UN TEMPO ENTRE TERRE ET MER

Bientôt deux semaines de mer pour Sodebo Ultim 3 qui continue de faire route vers l’est et l’archipel des Kerguelen, situé à un peu plus de 1000 milles de son étrave mardi matin. Après une journée à 32 nœuds de moyenne, Thomas Coville et ses sept équipiers sont toujours en avance sur le tableau de marche d’Idec Sport (500 milles à 6h).

 

Malgré un début d’Océan Indien assez chaotique, comme l’a montré la vidéo envoyée lundi par le media man Martin Keruzoré, Sodebo Ultim 3 parvient à maintenir une bonne vitesse : après un peu plus de 13 jours de mer, le trimaran a parcouru 765 milles lors des dernières 24 heures, à 32 nœuds de moyenne.

 

 

Les conditions sont engagées, faisant dire lundi à Matthieu Vandame, barreur/régleur : « Il y a 30 nœuds établis, pas mal de mer, il fait très froid, ça va très vite, ça bouge énormément, il faut sans cesse se tenir. »

 

Le tempo reste élevé, fruit d’un échange permanent entre Thomas Coville en mer et la cellule de routage à terre composée de Jean-Luc Nélias et de Philippe Legros.

 

« On propose et eux disposent, c’est toujours une boucle entre nous, explique Jean-Luc Nélias. On est un peu un aiguillon, mais généralement, les consignes qu’on leur donne sont atteignables, on essaie d’être réaliste et on tient évidemment compte des problématiques à bord. Et avec Thomas, on commence à avoir l’habitude de travailler ensemble. »

 

Jean-Luc Nélias a effectivement accompagné le skipper de Sodebo Ultim 3 sur ses tentatives de record du tour du monde en solitaire pou sur la Route du Rhum, mais également en mer, notamment l’an dernier sur la Brest Atlantiques. Cette complicité primordiale permet aux deux hommes de s’accorder sur le rythme à tenir, même si, c’est avant tout la nature qui décide, aux dires du routeur : « La météo demande toujours d’aller un peu plus vite pour éviter de se faire rattraper par du petit temps ou par un coup de baston ; nous, on décide de quelques adaptations, mais globalement, c’est la météo qui nous dirige et donne le tempo. »

 

Une météo qui reste donc actuellement soutenue pour Sodebo Ultim 3, légèrement remonté en latitude la nuit dernière, puisqu’il évolue par 48°50 Sud, dans un flux de nord-ouest qui va peu à peu tourner à l’ouest. Ce qui va sans doute contraindre l’équipage à caler un ou plusieurs empannages sur la route des Kerguelen. Et explique que l’avance sur Idec Sport, particulièrement véloce il y a quatre ans sur cette partie du parcours, ait un peu baissé en 24 heures.

A L’ATTAQUE DE L’INDIEN !

A l’assaut du Trophée Jules Verne, Sodebo Ultim 3 a franchi ce lundi matin le Cap de Bonne-Espérance avec une avance de 17h35 sur Idec Sport. Les 8 hommes d’équipage du trimaran géant sont entrés dans le vif du sujet de l’Océan Indien par 50° Sud. Au programme : du vent fort, de la mer, du froid et de la haute vitesse !

 

 

Après la belle glisse du week-end dans l’Atlantique Sud qui a permis à Sodebo Ultim 3 de filer pleine balle vers le Cap de Bonne-Espérance, franchi lundi à 5h, Thomas Coville et ses sept équipiers ont changé d’ambiance en même temps que d’océan : « C’est engagé, la mer est en train de se former, l’Océan Indien est pour moi le plus difficile », commente Thomas Coville dans une impressionnante vidéo envoyée par Martin Keruzoré, où l’on voit le trimaran filer à vive allure sous un ciel gris et sur une mer cabossée. « On a changé d’ambiance en deux-trois jours, on est dans le frigo ! », sourit quant à lui un Corentin Horeau encagoulé, en référence aux petits 4°C affichés sur le thermomètre.

 

 

Pour le skipper de Sodebo Ultim 3, « Bonne-Espérance, c’est le cap de l’espoir, c’est aussi le cap de la décision, d’y aller ou de faire demi-tour. » En l’occurrence, en accord avec la cellule de routage composée de Jean-Luc Nélias et de Philippe Legros, Thomas Coville a choisi de poursuivre le périple entamé le 25 novembre :

 

« Aujourd’hui, on estime que nous sommes dans des temps honorables, on sait que la suite jusqu’au Cap Leeuwin (pointe sud-ouest de l’Australie), voire jusqu’en Nouvelle-Zélande, sera moins bien que ce qu’ont fait nos concurrents de référence (Idec Sport), mais c’était le moment où il fallait se décider, on est lancés. »

 

Et bien lancés, puisqu’à Bonne-Espérance, Sodebo Ultim 3 comptait 17 heures et 35 minutes d’avance sur le tableau de marche du détenteur du Trophée Jules Verne. Ce qui ne fait que confirmer à Jean-Luc Nélias que la fenêtre choisie au départ valait le coup d’être tentée : « On a respecté le planning de cette fenêtre, on savait qu’elle n’était pas excellente, mais le résultat est conforme à ce qu’on avait prévu. »

 

DES ICEBERGS SOUS SURVEILLANCE

La suite du programme ? « Ça s’annonce plus compliqué que pour Idec qui avait été tout droit jusqu’en Nouvelle-Zélande, poursuit-il. Nous allons avoir plus de vent arrière et en arrivant vers le Cap Leeuwin, il y a une situation météo complexe avec soit du petit temps, soit du très mauvais, mais ça peut aussi très bien se passer. On va sans doute perdre l’avance accumulée jusqu’ici, ce serait bien d’être à égalité avec Idec sous la Nouvelle-Zélande. » Ce qui permettrait d’attaquer le Pacifique avec des chances de s’emparer du record.

 

D’ici là, il va falloir négocier au mieux un Océan Indien où ont été repérés quelques icebergs et growlers (morceaux de glace qui se détachent) que l’équipage et la cellule de routage surveillent attentivement, avec le support de CLS, société spécialisée dans leur détection.

 

« Contrairement au Vendée Globe sur lequel une limite des glaces s’impose à tous les concurrents, rien ne nous contraint, si ce n’est la sécurité du bateau et surtout de l’équipage, explique Jean-Luc Nélias. On est obligés de prendre un peu de risques parce que la route la plus courte passe plus proche des glaces, c’est un dosage particulier à trouver. Comme le plus petit objet détectable par les images satellites mesure 20 mètres, on mise aussi sur les statistiques et sur notre savoir-faire. »

 

Autant dire que l’heure est à la plus extrême concentration, tant à bord de Sodebo Ultim 3 que dans la base du Team à Lorient, où Jean-Luc Nélias et Philippe Legros veillent au grain : « Le rythme est intense ici aussi, confirme le premier. Entre 7h et midi, nous sommes à fond, entre les visio-conférences pour les glaces, la récupération des fichiers météo, la préparation des bulletins et des routages. L’après-midi, c’est plus du suivi, ce qui nous permet de faire une sieste ou du sport à tour de rôle. Et la nuit, on a également des quarts ; on dispose des mêmes alarmes que sur le bateau : de vitesse, de cap, de pression atmosphérique… on vit le truc comme un neuvième équipier. » A fond…

 

Pour s’emparer du Trophée Jules Verne, détenu depuis le 26 janvier 2017 par Idec Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes, Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame doivent couper la ligne à Ouessant avant le mardi 5 janvier à 2h25 (heure française, sous réserves de validation du WSSRC).

BONNE-ESPÉRANCE, UN PREMIER CAP EN AVANCE !

Après 12 jours 2 heures et 5 minutes de mer, Sodebo Ultim 3 a franchi ce lundi 7 décembre à 5h00 (Heure française) la longitude du Cap de Bonne-Espérance. C’est le premier des 3 caps mythiques à franchir dans cette tentative de Trophée Jules Verne. 

 

 

Depuis leur départ d’Ouessant le 25 novembre à 2h55, Thomas Coville et ses sept équipiers ont parcouru 8154 milles (15 101 km), à 28 nœuds de moyenne.

Ces dernières 48 heures, ils ont allongé la foulée avec des vitesses moyennes de près de 70 km/h, ce qui leur a permis de creuser un peu plus leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport.

Au passage du Cap de Bonne-Espérance, ils comptaient 17 heures et 35 minutes de marge par rapport au détenteur du Trophée Jules Verne.

Depuis le 30 novembre, ils auront mis 6 jours 16 heures 15min pour parcourir l’Atlantique Sud entre l’Equateur et le cap Sud-Africain (temps d’Idec Sport 7j 00h 30min).

Désormais entré dans l’Océan Indien (au niveau du Cap des Aiguilles franchi à 6h 40min (Heure française) après 12 jours 3 heures et 45 minutes ), Sodebo Ultim 3 fait désormais route vers l’archipel des Kerguelen.

Pour s’emparer du Trophée Jules Verne, détenu depuis le 26 janvier 2017 par Idec Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes, Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame doivent couper la ligne à Ouessant avant le mardi 5 janvier à 2h25min (heure française, sous réserves de validation du WSSRC).

LA VIE À 40 NŒUDS : dernier jour dans l’Atlantique Sud ?

Sodebo Ultim 3, lancé depuis vendredi soir dans un long sprint vers l’océan Indien, sort d’une journée de samedi mémorable : Thomas Coville et son équipage ont parcouru entre samedi et dimanche matin 870 milles en 24 heures (1 611km à 36,2 nœuds de moyenne), tout près du record absolu des 24 heures (908,2 milles par Banque Populaire V en 2009). Leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport s’est encore accrue, de 613 milles ce dimanche à 8h.

 

Quelle journée ! Entre samedi et dimanche matin, Sodebo Ultim 3 a signé la deuxième performance de tous les temps sur 24 heures, le trimaran ayant « avalé » 869,8 milles, à 36,2 nœuds de moyenne. Dans l’histoire du record des 24 heures, seul Banque Populaire V a fait mieux lors de son record de l’Atlantique Nord à l’été 2009, avec 908,2 milles (37,84 nœuds). Autant dire que si les « Sodeboys » continuent à ce rythme, ils pourraient accrocher un premier record à leur tableau de chasse.

 

 

Qui dit moyenne à 36 nœuds dit pointes à plus de 40, comme l’a expliqué samedi soir Thomas Rouxel, au moment où Sodebo Ultim 3 venait de passer sous l’île de Gough Island : « Depuis notre dernière manœuvre, nous n’avons pas été en-dessous de 35 nœuds, nous avons même fait une heure au-dessus de 40. Je n’avais jamais vécu ça avant, il n’y a que ces bateaux qui le permettent, dans des conditions particulières : là, on est à l’avant d’une dépression, ce qui nous permet d’avoir du vent fort et de la mer plate, c’est assez exceptionnel. »

 

Dans ces conditions, le pilote automatique est mis à contribution : « A ces vitesses et au reaching, vent de travers, le pilote barre mieux que le bonhomme ; surtout qu’à des moments, ne voyait pas à 50 mètres, poursuit le barreur/régleur de 38 ans. Nous, on s’occupe des réglages pour être au maximum de la performance du bateau : on se donne un angle de gîte idéal et on essaie de s’y tenir avec les réglages de l’écoute et du chariot de grand-voile. Si le vent mollit, on joue aussi sur les réglages du foc. »

 

A ces vitesses, la vie à bord est assez sport : « Ça bouge beaucoup, ça fait beaucoup de bruit, les mouvements du bateau sont assez violents, c’est compliqué de se déplacer, il faut tout le temps se tenir. Ce midi, j’ai préparé un petit plat de pâtes pour la collectivité, ça a été une petite aventure, j’ai réussi à ne pas me brûler ! » Malgré ça, les huit marins parviennent à trouver le sommeil : « Comme on est bien fatigués, on arrive à s’endormir et à dormir correctement, on a des bons matelas et des bons sacs de couchage », confirme Thomas Rouxel.

 

Qui garde quelques souvenirs bien arrosés du Grand Sud : « Les principaux, ce sont les grosses tempêtes, comme celle qu’on avait eue sur la dernière édition de la Volvo Ocean Race sur l’étape du Cap Horn (à bord de Dongfeng Team Race). Nous avions eu 35 nœuds de vent moyen et une houle de 10 mètres, ça donnait des images impressionnantes, surtout que sur les Volvo 65, tu es tout le temps dehors en train de barrer et de régler, tu es sous les vagues. » Ce qui est moins le cas sur Sodebo Ultim 3 : « Nous, on cherche de la mer plate et des vents de 20 nœuds ; d’après les prévisions du jour, ce sont des conditions qu’on devrait pourvoir garder quasiment jusqu’au Cap Leeuwin. »

 

Et Thomas Rouxel de conclure : « Faire le tour du monde sur un trimaran Ultim, c’est le rêve de tout marin ; ça va relativement vite, 40 jour en mer, dans un « confort » quand même très bon par rapport à un Volvo 65, où tu es tout le temps sous l’eau, ou même un Imoca qui est un bateau très dur. C’est le top, je suis content de revenir dans ces coins sur Sodebo Ultim 3, même si ça reste le Sud : on va avoir froid, on va être tout le temps mouillés parce que le taux d’humidité est de 100%, il y aura sans cesse de la condensation dans les bannettes, ça reste un confort relatif. »

 

SODEBO ULTIM 3 PLEIN POT : Plus de 400 nm d’avance !

Comme prévu par la cellule de routage, Sodebo Ultim 3, parvenu à se positionner à l’avant d’une dépression se décalant vers l’est, a débuté vendredi soir un long bord de vitesse qui va le mener jusqu’aux Kerguelen. Samedi matin, Thomas Coville et ses sept équipiers affichent une moyenne de 34 nœuds, ce qui leur a permis d’accroître leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport, de plus de 400 milles.

 

Jean-Luc Nélias avait résumé le programme du week-end vendredi dans son bulletin météo quotidien : « A partir de ce soir, la course de vitesse débute. » Et effectivement, depuis plusieurs heures, Sodebo Ultim 3, après en avoir terminé avec le contournement par l’ouest de l’anticyclone de Sainte-Hélène, a considérablement allongé la foulé. Ce samedi matin, sa moyenne sur les dernières 24 heures est de 34,2 nœuds et ce long bord de vitesse dans les 40e, bâbord amure à l’avant d’une dépression, va durer encore quelques jours, jusqu’aux Kerguelen. Auparavant, l’équipage aura basculé dans l’océan Indien au niveau du Cap des Aiguilles, point le plus méridional de l’Afrique du Sud situé après Bonne-Espérance, lundi matin, soit en 12 jours environ, l’objectif en partant d’Ouessant le 25 novembre.

 

 

En prévision du Grand Sud, le boat-captain François Duguet est confiant quant à la capacité de Sodebo Ultim 3 à encaisser ces journées à plein régime :« Je n’ai aucune appréhension, le bateau est prêt, l’équipage aussi, j’ai hâte d’y aller. » Chargé de veiller techniquement sur le trimaran, le marin de 39 ans n’a, de son propre aveu, pas eu grand-chose à faire de ce côté-là depuis le départ il y a un peu plus de 10 jours : « Les 4-5 premiers jours, je n’ai même pas ouvert la caisse à outils. Ensuite, on a profité de la traversée du Pot-au-noir pour faire quelques bricoles, mais c’était surtout du préventif et de la sécurité. » Ce qu’il regarde en priorité quand il fait un « check » du bateau ?

 

« D’abord tout ce qui est gréement : bôme, mât haubanage, ancrage. Après les bras de liaison, la structure en dessous pour voir s’il n’y a pas d’impact ; enfin les systèmes de transmission de barre et les safrans. En gros, tout ce qui n’est pas visible depuis la cellule de vie. »

 

A bord, celui qui confie être « toujours bien en mer », joue aussi, avec sa bonne humeur, les « ambianceurs », sans se forcer : « Je ne sais pas si je suis le boute-en-train de l’équipage, disons que je suis peut-être un peu plus expressif, que j’ai le verbe un peu plus haut que certains, même s’il y en a qui ne sont pas en reste. C’est important quand on part pour 40 jours, dans un espèce de huis clos, de garder une bonne ambiance pour que le moral reste haut, ça passe par des bons mots et des petits moments relax. »

 

Cette bonne ambiance est également alimentée par Thomas Coville qui donne la cadence à bord :

« Personnellement, c’est une découverte pour moi de partir aussi longtemps sur un record et de ne pas avoir de concurrent direct, poursuit François Duguet. Ce n’est pas facile, il faut parfois se faire un peu violence, se remotiver constamment, mais Thomas est là pour ça et il le fait très bien. Il nous rappelle à l’ordre, nous demande de rester focus sur les chiffres et les réglages. Sur un record, on se bat contre nous-mêmes, ça demande une concentration de tous les instants. »

 

APRÈS LES EMPANNAGES, LA DÉPRESSION ?

La journée de jeudi a été animée à bord de Sodebo Ultim 3 avec une succession d’empannages dans un couloir de vent de nord-ouest au large du Brésil. L’objectif de Thomas Coville et de ses sept équipiers, qui comptent vendredi matin 140 milles d’avance sur le tableau de marche d’Idec Sport, est de se placer à l’avant d’une dépression qui devrait les emmener jusqu’au Cap de Bonne-Espérance puis aux Kerguelen. 

 

 

La concentration était de mise jeudi pour l’équipage de Sodebo Ultim 3, conscient de vivre ce que Thomas Coville appelait « un moment un peu crucial » du tour du monde. L’enjeu était de réussir la transition entre les alizés de sud-est de l’Atlantique Sud et les mers du Sud, donc d’être au rendez-vous ce vendredi d’une dépression salvatrice à même d’emmener Sodebo Ultim 3 à vive allure vers l’Afrique du Sud et l’Océan Indien. Il a fallu enchaîner une dizaine d’empannages pour descendre en escalier dans un couloir de vent d’environ 300 milles de large, d’où une grosse dépense physique à bord.

 

« Ça va s’accélérer très fort à partir de vendredi soir, a expliqué jeudi Thomas Coville, lors du live hebdomadaire du jeudi à 18h30. On devrait être un peu en avance sur Idec Sport à Bonne-Espérance, qu’on pourrait franchir en 11 jours et 10 heures, et à peu près dans les mêmes temps que lui aux Kerguelen. Les 24-48 heures qui arrivent vont être décisives pour savoir si on peut véritablement accrocher cette fenêtre »

 

 

Autant dire que pour saisir cette opportunité d’attaquer les 40e à pleine vitesse, il faut beaucoup de concentration à la barre, spécialité de quelques marins à bord, dont François Morvan. Qui explique, à propos de la spécificité de barrer un trimaran volant : « Par rapport à un bateau archimédien, le fait que le foil vienne stabiliser l’assiette du bateau rajoute un paramètre au panel des sensations dont on a besoin pour barrer. »

 

Le Morbihannais de 37 ans, s’il a déjà bouclé un tour du monde (avec Spindrift 2 sur le Jules Verne), s’apprête à découvrir la navigation volante dans les 40e.

 

« Je n’ai pas d’appréhension, mais il faut quand même être prudent car on s’engage dans un endroit relativement hostile. Maintenant, une partie de l’équipage connaît bien ces mers, Thomas a quasiment passé la moitié de sa vie là-bas, on est bien entourés. »

 

Sur ce Jules Verne, François Morvan navigue pour la première fois au large avec son complice des « années cata », Matthieu Vandame, dont il dit : « C’est un roc, je ne l’ai jamais vu faiblir. Peu importe l’adversité, il est égal à lui-même. Ensemble, on a fait pas mal de petit cata, on a arrêté en 2011 en se lançant dans des projets séparés avec pas mal de réussite l’un et l’autre, puis nous avons refait un Tour de France ensemble en 2015 et on s’est de nouveau retrouvés l’année dernière sur SailGP et en Easy To Fly (catamarans volants dans les deux cas). C’est toujours un plaisir de naviguer avec lui, on a appris plein de choses chacun de notre côté, c’est très agréable de réunir ces compétences apprises ailleurs sur ce Jules Verne. » Et ça marche, puisque Sodebo Ultim 3 est toujours en avance sur le tableau de marche d’Idec Sport…

 

En réparation avant une nouvelle tentative

Vendredi dernier, après trois jours de mer sur leur première tentative de record autour du monde, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild avait choisi de faire demi-tour suite à des avaries consécutives à un choc avec un OFNI. Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont pu regagner leur port d’attache lorientais hier soir. Quelques heures plus tard, l’équipe technique était déjà à pied d’œuvre pour démonter et réparer les appendices endommagés afin de permettre aux marins du Gitana Team de repartir dans les plus brefs délais, dès qu’une fenêtre météo propice se présentera. Il n’y a en effet pas de temps à perdre car l’objectif de l’écurie aux cinq flèches demeure intact : s’élancer cet hiver à l’assaut du Trophée Jules Verne.

 

 

Un long détour pour le retour

Le Maxi Edmond de Rothschild a dû faire le grand tour par l’Ouest des Açores avant de pouvoir pointer ses étraves vers la Bretagne, comme l’annonçait Marcel van Triest dès la décision de retour prise vendredi dernier : « Il a fallu faire rapidement le choix pour ne pas perdre trop de temps lors de notre retour qui s’annonçait déjà assez long. Dans 48h, une dépression venant du Nord et s’étalant jusqu’au Nord de Madère, générant 6 à 7 mètres de mer et 50 à 60 nœuds de vent sur sa face Ouest va se mettre en travers de notre route. Ce phénomène va nous imposer un grand détour mais beaucoup plus safe pour le bateau. Notre objectif est de repartir très vite mais pour cela il faut s’avoir être conservateur avec le bateau et les hommes. ».

 

 

« Repartir plus forts ! »

Charles Caudrelier, qui partage la barre du Maxi Edmond de Rothschild avec Franck Cammas, nous confiait son sentiment ce midi, après une bonne nuit à terre : « L’état d’esprit est positif au sein de l’équipage. Nous avons tapé quelque chose, c’est malheureux mais ça fait partie de l’histoire de la course au large. Le point positif aussi est que le Maxi Edmond de Rothschild n’est pas très abîmé et que les réparations vont être relativement rapides. En mer nous avons noté une nette différence de performance après nos avaries et nous étions handicapés, dans ce sens, le choix a été plutôt simple. Le temps établi par l’équipage d’Idec est dur à aller chercher et le moindre handicap est un vrai problème pour espérer le battre. Cela a bien fait pencher la balance, d’autant que la météo à suivre ne nous paraissait pas excellente et que ça semble se confirmer. Le point très positif aussi de cette première tentative est l’expérience qu’elle nous a permis d’acquérir. Nous manquons toujours de navigations et cette semaine en mode course et convoyage a été très bénéfique car nous ne rencontrons pas des conditions aussi intenses en entraînement. Le bateau va repartir plus fiabilisé et l’équipage plus fort ! Nous avons cette immense opportunité de pouvoir retenter le record et aujourd’hui on pense particulièrement à nos copains du Vendée Globe qui, eux, n’ont pas cette possibilité. Nous mesurons notre chance, il faut être patient ! »

 

 

Une bonne semaine à quai

Les records de vitesse ont la particularité de pouvoir offrir une seconde chance aux équipages qui s’y attaquent ! Une opportunité que saisit aujourd’hui l’écurie armée par Ariane et Benjamin de Rothschild en revenant à sa base technique pour réparer et repartir avec un bateau à 100 % de son potentiel. Ce jeudi matin, l’ensemble de l’équipe technique était mobilisé pour démonter les pièces qui devaient l’être. Selon les premiers diagnostics, le dernier-né des Gitana devrait être immobilisé une bonne semaine avant de pouvoir retourner sur l’eau pour une navigation de remise en route : « Nous travaillons sur les réparations à apporter depuis que le bateau a fait demi-tour. Donc ce matin, tout le monde savait ce qu’il avait à faire et les démontages et checks habituels de la structure ont pu démarrer très vite. Les jobs listes sont claires mais il y a des temps de réparation incompressibles si nous voulons bien faire les choses ; des temps de collage et de séchage sur le foil notamment », précisait le directeur technique, Pierre Tissier.

Dès à présent, parallèlement aux travaux engagés par l’équipe technique, la cellule météo du Gitana Team a repris ses observations de fenêtre. Car une fois le Maxi Edmond de Rothschild réparé, il faudra à nouveau attendre et saisir le bon créneau météo pour s’attaquer aux 40 jours 23 heures et 30 minutes du Trophée Jules Verne ; le temps établi par Francis Joyon et ses hommes en 2017.

 

 

Rappel des faits et des avaries

25 novembre 3h26 – La décision de passer en code vert pour partir est effective la veille peu avant 21h. À Lorient, tout s’enchaîne très rapidement et déjà le dernier-né des Gitana fait route à plus de 40 nœuds vers la ligne et l’île d’Ouessant. L’équipage du Maxi Edmond de Rothschild souhaite profiter d’un passage de front et d’un flux de nord-ouest pour s’élancer sur le Trophée Jules Verne. Il est 3h26 très précisément quand le duo Cammas-Caudrelier et ses hommes enclenchent le chrono et laissent le phare du Créac’h dans le sillage de leur géant volant de 32 mètres.

26 novembre 15h – Jeudi après-midi alors qu’il glissait au portant à plus de 30 nœuds entre les Açores et Madère, le Maxi Edmond de Rothschild percute un OFNI (Objet Flottant Non Identifié). Le choc est violent et ralentit tout de suite le géant de 32 mètres. L’équipage de Franck Cammas et Charles Caudrelier prévient son équipe à terre et démarre les investigations. L’impact, qui est survenu au niveau du safran de flotteur bâbord et plus précisément de son élévateur, a entraîné la casse d’une pièce du système de barre. David Boileau reprend immédiatement sa casquette de boat captain et réalise rapidement la réparation. Après 1h à plus faible allure, le dernier-né des Gitana reprend la route de son record à hautes vitesses. Visuellement la pelle de safran n’est pas abîmée mais l’appendice se révèle dur à manipuler ce qui peut laisser présager un endommagement du système de montée et descente de ce safran bâbord. Pour autant, le contrôle est impossible car la zone située à l’extrémité du flotteur est trop exposée et trop dangereuse pour s’y aventurer. Le Maxi Edmond de Rothschild poursuit sa route vers l’équateur.

27 novembre 10h – Pour ajuster leur trajectoire vers l’équateur, les hommes de Gitana effectuent plusieurs empannages. Lors du deuxième, réalisée dans la matinée, et alors qu’ils naviguent désormais bâbord amure, le quart sur le pont constate que le foil bâbord est également endommagé et les traces que l’équipage découvre ne laissent pas de place aux doutes ; elles sont consécutives à un choc, probablement celui survenu hier après-midi.

27 novembre 22h – Malgré la motivation du bord à aller de l’avant, les échanges sont fournis tout au long de la journée avec Cyril Dardashti, le patron de l’équipe, Pierre Tissier, le directeur technique et Sébastien Sainson, responsable du bureau d’études. Ensemble, ils concluent que l’appendice est réparable en mer mais que l’équipage ne pourra plus l’utiliser au maximum de son potentiel même après réparation. Après consultation de leur routeur météo, Marcel van Triest, et compte tenu de la position du Maxi Edmond de Rothschild, à savoir à moins de 2 000 milles du départ, la décision est prise de faire demi-tour pour rentrer à Lorient afin de réparer et de se remettre en stand-by au plus vite.

2 décembre 20h30 – Cinq jours après avoir interrompu leur tentative de record, les six marins du Maxi Edmond de Rothschild sont de retour à Lorient, accueillis par les membres du Gitana Team prêts à prendre le relais.

CAP VERS BONNE-ESPÉRANCE

Après un long bord bâbord amure de quelques jours qui a commencé à la sortie du Pot-au-noir, Sodebo Ultim 3 a empanné mercredi soir au large de Rio de Janeiro pour mettre le cap vers le sud de l’Afrique du Sud qu’il devrait atteindre en un peu moins de 12 jours. Flashé jeudi matin à 33 nœuds avec 162 milles d’avance sur le tableau de marche d’Idec, le trimaran devrait bénéficier à partir de vendredi d’un renforcement du vent pour se retrouver rapidement plongé dans l’ambiance du Grand Sud. 

 

La fin de l’été brésilien se profile pour l’équipage de Sodebo Ultim 3 qui ne devrait pas tarder à changer d’ambiance, puisque d’après la cellule de routage, il sera dès samedi dans les quarantièmes, à l’avant d’une dépression qui devrait le mener rapidement vers l’entrée de l’océan Indien, matéralisée par le Cap des Aiguilles. « Il fait un peu plus frais depuis quelques heures, on sent qu’on plonge dans le Sud et que dans quelques jours, on va remettre les polaires, les bottes, les sous-couches et rentrer dans le vif du sujet de ce tour du monde qu’est le Grand Sud », confirme Martin Keruzoré, le media man, qui, sur ce Trophée Jules Verne, aide aussi l’équipage pour les manœuvres.

 

Hors quart, le Breton de 30 ans a dû trouver son rythme pour se fondre dans ce double rôle :

« Je ne suis pas géré par la montre comme les autres qui font des quarts depuis le début. J’ai donc pris le parti de vivre avec le soleil pour passer le maximum de temps sur le pont, ne pas rater les temps d’échanges entre les gars, les lumières rasantes du matin et du soir, j’essaie juste de faire une petite sieste dans la journée. Et les manœuvres viennent modifier ma routine : je me lève la nuit s’il y a besoin d’assister les gars et de tourner les manivelles. Au bout de quelques jours, j’ai compris à quels moments je devais être présent pour les aider et ceux où je pouvais prendre du recul pour les filmer. »

 

 

Témoin privilégié de la vie de l’équipage, Martin Keruzoré se réjouit de l’ambiance qui règne à bord : « Le groupe est vraiment soudé. Tout le temps que nous avons passé ensemble depuis le début de l’année a été bénéfique. Il n’y a pas de surprises parce qu’on se connaît tous. On est vraiment heureux d’être là, ce n’est que du bonheur, j’espère que ça se voit à terre, on a tous des personnalités différentes, mais ça fait une super entité. » Une entité menée de main de maître par Thomas Coville, qui, d’après le media man, « joue parfaitement bien son rôle de chef d’équipe, il est toujours là pour écouter les gars, pour les mettre en confiance, c’est super positif pour la suite et notamment pour le Sud que certains ne connaissent pas. »

 

Et le skipper de Sodebo Ultim 3 est souvent là pour partager les repas, moments de convivialité appréciés par tous. « On mange des pâtes deux fois par semaine, c’est Thomas Rouxel qui s’en charge, c’est le professionnel de la cuisson. On se retrouve alors tous autour de la cuisine qui est bien placée pour la vie à bord, assez centrale, ce sont des moments sympas », ajoute Martin Keruzoré. Qui, en plus de ses rôles de media man et de régleur, est le préposé, avec Thomas Rouxel, à l’avitaillement :

« Je monte tous les jours les sacs de repas lyophilisés stockés dans la coque centrale, ça me permet aussi de voir ce qui a été consommé la veille, de faire un inventaire pour qu’on ait de quoi tenir 40 jours. »

 

UN PEU DE CALME AVANT LE GRAND SUD

Parti il y a maintenant une semaine, Sodebo Ultim 3, qui a déjà parcouru 3700 milles (6860 kilomètres), poursuit sa descente de l’Atlantique Sud le long des côtes brésiliennes, avec de nouveau de bonnes moyennes (28 nœuds lors des 24 dernières heures). Ce qui a permis à l’équipage mené par Thomas Coville d’accroître son avance sur le tableau de marche d’Idec Sport (155 milles à 6h mercredi).

 

Depuis mardi matin, Sodebo Ultim 3 longe les côtes du Brésil dans un régime d’alizés de sud-est plutôt agréable, comme l’explique Sam Goodchild, l’un des huit équipiers de l’Ultim :

« C’est plutôt calme, la mer est assez plate, le vent pas trop fort, même pas assez de temps en temps, mais on arrive quand même à garder des vitesses entre 20 et 30 nœuds. C’est un bon moment pour se reposer parce qu’il n’y a pas trop de changements de voiles et de conditions, c’est aussi l’occasion de « checker » le bateau avait d’aller dans les mers du Sud, où il fera plus froid et où on trouvera plus de vent et de mer. »

 

Le Brésil rappelle d’ailleurs de bons souvenirs au seul Britannique du bord, qui a fêté ses 31 ans quelques jours avant le départ :

« Il y a un an pile, j’étais à peu près au même endroit pour l’arrivée de la Transat Jacques Vabre, nous avions terminé deuxièmes avec Fabien Delahaye en Class40. Et juste avant Salvador de Bahia, nous avions été doublés par Sodebo Ultim 3, qui disputait la Brest Atlantiques. C’est un super souvenir et c’est chouette de revenir le long du Brésil un an plus tard avec ce beau bateau et un super équipage. »

 

 

 

A bord de Sodebo Ultim 3, les quarts s’enchaînent pour les sept équipiers (Thomas Coville est hors quart) :

« On fait chacun une heure de stand-by, deux heures sur le pont, puis une autre heure de stand-by, avant d’aller deux heures au lit, poursuit Sam Goodchild. Il n’y a jamais de changement de quart complet, une personne change toutes les heures. Cela permet d’avoir toujours sur le pont quelqu’un qui a suivi ce qui s’est passé depuis une heure, mais aussi de tous se croiser au moins une fois dans la journée, c’est sympa. »

 

Ces conditions d’alizés vont continuer dans la journée de mercredi, avant un prochain changement de système météo assez incertain si l’on en croit l’Anglais :

« La transition entre les alizés et les mers du Sud risque d’être un peu compliquée, mais ça a l’air de pouvoir bien se passer. On va en tout cas tout donner pour négocier cette transition efficacement et rapidement avant de se retrouver dans les mers du Sud où les conditions seront plus dures et où il faudra faire plus attention, parce qu’on sera loin de tout. »

 

JOUR 6 : LE BRÉSIL À TRIBORD !

Au lendemain du passage de l’équateur, Sodebo Ultim 3 navigue mardi matin au large de la pointe nord-est du Brésil, à la hauteur de Natal. Thomas Coville et ses sept équipiers ont réussi à accroître un peu leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport (environ 70 milles), détenteur du Trophée Jules Verne.

 

Le passage de l’équateur, lundi à 12h45 après 5 jours 9 heures et 50 minutes de mer, aura été accueilli avec soulagement par l’équipage après un Pot-au-noir complexe. Mais aussi avec un peu d’émotion pour le « bizuth » du bord, Corentin Horeau, pour qui c’était une première.

 

« J’aurais pu le passer une première fois sur la Transat Jacques Vabre en 2015 avec Nicolas Troussel en Class40, mais nous avions abandonné, ce qui nous avait privés d’équateur. Ce n’était donc que partie remise. Maintenant, après cette première, j’ai hâte de passer les autres échéances du tour du monde, et notamment les fameux caps, Bonne-Espérance, Leeuwin, et le Cap Horn. »

 

 

Le programme du jour à bord de Sodebo Ultim 3, qui progresse à environ 20 nœuds de vitesse moyenne depuis la sortie du Pot-au-noir dans un alizé modéré de sud-est ? « Descendre le plus vite possible vers le sud le long du Brésil, puis négocier au mieux le passage de l’anticyclone pour faire un temps pas mal au Cap des Aiguilles (le point le plus méridional de l’Afrique du Sud, qui marque l’entrée dans l’Océan Indien) », répond le marin de La Trinité-sur-Mer.

 

Qui se réjouit de la « super ambiance » à bord, essentielle pour que tout le monde soit focalisé sur la performance :

« On a désormais trouvé notre rythme, on sent que tout le monde est plus à l’aise sur ses quarts ; la nuit dernière (de dimanche à lundi), nous étions tous un peu KO parce que nous avions pas mal bossé dans le Pot-au-noir, ce n’est en plus pas évident de dormir la journée, il fait très chaud à l’intérieur. Mais tout va bien, nous n’avons pas de grosse casse, juste un peu de bricolage, et dans ce cas, on a notre McGyver (le boat-captain François Duguet), qui, dès qu’il y a un peu de moins de vent, sort la caisse à outils. »

 

Le prochain objectif météo, après la descente des côtes brésiliennes, va être le contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène, situé au milieu de l’Atlantique Sud, avant le Grand Sud d’ici quelques jours. « Quand on n’y a jamais été, il y a forcément de l’appréhension, on se pose plein de questions, c’est normal. On va voir à quoi ça va ressembler, j’ai hâte. En tout cas, je suis à fond ! », sourit Corentin Horeau.