Le Maxi Edmond de Rothschild contraint de rentrer à Lorient

Parti de Ouessant ce dimanche en début d’après-midi pour une nouvelle tentative sur le Trophée Jules Verne, le record du tour du monde à la voile, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild annonce ce soir faire demi-tour et regagner son port d’attache lorientais pour réparer une avarie survenue sur un élément de sa génératrice (moteur). Si cette dernière ne sert naturellement pas dans la propulsion du géant de 32 mètres, elle est cependant essentielle pour assurer la recharge des batteries et ainsi toute l’autonomie nécessaire aux six membres d’équipage sur une aventure planétaire.

 

 

Face à cette casse technique atypique, qu’ils ne peuvent en aucun cas résoudre en mer, Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs quatre équipiers n’ont malheureusement d’autres choix que de stopper leur tentative pour revenir à Lorient au plus vite. L’objectif étant désormais de réparer pour pouvoir se remettre en attente d’une fenêtre météo favorable dans les plus brefs délais. Pour rappel, le Gitana Team avait annoncé un stand-by jusqu’à fin février, début mars, ce qui laisse, espérons-le, encore de belles opportunités.

Le Trophée Jules Verne devant les étraves du Maxi Edmond de Rothschild

Après avoir largué les amarres à Lorient au petit matin ce dimanche, le Maxi Edmond de Rothschild a franchi la ligne de départ du Trophée Jules Verne, au large de l’île d’Ouessant, à 14h09m30s (heure française) . À la barre du géant volant de 32 mètres, Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs quatre équipiers s’élancent à l’assaut du prestigieux chronomètre autour du monde. L’objectif : battre le record de 40 jours, 23 heures et 30 minutes établi en 2017 par Francis Joyon et les hommes d’IDEC. Afin d’y parvenir, les marins du Gitana Team devront être de retour au large de Brest et du Phare du Créac’h avant le 25 mars à 13h 38m59s (heure française). Bien que singulière, la fenêtre météo qui se présente devant les étraves du Maxi Edmond de Rothschild mérite d’être tentée car elle pourrait bien permettre à l’équipage aux cinq flèches de saisir de belles opportunités.

 

 

Une fenêtre loin des standards 

Depuis vendredi matin, les skippers du Maxi Edmond de Rothschild et leur routeur, Marcel van Triest, envisagent une sérieuse opportunité de déclencher le chronomètre planétaire. Mais de fichiers en fichiers, de nombreuses divergences n’ont pas facilité le choix – toujours délicat – de la cellule météo. Fidèle à sa philosophie audacieuse et engagée, c’est finalement ce dimanche en début d’après-midi, que le grand trimaran volant armé par Ariane et Benjamin de Rothschild s’est élancé pour le record iconique de la course au large et le grand vertige qu’il procure.

Tous les membres du Gitana Team admettent, à l’instar de Charles Caudrelier, que « la fenêtre météo est un peu atypique ». Le dernier vainqueur de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe explique : « si nous avons une idée très précise de ce qui peut se passer dans l’Atlantique Nord, c’est moins le cas dans l’Atlantique Sud. Une dépression au sud du Brésil est un peu incertaine en fonction des modèles ». En somme, il faudra passer par « un trou de souris » dixit Morgan Lagravière et « avoir un peu de chance sur les enchaînements météos », poursuit Franck Cammas. Les premiers jours de mer en revanche sont bien identifiés avec « du près pour débuter et un front à aller chercher demain », souligne Erwan Israël. Si l’enchaînement s’avère ensuite moins favorable, l’équipage se réserve le droit de faire demi-tour à la latitude des Canaries pour revenir chercher une meilleure rampe de lancement à la pointe bretonne.

Concentrés, déterminés et particulièrement enthousiastes, les six membres de l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild débutent ainsi la 1ère tentative de l’année, la 3e du plan Verdier après deux campagnes avortées, en 2020 et en 2021. La dernière s’était achevée après 12 jours de course à l’entrée des mers australes alors qu’ils étaient en avance sur le record et venaient de signer le meilleur chrono de tous les temps au cap des Aiguilles. Certes, si ce départ à la mi-février peut apparaître comme avancé dans la saison, certains se sont élancés plus tardivement, à l’instar de Sport-Elec (Olivier de Kersauzon, le 8 mars 1997) et d’Orange II (Bruno Peyron, le 2 mars 2002).

 

 

Désormais, Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs équipiers ont les yeux rivés sur les points de passage, notamment au large de l’Afrique du Sud. « On se doit d’avoir au moins 24 heures d’avance sur le passage au Cap de Bonne Espérance de Francis Joyon (12 jours, 19 heures) », souligne Charles. Les objectifs sont donc bien identifiés et le contre-la-montre est plus que jamais lancé !

 

Les chiffres à retenir

Franchissement de ligne : le 12 février 2022 à 14h09m30s (heure Fra), 13h09m30s TU
Date limite d’arrivée pour battre le record : le 25 mars 2023 à 13h38m 59s (heure Fra), 12h38m59s TU
Record à battre :  40 jours, 23 heures et 30 minutes > Record détenu par Francis Joyon et son équipage (Idec Sport) depuis le 26 janvier 2017.

 

Ils ont dit

Charles Caudrelier : « C’est une fenêtre un peu atypique mais on arrive en fin de stand-by, on a envie de tenter notre chance, d’autant que les fichiers donnaient des bons temps de passage hier soir. Si on a une idée très précise de ce qui peut se passer dans l’Atlantique Nord, c’est moins le cas dans l’Atlantique Sud. Il y a une dépression au sud du Brésil qui est un peu incertaine en fonction des modèles. Mais nous avons décidé que ça valait le coup d’essayer, même si on doit faire demi-tour si ce n’est pas le cas. L’objectif, c’est d’aller le plus loin possible. Une des zones où on peut gagner le plus de temps par rapport au précédent record, c’est dans l’Atlantique. On se doit d’avoir au moins 24 heures d’avance sur le passage au cap de Bonne Espérance de Francis Joyon (12 jours, 19 heures). Il avait mis la barre très haut et on sait que son record sera difficile à aller chercher. Le plus dur dans ce record, c’est d’arriver à terminer avec un bateau à 100 %. Mais on pense que le Maxi Edmond de Rothschild est arrivé à maturité ! »

Franck Cammas : « C’est la première fois que nous franchissons la ligne de départ cette année. Nous savons que pour réussir ce record, il est important d’avoir un peu de chance sur les enchaînements météos. Les journées qu’on perdra lors de la première phase pourraient être rédhibitoires pour le record.  C’est pour ça qu’on a mis du temps à partir. On ne peut pas perdre de temps, d’autant que le record de Francis (Joyon / IDEC – ndlr) est très bon dans l’hémisphère sud ! Les records, pour les battre, il faut les tenter avant tout. »

Morgan Lagravière : « Je n’avais pas vraiment d’inquiétude sur le fait qu’on parte. Quand on voit la dynamique dans laquelle sont toujours Charles et Franck, on savait qu’on allait y aller. C’est un moment fort, un moment aussi d’éloignement de la famille, donc il y a pas mal d’émotions et de sentiments qui se partagent dans la tête. Mais c’est globalement très positif. Après, on garde la tête froide car on sait qu’il y a pas mal d’incertitudes dans cette fenêtre-là. On a vraiment envie d’aller dans les mers australes. C’est une case que je n’ai pas encore cochée dans ma carrière. Le bateau est exceptionnel, l’équipage est top : ce sont de très bonnes conditions pour prendre du plaisir et vivre cette expérience unique. On va croire en notre bonne étoile pour avoir les planètes qui s’alignent aussi au niveau de la météo. »

David Boileau : « Bien sûr, on est dans un état d’esprit conquérant ! Ça fait un mois et demi qu’on attend et on est forcément très contents de partir. Pour nous tous, c’est une forme de libération. Nous savons que la fenêtre n’est pas formidable mais on va y aller, on va tenter notre chance. Si la météo s’avère moins bonne, on fera demi-tour et on attendra pour la suivante. Mais ça bouge, ça donne envie de se faire plaisir et de tout donner ! »

Erwan Israël : « Ce n’est que la deuxième fois que je me change dans le bateau depuis le début du stand-by (rires) ! Finalement, on n’avait jamais vraiment envisagé un départ. Cette fois, c’est la bonne ! Forcément, on en a tous un peu marre de cette période de stand-by, de regarder la météo… Là, on est ravi, on a tous le sourire et on y croit. Même s’il y a des incertitudes, l’Atlantique Nord est plutôt bon, la fenêtre météo est intéressante, on va faire du près et chercher un front demain donc ça rend le challenge encore plus sympa ! »

 

Trophée Jules Verne : le Maxi Edmond de Rothschild met le cap vers la ligne de départ

Charles Caudrelier, Franck Cammas et leur équipage ont quitté le port de Lorient, ce dimanche 12 février au lever du jour, pour rallier la ligne de départ du Trophée Jules Verne, au large de l’île d’Ouessant. En stand-by depuis fin décembre, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild ont décidé de tenter leur chance même si la fenêtre météo s’avère atypique. Le Gitana Team s’apprête à relever un sacré challenge : battre le fameux record établi par IDEC (2017) en 40 jours, 23 heures et 30 minutes. Le passage de ligne, moment toujours exaltant et riche en émotions, est prévu à la mi-journée ce dimanche. L’horaire sera affiné lors du convoyage vers Ouessant en concertation avec Marcel van Triest, le routeur de l’équipe aux cinq flèches.

 

 

C’est le début de la grande aventure, d’une course contre-la-montre qui débute enfin sur l’océan et d’un des défis les plus exaltants de la planète voile. Charles Caudrelier et Franck Cammas, deux des palmarès les plus fournis de la discipline, accompagnés par leurs quatre équipiers, s’apprêtent à tenter de battre le Trophée Jules Verne, le record absolu à la voile autour du monde sans escale et sans assistance.

 

Une fenêtre singulière aux allures de coup de poker

Avant, il a fallu faire preuve de patience, étudier avec soin l’évolution des conditions, déterminer l’enchaînement météorologique favorable entre l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud. Le stand-by avait débuté le 22 décembre dernier, quelques semaines à peine après la victoire de Charles Caudrelier lors de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Depuis vendredi, les réunions ont été plus nombreuses entre les hommes du Gitana Team et leur routeur, Marcel van Triest. Une fenêtre s’est, en effet, dessinée pour s’élancer depuis la pointe bretonne. Sauf que cela ne relève pas de l’évidence. Après avoir longtemps tergiversé – le scénario s’est avéré moins pertinent samedi matin – la situation s’est retournée ces dernières heures, conduisant au départ du Maxi Edmond de Rothschild ce dimanche matin de son port d’attache lorientais.

 

 

Certes, l’équipe tente un véritable coup de poker, d’autant que la fenêtre est atypique. « Il est de toute façon quasiment impossible d’avoir un scénario idéal », répétait ces dernières semaines Charles Caudrelier. Si l’Atlantique Nord parait très favorable, la porte ouverte dans le Sud est moins évidente. Tous savent qu’il faudra aussi, en plus d’une abnégation à toutes épreuves, ce zeste de chance et de réussite pour faciliter leur progression au large.

 

 

Un record se construit ainsi et tout l’équipage en a bien conscience en quittant les pontons de Lorient ce dimanche matin. Les pulsations se sont accélérées, les visages sont devenus un peu plus tendus et l’excitation s’est mêlée à une concentration accrue. Il y a peut-être, au bout de cette aventure à se donner sans compter, l’occasion d’écrire l’histoire. Tous ont en tête la marque du précédent record, établi en 2017 par Francis Joyon et ses hommes suite à un enchainement de conditions exceptionnelles :  40 jours, 23 heures et 30 minutes en 2017.

 

Le Maxi Edmond de Rothschild poursuit son stand-by à Lorient

Après avoir regagné la Marina du château de Brest vendredi dernier pour un potentiel départ, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a repris la mer ce mercredi matin et sera de retour à Lorient dans la journée suite à une sortie d’entraînement au large. La complexité à trouver le bon enchaînement entre l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud ne permet pas encore aux hommes du Gitana Team d’apercevoir le bon timing pour s’élancer sur le Trophée Jules Verne. Mais Charles Caudrelier, Franck Cammas et l’ensemble du Team restent vigilants et particulièrement attentifs à l’évolution des conditions.

 

 

Ça bloque au Sud 

La décision a été prise vers 22h30, hier soir. Après avoir envisagé un départ dans les 24 heures, l’équipe, en conformité avec l’analyse du routeur et météorologue Marcel van Triest, a décidé d’y renoncer pour le moment. « La météo ne nous convient pas assez », reconnaît Charles Caudrelier. « Francis Joyon a placé la barre très haut avec son record (40 jours, 23 heures et 30 minutes en 2017). Même si le potentiel d’Edmond de Rothschild est très bon, il faut trouver un enchaînement météorologique très favorable et très rare qui soit propice à la fois dans l’Atlantique Nord et dans l’Atlantique Sud. C’est la rampe de lancement d’une tentative et si elle n’est pas réussie, les chances de battre le record sont quasiment nulles. » L’objectif n’a pas varié : passer sous l’Afrique du Sud et le cap de Bonne-Espérance en moins de 11 jours.

Depuis samedi dernier, l’équipe tente de « trouver une correspondance entre ce qui se passe au Nord – notamment dans le golfe de Gascogne – et une dépression dans l’Atlantique Sud qui nous propulserait dans les mers australes, » poursuit Franck Cammas. « Pour l’instant, quand le timing du Nord est bon, celui du Sud n’est pas bon ». Dimanche, lundi et mardi, ce sont les effets de la tempête Gérard, qui a balayé l’Hexagone, qui rendaient impossible un potentiel départ. « On n’a pas voulu prendre de risque pour le bateau avec une mer très grosse sur les premières heures », confie Charles.

 

 

« La patience, c’est le jeu du record ! »

« On vise une dépression au large du Brésil mais il faut 7 à 8 jours pour y parvenir », précise le récent vainqueur de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. « Mais les prévisions changent beaucoup dans cette zone-là… Ce que nous cherchons, c’est attraper la bonne dépression avec une vitesse adéquate au potentiel du bateau qui puisse nous emmener jusqu’à l’océan Indien », abonde Franck. « Pour l’instant, à chaque fois que l’on approche d’un scénario, les modèles évoluent et ce n’est pas encore favorable ». Pourtant, celui qui a déjà signé le record en 2010 souligne « qu’il y a des opportunités qui peuvent arriver assez vite »

Ce mercredi matin, l’équipage a quitté la marina du château et la rade de Brest pour regagner sa base à Lorient. « Nous nous étions positionnés à Brest parce qu’il y avait une fenêtre entre deux vents tempétueux de Nord-Ouest », explique Franck. « Ce n’est plus le cas donc nous rentrons à Lorient. Nous allons en profiter pour partir comme si on prenait un départ », ajoute Charles. « Nous allons pouvoir confronter le bateau pendant quelques heures à de la mer forte afin de voir comment il se comporte. Avec le Maxi Edmond de Rothschild, on sait qu’on peut très rapidement venir à Brest dès qu’une opportunité se présentera ». Les deux marins avouent une « petite frustration » mais tout comme leurs quatre équipiers – Morgan Lagravière, David Boileau, Erwan Israël et Yann Riou – ils connaissent parfaitement les aléas d’une tentative de départ sur le Trophée Jules Verne et savent prendre les opportunités qu’offrent la météo comme elles viennent : « Nous aimerions partir le plus tôt possible, mais nous avons de l’expérience. On sait que le record est dur à battre et qu’il faut savoir être patient. C’est le jeu du record ! », concluait le skipper du Maxi Edmond de Rothschild juste avant de larguer les amarres, direction Lorient.

Yann Guichard : “Pourquoi j’avais envie de partir…”

Depuis le milieu de la semaine, l’équipage du maxi-trimaran Sails of Change guette la fenêtre météo qui s’est présentée aujourd’hui samedi sur l’Atlantique Nord. Une première opportunité de départ que Yann Guichard a eu envie de saisir, même si elle restait pleine d’incertitudes.

 

 

Yann Guichard comment qualifierais-tu la fenêtre qui se présentait jusqu’à ce samedi 14 janvier ?
« Elle était excellente jusqu’à l’Équateur où les routages nous plaçaient autour de cinq jours. Mais ensuite il n’y avait pas de système dépressionnaire favorable pour enchaîner sous l’alizé, atteindre Bonne Espérance avant 13 jours et se positionner sur le temps de référence du record à battre. »

 

Dans ton for intérieur, as-tu pensé qu’il fallait partir ?
« C’était la première opportunité de départ depuis le début de notre stand-by. Tout l’équipage a évidemment très envie de partir, mais celle-ci n’était pas favorable. Nous sommes mi-janvier, avec plus d’un mois de stand-by restant. C’est là toute la démonstration de la complexité de la quête du record autour du monde. Ce Trophée Jules Verne est résolument l’un des challenges les plus difficiles à relever. »

 

Yann Guichard et les 10 membres de l’équipage du maxi-trimaran Sails of Change restent très attentifs, concentrés et motivés.

Les raisons d’une situation bloquée

Depuis le début du stand-by du maxi-trimaran Sails of Change le 24 octobre dernier, le code rouge rythme invariablement les journées pour le team de Yann Guichard et Dona Bertarelli. Une situation météorologique inédite décryptée avec le routeur Jean-Yves Bernot.

 

 

Posté à Brest depuis le 10 novembre, pour être le plus réactif possible à l’annonce d’un changement de code, le trimaran qui par quatre fois déjà s’est attaqué au Trophée Jules Verne, tire toujours sur ses amarres. Rouge sur rouge, rien ne bouge comme dit l’adage des navigateurs. Le fameux code qui régit les stand-by n’a jamais changé de couleur depuis cet automne. « L’an dernier, nous ne sommes pas partis » raconte Jean-Yves Bernot, « mais certaines situations pouvaient être tentantes, même si les enchaînements n’étaient pas prometteurs. Cette année, pas une seule journée n’a laissé la place au doute … »

Globalement, deux grandes familles de situations peuvent être propices pour s’élancer sur un Trophée Jules Verne. A l’arrière d’une dépression Atlantique en utilisant la bascule au Nord-Ouest pour descendre vers le Sud dans un portant musclé. Ou bien sur le dos d’un anticyclone hivernal campé sur l’Europe, synonyme de vents d’Est favorables. « Cette année – poursuit Jean-Yves – les dépressions ne présentent jamais de bascules franches, le vent reste calé au Sud Ouest. Et lorsque début décembre, la vague de froid a touché la France, l’anticyclone était positionné d’une telle manière qu’il barrait la route jusqu’aux côtes marocaines … Surtout, ces schémas s’installent à chaque fois durablement. En météo, on appelle ça des situations bloquées ».

 

 

Pour espérer battre le temps record détenu par IDEC Sport (40 jours, 23 heures, 30 minutes), on sait notamment qu’il faut être très percutant sur l’entame Atlantique et soigner tous les enchaînements jusqu’à accrocher les premières dépressions australes. « IDEC Sport a fait un temps canon sur l’Indien, un Pacifique correct et une excellente fin de parcours décrypte le routeur. Le tronçon sur lequel on peut réellement améliorer sa performance, c’est l’Atlantique. Si tu as deux jours de retard à Bonne Espérance, c’est fichu. On a fait tourner 2000 simulations, il y en a quatre qui passent à l’arrivée ! »

En résumé, rien ne sert de s’élancer à l’assaut d’un record aussi exigeant avec comme seule certitude une entame très défavorable. La question reste donc de savoir jusqu’à quand attendre. Si aucune date officielle de fin de stand-by n’a été fixée par l’équipage du maxi-trimaran Sails of Change, le cycle des saisons dicte sa loi. Sans parler des nuits qui s’allongent très rapidement à partir de février sous les hautes latitudes, le routeur de Sails of Change prévient des dangers du grand Sud dès l’automne austral : « C’est comme comparer la situation chez nous entre fin septembre et fin octobre, ce n’est plus du tout la même ambiance. Dans le Sud à partir de mi- février ça peut devenir des navigations « cow boy » … Surtout, les vents sont tellement forts que tu ne peux même plus aller vraiment vite en multicoque … »

Il reste donc quelques semaines pour résoudre cette année la complexe équation du Trophée Jules Verne. Yann Guichard, armateur et skipper du maxi Sails of Change précise : « Le stand-by du maxi Sails of Change est prévu jusqu’au 15 février, date au-delà de laquelle il est plus complexe de partir en raison de la fin de l’été et des systèmes de dépressions dans le Grand sud. On a une fenêtre d’un peu plus d’un mois devant nous, on reste très optimiste car la situation peut évoluer ».

Une équation régie par dame Nature qui en est aussi l’inconnue …

Le Maxi Edmond de Rothschild fait route vers Brest

Vendredi 13, jour de chance ? Le Maxi Edmond de Rothschild a quitté sa base lorientaise pour rejoindre Brest et les eaux de la cité du Ponant peu après 12h. L’objectif pour Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs quatre équipiers est de se rapprocher d’Ouessant et de la ligne de départ du Trophée Jules Verne, que le Gitana Team pointe à nouveau dans son viseur. En effet, des opportunités météorologiques semblent s’ouvrir dans les prochains jours mais compte tenu des conditions de mer attendues à la pointe bretonne dès ce week-end, les hommes du récent vainqueur de la Route du Rhum jouent la sécurité et vont s’amarrer à la marina du Château pour quelques heures, quelques jours… Concernant le timing précis de départ, la question reste entière et la réception des prochains fichiers météos permettra d’affiner la stratégie et la précieuse fenêtre de lancement.

 

 

Un départ dès demain ou semaine prochaine ?

Depuis le début de semaine, l’équipage et la cellule météo du Maxi Edmond de Rothschild observent une situation favorable pour un départ de Trophée Jules Verne à compter de ce week-end. Mais ce matin, si les dernières observations se montraient toujours optimistes pour un très beau temps à l’équateur, elles s’avéraient plus pessimistes sur l’Atlantique Sud et les temps de passage au cap de Bonne-Espérance.
Cette configuration « incertaine » pousse les hommes du Gitana Team à aller se positionner à Brest, afin d’être réactifs et au plus près de la ligne de départ virtuelle matérialisée à Ouessant.
L’actualisation des fichiers météos dans la soirée mais aussi demain matin déterminera si le duo Caudrelier – Cammas et leurs équipiers s’élancent dès demain à l’assaut du tour du monde où s’ils devront patienter encore quelques jours dans l’attente d’une meilleure fenêtre. D’autres opportunités étaient en effet évoquées dès le milieu de semaine prochaine.

« C’est toute la difficulté de ces périodes d’avant départ ! L’envie de partir est forcément très présente, mais nous sommes au début de notre stand-by et il ne faut pas nous précipiter. Le record sera difficile à aller chercher et nous nous devons d’avoir une fenêtre de départ ambitieuse pour avoir toutes nos chances », rappelait Charles Caudrelier.

« Les critères de temps que nous recherchons sont dictés par les performances que nous savons à la portée du Maxi Edmond de Rothschild mais aussi en analysant les différentes séquences du record d’Idec en 2017. Le passage à l’équateur et le temps au cap des Aiguilles sont nos premiers critères. Au-delà de 5 jours à l’équateur et 12 jours à la pointe de l’Afrique du Sud ce n’est plus une très bonne fenêtre. Ce créneau de lancement est l’une des seules choses que nous pouvons réellement choisir sur cette tentative de record, alors nous nous appliquons. D’autant que le temps établi par Idec met la barre très haut. »

 

 

Jamais deux sans trois 

Après deux tentatives interrompues pour des problématiques techniques, les hommes du Gitana Team s’engagent sur cette troisième aventure avec une très grande envie, sachant qu’elle pourrait être la dernière avant un long moment compte tenu du calendrier annoncé du Maxi Edmond de Rothschild dans les prochaines années, tour du monde solo en course en 2024 notamment.

En 2021, lors de leur deuxième essai sur le Trophée Jules Verne, Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs équipiers avaient marqué les esprits et montré le potentiel de leur monture en établissant le meilleur chrono de tous les temps à la pointe de l’Afrique du Sud, soit 11 jours, 14 heures et 3 minutes au Cap des Aiguilles. Mais la casse d’un safran de flotteur, survenue à l’entrée des mers du Sud, avait brutalement mis un terme à cette tentative de record.

La prochaine tentative sera ainsi la troisième pour les hommes du Gitana Team qui abordent ce défi planétaire avec la même ambition : celle de battre le record établi par Idec en 2017 en 40 jours 23 heures et 30 minutes. Mais à bord du Maxi Edmond de Rothschild, les six marins nourrissent également un rêve, celui de faire le tour du monde par les trois caps en passant sous la barre mythique des 40 jours.

 

 

Un équipage inchangé pour viser ce record planétaire

Ils seront six à s’élancer à bord du Maxi Edmond de Rothschild à l’assaut du Trophée Jules Verne. Charles Caudrelier, récent vainqueur de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Ultim retrouve son binôme Franck Cammas à la barre du géant de 32 mètres. Ce duo pourra s’appuyer sur l’expérience et les compétences des quatre marins qui les accompagnent depuis 2019 dans les courses en équipage : Morgan Lagravière, Yann Riou, David Boileau et Erwan Israël. À terre, Marcel van Triest fait son retour dans la cellule de routage. Le 7e homme comme nous le surnommons est un grand spécialiste des tours du monde et il est notamment double détenteur du Trophée Jules Verne, dont le record actuel en 40 jours 23 heures et 30 minutes.

 

 

L’équipage en détails

Charles Caudrelier
Rôle : skipper
Palmarès : 3 tours du monde, dont 2 Volvo Ocean Race gagnantes (2012 et 2018)

Franck Cammas
Rôle : co-skipper
Palmarès : 2 tours du Monde, dont 1 Volvo Ocean Race gagnante et 1 Trophée Jules Verne (48 jours en 2010)

Erwan Israël
Rôle : barreur régleur
Palmarès : 2 tours du monde, dont 1 Volvo Ocean Race gagnante(2012) et 1 tentative de Trophée Jules Verne (47 jours en 2016)

Morgan Lagravière
Rôle : barreur régleur
Palmarès : Deux tentatives de Trophée Jules Verne ( 2020 et 2021), 1 participation au Vendée Globe 2016

David Boileau
Rôle : régleur, N°1
Palmarès : Deux tentatives de Trophée Jules Verne ( 2020 et 2021), 1 passage de Bonne Espérance et du Cap Horn à l’envers (record Route du Thé et Route de l’Or sur Gitana 13 en 2008)

Yann Riou
Rôle : régleur équipier média
Palmarès : 3 tours du monde, dont 1 Volvo Ocean Race gagnante(2012) et 1 tentative de Trophée Jules Verne (47 jours en 2016)

Marcel van Triest
Rôle : routeur météo, le « 7e homme »
Palmarès : 7 tentatives sur le Trophée Jules, dont 2 récompensées par un record (2012 et 2017)

Trophée Jules Verne : le maxi trimaran Sails of Change, arrivé à Brest, poursuit son stand-by

Le Maxi-trimaran Sails of Change, en stand-by depuis le 24 octobre 2022 pour une nouvelle tentative sur le tour du monde à la voile, le Trophée Jules Verne, a rejoint Brest ce jour. Un convoyage depuis La Trinité/mer qui s’est déroulé sans accroc dans un flux de Sud modéré. Désormais à poste près de Ouessant, le bateau et son équipage attendent une fenêtre météo favorable pour rallier la longitude du cap de Bonne-Espérance en une douzaine de jours.

Par trois fois, Yann Guichard et son équipage avaient tenté ce record : en 2015 (47j 10h 59’) avec Dona Bertarelli devenue ainsi la femme la plus rapide autour du monde, et en 2019 (abandon sur bris de safran après l’archipel des Kerguelen, puis abandon pour perte de contrôle du safran). Or le Trophée Jules Verne a été raccourci en 2017 lorsque IDEC Sport et son équipage ont bouclé le tour de la planète Terre en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes. Et ce parcours autour du monde est devenu au fil des tentatives (plus de trente en moins de trente ans !) de plus en plus difficile à améliorer : ainsi à l’origine sur l’Atlantique Nord, les départs s’effectuaient au cœur d’une tempête. Puis les équipages ont compris que le but était plutôt d’aller vite sur le dos d’un anticyclone… Et pour le tour du monde, l’équateur en moins d’une semaine était l’objectif jusqu’aux années 2010 alors qu’à ce jour, le but est d’atteindre la longitude du cap de Bonne-Espérance en une douzaine de jours !

 

UN TOUR DU MONDE EN TRANCHES

De fait, il y a plusieurs tronçons sur ce parcours d’un minimum de 21 600 milles orthodromiques (route directe qu’aucun voilier ne peut suivre à cause des vents dominants) : il faut d’abord traverser l’Atlantique du Nord au Sud… en passant par l’équateur, première borne du Trophée Jules Verne. Atteindre le cap de Bonne-Espérance en moins de douze jours, cela signifie partir avec du vent de secteur Nord, accrocher les alizés portugais, franchir la ligne de démarcation entre les deux hémisphères en moins de cinq jours et demi ! Puis contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène en passant du vent de Sud-Est (Fernando de Noronha) au Nord-Est (au large de Rio de Janeiro) afin de débouler très rapidement vers les Quarantièmes Rugissants. Alors l’océan Indien s’ouvre aux étraves.

Car si la descente peut s’annoncer favorable, le record autour du monde se joue pour beaucoup au passage du cap de Bonne-Espérance. Sails of Change (ex-Spindrift 2) est déjà détenteur du meilleur temps entre Ouessant et l’équateur lors de sa deuxième tentative début 2019 (4j 20h 07’), mais c’est l’enchaînement dans l’Atlantique Sud qui déterminera sa capacité à améliorer le temps de référence au passage du cap de Bonne-Espérance pour entrer dans l’Indien avec de l’avance. Il faut ensuite compter environ six jours pour le transpercer jusqu’au Sud de la Tasmanie, puis huit jours supplémentaires avant de franchir le cap Horn !

Et arrivé là, ce n’est pas fini, loin de là… Il faut remonter tout l’Atlantique, de préférence en longeant les côtes argentines (au moins une semaine) et débouler comme un coup de canon jusqu’à Ouessant (autour de six jours). Certes en cumulant les meilleurs temps réalisés par différents voiliers sur ces différentes tranches, on arrive à 38 jours 16 heures 36 minutes ! C’est pourquoi la décision de partir est aussi complexe car une fois sur le parcours, il n’y a plus d’alternative…

 

 

UNE LOGIQUE PARTICULIERE

« IDEC avait eu des conditions plutôt brillantes dans l’océan Indien et lors de la remontée de l’Atlantique ! Donc il ne faut pas être en déficit au cap de Bonne-Espérance parce que cela sera dur de rattraper du temps ailleurs… Il y a moyen de gagner du temps sur la descente de l’Atlantique et sur la traversée du Pacifique, mais c’est tout. On peut donc améliorer le temps de référence en descendant vers l’Afrique du Sud et dans le Pacifique, c’est tout ! Pour le reste, faire le même temps que le tenant du titre, que le tenant du titre ce serait déjà pas mal. Pour le moment et dans les prochains jours jusqu’à mi-novembre, il n’y a pas de fenêtre météo de départ, parce que les alizés sont faibles voire inexistants et que le vent de secteur Sud est établi sur l’Europe de l’Ouest… » dixit Jean-Yves Bernot, routeur à terre de Sails of Change.

« Pour l’instant, il n’y a pas d’ouverture dans l’Atlantique Nord parce que les alizés ne sont pas franchement installés : il faut être patient. Rappelons qu’IDEC et son équipe étaient partis assez tardivement ! Et il est préférable d’être en stand-by à Brest, parce que nous gagnons une demi-journée environ de projection météo… » ajoute Benjamin Schwartz, navigateur de Sails of Change.

Ce tour du monde, passé en un quart de siècle de 79 jours 06 heures et des poussières (Commodore Explorer en 1993) à un peu plus de 40 jours, a la plupart du temps nécessité deux, voire plusieurs tentatives avant d’être amélioré successivement par Peter Blake et Robin Knox-Johnston (Enza New Zealand en 1994), Olivier de Kersauson (Sport Élecen 1997), Bruno Peyron (Orange en 2002), Steve Fossett (Cheyenne en 2004), Bruno Peyron (Orange 2 en 2005), Franck Cammas (Groupama 3 en 2010), Loïck Peyron (Banque Populaire V en 2012) et finalement par Francis Joyon (IDEC Sport en 2017) …

TROPHÉE JULES VERNE : CAP SUR UNE NOUVELLE AVENTURE POUR LE MAXI TRIMARAN SAILS OF CHANGE

Autour de Yann Guichard et Dona Bertarelli, ils sont neuf hommes à composer l’équipage de ‘Sails of Change’ et à relever l’incroyable défi du Trophée Jules Verne, le record du tour du monde en équipage, sans assistance et sans escale. Un incroyable challenge sportif et humain, fruit d’un travail de plusieurs années. Il se veut aussi porteur d’un message fort pour la préservation des écosystèmes marins et terrestres. Le début du stand-by est prévu le 24 octobre prochain et marque le début d’une nouvelle magnifique aventure pour Sails of Change.

 

Le compte à rebours débutera donc lundi 24 octobre prochain. C’est le temps de l’attente, de l’analyse fine des conditions météorologiques et celui, aussi, de la projection vers un défi immense. Objectif ? S’élancer pour le Trophée Jules Verne, batailler contre le temps et tenter d’abaisser le record de 40 jours, 23 heures et 30 minutes, détenu depuis 2017. « C’est un objectif sportif sans commune mesure, un record extraordinaire, divisé par deux en l’espace de 30 ans », commente Yann Guichard.

 

 

UNE MONTÉE EN PUISSANCE

Pour l’équipe Spindrift, l’année a été particulièrement studieuse. Tout d’abord la participation aux six épreuves du TF35 Trophy, championnat annuel unique proposant un mix de navigations en mer et sur lac à travers l’Europe. Spindrift termine la saison à la 3e place au général.
En parallèle, les navigations à bord du maxi-trimaran se sont multipliées. « Certes, il y a toujours des petits ajustements à faire », confie Yann Guichard. « Mais ce qui est bon signe, c’est que le bateau est prêt et que je sens l’envie de tous les membres de l’équipe ».
À partir du début du stand-by, le maxi-trimaran, basé à la Trinité-sur-Mer, sera prêt à rallier Brest dès qu’une fenêtre météo favorable se présentera.

 

©Gauthier Lebec. De gauche à droite : Clément Giraud, Grégory Gendron, Thierry Chabagny, Pierre Leboucher, Jacques Guichard,Yann Guichard, Benjamin Schwartz, Dona Bertarelli, Xavier Revil, Christopher Pratt et Julien Villion.

 

UNE ÉQUIPE DE PASSIONNÉS, PARTAGEANT LES MÊMES VALEURS

Aux côtés de Yann Guichard et Dona Bertarelli, reporter-embarquée, ils sont neuf à tenter l’aventure. « Certains font partie du projet depuis des années et d’autres nous ont rejoints, souligne le skipper. Nous avons une équipe expérimentée de compétiteurs, de passionnés de mer avec qui on partage le goût de l’effort et de la solidarité ».

 

L’ÉQUIPAGE PRÉSENTÉ PAR YANN GUICHARD

Dona Bertarelli (54 ans) : « Je suis très heureux de partager l’aventure avec Dona, déjà présente à bord lors de notre premier tour du monde, en 2015-2016. Elle s’attache à donner du sens à notre grand défi ».

Thierry Chabagny (50 ans) : « C’est un marin d’expérience, qui compte déjà deux tours du monde, et dont l’expérience est très précieuse à bord ».

Grégory Gendron 39 ans) : « Arrivé dans l’équipe en 2019, Greg a toujours le sourire, est toujours avenant, en permanence prêt à aider. C’est un marin en qui j’ai une confiance totale et qui est très à l’aise en mer ».

Clément Giraud (41 ans) : « Il a terminé le dernier Vendée Globe et fait partie de nos sudistes à bord. Il a toujours la joie de vivre en bandoulière ».

Jacques Guichard (42 ans) : « Chef de quart, j’ai pu compter sur ses talents multiples depuis la genèse du projet Spindrift.Partager une telle aventure avec mon frère, qui est un très bon marin, c’est une chance énorme et la possibilité de resserrer encore plus nos liens ».

Pierre Leboucher (41 ans) : « Nouveau venu dans l’équipage, il a une solide expérience. Passé par l’olympisme, aguerri au Figaro, c’est un pur régatier qui aime se surpasser ».

Christopher Pratt (41 ans) : « Lui aussi nous a rejoint cette année. C’est un esprit cartésien, très structuré, très axé sur la performance. Il aime aller au bout de ce qu’il entreprend ».

Xavier Revil (51 ans) : « Un grand régatier et ancien détenteur du Trophée Jules Verne, que j’ai la chance de connaitre depuis mes années en Optimist et présent à nos côtés depuis le début de l’aventure Spindrift. Chef de quart, je sais que je peux m’appuyer sur son savoir-faire à tout moment ».

Benjamin Schwartz (36 ans) : « Il est passé par le Figaro, mais compte également un tour du monde à son actif avec une participation à la Volvo OceanRace. C’est mon binôme sur ce tour du monde, responsable de la cellule navigation, je peuxcompter sur ses analyses très fines en matière de stratégie météo ».

Julien Villion (30 ans) : « Doté d’une solide expérience en Figaro, il contribue à la bonne dynamique à bord en cherchant constamment les bons réglages, en s’interrogeant en permanence afin que l’on recherche sans discontinuer la performance ».

Jean-Yves Bernot (routeur) : « Spécialiste reconnu et respecté du routage, il est à nos côtés depuis notre première tentative autour du monde en 2015. Grâce à son expérience en tant qu’ancien navigateur puis en tant que routeur, Jean-Yves connaît le parcours comme personne. Surnommé le sorcier mais ce sera à nouveau notre ange-gardien pour cette nouvelle tentative ».

 

SAILS OF CHANGE, UN TRIMARAN HORS NORME

L’équipage prendra place à bord d’un multicoque conçu et fiabilisé pour performer.

Long de 37 mètres, large de 23 mètres et pesant 21 tonnes, il dispose d’un palmarès à sa mesure. Mis à l’eau en 2008, détenteur du Trophée Jules Verne entre 2012 et 2017 (45 jours, 13 heures), il a été acquis par l’équipe Spindrift en 2013 qui a ensuite brillé en remportant le record de la Route de la découverte (entre Cadix et San Salvador) puis en s’illustrant notamment deux fois à la Rolex Fastnet Race et en 2016 à la Transat Québec – Saint-Malo.

En 2014, alors en configuration solitaire, Yann Guichard parvient à prendre la 2e place de la Route du Rhum, un exploit sportif et humain à la barre du plus grand trimaran de course océanique jamais conçu.

 

VERS UN RECORD INÉDIT SANS ÉNERGIE FOSSILE

« Notre aventure n’est pas uniquement humaine et sportive », assure Yann Guichard. « Nous avons tenu à intégrer au programme Spindrift nos actions philanthropiques et les valeurs qui nous tiennent à cœur pour la protection de l’océan et de la terre, messages que Dona relayait déjà lors de notre première tentative en 2015 ».

« Depuis 20 ans mes actions se portent sur la création de grandes aires marines protégées et la sauvegarde de la biodiversité. L’étroit lien entre la santé de l’océan, le climat et notre propre santé ne fait plus aucun doute », poursuit Dona Bertarelli.

Ainsi, depuis l’an dernier, les équipes de Spindrift s’attachent à préparer une tentative autour du monde sans énergie fossile, un « défi dans le défi », ajoute Yann. « Il n’y aura donc pas de moteur thermique qui assure habituellement le fonctionnement de l’électronique, des moyens de communication, de la désalinisation et du chauffage de l’eau nécessaire à l’alimentation. Pour y pallier, nous disposons à bord de panneaux solaires, de deux éoliennes et d’une pile à combustible à méthanol ».

 

 

UN ENGAGEMENT À 360°, “UNE NOUVELLE IMPULSION”

L’engagement de la campagne ‘Sails of Change’ ne s’arrête pas là. L’équipe Spindrift ainsi que tous les bateaux de l’écurie portent l‘objectif ‘30×30’ soutenu par plus de cent pays. Ils relaient ainsi l’appel de la communauté scientifique qu’il faut protéger intégralement et fortement au moins 30% de l’océan et de la terre, d’ici à 2030 par le biais de réseaux d’aires protégées afin de prévenir les extinctions massives et renforcer la résilience au changement climatique. « La dégradation de nos océans, de nos terres et de nos systèmes d’eau douce détruit la capacité de la planète à soutenir la vie », précise Dona Bertarelli, avant d’ajouter : « Ce combat qui est le nôtre depuis longtemps, donne une nouvelle impulsion à toute l’équipe et à notre défi autour du monde. »

Dona et Yann sont les parrains de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le réseau environnemental le plus vaste et le plus diversifié au monde qui en font l’autorité mondiale sur l’état du monde naturel et les mesures nécessaires pour le sauvegarder.

Le 5 Octobre dernier, ils ont lancé au Sport Positive Summit à Wembley, un nouveau partenariat entre UICN et Sails of Change nommé « Sports for Nature », pour aider les organisations sportives à atténuer les impacts négatifs sur la biodiversité et le climat, et à prendre des mesures concrètes pour protéger la biodiversité. « En tant que sportif, le lien entre le sport et la nature est très clair. Les sportifs ont besoin d’eau claire et d’air pur pour performer. A ce titre, ils ont un intérêt naturel à protéger l’environnent », déclare Yann Guichard.

 

 

SPINDRIFT FOR SCHOOLS : INSPIRER ET SENSIBILISER LES JEUNES GÉNÉRATIONS

Ce combat, ils le partagent également avec le fonds de dotation ‘Spindrift for Schools’, créé en 2014, là encore pour sensibiliser le jeune public aux enjeux environnementaux. Des ressources pédagogiques, bénéficiant de l’agrément de l’Éducation nationale française et du soutien de l’UNESCO, sont ainsi mis à disposition du corps enseignant. Des contenus seront également proposés tout au long du tour du monde afin d’embarquer les plus jeunes dans cette aventure sur les océans de la planète.

Pour les élèves comme pour les sportifs ou même les curieux, cela contribuera à saisir l’intensité de ce tour du monde en perspective l’ensemble des valeurs que ‘Sails of Change’ souhaite transmettre. Dona Bertarelli insiste sur « apprendre de la nature pour agir », « s’unir pour inspirer le changement » et « garder une part d’émerveillement car on protège plus facilement ce que l’on connaît, ce que l’on comprend et ce que l’on aime ».Yann Guichard, quant à lui, fait le lien avec la vie à bord et évoque « la nécessité de se surpasser, de faire preuve de résilience et d’entraide à chaque instant ». Autant d’arguments et de motifs de motivation avant de s’élancer pour l’un des défis les plus enthousiasmants de la course au large.

Dona Bertarelli et Yann Guichard annoncent la fin du stand-by du maxi-trimaran Sails Of Change sur le Trophée Jules Verne et se projettent sur une nouvelle tentative.

 

Le 1er novembre 2021, Dona Bertarelli, Yann Guichard et leur équipe se mettaient en stand-by pour une 4ème tentative de record sur le Trophée Jules Verne. Depuis cette date, aucune configuration météorologique n’a permis à l’équipage du maxi-trimaran Sails of Change de larguer les amarres pour un départ autour du monde avec une réelle possibilité de battre le record. Aujourd’hui, Dona Bertarelli et Yann Guichard annoncent la fin du stand-by pour leur écurie de voile Spindrift et se projettent d’ores et déjà sur une nouvelle tentative en fin d’année.

 

Une météo complexe

Pour battre le record du tour du monde à la voile, il est aujourd’hui impératif de maximiser ses chances sur la première portion du parcours. En premier lieu, le défi du maxi-trimaran Sails of Change consistait à effectuer une descente très rapide entre l’île d’Ouessant et l’équateur (dans les temps du record de Spindrift en 4 jours 19 heures et 57 minutes établi en 2019). Par la suite, l’équipage se devait d’atteindre le Sud de l’Afrique, en moins de 12 jours, pour faire aussi bien que le précédent record. C’est ainsi que depuis le 1er novembre 2021, Yann Guichard (skipper), Benjamin Schwartz (navigateur) et Jean-Yves Bernot (routeur à terre) analysaient la météo pour identifier la configuration idéale qui aurait permis cet enchaînement. Or, cet hiver, les conditions n’ont jamais été réunies pour permettre à l’équipage de couper la ligne de départ.

Jean-Yves Bernot détaille : « Depuis quelques semaines, les dépressions qui arrivent sur l’Europe sont positionnées très au sud, autour des Canaries, de Madère ou du sud des Açores. Ces configurations météorologiques empêchent l’alizé d’être fort et de s’établir durablement. D’habitude ces épisodes sont transitoires et ne durent que quelques jours. Or, cette année, ces situations se répètent inlassablement. Nous avons donc observé de grandes zones avec du vent faible ou avec du vent dans le nez, s’établir dans le sud de Gibraltar jusqu’au Cap Vert. Ce qui n’est bien entendu pas du tout adéquat pour prendre le départ d’un record autour du monde. En parallèle, dans l’Atlantique Sud, au début du stand-by, l’anticyclone de Sainte-Hélène était très étendu. Il était donc difficile à traverser car il engendrait de nombreuses zones sans vent. Cela paraissait donc risqué de voir Sails of Change partir avec la forte probabilité qu’il s’englue là-bas ».

Compte tenu de la situation, l’équipe a décidé au début du mois de prolonger le stand-by de deux semaines, jusqu’au 31 janvier. Pendant cette période, la situation météorologique n’a pas évolué et les prévisions pour début février ne sont pas optimistes.

Enfin, Jean-Yves Bernot rappelle qu’un départ tardif dans le grand sud n’est pas conseillé : « Petit à petit l’été austral se termine. Là-bas, les conditions de navigation deviennent de plus en plus compliquées avec le froid, des vents forts et une mer très formée. Or, avec trop de mauvais temps, la probabilité d’avoir des avaries augmente et surtout il est plus difficile d’atteindre des vitesses moyennes élevées et donc de battre le record ».

Dans ce contexte, Dona Bertarelli et Yann Guichard ont décidé de mettre fin au stand-by de leur équipe sur le Trophée Jules Verne.

 

 

Une nouvelle tentative à l’hiver 2022/2023

Yann Guichard, skipper de l’écurie de voile Spindrift, dresse aujourd’hui le bilan : « Depuis deux ans, l’équipe a fourni un travail remarquable pour améliorer notre maxi-trimaran Sails of Change. Le navire n’a jamais été aussi bien préparé pour battre ce record et nous pouvons en être fiers. Bien entendu, c’est une déception de ne pas être partis. Par deux fois nous sommes passés en code vert mais hélas les fenêtres météorologiques se sont ensuite refermées. Par la suite, les routages nous ont confirmé qu’il avait été sage de ne pas partir. Nous n’avons donc aucun regret. Je tiens d’ailleurs à souligner la remarquable mobilisation de tous nos collaborateurs pendant ces trois derniers mois et en particulier des marins qui sont restés motivés jusqu’au bout. Nous avons la chance d’avoir une formidable équipe et un bateau taillé pour le Trophée Jules Verne. Avec Dona, nous annonçons donc que notre écurie de voile Spindrift sera de nouveau en stand-by pour une tentative de record autour du monde à la fin de cette année ».

 

 

Dona Bertarelli complète : « Nous dévoilerons prochainement le reste du programme sportif de notre équipe. À travers nos projets, nous aurons à cœur cette année encore d’être les porte-étendards de la campagne « 30×30 » qui vise à protéger 30% de notre planète en 2030. Notre objectif est de faire connaître cette cause auprès du grand public et des institutions afin que de nouvelles décisions soient prises par les gouvernements. En parallèle, nous prolongerons notre travail auprès des scolaires grâce à notre programme « Spindrift for Schools » qui vise à sensibiliser les jeunes générations ».

 

 

Équipage 2021/2022 :

Yann Guichard – Skipper
Dona Bertarelli – Reporter embarquée
Benjamin Schwartz – Navigateur
Jacques Guichard – Chef de quart
Xavier Revil – Chef de quart
Duncan Späth – Barreur / régleur
Grégory Gendron – Barreur / régleur
Julien Villion – Barreur / régleur
Thierry Chabagny – Barreur / régleur
Jackson Bouttell – Numéro 1
Yann Jauvin – Numéro 1

Jean-Yves Bernot – Routeur à terre