Les premières réactions de l’équipage sur la fin de tentative de Trophée Jules Verne

Parti de Ouessant le 10 janvier dernier, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild met fin ce vendredi 22 janvier à sa tentative de record sur le Trophée Jules Verne après douze jours de mer intenses et riches en enseignements. C’est avec beaucoup de déception et forcément quelques regrets que ce tour du monde s’achève. Une déception légitime tant les efforts fournis par les six marins sur cette première partie de parcours planétaire méritaient bien plus, et des regrets car Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont prouvé sur cette magnifique descente de l’Atlantique qu’ils étaient parfaitement dans le bon tempo. D’autant que les prévisions météorologiques des prochains jours leur souriaient… L’histoire ne s’écrira malheureusement pas cette année, mais cette expérience est loin d’être finie comme le laissait penser Charles Caudrelier, l’un des co-skippers du géant de 32 mètres.

 

 

Abandon du Maxi Edmond de Rothschild sur le Trophée Jules Verne

Alors qu’ils naviguaient dans l’océan Indien depuis hier après-midi, après leur passage à la longitude du cap des Aiguilles, et qu’ils pointaient à 12h par 48°28 Sud avec plus de 860 milles d’avance sur le temps du record, les hommes du Gitana Team ont informé leur équipe à terre d’une avarie sur le safran de flotteur tribord du géant. Après une inspection complète, réalisée par David Boileau, le boat-captain du bord, l’annonce est tombée. La mèche de l’appendice est sérieusement endommagée, ce qui ne permet plus d’utiliser le safran sur cette amure. Cette avarie, que les six marins ne peuvent en aucun cas réparer en haute mer car elle nécessiterait de remplacer totalement la pièce, oblige l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild à interrompre sa tentative de record sur le Trophée Jules Verne. Il n’est en effet pas envisageable que Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers s’engagent dans les mers du Sud avec un bateau qui n’est plus à 100 % de son potentiel. La déception est immense, tant dans les quarantièmes qu’à Lorient, au cœur de la base technique, mais l’important est désormais que l’équipage rejoigne des latitudes plus hospitalières.

 

 

Joint par Cyril Dardashti, le directeur de l’écurie Gitana, Charles Caudrelier, qui partage la barre du Maxi Edmond de Rothschild avec Franck Cammas, livrait ses premiers mots :

« Tout allait bien à bord. Nous sortions d’une nuit difficile, avec beaucoup de mer et un vent très instable, mais c’était mieux depuis notre empannage. Franck venait de passer la barre à Morgan et quelques minutes plus tard, il a eu des sensations bizarres et de plus en plus de vibrations à la barre. On a constaté que le safran sous le vent, notre safran tribord, bougeait énormément en latéral. Nous avons arrêté le bateau pour que David puisse aller voir à l’arrière du flotteur. Il a malheureusement constaté rapidement que la mèche du safran était très endommagée.

Il n’y a pas eu de choc particulier avant ce constat et même si les casses font partie de l’histoire de notre sport mécanique, il va falloir comprendre ce qui a pu se produire. Nous ne pouvons pas réparer une telle avarie en mer et nous ne pouvons plus utiliser notre safran. Nous l’avons remonté et désormais nous naviguons en bâbord sans safran. La situation est safe mais nous ne pouvons pas aller vite. L’équipe à terre et Marcel van Triest regardent nos options pour la suite mais c’est certain que les contraintes sanitaires actuelles liées à la pandémie compliquent les choses. Nous avons fait demi-tour, nous sommes en route vers Cape Town, distant d’environ deux jours de mer. D’ici là nous déciderons si nous faisons un stop technique en Afrique du Sud ou si nous remontons directement en Bretagne par nos propres moyens.   

La déception est énorme pour tous ! Nous sommes tellement désolés de nous arrêter là car nous voulions ramener ce Trophée Jules Verne… pour Benjamin de Rothschild, Ariane de Rothschild et toute notre équipe.   

Nous avons vécu 12 jours fabuleux à bord avec un équipage incroyable et le Maxi Edmond de Rothschild confirme vraiment qu’il est un bateau exceptionnel. »

Avarie de safran de flotteur à bord du Maxi Edmond de Rothschild

Alors qu’ils naviguent dans l’océan Indien depuis hier après-midi, après leur passage à la longitude du cap des Aiguilles, et qu’ils pointaient à 12h par 48°28 Sud avec plus de 860 milles d’avance sur le temps du record, les hommes du Gitana Team ont informé leur équipe à terre qu’ils rencontraient des problèmes avec leur safran de flotteur tribord, le safran sous le vent et donc en appui. L’équipage, qui a réduit son allure, procède actuellement à une inspection complète de l’appendice et de ses systèmes en liaison avec ses experts à terre. Plus d’informations vous seront communiquées dans les prochaines heures.

 

Plongée vers le Sud

Depuis leurs passages successifs hier du cap de Bonne-Espérance à 12h37 puis quatre heures plus tard du cap des Aiguilles, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild naviguent dans l’océan Indien. Les six marins doivent composer avec des conditions de navigation décrites comme difficiles par le bord. Vent fort et instable en force, mer courte et croisée, le chemin du sud n’a rien d’une promenade de santé. D’autant que cette plongée vers les latitudes australes s’accompagne d’une baisse significative des températures. Au pointage de 7h, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers pointaient par 48°28 Sud et possédaient 887 milles d’avance sur Idec Sport.

 

 

Dans le vif du sujet 

Le contraste est saisissant à bord du maxi-trimaran volant aux cinq flèches. Aucun doute, l’équipage, désormais le plus rapide sur la descente de l’Atlantique, a changé de mode de navigation depuis son entrée dans l’océan Indien, comme le décrivait Yann Riou, joint au lever du jour : « La nuit n’a pas été très agréable. Le vent est particulièrement instable en force et c’est très difficile dans ces conditions de faire avancer le Maxi correctement et à allure constante. Nous faisons de notre mieux en nous relayant pas mal à la barre mais ce n’est pas toujours évident. La mer est vraiment mauvaise, pas grosse mais courte et croisée, ce qui nous oblige à barrer car le pilote automatique est perdu dans ce genre de mer. Ces conditions sollicitent bien les hommes mais le bateau aussi. »

 

D’autant que naviguant désormais proche des 50° de latitude Sud, l’ambiance s’est clairement rafraîchie sur le pont et sous la casquette du Maxi Edmond de Rothschild. « D’un quart à l’autre nous sentons vraiment la différence. Nous faisons cap au sud-est depuis notre passage à la pointe de l’Afrique du Sud et entre hier et aujourd’hui, ça n’a rien à voir. Il fait froid depuis cette nuit et nous devons à nouveau nous équiper en conséquence avant de prendre notre quart sur le pont. Nous y sommes, c’est le Grand Sud ! » confiait l’équipier média.

 

Pour aborder cette nouvelle journée de tentative sur le Trophée Jules Verne, les marins du Gitana Team conservent plus de 887 milles de crédit sur leur adversaire virtuel.

Meilleur chrono de tous les temps à la pointe sud-africaine, en hommage à Benjamin de Rothschild

En laissant dans son sillage la longitude du cap des Aiguilles, ce jeudi 21 janvier à 16h37’53’’, le Maxi Edmond de Rothschild fait officiellement son entrée dans l’océan Indien. Après 11 jours 14 heures et 3 minutes de mer, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers attaquent les mers du Sud avec plus de 1 jour 7 heures et 19 minutes d’avance sur Francis Joyon et les hommes de Idec Sport. Ils deviennent ainsi les marins les plus rapides de l’histoire sur cette descente de l’Atlantique ; un temps canon qu’ils dédiaient naturellement au baron Benjamin de Rothschild, disparu quelques jours auparavant.

 

 

Deux caps et deux nouveaux temps de référence 

Cette douzième journée de mer aura permis au Maxi Edmond de Rothschild d’ouvrir le tableau de chasse de son Trophée Jules Verne. Partis de Ouessant le 10 janvier à 2h33’46’’, les six marins franchissaient la longitude du cap de Bonne-Espérance ce jeudi midi, à 12h27’46’’ après 11 jours 9 heures et 53 minutes de mer. Ils amélioraient ainsi de 11 heures et 55 minutes le chrono établi par l’équipage de Banque Populaire en 2012 sur le Trophée Jules Verne. A noter aussi, que jusqu’à ce 21 janvier, le chrono absolu sur ce tronçon était détenu par un solitaire en 11 jours 20 heures et 10 minutes. Il s’agissait de François Gabart qui, en 2017, signait une performance ahurissante à la pointe de l’Afrique du Sud.

 

Quatre heures plus tard, à 16h37’53’’, Franck Cammas, Charles Caudrelier, David Boileau, Erwan Israël, Yann Riou et Morgan Lagravière réitéraient au cap des Aiguilles et basculaient dans l’océan Indien, toujours avec le meilleur temps de référence mais surtout avec 1 jour 7 heures et 19 minutes d’avance sur l’actuel détenteur du Trophée Jules Verne.

 

« Moins de 11 jours 10 heures pour aller à Bonne Espérance c’est quand même bien, ça veut dire que la fenêtre était bonne, on a bien fait de la prendre ! Après on a toujours l’impression d’avoir perdu du temps sur le chemin, notamment dans le Pot-au-Noir, mais bon, on est content d’être là et à ces vitesses-là. Maintenant on attaque la partie difficile, » confiait Franck Cammas à la caméra de Yann Riou.

 

 

Dans le grand bain du tour de l’Antarctique  

Le Maxi Edmond de Rothschild vit les premiers milles de sa carrière dans les mers australes, tout comme David Boileau et Morgan Lagravière qui débutent leur première traversée de l’Indien. Mais l’équipage le sait bien, c’est ici que les choses sérieuses commencent ! Tout d’abord, parce que sur cette longue portion du parcours dans les mers du Sud, Francis Joyon et son équipage ont été magistraux et ont clairement fait la différence grâce à une trajectoire proche de la perfection ; 5 jours 21 heures pour dévaler l’Indien puis 7 jours 21 heures pour saluer le cap Horn… Mais aussi parce que les hommes du Gitana Team plongent vers des latitudes où il n’est jamais anodin de naviguer. « C’est un beau premier temps puisque c’est le record absolu sur ce parcours entre Ouessant et la pointe de l’Afrique du sud. Même si c’est un record qui ne compte pas beaucoup, il est important pour nous parce qu’il nous permet de franchir ce passage avec presque 1 jour et demi d’avance sur le record du Trophée Jules Verne détenu par Francis Joyon et c’est l’objectif qu’on s’était fixé. Puisqu’ensuite Francis a eu des mers du Sud complètement dingues et on a très peu de chance de trouver ça. Et d’ailleurs nous n’aurons pas un océan Indien aussi rapide donc nous sommes ravis d’avoir cette marge-là qui est à peine suffisante pour rester devant lui ou avec lui à la sortie je pense. Donc notre premier objectif n’est pas trop mal réussi ! Et le bateau est en parfait état, et ça c’est l’essentiel ! » concluait Charles Caudrelier.

 

En hommage à Benjamin de Rothschild, notre armateur disparu

Depuis vendredi dernier, le Gitana Team, l’écurie de course au large qu’il a fondée avec son épouse Ariane de Rothschild en 2000, est endeuillé par la disparition de son armateur. À notre manière, depuis le large qu’il aimait tant, nous avons souhaité lui rendre un dernier hommage. Ces nouveaux temps de référence, les meilleurs chronos de tous les temps sur cette partie du parcours, nous voulions les lui dédier et les offrir à Ariane de Rothschild et à leurs quatre filles en son honneur.

 

« Le sillage du Maxi Edmond de Rothschild marquera l’histoire des bateaux volants et de la course au large. Nous ne remercierons jamais assez Benjamin de Rothschild de nous avoir embarqué dans cette aventure incroyable et d’avoir cru en ce projet et en notre équipe pour le concrétiser. Il a su transformer son héritage avec audace et passion. Nous mesurons chaque jour notre chance d’en faire partie et d’écrire de nouvelles pages dans cette lignée unique au monde », déclarait Cyril Dardashti, le directeur du Gitana.

Ouessant – Bonne Espérance, un nouveau temps de référence au tableau de chasse du Maxi Edmond de Rothschild

Parti de Ouessant le 10 janvier à 2h33’46’’, le Maxi Edmond de Rothschild a franchi la longitude du cap de Bonne-Espérance le 21 janvier à 12h27’46’’ après 11 jours 9 heures et 53 minutes de mer. Franck Cammas, Charles Caudrelier, David Boileau, Erwan Israël, Yann Riou et Morgan Lagravière s’adjugent le nouveau de temps de référence sur la descente de l’Atlantique en améliorant non seulement le chrono en équipage, celui de Banque Populaire établi en 2012 sur le Trophée Jules Verne, en 11 jours 21 heures 48 minutes (11 heures et 55 minutes de mieux) mais aussi celui de Francois Gabart en solitaire. Le skipper de Macif détenait jusqu’à ce midi, le record absolu sur ce tronçon en 11 jours 20 heures et 10 minutes.

 

 

Un autre cap attend l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild, celui des Aiguilles, dans quelques milles. Cette référence moins connue est pourtant toute aussi importante car c’est seulement à sa longitude que démarre l’océan Indien et le record de ce dernier est homologué par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council).

Premier grand cap dans la journée

Toute la nuit, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a dû composer avec des conditions instables pour faire progresser le géant de 32 mètres vers les portes de l’océan Indien. Dans une mer courte, où le bateau accélère et décélère dans chaque vague, le pilotage de nuit n’est pas des plus aisés, d’autant que le vent faiblissant n’a pas manqué de conserver quelques belles rafales pour corser l’affaire. Il fallait être aux écoutes cette nuit sous la casquette du maxi-trimaran volant bleu. Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont été chercher un point de pivot vers le Nord avant d’empanner, sur les coups de 5 heures, et de repiquer vers le Sud et les quarantièmes. Malgré du terrain concédé à leur adversaire virtuel ces dernières heures, au pointage de 8h, les hommes du Gitana Team conservent 821 milles d’avance sur le détenteur du record ; une belle marge pour franchir le premier grand cap de ce tour du monde à la voile.

 

 

Un premier temps aux Aiguilles ? 

En fin de semaine dernière, le temps à l’équateur leur avait largement filé entre les mains après un passage de Pot-au-Noir des plus coriaces, qui avait retenu le dernier-né des Gitana plus de 24 heures entre ses griffes. Ce jeudi, le duo Cammas-Caudrelier et leurs équipiers pourraient bien signer un premier chrono entre Ouessant et le cap des Aiguilles – quelques milles plus à l’Est que le cap de Bonne-Espérance – même s’il ne s’agirait pas d’un record homologué par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council).
À la conquête du Trophée Jules Verne, c’est pour l’heure l’équipage de Banque Populaire V, mené par Loick Peyron, en 2012, qui s’est montré le plus rapide sur ce tronçon en parcourant les 6 160 milles théoriques en 11 j 23h 50 min. Mais c’est un solitaire, en la personne de François Gabart, lors de son Saint-Exupéry en 2017, qui détient le record absolu sur cette première partie du parcours planétaire. Le skipper de Macif avait passé la pointe sud-africaine après 11 j 22 h 20 min. Pour mémoire, les six marins du Maxi Edmond de Rothschild ont franchi la ligne de départ de leur tentative sur le Trophée Jules Verne le 10 janvier dernier à 2h33’46’’.

 

Actuellement à 200 milles dans l’ouest de la longitude 20° Est, celle du cap des Aiguilles, lancé à plus de 35 nœuds au dernier pointage, Gitana 17 devrait basculer dans l’Océan Indien en début d’après-midi.

À 500 milles de l’Indien

Les hommes du Maxi Edmond de Rothschild s’apprêtent à quitter les eaux familières de l’océan Atlantique pour dévaler celles moins hospitalières de l’océan Indien. Demain, à la mi-journée, Franck Cammas, Charles Caudrelier, David Boileau, Erwan Israël, Morgan Lagravière et Yann Riou devraient en effet franchir la longitude du cap des Aiguilles, qui marque l’entrée dans les mers australes. Si les hommes du Gitana Team maintiennent le rythme qu’ils impriment depuis plus de trois jours, c’est avec un beau chronomètre à la clé qu’ils concluront ce tronçon de près de 6200 milles (soit environ 10 000 km).

 

 

Il ne faut pas toujours se fier aux apparences… Malgré les vitesses moyennes de plus de 33 nœuds qu’affiche le maxi-trimaran volant sur les dernières 24 heures, les six marins du bord s’emploient à ralentir au mieux le géant qui ne demanderait pourtant qu’à accélérer. Dans un vent compris entre 30 et 35 nœuds, avec des rafales à plus de 45 nœuds qui viennent claquer dans les voiles, et par une mer courte et croisée, l’heure n’est pas aux excès de vitesse mais bien au dosage et à la préservation du matériel. « Nous cherchons les freins depuis quelques heures », nous confiait même Charles Caudrelier.

 

Après dix jours et demi de mer, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild profitait à 16h d’une belle avance sur la trace de son adversaire virtuel, plus de 950 milles. Mais à observer la carte de plus près, c’est dans les prochaines heures que Francis Joyon et ses hommes, les actuels détenteurs du trophée Jules Verne, débuteront leur incroyable chevauchée en ligne droite vers le Pacifique ; une trajectoire limpide et implacable qui avait permis un record de haut vol dans l’Indien. Autant dire que le match ne fait que commencer.

 

Les Maxi-sons du Large, un podcast du Gitana Team

À l’affût dans le raffut, Yann Riou, régleur et équipier média, tend le micro à ses partenaires de navigation extrême sur le Trophée Jules Verne. Une belle invitation sonore à partager le quotidien hors normes des six marins engagés dans la chasse au record de vitesse autour des mers du globe.

 

La saison 1 de notre podcast, consacrée à la descente de l’Atlantique qui constitue le premier quart du parcours planétaire en temps, se conclut avec ce 3e épisode. Les hommes du Maxi Edmond de Rothschild sont aux portes du Grand Sud. Demain, jeudi 21 janvier, avec le franchissement de la longitude du cap des Aiguilles à la pointe sud-africaine, les six marins et leur maxi-trimaran volant basculeront dans l’océan Indien.

 

À quelques heures de cette grande première pour lui, David Boileau, boat captain et équipier, nous fait partager un moment de vie dans les quarantièmes rugissants. Dans une mer formée, où le géant de 32 mètres part en surf ou à l’inverse vient buter dans les vagues qui se dressent devant ses étraves, les simples gestes du quotidien réclament une attention de tous les instants. Car dans une machine de carbone lancée à plus de 30 nœuds en permanence et pensée avant toute chose pour la performance et non pour le confort de navigation, la chute, le vol plané ou pire la blessure ne sont jamais loin.

 

 

David Boileau, le 20 janvier 2021, dans les quarantièmes

« Là c’est magnifique autour de nous ! Un ciel bleu, du soleil et des reflets dans la mer bleu clair je dirais. Il y a beaucoup de mer, du vent et le bateau glisse à 30 – 35 nœuds.  C’est super joli ! Mais effectivement au-delà de la carte postale ce n’est pas toujours super confortable à bord. Avec la mer là, ça a tendance à s’arrêter brutalement dans les vagues, il faut bien se tenir à l’intérieur du Maxi et surtout être prudent quand on se déplace pour ne pas se laisser surprendre. Ce matin par exemple, je me suis coupé le doigt alors que j’étais au niveau de la cuisine, en bas dans la coque centrale, en m’accrochant pour ne pas tomber. Je me suis accroché sur une vis.

 

D’ailleurs, quand on cuisine, pour éviter de se faire éjecter, nous avons une sangle que nous passons autour de notre taille. Mais ce matin lors de mon incident je n’étais pas en cuisine, juste de passage dans cette zone en sortant de mon quart de repos à l’arrière dans les bannettes qui se situent sous le cockpit. Niveau sonore, oui c’est toujours très bruyant. On entend l’eau qui glisse le long des coques ou tape contre et puis le sifflement des appendices. Mais ce bruit est un bon repère et nous permet justement pas mal d’anticiper les mouvements du bateau. Aux vibrations de la coque, on sent l’accélération et on imag ine la décélération qui va suivre inévitablement derrière. À ce moment-là, tout le monde s’accroche à ce qu’il a sous la main pour amortir le planté ! Le bateau est également bien sollicité, dans une mer assez courte, depuis trois jours. Nous y sommes très attentifs et nous faisons ce qu’il faut en termes de vitesse pour préserver au maximum le matériel. »

Sur le dos de la dépression

Vagues courtes et flux de nord-ouest de plus de 30 nœuds, il n’y pas de doute ce matin, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild est bien entré dans le vif du sujet des quarantièmes. Malgré ces conditions musclées, qui ne facilitent pas le passage du géant dans la mer, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs équipiers sont parvenus à maintenir des vitesses élevées toute la nuit. Cette cadence soutenue, mais parfaitement dosée pour préserver le matériel, leur permet d’augmenter significativement leur avance sur Idec Sport en 24 heures. Au pointage de 8h, le dernier-né des Gitana filait vers Bonne-Espérance et l’entrée de l’océan Indien, 952,4 milles devant les étraves de leur adversaire virtuel.

 

 

Depuis plus de 48 heures, et sa connexion millimétrée avec le train de dépressions australes, le Maxi Edmond de Rothschild a pu allonger la foulée et démontrer une partie de la puissance de sa cylindrée. Des vitesses certes grisantes mais qui n’ont rien enlevé au pragmatisme et à la lucidité des deux skippers, tandis que plus de 16 000 milles restent encore à parcourir : « Nous n’en sommes qu’au début de ce tour du monde. Sur le tronçon entre Rio et Bonne Espérance, les conditions étaient bien sûr propices à un record des 24 heures mais il ne faut pas se tromper d’objectif. Les navigations à hautes vitesses sollicitent déjà bien le matériel et les systèmes mais celles à très hautes vitesses sont un risque supplémentaire qu’il n’est pas utile de prendre à ce stade de notre Trophée Jules Verne », rappelait Franck Cammas.

 

Hier, dans les derniers messages du soir entre le bord et leur routeur Marcel van Triest, l’heure était aux configurations de voiles pour la nuit et à la mise à jour des prévisions météo : « Dans la nuit et les heures suivantes, le vent pourrait forcir pas mal avec notamment de possibles rafales au-delà des 40 – 45 nœuds. Il faut garder cela en tête pour rester dans une configuration prudente en termes de voile d’avant.»

 

Avec un passage du cap des Aiguilles prévu pour la journée de demain, jeudi 21 janvier, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild impose son rythme et prouve qu’il est parfaitement dans le bon tempo. En effet, selon l’heure exacte de franchissement de la pointe sud-africaine, les six marins pourraient bien s’offrir le premier chrono de leur record autour du monde. D’ici là, une nouvelle journée de navigation musclée et humide les attend dans les quarantièmes rugissants.

À grandes enjambées vers Bonne-Espérance

Dans un timing parfait et à la barre d’un géant à 100 % de son potentiel, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a débuté dimanche soir, après sept jours de mer, la traversée de l’Atlantique Sud en direction de Bonne-Espérance, le premier des trois grands caps du Trophée Jules Verne. Depuis que le maxi-trimaran volant a laissé les côtes brésiliennes dans son sillage, les milles défilent à très hautes vitesses. Cet après-midi, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont fait leur entrée dans les quarantièmes, ces latitudes baptisées rugissantes par les marins pour les conditions musclées qu’elles offrent à ceux qui s’y aventurent. Et il faut dire que désormais, le flux de nord-ouest a pris du coffre pour souffler au-delà des 30 nœuds. C’est dans cette ambiance que les hommes du Gitana Team poursuivent leur chasse au record, avec dans leur viseur un premier chrono qu’ils savent à leur portée, au cap des Aiguilles.

 

 

Avec leur routeur Marcel van Triest, le duo Cammas-Caudrelier a remporté son premier coup sur l’échiquier océanique. En parvenant à se positionner parfaitement sous l’anticyclone de Sainte-Hélène et en avant d’un front puissant en route vers le tour de l’Antarctique, ils ouvrent une voie royale à leur équipage. Sur les dernières 24 heures, ils ont maintenu une vitesse moyenne de plus de 35 nœuds leur permettant ainsi d’avaler 846 milles.

 

Aux portes du Grand Sud 

Depuis leur départ de Ouessant, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild vivent les quatre saisons en mode accéléré, oscillant du froid au chaud à parfois quelques heures d’intervalle. En plongeant vers les mers australes, les navigateurs savent que leurs conditions de vie à bord vont se durcir, ils s’y préparent. Et c’est aussi pourquoi le soleil et l’ambiance de glisse dont ils ont pu bénéficier hier alors qu’ils naviguaient par plus de 30° sud ont été vécus avec tant de plaisir : « Hier, nous avons connu 24 heures assez dingues. Bénéficier de telles conditions ensoleillées à ces latitudes et d’une mer plate qui nous a permis de progresser à très hautes vitesses ; plus de 800 milles dans la journée… Incroyable ! J’ai eu la chance d’en profiter à double titre avec de bonnes poussées d’adrénaline. Nous avons décidé de faire un vol de drone et dans le même quart j’ai profité de 40 minutes de barre exceptionnelles. Dans des moments comme ceux-là… il n’y a pas de doute, on sait pourquoi on est venus ! » insistait Yann Riou avant de décrire l’ambiance et la vie du bord en avant de la dépression : « Nous nous changeons petit à petit. Il ne fait pas encore froid la journée, même si la nuit nous remettons nos polaires et les duvets avec plaisir, mais l’ambiance est clairement plus humide. Du coup, les cirés et les bottes font à nouveau partie de la panoplie sur le pont. L’avantage est que la transition vers le froid va se faire progressivement, d’un point de vue vestimentaire tout du moins. »

 

 

Depuis le début de ce 10e jour de tentative, comme prévu le vent a forçi, accompagné par une mer courte et croisée qui se forme également petit à petit. Cet après-midi, le dernier-né des Gitana naviguait dans un bon flux de nord-ouest d’une trentaine de nœuds mais continuait sa belle chevauchée vers la pointe de l’Afrique du Sud. Avec 792 milles d’avance sur le record de Francis Joyon, les hommes du Gitana Team savent qu’ils sont dans le bon tempo mais restent lucides et particulièrement concentrés : « Idec a fait un Indien exceptionnel avec une route idéale sans empannages et des journées à plus de 800 milles parcourus… Nous savions qu’il fallait arriver à la pointe de l’Afrique du Sud avec une belle avance pour se battre après à armes égales », rappelait Franck Cammas.

 

Comme sur la Brest Atlantiques, il y a un peu plus d’un an, le géant de 32 mètres ne passera pas très loin des îles « perdues » de l’Atlantique Sud, celle de Tristan Da Cunha et sa voisine la plus proche Gough Island.