Comme imaginé par les prévisions météorologiques, le vent de nord-est a forci la nuit dernière entre les Canaries et le Cap Vert, entre 25 et 30 nœuds. Après des échanges nourris avec leur routeur Marcel van Triest, Franck Cammas et Charles Caudrelier avaient laissé la porte ouverte à un passage entre les îles, plus direct, mais à condition que le soleil soit déjà levé pour se faufiler au cœur de l’archipel. Au final, compte tenu de leur progression c’est par l’Ouest, et en laissant une marge suffisamment nécessaire pour ne pas trop ressentir les dévents des îles volcaniques dans les voiles du Maxi Edmond de Rothschild, que l’équipage va débuter ce matin le contournement du Cap-Vert. L’avance sur le record de Francis Joyon oscille au gré des empannages et des recalages du dernier-né des Gitana dans l’Ouest mais reste relativement stable autour des 100 milles depuis plusieurs jours.
Une trajectoire plus conservatrice privilégiée
À l’approche de l’archipel cap-verdien, il était tentant de tirer tout droit entre les îles de São Vicente et São Nicolau pour viser une route plus directe en direction de l’équateur. Mais se faufiler entre ces îles volcaniques n’est jamais une chose anodine et qui plus est avec un maxi-trimaran volant de 32 mètres lancé à vive allure. « Ce passage a été discuté mais finalement abandonné compte tenu du gain que nous aurions pu en tirer par rapport à la prise de risques. Entre les dévents, les accélérations, les pêcheurs, les casiers de ces derniers ce n’est pas une navigation facile pour des bateaux comme le nôtre. Et puis notre heure de passage a fini de sceller le choix, il fait encore nuit et nous aurions manqué de visibilité car les nuits sont bien noires en ce moment » expliquait Yann Riou dans son message de la nuit.
Le yoyo des milles
Ce choix de passer dans l’ouest de l’archipel a coûté deux nouveaux empannages à l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild et des milles logiquement perdus sur son adversaire virtuel. En effet, lors de sa tentative en 2016-2017, sur ce long bord vers l’équateur, Idec avait bénéficié d’une météo lui permettant de rester sur la même amure. Les hommes du Gitana Team ne profitent pas eux de la même configuration et d’une trajectoire aussi rectiligne. Au plus fort de la nuit, ils avaient accumulé 177 milles d’avance ; un chiffre retombé à 90 milles à 8h. Mais rien d’anormal puisque le moindre recalage dans l’Ouest leur applique un VMG (vitesse de rapprochement au but) quasi négatif.
Le point positif à retenir étant que malgré ces nombreux empannages depuis deux jours, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers font toujours la course en tête. D’autant qu’au pointage de 8h, le géant de 32 mètres pointaient à nouveau ses étraves dans la bonne direction, cap au sud sud-ouest.