Le Musée National de la Marine a accueilli mardi soir plus de 200 personnes à l’occasion de la soirée du Trophée Jules Verne. Cette soirée était une première pour l’association Tour du Monde en 80 jours. Il ne s’agissait en effet pas de remettre le trophée à l’occasion d’un nouveau record (il appartient depuis 2012 à Loïck Peyron et l’équipage de Banque Populaire en 45 jours et 13 heures) mais d’évoquer l’histoire et, surtout, l’avenir d’un Trophée qui fêtera son 25ème anniversaire en 2017.
Après des mots d’accueil d’Olivier Poivre d’Arvor pour le Musée, partenaire institutionnel du Trophée Jules Verne et une prise de parole de Mme La Ministre de l’environnement, de l’Energie et de la Mer Ségolène Royal, Titouan Lamazou, Président de l’association, Sir Robin Knox Johnston, vice-président avec Olivier de Kersauson et Yves Le Cornec, le premier à avoir eu l’idée d’un défi en moins de 80 jours, ont rappelé la genèse et l’histoire du Trophée. Ils ont également rendu hommage à Florence Arthaud, fondatrice et première présidente de l’association.
La soirée a également permis de rappeler les tentatives de record en 2015 de Francis Joyon (Idec Sport) et Yann Guichard et Dona Bertarelli (Spindrift 2) et de faire le point sur les projets des deux challengers. Enfin Titouan Lamazou a annoncé plusieurs nouveautés pour le 25ème anniversaire.
Les nouveautés
Il s’agit dans l’immédiat du lancement du site Officiel www.tropheeJulesVerne.org, mis en ligne à l’occasion de cette soirée. Et, en 2017, de la publication d’un bel ouvrage commémoratif chez Gallimard, de la réalisation d’un film documentaire rassemblant 25 ans d’images et témoignages, de la création d’une exposition à vocation itinérante et enfin de l’instauration d’un Prix annuel Jules Verne (à la façon autrefois du Neptune d’Or). C’est un jury qui récompensera une personnalité ayant contribuée au rayonnement des tours du monde à la voile du présent comme du passé : navigateur bien sûr, mais aussi artiste, écrivain, mécène, architecte, constructeur, créateur d’événement… Ce prix sera remis au musée de la marine, occasion d’un rendez-vous annuel autour du Trophée.
Ces nouveautés ont pour objectif d’assurer une plus grande visibilité au Trophée en dehors des tentatives elles-mêmes. L’association Tour du Monde en 80 jours entend ainsi ouvrir vingt-cinq autres belles années qui verront, sans nul doute, le record passer sous la barre des 40 jours !
Interview de Titouan Lamazou, Président de l’association Tour du Monde en 80 jours
En tant que Président de l’association, Titouan Lamazou, vainqueur de la première édition du Vendée Globe et désormais peintre bien connu, a conduit la soirée et annoncé, on l’a vu, beaucoup de nouveautés pour 2017. Il revient sur l’actualité et l’avenir du Trophée Jules Verne.
Pourquoi cette première soirée du Trophée Jules Verne ?
« Le Trophée Jules Verne se devait de rendre un hommage à Florence (Arthaud ndlr) sa fondatrice et première présidente de l’association Tour du Monde en 80 jours. Ainsi que de saluer les performances de Idec et Spindrift.
Par ailleurs, la philosophie minimaliste en termes de communication du Trophée, constitutive de son esprit premier, serait difficile à maintenir stricto sensu aujourd’hui où les choses ont tellement changé en 20 ans dans ce domaine. Je ne crois pas que les jeunes skippers contemporains et connectés comprendraient… »
On ne devrait pas l’appeler le Tour du monde en 40 jours ? Cela te surprend que cela ait été aussi vite en 25 ans ?
« Je pense que depuis la surprise de la première victoire de Bruno (Peyron ndlr) dès 1993, un an à peine après l’ouverture de la ligne du Jules Verne, rien ne nous surprend plus ! Nous pensions à l’époque qu’aucun navire existant ne pouvait permettre de passer en dessous de la barre des 80 jours. Comment aurions-nous pu imaginer que 25 ans plus tard l’objectif serait de 40 !
Mais si l’on considère le record de Robin Knox Johnston dans le Golden Globe en 1969 en 312 jours, qui fut quasi divisé par trois en 109 jours dans le premier Vendée de 1990 à peine 20 ans plus tard… Lorsque l’on regarde devant en fait, on a peine à concevoir ces formidables « progrès », mais s’il on regarde en arrière on se rend compte que tout ça est dans la normalité finalement. »
Au regard du lancement du Trophée Jules Verne en 1992, comment vois-tu aujourd’hui l’état et l’évolution de la flotte capable de records de vitesse autour du monde ?
« Je vois cela comme un succès du Trophée Jules Verne créé à l’époque où toutes les épreuves autrefois qualifiées d’open se bordaient de règlements limitatifs notamment en ce qui concerne les tailles des navires.
Aujourd’hui, les grands voiliers ont été réintroduits dans les épreuves majeures de la course au large. Les deux derniers vainqueurs de la Route du Rhum sont des voiliers conçus pour le Trophée Jules Verne. François Gabart remporte la Transat anglaise à bord d’un multi géant. Des courses se créent (Brest 2019). Le Trophée Jules Verne a engendré une nouvelle génération de navire dont la lignée était en 1992 en voie de disparition ! J’aurais aimé la voir appeler Classe Jules Verne par reconnaissance… En tout cas, il n’y a jamais eu autant de grands navires dans la flotte de course. C’est ça qui compte et qui fait l’objet de notre grande fierté. »
Tu n’aurais pas envie de le tenter un jour ?
« J’avais déjà, il y a bientôt trente ans, annoncé mon retrait de la course au large et mon désir d’armer un bateau… atelier. Et bien figurez-vous que j’ai de la suite dans les idées et que cela revient au premier rang de mon actualité et de mes préoccupations : naviguer encore certes oui, mais le plus lentement possible et au mouillage les ¾ du temps ! »