de 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes. Il a, en compagnie de ces cinq compagnons, révélé une partie des dessous du fantastique exploit réalisé dans une omniprésente bonne humeur. De la magie d’un bateau unanimement apprécié pour sa capacité à aller très vite, très longtemps, à l’absence naturelle de hiérarchie au sein de l’équipage, ou à la veille discrète d’un Marcel van Triest sur les destinées du voilier, l’équipage d’IDEC SPORT s’est dévoilé dans toute sa sympathique authenticité. Extraits de la conférence de presse qui s’est tenue cet après-midi à Brest, port de départ et d’arrivée du Trophée Jules Verne dont les six marins d’IDEC SPORT sont les nouveaux détenteurs.
Francis Joyon : « À bord, je voulais qu’une mayonnaise prenne. C’est primordial qu’il y ait une vraie cohésion d’équipage et du bonheur à naviguer ensemble. J’ai reçu de très nombreuses propositions, alors qu’il y avait quand même peu de places à bord. J’ai privilégié le facteur humain. Bernard (Stamm), c’est un peu la famille pour moi et c’était aussi, avant l’arrivée de Sébastien, le local de l’étape puisqu’il est Brestois. Clément (Surtel), c’est l’homme incontournable, dans la mesure où il est l’un des trois membres de notre toute petite équipe technique, avec Corentin, mon fils et moi-même. Sa présence, c’était la garantie d’avoir du savoir-faire technique embarqué. Avec Gwénolé (Gahinet), qui fait partie de l’équipe depuis l’année dernière, le courant est tout de suite très bien passé et cela nous permettait de rajeunir aussi la moyenne d’âge du bord ! Idem avec Alex (Pella) avec lequel j’ai tout de suite eu une belle accroche. La présence de Sébastien s’est plus improvisée pour venir remplacer Boris (Herrmann) qui s’est retrouvé mobilisé sur un projet IMOCA entre nos deux départs cette année. Sébastien connaît très bien les maxi-multicoques, c’était pour nous une valeur sûre.
Nous avons fonctionné avec une bonne cohésion à bord d’un bateau sans hiérarchie. Chacun était responsable de lui-même. Chacun a disputé ce Trophée Jules Verne pour lui-même et nous avons tous donné le meilleur de nous-mêmes.
Les 40 jours ne constituaient pas un objectif au départ, ce n’était pas imaginable. Battre le record d’une minute représentait déjà un exploit formidable. On passait un peu pour des rigolos et des hurluberlus de nous attaquer à ce challenge tellement difficile pour un si petit équipage à bord de ce bateau, face à la douzaine d’équipiers qui détenait jusque là le record à bord d’un bateau de 40 mètres.
Il nous a fallu presque deux tours et demi pour parvenir à battre le record. Et dans l’histoire du Trophée Jules Verne, on voit que pratiquement tous les bateaux ont dû s’essayer sur deux tentatives avant de l’emporter. Seul Bruno Peyron y est parvenu la première fois lors du tout premier Trophée Jules Verne, en 1993.
Sur notre deuxième tentative cette année, nous avons de nouveau rencontré un Pot au Noir très difficile. C’était moralement très dur. Mais Gwénolé, qui est un éternel optimiste, croyait que la situation météo ne pouvait que s’améliorer. Au cap Bonne Espérance, nous étions mieux placés que les prévisions et toutes les portes se sont ensuite ouvertes devant nous. On a su qu’on pouvait battre le record dès lors que nous pouvions maintenir les 35 nœuds de vitesse à laquelle se déplaçait le front à l’avant duquel nous nous étions positionnés pour traverser l’océan Indien et une partie du Pacifique. On savait que le record se jouait là. Notre motivation était très forte pour connaître plusieurs journées à près de 900 milles. Nous étions toujours à fond. Et si parfois, nous avons fait en sorte de ne pas dépasser les 40 nœuds, à l’avant du front, nous n’avions pas de limites.
Au-delà du côté sportif, sur un record autour du monde, on ne peut pas s’empêcher de regarder la planète en essayant de comprendre comment passer d’un système à l’autre.
Elle n’est pas si grande que ça et surtout, on se rend compte à quel point nous sommes liés à notre environnement. Cela nous encourage à ne pas nous comporter comme des consommateurs d’espaces naturels. »
Bernard Stamm : « Nous avons eu de la chance. Il faut de la réussite pour que météo se mette en place. Mais cette chance a été provoquée par Francis et Marcel qui ont décidé de partir avec la fenêtre que nous avons prise. Ils ont choisi de faire confiance aux éléments dont on disposait au départ. On a réussi à se servir de cette chance et à profiter de l’enchaînement incroyable qui s’est mis en place.
À bord, les limitations de vitesse dépendaient de l’état de la mer et des conditions. On s’est plus lâchés dans l’Indien. J’ai vu un 48 nœuds et je crois que certains de mes camarades en ont connus aussi. Il n’y a jamais eu de compétition entre nous à la barre. On a toujours fait le maximum pour faire marcher le bateau dans l’objectif du record. Francis plaçait le curseur plus bas, ou plus haut d’ailleurs. Il était le chef d’orchestre. »
Sébastien Audigane : « Un peu avant le deuxième départ, j’ai reçu un appel de Francis pour me proposer d’embarquer à bord. Il a fallu que je me décide en 24 heures. C’était tentant, mais j’ai dû réfléchir très vite. Je me suis tout de suite senti très à l’aise avec cet équipage de marins, des gens qui veulent être en mer avant toute chose. »
Gwénolé Gahinet : « Je me suis lancé dans le projet l’année dernière lors de notre première tentative. C’était pour moi une découverte totale. Cette année, nous étions mieux rodés, mieux préparés. Et c’est pour moi un vrai plaisir d’avoir bien navigué et de faire cette belle trajectoire, notamment dans le Sud avec cette grande ligne droite en bâbord. C’était un vrai engagement physique. Cela reste une expérience exceptionnelle avec beaucoup d’échanges entre nous sur la manière de régler le bateau. »
Alex Pella : « Ce projet a été mené en laissant beaucoup de liberté à chacun de nous. On s’est tous beaucoup enrichis, nous avons beaucoup appris les uns des autres, avec beaucoup de respect entre nous. Nous avons pris beaucoup de positif. Ce Trophée Jules Verne, c’est une très grande satisfaction. Ce n’est pas tous les jours que l’ont fait un record autour du monde ! »
Clément Surtel : « Notre projet était porté par une approche très différente de ceux qui se sont lancés jusque là dans le Trophée Jules Verne. Il misait sur la légèreté plutôt que la puissance. Cela fonctionne, même si nous avons été moins performants dans les zones de petit temps où nous aurions bien voulu avoir un plus de hauteur dans le mât. Les dernières évolutions nous montrent que les bateaux volants marchent très bien aussi. On verra ce que nous réserve l’avenir. Globalement, le Sud a été physiquement très intense. Mais c’est seulement dans les calmes qui ont suivi le passage du cap Horn que nous nous sommes rendus compte à quel point nous étions fatigués par cette navigation extrême. »
Marcel van Triest, routeur, 7è homme du bord : « Là, c’est fini. Depuis le milieu du Pacifique, je voyais déjà que le record était plus qu’envisageable. Mais depuis deux semaines, j’étais plus en mode « on peut tout perdre sur l’Atlantique ». Il restait tellement d’inconnues, et beaucoup d’angoisse. Plus qu’une explosion de joie, cette arrivée, c’est quelque part, pour moi, surtout un soulagement. »
Patrice Lafargue, PDG d’IDEC : « C’est une grosse émotion, je suis même un peu submergé, alors que je suis pourtant habitué aux exploits de Francis qui a conquis tous les records à la voile. C’est une très grande fierté pour moi, comme pour mes salariés de l’avoir accompagné sur ce Trophée Jules Verne en équipage. Cette petite équipe est composée de vrais marins, ce sont tous des gens bien. Je félicité aussi Thomas Coville qui a battu le record que Francis détenait jusque là en solitaire. Il a fait quelque chose de très fort, un bel exploit. »
Francis Joyon et ses cinq acolytes, auteurs ce jeudi d’un incroyable nouveau record dans le Trophée Jules Verne, ont été accueillis en véritable héros en rade de Brest. Les amateurs de voile et les badauds étaient nombreux à avoir fait le déplacement malgré le froid.
Revivez l’arrivée de Francis Joyon et de ses coéquipiers, ce jeudi matin, à Brest :
Le Maxi Trimaran IDEC SPORT de Francis Joyon, Clément Surtel, Alex Pella, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet et Sébastien Audigane s’est adjugé ce matin le Trophée Jules Verne, tour du monde à la voile, en équipage et sans escale. Il a franchi la ligne d’arrivée à 8 heures et 49 minutes heure française ce jeudi 26 janvier 2017.
Francis Joyon et son équipage ont bouclé les 22 461 milles du parcours théorique en 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes, à la vitesse moyenne sur la route de 22,84 noeuds. Ils ont en réalité parcouru 26 412 milles sur le fond, à la moyenne de 26,85 noeuds. Ils pulvérisent le précédent record détenu par Loïck Peyron et l’équipage du maxi trimaran Banque Populaire V de 4 jours, 14 heures, 12 minutes et 23 secondes. Ils ont, chemin faisant, battu pas moins de 6 records ou temps intermédiaires, au cap Leeuwin, Tasmanie, Antiméridien, Horn, Equateur et Ouessant.
Chronologie du Trophée Jules Verne 2016/2017
Francis Joyon, Sébastien Audigane, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet, Alex Pella et Clément Surtel sont donc les navigateurs à la voile les plus rapides de tous les temps autour de la planète. Ils ont pulvérisé le chrono record établi en janvier 2012 par Loïck Peyron. Cet équipage réduit pour un si grand bateau, le Maxi-Trimaran IDEC SPORT et ses 31,50 m de longueur à la flottaison, s’est octroyé chemin faisant pas moins de 6 records ou temps de passage intermédiaires, à Leeuwin, Tasmanie, Antiméridien, Horn, Equateur et Ouessant. L’exploit est considérable, et l’analyse détaillée des performances quotidiennes fait ressortir d’étonnants faits d’armes, comme cette 14ème journée de mer à 894 milles parcourus à 37,3 noeuds de moyenne, ces 8 journées à plus de 800 milles, et 7 à plus de 700. A bord d’un maxi multicoque conçu en 2005 pour un équipage d’une douzaine d’hommes, Francis, Clément, Alex, Seb, Gwéno et Bernard ont, au delà de la performance, raconté avec une désarmante simplicité une joyeuse aventure de marins complices, extraordinairement complémentaires et solidaires, une histoire d’hommes et d’amitiés.
Pot pourri
« Nous partons le 16 décembre dernier dans la plus grande incertitude » avoue le benjamin du bord Gwénolé Gahinet. Après une première tentative avortée quelques jours auparavant, la faute à une Zone de Convergence Intertropicale en pleine expansion sur la route d’IDEC SPORT, Francis Joyon et ses hommes repartaient le 16 décembre 2016 avec une confiance mesurée en l’issue de leur expédition, confrontés à de nombreuses interrogations quant à l‘évolution des grands systèmes météos en Atlantique Sud. Comme à leur habitude, ils s’élançaient pourtant sans retenue et se montraient rapidement à leur avantage, portant dès le 5ème jour de course leur avance sur le chrono référence à plus de 210 milles. Mais le pot au noir, décidément très remonté contre le maxi trimaran rouge et gris, douchait vite l’euphorie naissante en infligeant un impitoyable traitement à base d’orages, de vents tourbillonnants et de calmes plats. A 6,4 noeuds de moyenne le 21 décembre, IDEC SPORT signait la pire journée de sa tentative, ne progressant que de 186 milles en 24 heures. Son retard sur son concurrent désormais virtuel, le maxi trimaran Banque Populaire V explosait, pour atteindre au 11ème jour de course, à l’entrée des 40ème Rugissants, les 755 miles. C’est avec ce déficit à l’esprit, que le TEAM IDEC SPORT allait signer l’une des plus impressionnantes pages de l’histoire des grands records océaniques.
L’exploit des mers du sud
Lent à l’équateur, IDEC SPORT, tout en mangeant son pain noir, était parvenu à se glisser intelligemment en bordure des calmes de l’anticyclone de Saint Hélène, coupant au plus court au coeur de l’Atlantique Sud pour attraper au vol une dépression australe « d’école » dans sa puissance et sa virulence. Cette dépression abordée idéalement par sa face nord est, Joyon et ses marins allaient s’y cramponner avec une rare assiduité. Leur entêtement à ne jamais se laisser dépasser par le fort flux de nord ouest portait rapidement ses dividendes, et durant les 11 jours suivants, IDEC SPORT n’allait que très occasionnellement progresser à moins de 30 noeuds de moyenne horaire. Avec des pointes enregistrées à plus de 44 noeuds, la bande à Joyon traçait un sillon unique, exceptionnel, au coeur des inhospitalières mers du Grand Sud, saluant Bonne Espérance puis Leeuwin, deux des trois grands caps identitaires de ce Trophée Jules Verne à 4 jours et 9 heures d’intervalle. L’avance sur le tenant du titre était, le 4 janvier dernier, portée à une journée et demi au passage sous la Tasmanie. Un internaute australien avisé s’exclamait : « Deux jours pour traverser l’Australie! On ne peut même pas faire cela en voiture! » Un peu plus d’une semaine plus tard, Alex, Seb, Gwéno, Francis, Bernard et Clément rajoutaient une nouvelle coche à leur impressionnante série de passages du Cap Horn cumulée. Banque Populaire V était alors relégué à 4 jours et 6 heures du tableau arrière d’IDEC SPORT! Phénoménal!
Un Atlantique Sud déjoué avec Intelligence
Si Loïck Peyron avait, début 2012, connu une remontée de l’Atlantique Sud extrêmement favorable, IDEC SPORT se voyait confronté à un enchainement contrasté de phénomènes météos classiques en cette saison et dans cette partie du globe. Passées les îles Malouines, c’est une dépression très virulente surgit des côtes argentines qui infligeait à Francis Joyon et son équipe un traitement sévère à base de houle désordonnée et souvent contraire, dans des vents de sud ouest travers à la marche du bateau. Les hommes d’IDEC SPORT s’employaient à trouver le bon compromis entre préservation du voilier, et impérieuse nécessité de gagner rapidement vers le nord. Trois routes s’offraient ensuite à eux pour traverser au large du sud Brésilien ces zones peu ventées dites de transition. Entre quête du vent loin à l’est, et des allures de près le long des côtes Brésiliennes, Joyon, toujours soutenu par la pertinence des analyses de son routeur à terre Marcel van Triest, choisissait une voie médiane cap au nord, qui lui permettait, passé le cap Frio, de toucher dans des temps qualifiés de « corrects » les alizés de sud est. Restait une nouvelle fois, la quatrième en moins de deux mois, à affronter le pot au noir. Fidèle à ses (mauvaises) habitudes, celui-ci, à la vue du grand trimaran IDEC SPORT, choisissait de s’alanguir sous la forme d’une énorme bulle, certes peu virulente en terme d’activité orageuse, mais totalement déventée. Une nouvelle fois, les analyses de Francis et de Marcel s’accordaient pour jouer les extérieurs, les extrêmes, en poussant loin dans l’ouest et le nord de Fortaleza le choix d’entrée dans l’hémisphère nord. Pari gagnant. « Nous n’avons jamais été arrêtés! » pouvait s’exclamer Joyon en touchant les alizés de nord est.
Une arrivée tonique et tonitruante !
En adonnant progressivement à la latitude des îles du Cap Vert, les alizés offraient à IDEC SPORT angles et force de vents parfaits pour foncer vers le sud Açorien. Joyon and Co y accrochaient une nouvelle fois le bon wagon en partance pour la Bretagne. Ils renouaient avec un plaisir non dissimulé, malgré la légitime vigilance permanente à la bonne santé de leur monture, avec les très hautes vitesses, 30 noeuds et plus, pour dessiner une impressionnante parabole transatlantique depuis le nord este Brésilien.
Temps de passage :
Equateur Aller : 5 jours, 18 heures, 59 minutes, soit 4 heures et 3 minutes de retard sur Banque Populaire V
Bonne Espérance : 12 jours, 19 heures, 28 minutes, soit 0 jour, 21 heures et 40 minutes de retard sur Banque Populaire V
Cap des Aiguilles : 12 jours, 21 heures, 22 minutes, soit 0 jour, 21 heures, 34 minutes de retard sur Banque Populaire V
Cap Leeuwin: 17 jours, 06 heures, 59 minutes, soit 16 heures et 58 minutes d’avance sur Banque Populaire V
Tasmanie : 18 jours, 18 heures et 31 minutes, soit 1 jour, 12 heures et 43 minutes d’avance sur Banque Populaire V
Cap Horn : 26 jours, 15 heures et 45 minutes, soit 4 jours et 6 heures d’avance sur Banque Populaire V
Equateur retour: 35 jours, 4 heures et 9 minutes, soit 2 jours, 22 heures et 36 minutes d’avance sur Banque Populaire V.
À l’aube de sa dernière journée en mer dans la conquête du Trophée Jules Verne, IDEC SPORT poursuit sa progression sur la route retour vers Brest selon le rythme qui lui est propre : à pleine vitesse sur une trajectoire optimale. « Il dévale les pentes au large de Lisbonne », raconte Sébastien Audigane dans un message de la nuit.
À 350 milles du cap Finisterre, Francis Joyon et ses équipiers abordent la phase finale de leur folle épopée maritime. Lancés à plus de 30 nœuds, ils avalent les milles avec une facilité rare. Les six marins sont toujours attendus, demain au petit jour, sur la ligne d’arrivée au large d’Ouessant pour accrocher à leur palmarès le prestigieux record de vitesse absolue autour de la planète mer. Et signer, après un peu plus de 40 jours de course, un formidable exploit collectif…
« Sous un ciel mi étoilé et poussé par des vents de sud nerveux IDEC SPORT dévale les pentes au large de Lisbonne. Une dernière ligne droite en direction des côtes finistériennes, le vent devrait refuser dans le golfe de Gascogne. La dernière nuit risque d’être sportive et humide au reaching. Pour l’instant, nous naviguons vite et safe. La mer n’est pas trop formée, nous permettant de bien dormir. Tout va bien à bord de notre brave coursier des océans. »
« Nous sommes depuis ce matin en route quasiment directe vers une arrivée qui pourrait intervenir jeudi matin. » Francis Joyon ne masque pas sa satisfaction. Les systèmes météos s’organisent de manière favorable sur la route du maxi-trimaran IDEC SPORT. Joyon et ses hommes visent un point dans le sud des Açores, au plus près d’un centre de hautes pressions qu’il conviendra d’esquiver en empannant à deux, voire trois reprises, pour foncer vers le cap Finisterre et le Golfe de Gascogne, tribord amure dans le fort vent de sud-ouest. Un moment crucial, une dernière grosse difficulté stratégique avant la fin de ce tour du monde express. Les Joyon, Surtel, Audigane, Pella, Stamm et Gahinet s’y préparent déjà, non sans profiter au maximum des belles conditions du jour, quand leur maxi-trimaran donne le meilleur de lui même, dans l’exacte dose de vent, d’angulation et de houle pour tenir sans effort apparent ses 30 nœuds .
« Nous sortons d’une nuit à grains. Les gars se sont démenés en lofant, abattant, réglant sans cesse pour rester au plus près du routage, et aller vite dans la bonne direction. » A un peu plus de trois jours de la délivrance, Francis Joyon nous rappelle combien rien n’est encore acquis à son formidable équipage. Les milles, dans un alizé enfin ensoleillé, se gagnent toujours aussi âprement, au talent, à la concentration, à la vigilance. « Le vent adonne sur le travers du bateau et on peut progresser sur la route directe. 30 nœuds, c’est la vitesse que le bateau et nous même aimons bien, en équilibre sur le foil. »
Francis, à l’instar de ses 5 équipiers, profite à fond de ces derniers jours de mer, de ce bateau décidément magique, et de l’efficacité de ses marins. « On commence à parler un peu de l’arrivée » confesse Gwénolé Gahinet. « Nous sommes heureux de retrouver de belles vitesses, et de voir que l’horizon se dégage pour nous, avec une route et une trajectoire, dans la théorie des fichiers météos, bien dessinées devant nous. » Quelques dévents à anticiper du côté du cap Finistère, le trafic maritime qui s’intensifie au rythme de la progression dans l’hémisphère Nord, la route de la Bretagne semble en effet idéalement tracée pour permettre une arrivée jeudi matin à Ouessant, en un peu moins de 41 jours !
Email message from Robin Knox-Johnston to Titouan Lamazou and Loïck Peyron (January 20, 2016) regarding the outstanding evolution of boats these last decades.
Robin Knox-Johnston: Do you realise that both Armel [Le Cléac’h] and Alex [Thomson] finished their circumnavigations faster by hours than Peter Blake and I did on Enza when we won the Jules Verne Trophee in 1994 ? It just shows how boats have developed in 23 years.
Loïck Peyron: Yes indeed. Impressive as what Thomas Coville did few weeks ago.
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