SODEBO ULTIM 3 EN ESCALE TECHNIQUE À LA RÉUNION

Six jours après avoir renoncé à sa tentative sur le Trophée Jules Verne et après 23 jours de mer, l’équipage de Sodebo Ultim 3 est arrivé jeudi midi heure locale à La Réunion (9h, heure de la Métropole) – précisément au Port, au nord-ouest de l’île. Il devrait y rester entre 3 et 5 jours avant de reprendre la mer en direction de Lorient, son port d’attache.

 

 

Vendredi dernier, Thomas Coville et son équipage prenaient la difficile décision de mettre un terme à leur tentative sur le Trophée Jules Verne. L’avarie survenue sur le safran tribord ne leur permettait pas d’envisager une traversée du Pacifique avec un bateau fiable, et donc sûr, à 100%. La déception passée, les huit « Sodeboys » ont mis le cap sur La Réunion, alors distante de 2 300 milles, où ils sont arrivés ce jeudi matin, après un peu moins de six jours de mer.

 

« Nous avons été très bien accueillis, il y avait du monde, nous avons retrouvé notre équipe technique. Même si ce n’était pas le plan à l’origine de s’arrêter à La Réunion, ce sont toujours de bons moments », a commenté le skipper de Sodebo Ultim 3 au moment d’amarrer le trimaran. L’équipe technique dépêchée sur place est aussitôt montée à bord pour inspecter en détail le safran abîmé avant d’entamer les réparations.

 

« On estime entre 3 et 5 jours la durée de l’escale, l’objectif est de repartir vers Lorient rapidement tout en restant dans la dynamique de faire progresser le bateau. Quand on s’est arrêté, on s’est dit qu’on avait déjà fait quelque chose de formidable, on veut encore faire fructifier ce que nous avons appris et capitalisé sur la dynamique de notre équipe », explique Thomas Coville. Sodebo Ultim 3 devrait retrouver sa base mi-janvier après trois semaines de navigation.

THOMAS COVILLE : « C’EST UNE ÉVIDENCE QU’ON REVIENDRA »

Après un peu plus de 16 jours de mer, Thomas Coville a pris la décision vendredi avec son équipage de ne pas poursuivre la tentative sur le Trophée Jules Verne. Après avoir essayé de réparer le safran tribord de Sodebo Ultim 3 avec François Duguet, le boat-captain et le reste de l’équipe, le skipper a choisi d’agir en bon marin et de ne pas « tenter le diable ». Le trimaran fait actuellement route vers La Réunion où il est attendu en fin de semaine prochaine.

 

 

C’est une journée de vendredi particulière qu’auront vécue, à des milliers de kilomètres de distance, les huit équipiers de Sodebo Ultm 3 en plein milieu de l’océan Indien, et les membres du team dans la base de Lorient. Tout a commencé par des premiers retours de deux des barreurs du bord, François Morvan et Matthieu Vandame.

 

« Après une réflexion de François et de Matthieu sur leurs quarts qui avaient été difficiles à la barre dans du vent fort au portant, on s’est rendu compte lors d’un contrôle de routine qu’on avait un problème de direction, de safran, de gouvernail », explique Thomas Coville.

 

Après un premier diagnostic, le skipper décide de ralentir pour tenter de réparer le safran du flotteur tribord. Du côté de Lorient, l’équipe à terre se mobilise, comme le raconte Jean-Christophe Moussard, le team-manager : « On a un document spécial qui nous permet de gérer ces moments anxiogènes, pendant lesquels il y a beaucoup de choses à faire en même temps. Il faut notamment que les responsables techniques des pièces touchées rejoignent la cellule routage pour une coordination rapide et efficace avec le bateau. De notre côté, on est arrivé à la conclusion qu’après la réparation, le bateau ne serait plus à 100%. Mais, le dernier mot revient au skipper et à son équipage. »

 

A bord, Thomas Coville, après six heures passées avec François Duguet dans l’inconfort du flotteur tribord de Sodebo Ultim 3, se rend à l’évidence : « Le problème était plus sérieux qu’on ne le pensait au départ, si bien qu’il n’était plus possible de diriger le bateau avec les mêmes ambitions et surtout la même sécurité. » Le skipper, après avoir échangé avec la terre, réunit son équipage pour lui annoncer sa décision de renoncer à poursuivre cette tentative :

 

« C’est super dur de vous dire ça mais c’est aussi mon job de vous ramener et de ramener le bateau à son armateur. On n’est pas « out », on a fait un truc super jusqu’aux Kerguelen, on était devant, je ne pense pas qu’il faille tenter le diable avec un bateau qui n’est pas à 100%. »

 

Pour Jean-Christophe Moussard, « Thomas a pris la décision qui s’imposait, c’est un homme d’expérience, il sait que le Pacifique est un « no man’s land », où personne ne vient te chercher. Prendre ce genre de décision après six heures passées dans le flotteur, il faut être costaud. »

 

Les équipiers accusent forcément le coup, certains yeux sont rougis, mélange de fatigue et d’une déception légitime après 16 jours de navigation intense. Interrogé samedi matin par Martin Keruzoré, Thomas Coville résume : « Le fait de prendre cette décision quasiment à mi-chemin a été plus qu’une déception. Quand vous êtes dans une spirale, que vous avez quelque chose qui vous prend les tripes et que tout le groupe est dans cette même atmosphère, arrêter ça, c’est arrêter quelque chose de trop beau. Je n’étais pas uniquement dans la projection de battre le Jules Verne, je voulais aussi continuer à vivre ce moment, cette expérience, ce voyage, qui étaient tels que je l’avais imaginé avec ce groupe qu’on a formé. Je n’avais pas envie que ça s’arrête. »

 

S’il parle « d’une école d’humilité », le skipper de Sodebo Ultim 3 sait aussi tout le beau chemin qui a été accompli jusque-là : « Le prix à payer est un peu fort, je suis très déçu, mais je ne suis pas abattu parce que c’est une évidence : on reviendra. On a un groupe et un bateau pour le faire, on a un partenaire qui veut bien y retourner aussi, donc l’avenir est devant nous. On écrira d’autres histoires, mais on continuera d’abord celle-là, tellement elle a bien démarré, ce n’est pas fini ! »

 

Ce périple n’est en effet pas terminé puisque le trimaran fait désormais route vers La Réunion, où il sera rejoint par une petite équipe technique pour remplacer les pièces défectueuses. « Nous avons choisi La Réunion plutôt que l’Australie pour plusieurs raisons, explique Jean-Christophe Moussard. D’abord parce que les conditions météo étaient plus favorables pour rejoindre la Réunion, ensuite parce qu’on pouvait envoyer plus facilement une équipe technique. Pour l’Australie, les conditions sanitaires actuelles imposaient une quatorzaine en isolement. La Réunion est un département français, c’est donc beaucoup plus simple pour s’organiser. Pour rentrer à Lorient en passant par le Cap de Bonne Espérance, les systèmes météo sont plus favorables. Dans les premiers échanges que nous avons avec les Réunionnais, on les sent déjà très enthousiastes pour nous aider et nous accueillir, on va vivre de beaux moments de partage. »

 

L’escale à Port Réunion au Nord-Ouest de l’île devrait durer quelques jours, après quoi l’équipage reprendra la mer pour environ trois semaines jusqu’à Lorient où il est espéré à la mi-janvier. Un nouveau départ pour le Trophée Jules Verne sera-t-il alors possible cet hiver ? « Non, on ne repartira pas, le bateau aura fait plus qu’un tour du monde en nombre de milles, il a besoin d’être révisé, inspecté sous toutes ses coutures, mais nous allons profiter du retour pour continuer à travailler sur la connaissance et la performance de ce jeune bateau mis à l’eau en Mars 2019 », conclut le team-manager.

SODEBO ULTIM 3 MET FIN À SA TENTATIVE DE TROPHÉE JULES VERNE suite à une avarie de safran

Après un peu plus de 16 jours de mer, l’équipage de Sodebo Ultim 3 a décidé ce vendredi 11 décembre d’interrompre sa tentative sur le Trophée Jules Verne.

 

 

Alors qu’ils naviguaient entre les Kerguelen et le Cap Leeuwin, à plus de 30 nœuds, Thomas Coville et ses sept équipiers ont constaté une avarie sur le safran tribord. Après plusieurs heures de travail acharné, d’échanges avec l’équipe technique à terre, ils ont dû se rendre à l’évidence.

 

La réparation ne permet plus au bateau de naviguer à 100% de ses capacités pour tenter de battre le record du Trophée Jules Verne, ils ont décidé d’interrompre leur tentative débutée le 25 novembre à 2h55.

 

Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame auront montré que Sodebo Ultim 3 avait le potentiel pour battre le record d’Idec Sport (40 jours 23 heures et 30 minutes).

 

C’est donc légitimement très déçus qu’ils renoncent à la suite de ce tour du monde, mais avec la conviction que le record est à leur portée.
Pour la suite des opérations et des questions de logistiques, ils font route vers la Réunion – distante de 2300 milles d’où ils se trouvent actuellement – afin de fiabiliser le bateau et repartir en toute sécurité vers Lorient.

 

Patricia Brochard, co-présidente de Sodebo :

 

« S’engager sur le Trophée Jules Verne requiert une préparation humaine et technique de très haut niveau. Thomas, François, Sam, Corentin, Martin, François, Thomas et Matthieu ont été à la hauteur de ce défi et ont fait preuve d’un engagement mental et physique total. A terre, la cellule routage et toute l’équipe lorientaise ont également été admirables durant cette tentative. Je tiens à les remercier pour tout le travail effectué. Nous avons réussi le pari de faire rêver nos publics à travers cette aventure hors-norme. Cet abandon est bien sûr une déception pour tous. Mais il sera aussi formateur et apprenant afin d’aller relever nos prochains challenges. »

 

S’ADAPTER À SON ENVIRONNEMENT

Plus de 15 jours de mer pour Thomas Coville et ses sept équipiers qui sont passés dans la nuit de mercredi à jeudi sous les Kerguelen, avant d’empanner par 53° Sud juste devant l’île Heard, qui appartient à l’Australie. Après une journée à 29 nœuds de moyenne, Sodebo Ultim 3 reste en avance sur le tableau de marche d’Idec Sport (160 milles à 6h).

 

 

Température de l’air 2°, température de l’eau 2°C également, le froid est de rigueur ce jeudi matin à bord de Sodebo Ultim 3. Après être descendu très Sud, jusqu’à 53°, le trimaran est d’ailleurs en train de remonter en bâbord amure dans un vent plus maniable d’une vingtaine de nœuds pour longer une zone d’icebergs identifiée à tribord.

 

Mercredi, les conditions de vie à bord sont restées difficiles dans une mer formée, comme l’a raconté François Duguet :

 

« Je me sens bien, c’est un accomplissement d’être dans le Grand Sud, un rêve de gosse, même si je ne cache pas qu’il y a des petits moments un peu difficiles. L’Indien est un océan coriace, exigeant, la mer est dure depuis deux-trois jours, c’est vraiment difficile de se déplacer dans le bateau, il y a des accélérations et des décélérations constantes, la vie de tous les jours est assez sportive. Au début, on se fait un peu surprendre, on est d’ailleurs deux ou trois à s’être légèrement blessés, mais au bout de 36 heures, on s’adapte, le corps humain est capable de repousser ses limites. On se balade à quatre pattes pour préparer notre tambouille ; en ce moment, je suis quasiment couché sur la table pour ne pas me fracasser toutes les dix secondes à l’avant du cockpit, on trouve des astuces, on est un peu comme des animaux. On sait que le Trophée Jules Verne n’est pas un sprint, mais une course d’endurance, parfois, il faut savoir faire le dos rond. »

 

La contrariété du jour pour le boat-captain de Sodebo Ultim 3 : « L’huile d’olive a gelé, c’est très critique ! A bord, il y a toute une bande de Bretons qui ne mangent que du beurre, donc ils n’ont pas l’air de s’en offusquer, mais moi, ça me dérange énormément, parce que ça fait partie des éléments importants de mon alimentation, j’espère que le tabasco ne gèlera pas… »

 

Toujours très attentif au bateau, François Duguet en estime « le potentiel quasi-intact à ce stade », l’équipage s’aidant notamment des nombreux capteurs à bord, à la fois pour bien le régler, mais aussi pour mesurer les efforts qu’il supporte : « Comme on passe la plupart du temps confinés dans notre petite cellule devant le mât, les capteurs aident pour avoir de bons repères de réglages sur les appendices, les angles d’attaque des foils, et pour nous donner des informations sur les contraintes, même s’ils sont parfois mis à rude épreuve : ça arrive qu’ils nous envoient des informations erronées, dans ce cas, on essaie de contrôler visuellement, de sortir la tête par la fenêtre. »

 

Et à terre, l’équipe technique du team Sodebo veille au grain :

 

« L’analyse d’un ingénieur au bureau d’études, tranquille à son bureau, permet d’avoir des réponses et des infos plus précises que notre analyse à chaud à bord, confirme le marin de 39 ans. Je compare ça à la F1 : le pilote est sur la piste, concentré pour faire avancer la voiture, et sur la murette, il y a les ingénieurs qui voient défiler les chiffres et les analysent. Nous, c’est un peu pareil. »

 

LES KERGUELEN DANS LE VISEUR

Sodebo Ultim 3 a entamé dans la nuit de mardi à mercredi sa troisième semaine de mer dans un Océan Indien toujours assez chaotique. Ce qui explique des vitesses moins élevées que les jours précédents (25 nœuds sur 24 heures) et une avance sur Idec Sport qui diminue (235 milles à 6h). Thomas Coville et ses équipiers devraient passer la nuit prochaine sous les Kerguelen.

 

 

Depuis le passage du Cap des Aiguilles lundi matin, les « Sodeboys » ont le droit à la version « shaker » de l’Océan Indien avec du vent et une mer formée qui ne se laisse pas dompter facilement. Un Océan Indien qui rappelle quelques souvenirs à Sam Goodchild :

 

« Je connais déjà un peu le Sud, parce que j’avais fait une étape de la Global Ocean Race en Class40 entre Cape Town et Wellington en 2011 ; je suis aussi venu il y a deux ans avec Spindrift sur le Trophée Jules Verne, nous étions passés juste au sud des Kerguelen, il y avait un peu moins de mer, c’était un peu plus facile. »

 

Si les conditions de vie à bord actuelles ne sont pas évidentes, cette région du globe reste pour nombre de marins source de fascination : « C’est sûr que les mers du Sud et l’Océan Indien sont des endroits mythiques, confirme le natif de Bristol. Quand on est jeune, on entend plein d’histoires sur les tours du monde, le Vendée Globe, The Ocean Race, le Trophée Jules Verne, donc le fait d’y venir soi-même, c’est assez spécial, ça n’arrive pas dix fois dans une vie. On essaie d’en profiter, ce sont des expériences intenses qui vont nous rendre plus forts dans le futur et nous soudent aussi en tant qu’équipage. »

 

Comment se sent-il après deux semaines de mer ?

 

« Globalement, tout va bien. On a tous des mini-soucis, parce que ce n’est quand même pas simple ce qu’on fait vivre à notre corps : on ne dort pas comme d’habitude, on ne mange pas pareil, il n’y a pas cinq minutes dans la journée où ça ne bouge pas et où il n’y a pas de bruit, c’est usant, mais c’était prévu. Et on fait tout ce qu’on peut pour maintenir le corps comme le bateau en forme. »

 

Et pour se régénérer moralement, on envoie parfois des petits mots à ses proches, ce que fait régulièrement Sam Goodchild : « Je communique juste avec ma famille, c’est toujours sympa de garder le lien avec la terre, de voir ce qui se passe à la maison et ce qui nous attend quand on revient. On n’a pas énormément de temps à y consacrer, ce n’est pas très facile d’envoyer un mail avec le vent et les vagues, mais c’est un petit plaisir que j’arrive à prendre tous les deux-trois jours. »

 

A bord, l’équipage suit également les pérégrinations des marins du Vendée Globe, situés dans leur nord : « On regarde les classements sur l’ordinateur, c’est chouette à suivre, on est bien plus au sud qu’eux, mais on vit à peu près les mêmes choses aux mêmes moments », conclut celui qui rêve un jour de disputer la course autour du monde en solitaire.

 

UN TEMPO ENTRE TERRE ET MER

Bientôt deux semaines de mer pour Sodebo Ultim 3 qui continue de faire route vers l’est et l’archipel des Kerguelen, situé à un peu plus de 1000 milles de son étrave mardi matin. Après une journée à 32 nœuds de moyenne, Thomas Coville et ses sept équipiers sont toujours en avance sur le tableau de marche d’Idec Sport (500 milles à 6h).

 

Malgré un début d’Océan Indien assez chaotique, comme l’a montré la vidéo envoyée lundi par le media man Martin Keruzoré, Sodebo Ultim 3 parvient à maintenir une bonne vitesse : après un peu plus de 13 jours de mer, le trimaran a parcouru 765 milles lors des dernières 24 heures, à 32 nœuds de moyenne.

 

 

Les conditions sont engagées, faisant dire lundi à Matthieu Vandame, barreur/régleur : « Il y a 30 nœuds établis, pas mal de mer, il fait très froid, ça va très vite, ça bouge énormément, il faut sans cesse se tenir. »

 

Le tempo reste élevé, fruit d’un échange permanent entre Thomas Coville en mer et la cellule de routage à terre composée de Jean-Luc Nélias et de Philippe Legros.

 

« On propose et eux disposent, c’est toujours une boucle entre nous, explique Jean-Luc Nélias. On est un peu un aiguillon, mais généralement, les consignes qu’on leur donne sont atteignables, on essaie d’être réaliste et on tient évidemment compte des problématiques à bord. Et avec Thomas, on commence à avoir l’habitude de travailler ensemble. »

 

Jean-Luc Nélias a effectivement accompagné le skipper de Sodebo Ultim 3 sur ses tentatives de record du tour du monde en solitaire pou sur la Route du Rhum, mais également en mer, notamment l’an dernier sur la Brest Atlantiques. Cette complicité primordiale permet aux deux hommes de s’accorder sur le rythme à tenir, même si, c’est avant tout la nature qui décide, aux dires du routeur : « La météo demande toujours d’aller un peu plus vite pour éviter de se faire rattraper par du petit temps ou par un coup de baston ; nous, on décide de quelques adaptations, mais globalement, c’est la météo qui nous dirige et donne le tempo. »

 

Une météo qui reste donc actuellement soutenue pour Sodebo Ultim 3, légèrement remonté en latitude la nuit dernière, puisqu’il évolue par 48°50 Sud, dans un flux de nord-ouest qui va peu à peu tourner à l’ouest. Ce qui va sans doute contraindre l’équipage à caler un ou plusieurs empannages sur la route des Kerguelen. Et explique que l’avance sur Idec Sport, particulièrement véloce il y a quatre ans sur cette partie du parcours, ait un peu baissé en 24 heures.

A L’ATTAQUE DE L’INDIEN !

A l’assaut du Trophée Jules Verne, Sodebo Ultim 3 a franchi ce lundi matin le Cap de Bonne-Espérance avec une avance de 17h35 sur Idec Sport. Les 8 hommes d’équipage du trimaran géant sont entrés dans le vif du sujet de l’Océan Indien par 50° Sud. Au programme : du vent fort, de la mer, du froid et de la haute vitesse !

 

 

Après la belle glisse du week-end dans l’Atlantique Sud qui a permis à Sodebo Ultim 3 de filer pleine balle vers le Cap de Bonne-Espérance, franchi lundi à 5h, Thomas Coville et ses sept équipiers ont changé d’ambiance en même temps que d’océan : « C’est engagé, la mer est en train de se former, l’Océan Indien est pour moi le plus difficile », commente Thomas Coville dans une impressionnante vidéo envoyée par Martin Keruzoré, où l’on voit le trimaran filer à vive allure sous un ciel gris et sur une mer cabossée. « On a changé d’ambiance en deux-trois jours, on est dans le frigo ! », sourit quant à lui un Corentin Horeau encagoulé, en référence aux petits 4°C affichés sur le thermomètre.

 

 

Pour le skipper de Sodebo Ultim 3, « Bonne-Espérance, c’est le cap de l’espoir, c’est aussi le cap de la décision, d’y aller ou de faire demi-tour. » En l’occurrence, en accord avec la cellule de routage composée de Jean-Luc Nélias et de Philippe Legros, Thomas Coville a choisi de poursuivre le périple entamé le 25 novembre :

 

« Aujourd’hui, on estime que nous sommes dans des temps honorables, on sait que la suite jusqu’au Cap Leeuwin (pointe sud-ouest de l’Australie), voire jusqu’en Nouvelle-Zélande, sera moins bien que ce qu’ont fait nos concurrents de référence (Idec Sport), mais c’était le moment où il fallait se décider, on est lancés. »

 

Et bien lancés, puisqu’à Bonne-Espérance, Sodebo Ultim 3 comptait 17 heures et 35 minutes d’avance sur le tableau de marche du détenteur du Trophée Jules Verne. Ce qui ne fait que confirmer à Jean-Luc Nélias que la fenêtre choisie au départ valait le coup d’être tentée : « On a respecté le planning de cette fenêtre, on savait qu’elle n’était pas excellente, mais le résultat est conforme à ce qu’on avait prévu. »

 

DES ICEBERGS SOUS SURVEILLANCE

La suite du programme ? « Ça s’annonce plus compliqué que pour Idec qui avait été tout droit jusqu’en Nouvelle-Zélande, poursuit-il. Nous allons avoir plus de vent arrière et en arrivant vers le Cap Leeuwin, il y a une situation météo complexe avec soit du petit temps, soit du très mauvais, mais ça peut aussi très bien se passer. On va sans doute perdre l’avance accumulée jusqu’ici, ce serait bien d’être à égalité avec Idec sous la Nouvelle-Zélande. » Ce qui permettrait d’attaquer le Pacifique avec des chances de s’emparer du record.

 

D’ici là, il va falloir négocier au mieux un Océan Indien où ont été repérés quelques icebergs et growlers (morceaux de glace qui se détachent) que l’équipage et la cellule de routage surveillent attentivement, avec le support de CLS, société spécialisée dans leur détection.

 

« Contrairement au Vendée Globe sur lequel une limite des glaces s’impose à tous les concurrents, rien ne nous contraint, si ce n’est la sécurité du bateau et surtout de l’équipage, explique Jean-Luc Nélias. On est obligés de prendre un peu de risques parce que la route la plus courte passe plus proche des glaces, c’est un dosage particulier à trouver. Comme le plus petit objet détectable par les images satellites mesure 20 mètres, on mise aussi sur les statistiques et sur notre savoir-faire. »

 

Autant dire que l’heure est à la plus extrême concentration, tant à bord de Sodebo Ultim 3 que dans la base du Team à Lorient, où Jean-Luc Nélias et Philippe Legros veillent au grain : « Le rythme est intense ici aussi, confirme le premier. Entre 7h et midi, nous sommes à fond, entre les visio-conférences pour les glaces, la récupération des fichiers météo, la préparation des bulletins et des routages. L’après-midi, c’est plus du suivi, ce qui nous permet de faire une sieste ou du sport à tour de rôle. Et la nuit, on a également des quarts ; on dispose des mêmes alarmes que sur le bateau : de vitesse, de cap, de pression atmosphérique… on vit le truc comme un neuvième équipier. » A fond…

 

Pour s’emparer du Trophée Jules Verne, détenu depuis le 26 janvier 2017 par Idec Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes, Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame doivent couper la ligne à Ouessant avant le mardi 5 janvier à 2h25 (heure française, sous réserves de validation du WSSRC).

BONNE-ESPÉRANCE, UN PREMIER CAP EN AVANCE !

Après 12 jours 2 heures et 5 minutes de mer, Sodebo Ultim 3 a franchi ce lundi 7 décembre à 5h00 (Heure française) la longitude du Cap de Bonne-Espérance. C’est le premier des 3 caps mythiques à franchir dans cette tentative de Trophée Jules Verne. 

 

 

Depuis leur départ d’Ouessant le 25 novembre à 2h55, Thomas Coville et ses sept équipiers ont parcouru 8154 milles (15 101 km), à 28 nœuds de moyenne.

Ces dernières 48 heures, ils ont allongé la foulée avec des vitesses moyennes de près de 70 km/h, ce qui leur a permis de creuser un peu plus leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport.

Au passage du Cap de Bonne-Espérance, ils comptaient 17 heures et 35 minutes de marge par rapport au détenteur du Trophée Jules Verne.

Depuis le 30 novembre, ils auront mis 6 jours 16 heures 15min pour parcourir l’Atlantique Sud entre l’Equateur et le cap Sud-Africain (temps d’Idec Sport 7j 00h 30min).

Désormais entré dans l’Océan Indien (au niveau du Cap des Aiguilles franchi à 6h 40min (Heure française) après 12 jours 3 heures et 45 minutes ), Sodebo Ultim 3 fait désormais route vers l’archipel des Kerguelen.

Pour s’emparer du Trophée Jules Verne, détenu depuis le 26 janvier 2017 par Idec Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes, Thomas Coville, François Duguet, Sam Goodchild, Corentin Horeau, Martin Keruzoré, François Morvan, Thomas Rouxel et Matthieu Vandame doivent couper la ligne à Ouessant avant le mardi 5 janvier à 2h25min (heure française, sous réserves de validation du WSSRC).

LA VIE À 40 NŒUDS : dernier jour dans l’Atlantique Sud ?

Sodebo Ultim 3, lancé depuis vendredi soir dans un long sprint vers l’océan Indien, sort d’une journée de samedi mémorable : Thomas Coville et son équipage ont parcouru entre samedi et dimanche matin 870 milles en 24 heures (1 611km à 36,2 nœuds de moyenne), tout près du record absolu des 24 heures (908,2 milles par Banque Populaire V en 2009). Leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport s’est encore accrue, de 613 milles ce dimanche à 8h.

 

Quelle journée ! Entre samedi et dimanche matin, Sodebo Ultim 3 a signé la deuxième performance de tous les temps sur 24 heures, le trimaran ayant « avalé » 869,8 milles, à 36,2 nœuds de moyenne. Dans l’histoire du record des 24 heures, seul Banque Populaire V a fait mieux lors de son record de l’Atlantique Nord à l’été 2009, avec 908,2 milles (37,84 nœuds). Autant dire que si les « Sodeboys » continuent à ce rythme, ils pourraient accrocher un premier record à leur tableau de chasse.

 

 

Qui dit moyenne à 36 nœuds dit pointes à plus de 40, comme l’a expliqué samedi soir Thomas Rouxel, au moment où Sodebo Ultim 3 venait de passer sous l’île de Gough Island : « Depuis notre dernière manœuvre, nous n’avons pas été en-dessous de 35 nœuds, nous avons même fait une heure au-dessus de 40. Je n’avais jamais vécu ça avant, il n’y a que ces bateaux qui le permettent, dans des conditions particulières : là, on est à l’avant d’une dépression, ce qui nous permet d’avoir du vent fort et de la mer plate, c’est assez exceptionnel. »

 

Dans ces conditions, le pilote automatique est mis à contribution : « A ces vitesses et au reaching, vent de travers, le pilote barre mieux que le bonhomme ; surtout qu’à des moments, ne voyait pas à 50 mètres, poursuit le barreur/régleur de 38 ans. Nous, on s’occupe des réglages pour être au maximum de la performance du bateau : on se donne un angle de gîte idéal et on essaie de s’y tenir avec les réglages de l’écoute et du chariot de grand-voile. Si le vent mollit, on joue aussi sur les réglages du foc. »

 

A ces vitesses, la vie à bord est assez sport : « Ça bouge beaucoup, ça fait beaucoup de bruit, les mouvements du bateau sont assez violents, c’est compliqué de se déplacer, il faut tout le temps se tenir. Ce midi, j’ai préparé un petit plat de pâtes pour la collectivité, ça a été une petite aventure, j’ai réussi à ne pas me brûler ! » Malgré ça, les huit marins parviennent à trouver le sommeil : « Comme on est bien fatigués, on arrive à s’endormir et à dormir correctement, on a des bons matelas et des bons sacs de couchage », confirme Thomas Rouxel.

 

Qui garde quelques souvenirs bien arrosés du Grand Sud : « Les principaux, ce sont les grosses tempêtes, comme celle qu’on avait eue sur la dernière édition de la Volvo Ocean Race sur l’étape du Cap Horn (à bord de Dongfeng Team Race). Nous avions eu 35 nœuds de vent moyen et une houle de 10 mètres, ça donnait des images impressionnantes, surtout que sur les Volvo 65, tu es tout le temps dehors en train de barrer et de régler, tu es sous les vagues. » Ce qui est moins le cas sur Sodebo Ultim 3 : « Nous, on cherche de la mer plate et des vents de 20 nœuds ; d’après les prévisions du jour, ce sont des conditions qu’on devrait pourvoir garder quasiment jusqu’au Cap Leeuwin. »

 

Et Thomas Rouxel de conclure : « Faire le tour du monde sur un trimaran Ultim, c’est le rêve de tout marin ; ça va relativement vite, 40 jour en mer, dans un « confort » quand même très bon par rapport à un Volvo 65, où tu es tout le temps sous l’eau, ou même un Imoca qui est un bateau très dur. C’est le top, je suis content de revenir dans ces coins sur Sodebo Ultim 3, même si ça reste le Sud : on va avoir froid, on va être tout le temps mouillés parce que le taux d’humidité est de 100%, il y aura sans cesse de la condensation dans les bannettes, ça reste un confort relatif. »

 

SODEBO ULTIM 3 PLEIN POT : Plus de 400 nm d’avance !

Comme prévu par la cellule de routage, Sodebo Ultim 3, parvenu à se positionner à l’avant d’une dépression se décalant vers l’est, a débuté vendredi soir un long bord de vitesse qui va le mener jusqu’aux Kerguelen. Samedi matin, Thomas Coville et ses sept équipiers affichent une moyenne de 34 nœuds, ce qui leur a permis d’accroître leur avance sur le tableau de marche d’Idec Sport, de plus de 400 milles.

 

Jean-Luc Nélias avait résumé le programme du week-end vendredi dans son bulletin météo quotidien : « A partir de ce soir, la course de vitesse débute. » Et effectivement, depuis plusieurs heures, Sodebo Ultim 3, après en avoir terminé avec le contournement par l’ouest de l’anticyclone de Sainte-Hélène, a considérablement allongé la foulé. Ce samedi matin, sa moyenne sur les dernières 24 heures est de 34,2 nœuds et ce long bord de vitesse dans les 40e, bâbord amure à l’avant d’une dépression, va durer encore quelques jours, jusqu’aux Kerguelen. Auparavant, l’équipage aura basculé dans l’océan Indien au niveau du Cap des Aiguilles, point le plus méridional de l’Afrique du Sud situé après Bonne-Espérance, lundi matin, soit en 12 jours environ, l’objectif en partant d’Ouessant le 25 novembre.

 

 

En prévision du Grand Sud, le boat-captain François Duguet est confiant quant à la capacité de Sodebo Ultim 3 à encaisser ces journées à plein régime :« Je n’ai aucune appréhension, le bateau est prêt, l’équipage aussi, j’ai hâte d’y aller. » Chargé de veiller techniquement sur le trimaran, le marin de 39 ans n’a, de son propre aveu, pas eu grand-chose à faire de ce côté-là depuis le départ il y a un peu plus de 10 jours : « Les 4-5 premiers jours, je n’ai même pas ouvert la caisse à outils. Ensuite, on a profité de la traversée du Pot-au-noir pour faire quelques bricoles, mais c’était surtout du préventif et de la sécurité. » Ce qu’il regarde en priorité quand il fait un « check » du bateau ?

 

« D’abord tout ce qui est gréement : bôme, mât haubanage, ancrage. Après les bras de liaison, la structure en dessous pour voir s’il n’y a pas d’impact ; enfin les systèmes de transmission de barre et les safrans. En gros, tout ce qui n’est pas visible depuis la cellule de vie. »

 

A bord, celui qui confie être « toujours bien en mer », joue aussi, avec sa bonne humeur, les « ambianceurs », sans se forcer : « Je ne sais pas si je suis le boute-en-train de l’équipage, disons que je suis peut-être un peu plus expressif, que j’ai le verbe un peu plus haut que certains, même s’il y en a qui ne sont pas en reste. C’est important quand on part pour 40 jours, dans un espèce de huis clos, de garder une bonne ambiance pour que le moral reste haut, ça passe par des bons mots et des petits moments relax. »

 

Cette bonne ambiance est également alimentée par Thomas Coville qui donne la cadence à bord :

« Personnellement, c’est une découverte pour moi de partir aussi longtemps sur un record et de ne pas avoir de concurrent direct, poursuit François Duguet. Ce n’est pas facile, il faut parfois se faire un peu violence, se remotiver constamment, mais Thomas est là pour ça et il le fait très bien. Il nous rappelle à l’ordre, nous demande de rester focus sur les chiffres et les réglages. Sur un record, on se bat contre nous-mêmes, ça demande une concentration de tous les instants. »