Enfin le vol alizéen

Trophée Jules Verne 2020/2021
Gitana Team
Charles Caudrelier
Franck Cammas


Créé le:
13 janvier 2021 / 5:56
Modifié le:
14 janvier 2021 / 9:23

Les efforts déployés par les hommes du Maxi Edmond de Rothschild, depuis leur départ de Ouessant dimanche dernier, portent leurs fruits en ce quatrième jour de record. Pour exploiter au mieux la fenêtre choisie, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont dû enchaîner les empannages et allonger la route qui les mène vers l’équateur. Mais depuis ce matin, ils sont dans les alizés, bien calés bâbord amure, et exploitent pleinement le potentiel du maxi-trimaran volant aux cinq flèches. À 18h, le dernier-né des Gitana avait à nouveau grappillé des milles sur son adversaire virtuel et possédait 115 milles d’avance.

 

 

Dans le pot dès demain matin 

Chaque Pot-au-Noir est spécifique et ne ressemble à aucun autre. À quelques heures d’aborder le premier de ce Trophée Jules Verne, puisque le Maxi Edmond de Rothschild devrait en ressentir les premiers effets par 6° de latitude Nord, Franck Cammas confiait son ressenti : « Nous avons eu une transition un peu longue entre Madère et les alizés mais depuis la nuit dernière nous sommes enfin dans le régime des alizés et on va avoir 24 bonnes heures plus tranquilles. En fin de nuit prochaine nous entrerons dans le Pot-au-noir, une zone un peu complexe où il va falloir manœuvrer. Il faudra être patient je pense parce que l’on peut tomber dans des trous de vent. Et malheureusement j’ai l’impression que l’on va aborder ça en fin de nuit ou peut-être même début de journée suivante. C’est sûr que pendant la journée c’est toujours un peu mieux et plus facile à négocier car tu vois les nuages arriver et tu peux anticiper un minimum. »

Pour l’heure, les six hommes du Gitana Team profitent d’un flux de nord-est bien établi au-delà des 20 nœuds pour accélérer la cadence. Ces conditions sont particulièrement propices au géant de 32 mètres, qui depuis qu’il s’est débarrassé des dévents des îles volcaniques du Cap-Vert en profite pour allonger la foulée. Les 36,5 nœuds de moyenne enregistrés sur les quatre dernières heures en témoignent.

 

Les Maxi-Sons du large, le podcast du Gitana Team 

À l’affût dans le raffut, Yann Riou, régleur et équipier média, tend le micro à ses partenaires de navigation extrême sur le Trophée Jules Verne. Une belle invitation sonore à partager le quotidien hors normes des six marins engagés dans la chasse au record de vitesse autour des mers du globe.

La saison 1 de notre podcast s’ouvre sur la descente de l’Atlantique, un tronçon tactique qui constitue le premier quart du parcours planétaire en temps. Dans ce premier épisode, Franck Cammas, l’un des skippers du Maxi Edmond de Rothschild et David Boileau, boat captain et équipier, se confient sur le changement de mode. En quelques heures, les hommes s’arrachent à la terre et enfilent leur tenue de marin. Comment vivent-ils et gèrent-ils ce passage de terrien à marin ?

 

Franck Cammas  : « Il n’y a évidemment plus les nuits que l’on peut faire à terre »

« Les transitions sont toujours brutales, entre le départ où l’on est entouré de plein de monde sur les pontons et le moment où on se retrouve en mer, en équipage, seul ou à deux, c’est toujours assez brutal. Et puis évidemment l’environnement et le confort que l’on a à terre et ce que l’on a à bord c’est diamétralement opposé, donc il faut s’habituer, nous en sommes assez conscients et savons que les premiers jours ne sont jamais les plus faciles. On attend les jours prochains… Là, au bout de trois jours, on est en train de rentrer réellement dans l’ambiance et on se sent de plus en plus à l’aise. D’une part il y a le rythme avec les quarts, 24h sur 24, il n’y a évidemment plus les nuits complètes que l’on peut faire à terre, il faut s’habituer à se réveiller rapidement, parfois même urgemment lorsqu’il faut manœuvrer, s’habituer à dormir pendant la journée aussi, ça c’est une chose importante, et puis il y a aussi l’environnement, le bruit, les mouvements, la capacité à préparer à manger… C’est beaucoup plus compliqué à bord et notamment les premières heures où généralement on ne se fait pas de vrais repas… Toutes ces choses-là font qu’il faut réussir, pour la vie quotidienne et pour la santé, à se caler pour tenir 40 jours, mais c’est sûr qu’on ne peut pas garder le rythme que l’on a à terre ! »

 

David Boileau  : « L’hygiène c’est l’une des grandes différences avec la vie de terrien »

« Le fait d’avoir passé la première nuit en mer, avant de couper la ligne à 2h30 à Ouessant, nous donne l’impression d’être partis la veille. Et au final, au bout de deux jours on a l’impression d’avoir déjà passé beaucoup de temps en mer… L’adaptation à bord est plus ou moins compliquée en fonction des conditions que tu rencontres en mer. Là, nous avons eu des conditions plus clémentes que sur notre première tentative sur le départ, et pour ma part j’ai trouvé tout de suite le bon rythme, je me suis directement bien calé au niveau du sommeil, je n’ai pas eu de problème pour m’endormir ni pour récupérer, je me suis tout de suite senti bien et à l’aise sur le bateau.  Depuis que nous sommes partis je n’ai pas encore fait ma toilette (rires) C’est l’une des grosses différences avec la vie de terrien, l’hygiène. On fait ce que l’on peut pour rester propres mais il faut composer avec les conditions météos et ce qu’elles nous permettent de faire. Au moins je me lave les dents tous les jours, c’est déjà ça ! »



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