Depuis 24 heures, et leur virage vers l’est parfaitement maîtrisé au large du Brésil, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild ont clairement allongé la foulée. En permanence au-dessus de 30 nœuds et le plus souvent proche des 35-40 nœuds, les six marins du bord voient les milles défiler à vitesse grand V et leur avance accroître sur le record du Francis Joyon. Ils possédaient un crédit de 732 milles au pointage de 8h, contre 442 milles hier à la même heure. Mais c’est aujourd’hui que l’ambiance et le décor vont réellement changer à bord. Le grand ciel bleu devrait laisser place à des conditions plus agitées en avant du front et les t-shirts et shorts, que portait encore hier après-midi l’équipage sur le pont, devraient regagner les sacs pour un moment.
Pureté de trajectoire
Depuis sa sortie du Pot-au-Noir vendredi dernier, la trajectoire du dernier-né des Gitana est limpide. Il faut saluer dans ce dessin, le travail de la cellule météo du Gitana Team, à commencer par Marcel van Triest, le routeur de l’écurie aux cinq flèches. Depuis son QG Méditerranéen, il a visé juste ! En partant de Ouessant sur la fin d’un créneau météo il y a plus d’une semaine, le néerlandais avait en effet parfaitement en tête la connexion qu’est parvenu à prendre le Maxi Edmond de Rothschild dans la journée hier. Un formidable travail d’équipe car encore fallait-il tenir les polaires du géant de 32 mètres et s’aligner sur la météo comme la théorie l’imaginait. « Il ne fallait pas arriver trop tôt dans le Sud sous peine de devoir patienter en gare pour attendre le train des dépressions. Là je dirais que nous sommes parvenus à être dans un très bon timing au niveau de cette transition. Nous avions ce schéma en tête, c’est bien quand ça se passe comme prévu ! » confiait Marcel van Triest non sans humour.
Vent fort pour l’entrée dans les 40e
« Le vent va bien adonner en tournant à l’Est et nous allons finir aux allures portantes en fin de journée », nous confiait hier Franck Cammas. « Puis le vent va bien forcir jusqu’à l’Afrique du Sud. La visibilité va changer à l’avant du front même si l’état de la mer restera correct assez longtemps, ce qui va nous permettre de faire de très belles moyennes en exploitant le bateau à son plein potentiel. Nous sommes à 100 % et c’est important de l’être en abordant ce tronçon. Les prochains jours sont une question de dosage. Il ne faut pas être trop rapides mais pas trop lents non plus pour bien rester devant le front. Nous devrons rester dans un secteur de force et de direction de vent correct. Pour cela il faut ajuster sans cesse la vitesse et le cap du Maxi en fonction de la vitesse et de la direction du front qui nous propulse vers les mers du sud. »
Cette partie du parcours du Trophée Jules Verne est connue pour offrir l’opportunité d’un autre record, celui des 24 heures ! Et bien que tous les ingrédients semblent réunis actuellement dans l’Atlantique Sud, entre Rio de Janeiro et Cape Town, les skippers du Maxi Edmond de Rothschild restent clairs sur leur stratégie, comme le rappelait Franck Cammas : « C’est tentant de se laisser griser par la vitesse et les performances que peut largement aller chercher le bateau mais nous ne sommes qu’au début de notre tour du monde et nous devons penser à une gestion à long terme du Maxi Edmond de Rothschild. Le record des 24 heures n’est pas notre objectif premier, c’est le Trophée Jules Verne que nous visons. »
Le record de la distance en 24 heures en équipage est détenu depuis le 1er août 2009 par Pascal Bidégorry et les hommes de Banque Populaire V. C’était à l’occasion d’un record de la traversée de l’Atlantique Nord et ils avaient parcouru 908,2 milles à la vitesse moyenne de 37,84 nœuds ; ce chrono fabuleux tient toujours même s’il a été plusieurs fois menacé.