Sails of Change ne partira plus cette année : le stand-by qui dure depuis plusieurs mois à Brest s’achève car les conditions météos n’ont pas été favorables cet automne, ni cet hiver …
Ce sera pour une autre fois ! Sails of Change n’a pu s’engager sur ce parcours autour du monde cette année, tout comme d’autres prétendants. La raison se justifie par des situations météorologiques peu propices à un tour du monde à la voile : le Trophée Jules Verne n’est pas pour autant abandonné puisque l’équipage reste toujours prêt à en découdre.Il faut bien arrêter le stand-by un jour !
« Nous effectuerons un retour en convoyage de Brest aujourd’hui pour retrouver notre base à La Trinité-sur-mer. Nous avons eu beau reculer notre stand-by, il n’y a jamais eu d’opportunités météorologiques … » précise Yann Guichard. « Nous avons poussé la date limite le plus possible, mais rien ne se présente encore ces prochains jours. Le problème n’est plus de franchir l’équateur en moins de cinq jours (le meilleur temps est toujours détenu par l’écurie en 4 jours 19 heures 57 minutes) mais d’atteindre la longitude du cap de Bonne-Espérance aux alentours de douze jours ! »
Francis Joyon et son équipage avaient en effet bénéficié de conditions très favorables dans les mers du Sud et il faut donc avoir du « gras » avant d’entamer l’océan Indien. « C’est une décision difficile mais il faut bien arrêter un jour et passer à autre chose. Il y a forcément de la déception et il faut envisager la suite. Avec Dona (Bertarelli), nous avons rassemblé l’ensemble des navigants et des membres de l’équipe technique ce mardi midi : ce fut un moment fort ! »
« Cela fait dix ans que nous préparons ce Trophée Jules Verne, et à chaque fin de tentative ou de stand-by, il faut savoir tourner la page … L’émotion reste intacte et c’est toujours aussi difficile ! Ce que nous avons construit avec toute une équipe autour de nous ne peut se déliter » partage Dona Bertarelli.
Il faut bien comprendre que dans le Grand Sud, ce sera désormais l’automne, donc des dépressions plus rapides, plus violentes, des nuits plus longues, et des mers plus hachées ne permettant pas de naviguer à des vitesses permettant d’envisager de battre le record. Et de plus cette année, des icebergs dérivant plus haut en latitude, « dans le Pacifique ». Il aurait donc fallu augmenter la distance à parcourir … Sans pour autant que le temps à battre diminue. « Le record reste. Même s’il est battu, il y aura toujours quelqu’un pour l’améliorer un jour ! C’est cela la beauté d’un record … » déclare le skipper de Sails of Change.
Dorénavant, l’équipe se prépare pour une nouvelle saison de compétitions en TF35 qui vont débuter dès la mi-mai sur le Léman.
Yann Guichard, en collaboration avec Benjamin Schwartz et Jean-Yves Bernot, routeur, continuent de guetter la moindre opportunité d’un départ du Maxi-trimaran Sails of Change. Mais force est de constater que la situation actuelle n’est pas à la hauteur du Trophée Jules Verne pour espérer atteindre le Cap de Bonne Espérance aux alentours de 12 jours et se positionner sur le temps de référence du record à battre détenu par IDEC Sport*.
Le grand beau temps accompagné d’un vent faible d’Est qui règne sur la France en ce début de mois de février est trompeur. « La situation est atypique », explique Jean-Yves Bernot. « L’anticyclone centré sur la France pourrait permettre de partir avec un vent d’Est à la rencontre d’un front et de basculer ensuite vers le Sud ». De fait, les routages de ces dernières 48 heures vers l’Équateur sont bons avec 5 jours prévus pour atteindre les portes de l’Atlantique Sud, malgré « un alizé pas idéal ». Mais c’est ensuite que ça se gâte : « On a beau faire tourner tous les routages que l’on veut et même forcer un peu les polaires, le Sud ne passe absolument pas » garantit Benjamin Schwartz, navigateur de Sails of Change, en lien permanent avec Yann Guichard et Jean-Yves Bernot. Très étendu en longitude comme en latitude, l’anticyclone de Sainte-Hélène fait clairement barrage sur l’Atlantique Sud et rallonge considérablement la route pour rejoindre les dépressions de l’océan Indien, comme l’ont d’ailleurs montré les trajectoires des concurrents de The Ocean Race ces jours derniers. « Sans possibilité de traverser l’anticyclone, les meilleurs temps que l’on peut espérer à Bonne Espérance sont de 13 jours » ajoute Benjamin. C’est 24 heures de trop par rapport au temps de Francis (Joyon) ».
Rappelons qu’IDEC Sport avait ensuite enchaîné un océan Indien remarquable qui oblige aujourd’hui à capitaliser sur l’Atlantique sous peine de courir après le chronomètre tout le reste du tour du monde. Prolongé jusqu’à fin février, le stand-by de Sails of Change doit permettre de profiter de meilleurs enchaînements pour une descente Atlantique de premier ordre.
L’équipage de Gitana 17 a tenté sa chance hier dimanche. « L’Atlantique Nord est bon et ils ont des capacités de vitesse et une agilité dans les vents faibles de l’anticyclone que nous n’avons pas » explique Benjamin Schwartz. « En ce qui nous concerne, on a essayé de forcer un peu mes polaires du bateau mais le bilan, c’est que ça ne passe pas. Nous avons encore 20 jours de stand-by, nous restons sur notre objectif avec le potentiel de notre maxi-trimaran ».
*Record du Trophée Jules Verne détenu en 2017 par l’équipage de IDEC Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes.
Depuis le milieu de la semaine, l’équipage du maxi-trimaran Sails of Change guette la fenêtre météo qui s’est présentée aujourd’hui samedi sur l’Atlantique Nord. Une première opportunité de départ que Yann Guichard a eu envie de saisir, même si elle restait pleine d’incertitudes.
Yann Guichard comment qualifierais-tu la fenêtre qui se présentait jusqu’à ce samedi 14 janvier ? « Elle était excellente jusqu’à l’Équateur où les routages nous plaçaient autour de cinq jours. Mais ensuite il n’y avait pas de système dépressionnaire favorable pour enchaîner sous l’alizé, atteindre Bonne Espérance avant 13 jours et se positionner sur le temps de référence du record à battre. »
Dans ton for intérieur, as-tu pensé qu’il fallait partir ? « C’était la première opportunité de départ depuis le début de notre stand-by. Tout l’équipage a évidemment très envie de partir, mais celle-ci n’était pas favorable. Nous sommes mi-janvier, avec plus d’un mois de stand-by restant. C’est là toute la démonstration de la complexité de la quête du record autour du monde. Ce Trophée Jules Verne est résolument l’un des challenges les plus difficiles à relever. »
Yann Guichard et les 10 membres de l’équipage du maxi-trimaran Sails of Change restent très attentifs, concentrés et motivés.
Le Maxi-trimaran Sails of Change, en stand-by depuis le 24 octobre 2022 pour une nouvelle tentative sur le tour du monde à la voile, le Trophée Jules Verne, a rejoint Brest ce jour. Un convoyage depuis La Trinité/mer qui s’est déroulé sans accroc dans un flux de Sud modéré. Désormais à poste près de Ouessant, le bateau et son équipage attendent une fenêtre météo favorable pour rallier la longitude du cap de Bonne-Espérance en une douzaine de jours.
Par trois fois, Yann Guichard et son équipage avaient tenté ce record : en 2015 (47j 10h 59’) avec Dona Bertarelli devenue ainsi la femme la plus rapide autour du monde, et en 2019 (abandon sur bris de safran après l’archipel des Kerguelen, puis abandon pour perte de contrôle du safran). Or le Trophée Jules Verne a été raccourci en 2017 lorsque IDEC Sport et son équipage ont bouclé le tour de la planète Terre en 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes. Et ce parcours autour du monde est devenu au fil des tentatives (plus de trente en moins de trente ans !) de plus en plus difficile à améliorer : ainsi à l’origine sur l’Atlantique Nord, les départs s’effectuaient au cœur d’une tempête. Puis les équipages ont compris que le but était plutôt d’aller vite sur le dos d’un anticyclone… Et pour le tour du monde, l’équateur en moins d’une semaine était l’objectif jusqu’aux années 2010 alors qu’à ce jour, le but est d’atteindre la longitude du cap de Bonne-Espérance en une douzaine de jours !
UN TOUR DU MONDE EN TRANCHES
De fait, il y a plusieurs tronçons sur ce parcours d’un minimum de 21 600 milles orthodromiques (route directe qu’aucun voilier ne peut suivre à cause des vents dominants) : il faut d’abord traverser l’Atlantique du Nord au Sud… en passant par l’équateur, première borne du Trophée Jules Verne. Atteindre le cap de Bonne-Espérance en moins de douze jours, cela signifie partir avec du vent de secteur Nord, accrocher les alizés portugais, franchir la ligne de démarcation entre les deux hémisphères en moins de cinq jours et demi ! Puis contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène en passant du vent de Sud-Est (Fernando de Noronha) au Nord-Est (au large de Rio de Janeiro) afin de débouler très rapidement vers les Quarantièmes Rugissants. Alors l’océan Indien s’ouvre aux étraves.
Car si la descente peut s’annoncer favorable, le record autour du monde se joue pour beaucoup au passage du cap de Bonne-Espérance. Sails of Change (ex-Spindrift 2) est déjà détenteur du meilleur temps entre Ouessant et l’équateur lors de sa deuxième tentative début 2019 (4j 20h 07’), mais c’est l’enchaînement dans l’Atlantique Sud qui déterminera sa capacité à améliorer le temps de référence au passage du cap de Bonne-Espérance pour entrer dans l’Indien avec de l’avance. Il faut ensuite compter environ six jours pour le transpercer jusqu’au Sud de la Tasmanie, puis huit jours supplémentaires avant de franchir le cap Horn !
Et arrivé là, ce n’est pas fini, loin de là… Il faut remonter tout l’Atlantique, de préférence en longeant les côtes argentines (au moins une semaine) et débouler comme un coup de canon jusqu’à Ouessant (autour de six jours). Certes en cumulant les meilleurs temps réalisés par différents voiliers sur ces différentes tranches, on arrive à 38 jours 16 heures 36 minutes ! C’est pourquoi la décision de partir est aussi complexe car une fois sur le parcours, il n’y a plus d’alternative…
UNE LOGIQUE PARTICULIERE
« IDEC avait eu des conditions plutôt brillantes dans l’océan Indien et lors de la remontée de l’Atlantique ! Donc il ne faut pas être en déficit au cap de Bonne-Espérance parce que cela sera dur de rattraper du temps ailleurs… Il y a moyen de gagner du temps sur la descente de l’Atlantique et sur la traversée du Pacifique, mais c’est tout. On peut donc améliorer le temps de référence en descendant vers l’Afrique du Sud et dans le Pacifique, c’est tout ! Pour le reste, faire le même temps que le tenant du titre, que le tenant du titre ce serait déjà pas mal. Pour le moment et dans les prochains jours jusqu’à mi-novembre, il n’y a pas de fenêtre météo de départ, parce que les alizés sont faibles voire inexistants et que le vent de secteur Sud est établi sur l’Europe de l’Ouest… » dixit Jean-Yves Bernot, routeur à terre de Sails of Change.
« Pour l’instant, il n’y a pas d’ouverture dans l’Atlantique Nord parce que les alizés ne sont pas franchement installés : il faut être patient. Rappelons qu’IDEC et son équipe étaient partis assez tardivement ! Et il est préférable d’être en stand-by à Brest, parce que nous gagnons une demi-journée environ de projection météo… » ajoute Benjamin Schwartz, navigateur de Sails of Change.
Ce tour du monde, passé en un quart de siècle de 79 jours 06 heures et des poussières (Commodore Explorer en 1993) à un peu plus de 40 jours, a la plupart du temps nécessité deux, voire plusieurs tentatives avant d’être amélioré successivement par Peter Blake et Robin Knox-Johnston (Enza New Zealand en 1994), Olivier de Kersauson (Sport Élecen 1997), Bruno Peyron (Orange en 2002), Steve Fossett (Cheyenne en 2004), Bruno Peyron (Orange 2 en 2005), Franck Cammas (Groupama 3 en 2010), Loïck Peyron (Banque Populaire V en 2012) et finalement par Francis Joyon (IDEC Sport en 2017) …
Autour de Yann Guichard et Dona Bertarelli, ils sont neuf hommes à composer l’équipage de ‘Sails of Change’ et à relever l’incroyable défi du Trophée Jules Verne, le record du tour du monde en équipage, sans assistance et sans escale. Un incroyable challenge sportif et humain, fruit d’un travail de plusieurs années. Il se veut aussi porteur d’un message fort pour la préservation des écosystèmes marins et terrestres. Le début du stand-by est prévu le 24 octobre prochain et marque le début d’une nouvelle magnifique aventure pour Sails of Change.
Le compte à rebours débutera donc lundi 24 octobre prochain. C’est le temps de l’attente, de l’analyse fine des conditions météorologiques et celui, aussi, de la projection vers un défi immense. Objectif ? S’élancer pour le Trophée Jules Verne, batailler contre le temps et tenter d’abaisser le record de 40 jours, 23 heures et 30 minutes, détenu depuis 2017. « C’est un objectif sportif sans commune mesure, un record extraordinaire, divisé par deux en l’espace de 30 ans », commente Yann Guichard.
UNE MONTÉE EN PUISSANCE
Pour l’équipe Spindrift, l’année a été particulièrement studieuse. Tout d’abord la participation aux six épreuves du TF35 Trophy, championnat annuel unique proposant un mix de navigations en mer et sur lac à travers l’Europe. Spindrift termine la saison à la 3e place au général.
En parallèle, les navigations à bord du maxi-trimaran se sont multipliées. « Certes, il y a toujours des petits ajustements à faire », confie Yann Guichard. « Mais ce qui est bon signe, c’est que le bateau est prêt et que je sens l’envie de tous les membres de l’équipe ».
À partir du début du stand-by, le maxi-trimaran, basé à la Trinité-sur-Mer, sera prêt à rallier Brest dès qu’une fenêtre météo favorable se présentera.
UNE ÉQUIPE DE PASSIONNÉS, PARTAGEANT LES MÊMES VALEURS
Aux côtés de Yann Guichard et Dona Bertarelli, reporter-embarquée, ils sont neuf à tenter l’aventure. « Certains font partie du projet depuis des années et d’autres nous ont rejoints, souligne le skipper. Nous avons une équipe expérimentée de compétiteurs, de passionnés de mer avec qui on partage le goût de l’effort et de la solidarité ».
L’ÉQUIPAGE PRÉSENTÉ PAR YANN GUICHARD
Dona Bertarelli (54 ans) : « Je suis très heureux de partager l’aventure avec Dona, déjà présente à bord lors de notre premier tour du monde, en 2015-2016. Elle s’attache à donner du sens à notre grand défi ».
Thierry Chabagny (50 ans) : « C’est un marin d’expérience, qui compte déjà deux tours du monde, et dont l’expérience est très précieuse à bord ».
Grégory Gendron 39 ans) : « Arrivé dans l’équipe en 2019, Greg a toujours le sourire, est toujours avenant, en permanence prêt à aider. C’est un marin en qui j’ai une confiance totale et qui est très à l’aise en mer ».
Clément Giraud (41 ans) : « Il a terminé le dernier Vendée Globe et fait partie de nos sudistes à bord. Il a toujours la joie de vivre en bandoulière ».
Jacques Guichard (42 ans) : « Chef de quart, j’ai pu compter sur ses talents multiples depuis la genèse du projet Spindrift.Partager une telle aventure avec mon frère, qui est un très bon marin, c’est une chance énorme et la possibilité de resserrer encore plus nos liens ».
Pierre Leboucher (41 ans) : « Nouveau venu dans l’équipage, il a une solide expérience. Passé par l’olympisme, aguerri au Figaro, c’est un pur régatier qui aime se surpasser ».
Christopher Pratt (41 ans) : « Lui aussi nous a rejoint cette année. C’est un esprit cartésien, très structuré, très axé sur la performance. Il aime aller au bout de ce qu’il entreprend ».
Xavier Revil (51 ans) : « Un grand régatier et ancien détenteur du Trophée Jules Verne, que j’ai la chance de connaitre depuis mes années en Optimist et présent à nos côtés depuis le début de l’aventure Spindrift. Chef de quart, je sais que je peux m’appuyer sur son savoir-faire à tout moment ».
Benjamin Schwartz (36 ans) : « Il est passé par le Figaro, mais compte également un tour du monde à son actif avec une participation à la Volvo OceanRace. C’est mon binôme sur ce tour du monde, responsable de la cellule navigation, je peuxcompter sur ses analyses très fines en matière de stratégie météo ».
Julien Villion (30 ans) : « Doté d’une solide expérience en Figaro, il contribue à la bonne dynamique à bord en cherchant constamment les bons réglages, en s’interrogeant en permanence afin que l’on recherche sans discontinuer la performance ».
Jean-Yves Bernot (routeur) : « Spécialiste reconnu et respecté du routage, il est à nos côtés depuis notre première tentative autour du monde en 2015. Grâce à son expérience en tant qu’ancien navigateur puis en tant que routeur, Jean-Yves connaît le parcours comme personne. Surnommé le sorcier mais ce sera à nouveau notre ange-gardien pour cette nouvelle tentative ».
SAILS OF CHANGE, UN TRIMARAN HORS NORME
L’équipage prendra place à bord d’un multicoque conçu et fiabilisé pour performer.
Long de 37 mètres, large de 23 mètres et pesant 21 tonnes, il dispose d’un palmarès à sa mesure. Mis à l’eau en 2008, détenteur du Trophée Jules Verne entre 2012 et 2017 (45 jours, 13 heures), il a été acquis par l’équipe Spindrift en 2013 qui a ensuite brillé en remportant le record de la Route de la découverte (entre Cadix et San Salvador) puis en s’illustrant notamment deux fois à la Rolex Fastnet Race et en 2016 à la Transat Québec – Saint-Malo.
En 2014, alors en configuration solitaire, Yann Guichard parvient à prendre la 2e place de la Route du Rhum, un exploit sportif et humain à la barre du plus grand trimaran de course océanique jamais conçu.
VERS UN RECORD INÉDIT SANS ÉNERGIE FOSSILE
« Notre aventure n’est pas uniquement humaine et sportive », assure Yann Guichard. « Nous avons tenu à intégrer au programme Spindrift nos actions philanthropiques et les valeurs qui nous tiennent à cœur pour la protection de l’océan et de la terre, messages que Dona relayait déjà lors de notre première tentative en 2015 ».
« Depuis 20 ans mes actions se portent sur la création de grandes aires marines protégées et la sauvegarde de la biodiversité. L’étroit lien entre la santé de l’océan, le climat et notre propre santé ne fait plus aucun doute », poursuit Dona Bertarelli.
Ainsi, depuis l’an dernier, les équipes de Spindrift s’attachent à préparer une tentative autour du monde sans énergie fossile, un « défi dans le défi », ajoute Yann. « Il n’y aura donc pas de moteur thermique qui assure habituellement le fonctionnement de l’électronique, des moyens de communication, de la désalinisation et du chauffage de l’eau nécessaire à l’alimentation. Pour y pallier, nous disposons à bord de panneaux solaires, de deux éoliennes et d’une pile à combustible à méthanol ».
UN ENGAGEMENT À 360°, “UNE NOUVELLE IMPULSION”
L’engagement de la campagne ‘Sails of Change’ ne s’arrête pas là. L’équipe Spindrift ainsi que tous les bateaux de l’écurie portent l‘objectif ‘30×30’ soutenu par plus de cent pays. Ils relaient ainsi l’appel de la communauté scientifique qu’il faut protéger intégralement et fortement au moins 30% de l’océan et de la terre, d’ici à 2030 par le biais de réseaux d’aires protégées afin de prévenir les extinctions massives et renforcer la résilience au changement climatique. « La dégradation de nos océans, de nos terres et de nos systèmes d’eau douce détruit la capacité de la planète à soutenir la vie », précise Dona Bertarelli, avant d’ajouter : « Ce combat qui est le nôtre depuis longtemps, donne une nouvelle impulsion à toute l’équipe et à notre défi autour du monde. »
Dona et Yann sont les parrains de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le réseau environnemental le plus vaste et le plus diversifié au monde qui en font l’autorité mondiale sur l’état du monde naturel et les mesures nécessaires pour le sauvegarder.
Le 5 Octobre dernier, ils ont lancé au Sport Positive Summit à Wembley, un nouveau partenariat entre UICN et Sails of Change nommé « Sports for Nature », pour aider les organisations sportives à atténuer les impacts négatifs sur la biodiversité et le climat, et à prendre des mesures concrètes pour protéger la biodiversité. « En tant que sportif, le lien entre le sport et la nature est très clair. Les sportifs ont besoin d’eau claire et d’air pur pour performer. A ce titre, ils ont un intérêt naturel à protéger l’environnent », déclare Yann Guichard.
SPINDRIFT FOR SCHOOLS : INSPIRER ET SENSIBILISER LES JEUNES GÉNÉRATIONS
Ce combat, ils le partagent également avec le fonds de dotation ‘Spindrift for Schools’, créé en 2014, là encore pour sensibiliser le jeune public aux enjeux environnementaux. Des ressources pédagogiques, bénéficiant de l’agrément de l’Éducation nationale française et du soutien de l’UNESCO, sont ainsi mis à disposition du corps enseignant. Des contenus seront également proposés tout au long du tour du monde afin d’embarquer les plus jeunes dans cette aventure sur les océans de la planète.
Pour les élèves comme pour les sportifs ou même les curieux, cela contribuera à saisir l’intensité de ce tour du monde en perspective l’ensemble des valeurs que ‘Sails of Change’ souhaite transmettre. Dona Bertarelli insiste sur « apprendre de la nature pour agir », « s’unir pour inspirer le changement » et « garder une part d’émerveillement car on protège plus facilement ce que l’on connaît, ce que l’on comprend et ce que l’on aime ».Yann Guichard, quant à lui, fait le lien avec la vie à bord et évoque « la nécessité de se surpasser, de faire preuve de résilience et d’entraide à chaque instant ». Autant d’arguments et de motifs de motivation avant de s’élancer pour l’un des défis les plus enthousiasmants de la course au large.
Le 1er novembre 2021, Dona Bertarelli, Yann Guichard et leur équipe se mettaient en stand-by pour une 4ème tentative de record sur le Trophée Jules Verne. Depuis cette date, aucune configuration météorologique n’a permis à l’équipage du maxi-trimaran Sails of Change de larguer les amarres pour un départ autour du monde avec une réelle possibilité de battre le record. Aujourd’hui, Dona Bertarelli et Yann Guichard annoncent la fin du stand-by pour leur écurie de voile Spindrift et se projettent d’ores et déjà sur une nouvelle tentative en fin d’année.
Une météo complexe
Pour battre le record du tour du monde à la voile, il est aujourd’hui impératif de maximiser ses chances sur la première portion du parcours. En premier lieu, le défi du maxi-trimaran Sails of Change consistait à effectuer une descente très rapide entre l’île d’Ouessant et l’équateur (dans les temps du record de Spindrift en 4 jours 19 heures et 57 minutes établi en 2019). Par la suite, l’équipage se devait d’atteindre le Sud de l’Afrique, en moins de 12 jours, pour faire aussi bien que le précédent record. C’est ainsi que depuis le 1er novembre 2021, Yann Guichard (skipper), Benjamin Schwartz (navigateur) et Jean-Yves Bernot (routeur à terre) analysaient la météo pour identifier la configuration idéale qui aurait permis cet enchaînement. Or, cet hiver, les conditions n’ont jamais été réunies pour permettre à l’équipage de couper la ligne de départ.
Jean-Yves Bernot détaille : « Depuis quelques semaines, les dépressions qui arrivent sur l’Europe sont positionnées très au sud, autour des Canaries, de Madère ou du sud des Açores. Ces configurations météorologiques empêchent l’alizé d’être fort et de s’établir durablement. D’habitude ces épisodes sont transitoires et ne durent que quelques jours. Or, cette année, ces situations se répètent inlassablement. Nous avons donc observé de grandes zones avec du vent faible ou avec du vent dans le nez, s’établir dans le sud de Gibraltar jusqu’au Cap Vert. Ce qui n’est bien entendu pas du tout adéquat pour prendre le départ d’un record autour du monde. En parallèle, dans l’Atlantique Sud, au début du stand-by, l’anticyclone de Sainte-Hélène était très étendu. Il était donc difficile à traverser car il engendrait de nombreuses zones sans vent. Cela paraissait donc risqué de voir Sails of Change partir avec la forte probabilité qu’il s’englue là-bas ».
Compte tenu de la situation, l’équipe a décidé au début du mois de prolonger le stand-by de deux semaines, jusqu’au 31 janvier. Pendant cette période, la situation météorologique n’a pas évolué et les prévisions pour début février ne sont pas optimistes.
Enfin, Jean-Yves Bernot rappelle qu’un départ tardif dans le grand sud n’est pas conseillé : « Petit à petit l’été austral se termine. Là-bas, les conditions de navigation deviennent de plus en plus compliquées avec le froid, des vents forts et une mer très formée. Or, avec trop de mauvais temps, la probabilité d’avoir des avaries augmente et surtout il est plus difficile d’atteindre des vitesses moyennes élevées et donc de battre le record ».
Dans ce contexte, Dona Bertarelli et Yann Guichard ont décidé de mettre fin au stand-by de leur équipe sur le Trophée Jules Verne.
Une nouvelle tentative à l’hiver 2022/2023
Yann Guichard, skipper de l’écurie de voile Spindrift, dresse aujourd’hui le bilan : « Depuis deux ans, l’équipe a fourni un travail remarquable pour améliorer notre maxi-trimaran Sails of Change. Le navire n’a jamais été aussi bien préparé pour battre ce record et nous pouvons en être fiers. Bien entendu, c’est une déception de ne pas être partis. Par deux fois nous sommes passés en code vert mais hélas les fenêtres météorologiques se sont ensuite refermées. Par la suite, les routages nous ont confirmé qu’il avait été sage de ne pas partir. Nous n’avons donc aucun regret. Je tiens d’ailleurs à souligner la remarquable mobilisation de tous nos collaborateurs pendant ces trois derniers mois et en particulier des marins qui sont restés motivés jusqu’au bout. Nous avons la chance d’avoir une formidable équipe et un bateau taillé pour le Trophée Jules Verne. Avec Dona, nous annonçons donc que notre écurie de voile Spindrift sera de nouveau en stand-by pour une tentative de record autour du monde à la fin de cette année ».
Dona Bertarelli complète : « Nous dévoilerons prochainement le reste du programme sportif de notre équipe. À travers nos projets, nous aurons à cœur cette année encore d’être les porte-étendards de la campagne « 30×30 » qui vise à protéger 30% de notre planète en 2030. Notre objectif est de faire connaître cette cause auprès du grand public et des institutions afin que de nouvelles décisions soient prises par les gouvernements. En parallèle, nous prolongerons notre travail auprès des scolaires grâce à notre programme « Spindrift for Schools » qui vise à sensibiliser les jeunes générations ».
Équipage 2021/2022 :
Yann Guichard – Skipper
Dona Bertarelli – Reporter embarquée
Benjamin Schwartz – Navigateur
Jacques Guichard – Chef de quart
Xavier Revil – Chef de quart
Duncan Späth – Barreur / régleur
Grégory Gendron – Barreur / régleur
Julien Villion – Barreur / régleur
Thierry Chabagny – Barreur / régleur
Jackson Bouttell – Numéro 1
Yann Jauvin – Numéro 1
En attente d’une ouverture météorologique, Sails of Change a décidé de reporter son stand-by jusqu’à la fin du mois de janvier : une quinzaine de jours supplémentaires bienvenus en raison d’une situation sur l’Atlantique peu favorable.
Il n’y avait définitivement pas d’ouvertures cet automne pour tenter de battre le record autour du monde à la voile établi en 2017 en 40 jours 23 heures et 30 minutes. Mais il peut encore y en avoir cet hiver ! D’ailleurs Yann Guichard à l’étude des précédentes tentatives et records sur le Trophée Jules Verne, a pu le constater : la date du 15 janvier initialement retenue pouvait aisément être décalée ƒ… Parmi ceux qui ont amélioré le temps originel de Bruno Peyron (79 jours 06 heures et 16 minutes) parti aussi début février en 1993, Peter Blake et Robin Knox-Johnston avaient démarré le chrono un 16 janvier en 1994 (74 jours 22 heures et 17 minutes), Olivier de Kersauson un 6 mars en 1997 (71 jours 14 heures et 22 minutes), Bruno Peyron un 14 février en 2002 (64 jours 08 heures et 37 minutes) puis un 25 janvier en 2005 (50 jours 16 heures et 20 minutes), Franck Cammas un 31 janvier en 2010 (48 jours 07 heures et 45 minutes) …
Ainsi sur huit améliorations du Trophée Jules Verne en 27 années, cinq ont démarré après le réveillon, voire même à l’orée de Pâques ! De quoi patienter encore quelques jours puisque l’Atlantique Nord n’est pas franchement coopératif ces derniers temps. Et si Sails of Change a bien failli s’élancer par deux fois avant le solstice d’hiver, la configuration s’est avérée finalement peu favorable pour établir un temps suffisamment court au passage du cap de Bonne-Espérance. Car c’est désormais la pointe Sud de l’Afrique qui est dans le collimateur : il ne suffit plus de franchir l’équateur en moins de cinq jours (ce que le trimaran géant a déjà fait plusieurs fois). Il faut au minimum avoir un temps à l’entrée de l’océan Indien qui approche, voire améliore, celui de tenant du titre !
« À l’origine, nous avions prévu un stand-by jusqu’au 15 janvier, mais la situation météo n’a pas vraiment été favorable ces dernières semaines … Nous avons donc décidé de le repousser jusqu’à fin janvier, ce qui n’a rien d’exceptionnel puisque certaines tentatives et certains records sur le Trophée Jules Verne ont démarré après le réveillon, voire même après janvier ! Nous savions qu’il y a des années avec et des années sans : c’est difficile de dire si les modifications climatiques que nous constatons ont une influence, mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas d’alizés établis parce que l’anticyclone des Açores n’est pas à sa place habituelle. Les dépressions se succèdent, parfois même à la latitude des Canaries … » précise Yann Guichard.
Patience et longueur de temps …
« Font plus que force ni que rage », dit le proverbe de La Fontaine dans la fable du lion et du rat. Or, l’anticyclone des Açores n’est pas très coopératif ces derniers temps avec même des calmes prolongés au large de l’archipel du Cap-Vert et parfois une dépression à la latitude des Canaries ! Dans ces conditions, les alizés tant recherchés pour une descente rapide vers l’équateur sont aux abonnés absents … Et que dire de son homologue de Sainte-Hélène dans l’Atlantique Sud ? Lui aussi joue les filles de l’air : il a déserté l’île qui fut fatale à Napoléon pour flâner entre l’Argentine et l’île Gough, parfois même en se scindant en plusieurs cellules qui virevoltent de l’archipel des Malouines à Crozet.
« La fiabilité des prévisions météorologiques est désormais très bonne jusqu’à dix jours. S’il n’y a pas une configuration favorable dans l’Atlantique Sud, cela ne sert pas à grand-chose de partir et mettre deux semaines pour rallier l’Afrique du Sud ! Il ne faut pas oublier notre objectif : être au moins dans les temps du précédent record et notamment au passage de Bonne-Espérance. Il faut aussi qu’au large du Brésil, on puisse imaginer une traversée des mers du Sud sur le dos d’une dépression, au moins jusqu’à la moitié de l’océan Indien … » complète le skipper de Sails of Change.
Bref, pas de précipitation à avoir pour une quatrième tentative de Dona Bertarelli, Yann Guichard et leur équipage autour du monde : même si cette situation climatique n’est pas surprenante et même si l’adjonction d’une interrogation sanitaire avive quelque peu les esprits, il faut savoir raison garder. Le temps de référence du Trophée Jules Verne est particulièrement difficile à réduire : pour espérer l’améliorer, il faut passer la longitude du cap de Bonne-Espérance en une douzaine de jours.En effet, le record actuel sur ce tronçon, établi en 2017, est de 12 jours 21 heures et 41 minutes. Or, c’est sur ce premier tronçon que le Trophée Jules Verne peut changer de main ! Espérer grappiller des heures dans les mers du Sud, voire même lors de la remontée de l’Atlantique est une chose ; le réaliser en est une autre …
Équipage 2021 du maxi-trimaran Sails of Change :
Yann Guichard – Skipper
Dona Bertarelli – Reporter embarquée
Benjamin Schwartz – Navigateur
Jacques Guichard – Chef de quart
Xavier Revil – Chef de quart
Duncan Späth – Barreur / Régleur
Grégory Gendron – Barreur / Régleur
Julien Villion – Barreur / Régleur
Thierry Chabagny – Barreur / Régleur
Jackson Bouttell – Numéro 1
Yann Jauvin – Numéro 1
Si les conditions étaient favorables, voire très propices, pour atteindre l’équateur en moins de cinq jours, l’Atlantique Sud ne permettait pas de viser la longitude du cap de Bonne-Espérance en une douzaine de jours pour Sails of Change. Jean-Yves Bernot, routeur à terre de l’équipe de Dona Bertarelli et Yann Guichard, revient sur ces incertitudes météorologiques …
Pourquoi ces successifs reports de départ pour le Trophée Jules Verne ?
Sails of Change avait les conditions favorables pour aller rapidement jusqu’au cap Frio (au large de Rio de Janeiro). Le maxi-trimaran avait théoriquement de bons temps, voire de très bons temps pour franchir l’équateur mais ensuite, il y avait un telle instabilité autour de l’anticyclone de Sainte-Hélène, que le passage devant le cap de Bonne-Espérance n’était pas bon …
Mais il y a eu deux fois un départ prévu au mois de novembre !
Dans les deux cas, il n’y avait pas de dépression brésilienne qui se crée et qui propulse le bateau très vite vers l’Afrique du Sud. Ce sont de petites choses, mais à six heures de décalage, Sails of Change prenait ou ne prenait pas le « train » … Six heures d’incertitude sur une prévision à huit jours, c’est peu, mais c’est aussi beaucoup ! Alors ces deux « codes verts » sont aussi liés à la volatilité de ces prévisions météorologiques à long terme.
Il faut bien prendre une décision …
Il y a « code vert » quand il y a une opportunité de départ et il faut bien que toute l’équipe de Spindrift soit prête ! Il faut savoir que les données météorologiques sont mises à jour toutes les douze heures et qu’elles sont fournies par des modèles américain et européen : s’ils ne proposent pas la même situation à plusieurs jours, il faut au minimum attendre qu’ils convergent vers une configuration similaire. C’est un peu le jeu du record : il ne faut pas rater une situation et rester prêt à partir !
Alors qu’en est-il de la situation d’hier, 30 novembre 2021 ?
Ce n’est pas encore franchement décanté. Il y a bien les conditions d’une descente rapide vers le Brésil, mais ensuite … Il y a peut-être une petite dépression qui se forme et avec beaucoup de chances, on peut l’attraper, mais après ? Rappelons que les modèles météorologiques doivent être en accord mais de toutes façons, il faut préparer toute l’équipe s’il y a une ouverture. Dans les deux cas qui nous concernent, les prévisions américaines étaient plus optimistes que celles des Européens, puis la configuration s’est encore dégradée pour les deux modèles.
Mais les simulations météorologiques ont énormément évolué ces dernières années …
Absolument ! On ne route plus les bateaux de la même façon aussi. Lors des premières tentatives dans les années 1990-2000, l’objectif était le passage de l’équateur car la visualisation ne dépassait cinq jours. Désormais, les bateaux sont encore plus rapides et les données fiables courent jusqu’à dix jours et plus ! Il faut maintenant viser le cap de Bonne-Espérance en douze jours maximum : ce n’est plus la même chose. À huit jours, on voit bien ce qui va se passer dans l’Atlantique Sud.
Y a-t-il un rapport entre la position de l’anticyclone des Açores (hémisphère Nord) et celle de l’anticyclone des Sainte-Hélène (hémisphère Sud) ?
Je perçois le sens de la question : situation météorologique favorable dans l’hémisphère Nord donc défavorable dans l’hémisphère Sud ! Non. Il n’y a pas d’équilibre entre ces deux parties de la Terre, en tous cas pas dans la constante de temps sur laquelle nous travaillons. Peut-être en lissant sur l’année ? Je n’ai pas cette information.
Que l’anticyclone des Açores soit plus ou moins haut en latitude n’influe donc pas sur la situation dans l’Atlantique Sud ?
Je n’y crois pas du tout : il n’y a pas de correspondance Nord-Sud. Pas sur le laps de temps sur lequel nous travaillons pour un routage du Trophée Jules Verne. Il n’y a pas de compensation qui se ferait en un temps aussi court.
Sails of Change est de nouveau en stand-by à La Trinité-sur-Mer jusqu’au 15 janvier.
On peut se dire que c’est tard, mais quand on regarde les précédents records, on constate que Groupama 3 était parti un 31 janvier ! Et IDEC Sport aussi au milieu de l’hiver boréal … Là, nous ne sommes que début décembre, l’équipe a encore du temps.
Mais il y a une bonne conjonction avec la pleine lune le 19 décembre et l’été austral le 21 décembre …
Certes, mais il ne suffit pas de franchir l’équateur en moins de cinq jours, comme cela se présentait dans les deux cas : il faut enchaîner ! Le record actuel sur le Trophée Jules Verne est tellement bas (40 jours 23 heures et 30 minutes) qu’il faut être à Bonne-Espérance avec au moins un jour d’avance … Francis Joyon et ses hommes avaient traversé l’océan Indien vraiment très vite : il faut donc posséder de la marge à la sortie de l’océan Atlantique. Et ils avaient mis moins de six jours pour revenir de l’équateur à Ouessant ! Donc la marge doit être prise au début de la tentative …
Logiquement, il y a une dizaine de « fenêtres » météo favorables par hiver ?
Il ne faut pas voir cela comme ça : cela dépend totalement des années et il n’y a pas de statistiques là-dessus ! Il y a des hivers où il y a plein d’opportunités et d’autres où il faut rester à terre. En plus au fil des années, les ouvertures ne sont plus les mêmes. Et puis cela dépend de ce qu’on veut faire et ou on veut aller. Là par exemple, il y avait de quoi améliorer le temps de référence entre Ouessant et l’équateur, mais pas de suite possible pour un record autour du monde … Sails of Change pouvait probablement battre son propre record WSSRC sur la ligne de démarcation entre les deux hémisphères (Spindrift 2 en 2019 : 4 jours 20 heures et 13 minutes) mais l’objectif de Dona Bertarelli, Yann Guichard et de leur équipe reste bien le record autour du monde !
Quelle visibilité pour les jours à venir ?
Il n’y a plus d’ouverture ces prochains jours : il va falloir attendre un peu … Ce qui ne nous empêche pas en tant que routeur, de regarder ce qui se serait passer au cas où Sails of Change serait parti quand même : la fenêtre du 25 novembre s’enferrait dans du super mou après le cap Frio (au large de Rio de Janeiro). Celle du 30 novembre ne semble pas favorable non plus dans l’hémisphère Sud avec un très mauvais temps au cap de Bonne-Espérance, mais on va regarder plus précisément ces jours prochains. Et l’idée de partir et de revenir n’est valable que si le retour est rapide car il peut y avoir une bonne « fenêtre » en retournant sur Ouessant …
L’équipe du maxi-trimaran Sails of Change repasse en code rouge signifiant qu’il n’y a pas de départ envisagé avant 72 heures.
Aujourd’hui à 13h00, alors que tout l’équipage était à bord du navire et prêt à partir, Jean-Yves Bernot, le routeur à terre de l’équipe, a contacté Yann Guichard, le skipper du navire, et Benjamin Schwartz, le navigateur embarqué.
La veille, les prévisions semblaient favorables selon le modèle météo américain. Ce midi, les deux modèles météorologiques européens et américains s’alignaient sur un Atlantique sud peu favorable à une descente rapide.
Ensemble, ils ont alors pris la décision de rester en code vert et d’attendre les fichiers météo du soir pour prendre une décision concernant un éventuel départ.
Ce soir, Yann Guichard, Benjamin Schwartz et Jean-Yves Bernot ont eu la confirmation de la détérioration des conditions dans le sud.
La fenêtre météo ne permettant pas d’arriver dans les temps souhaités au cap de Bonne-Espérance ils ont décidé de décaler à nouveau le départ.
Le maxi-trimaran Sails of Change partira ce mardi en début d’après-midi (vers 14h00) de son port d’attache, à La Trinité-sur-Mer, pour rejoindre directement la ligne de départ du Trophée Jules Verne. Dona Bertarelli, Yann Guichard et leurs coéquipiers ont décidé de rallier le large du phare du Créac’h (île d’Ouessant) directement pour attraper le front qui va balayer la Bretagne ces jours prochains.
Après plusieurs semaines d’attente, le maxi-trimaran Sails of Change devrait théoriquement s’élancer dans la nuit devant le phare du Créac’h (île d’Ouessant) pour tenter d’améliorer le record autour du monde à la voile. Ce Trophée Jules Verne, toujours détenu par Francis Joyon et son équipe depuis 2017 (40 jours 23 heures et 30 minutes), est en effet particulièrement difficile à battre car il faut au minimum atteindre le cap de Bonne-Espérance en une douzaine de jours.
Une configuration favorable
Or, il faut non seulement que l’anticyclone des Açores permette de viser l’équateur en cinq jours environ (le record WSSRC est toujours détenu par Spindrift 2 en 4 jours 20 heures 07 minutes), mais surtout que la situation autorise dans l’hémisphère Sud, une trajectoire très directe vers la pointe africaine. Car une fois franchie la ligne de démarcation entre les deux hémisphères, il faut qu’une dépression se forme au large du Brésil et qu’elle offre une trajectoire Sud-Est en repoussant l’anticyclone de Sainte-Hélène vers l’île du même nom.
En accrochant le « dos » de cette perturbation, Sails of Change pourrait descendre très rapidement, c’est-à-dire à près de 30 nœuds de moyenne, vers les Quarantièmes Rugissants tout en évitant les glaces dérivantes qui, larguées par la banquise antarctique, remontent jusqu’à l’île Gough, voire vers les Kerguelen.
Après plusieurs analyses de la situation météorologique au large de la pointe bretonne, Yann Guichard, skipper de Sails of Change, Benjamin Schwartz, navigateur embarqué, et Jean-Yves Bernot, routeur à terre, ont finalement convenu d’un départ du ponton trinitain à 14h00 aujourd’hui. Le maxi-trimaran devrait mettre une dizaine d’heures pour se positionner sur la ligne de départ du Trophée Jules Verne. En fonction de la marée (Pleine Mer à Ouessant à 13h35, coefficient 60) mais surtout de l’arrivée d’un front actif en soirée de mardi, le top départ pourrait être donné entre 01h00 et 06h00. Car derrière les pluies abondantes attendues, un flux puissant de secteur Nord-Ouest est prévu, entraînant une descente vers l’archipel du Cap-Vert en un peu plus de trois jours …
Sur un parcours théorique direct de 21 600 milles, le Trophée Jules Verne est l’un des plus difficiles à améliorer. En plus du défi sportif, l’équipage aura à cœur tout au long de la traversée de porter haut la campagne « 30×30 » : un appel mondial de scientifiques qui vise à protéger au moins 30% de l’océan et de la terre d’ici 2030.