Cap sur Madère

Partis depuis un peu plus de 24 heures de Ouessant, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild déroulent parfaitement le plan élaboré, avant le départ, avec leur routeur Marcel van Triest. Après un dégolfage express d’une dizaine d’heures, mené à plus de 30 nœuds de moyenne, la première journée de mer de ce Trophée Jules Verne a été consacrée à se faufiler le long de la péninsule ibérique pour gagner au plus vite vers le Sud. Vent fort et enchaînement d’empannages sept au total depuis le franchissement de la ligne ont rythmé ce début de record. Ce lundi, au petit matin de ce deuxième jour de tentative, le géant de 32 mètres et son équipage se trouvaient déjà dans le sud du Portugal, par le travers du cap st Vincent, le point le plus sud-ouest de l’Europe. Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers bénéficient, à la position de 7h, d’une petite centaine de milles d’avance sur le record.

 

 

Samedi, avant de larguer les amarres, à l’occasion de l’ultime briefing météo à terre, Franck Cammas prévenait que les 24 premières de navigation risquaient d’être toniques et notamment au passage du cap Finisterre, à la pointe nord-ouest de l’Espagne. Après Charles Caudrelier hier, Yann Riou nous confirmait cette nuit que le coin avait été fidèle à sa réputation : « Nous avons enchaîné quelques empannages depuis notre départ de Ouessant. On a eu un passage du cap Finisterre plutôt sportif, où nous nous sommes faits pas mal secouer dans une mer désorganisée et un vent soutenu. Ce n’était pas l’idéal pour faire progresser rapidement le Maxi Edmond de Rothschild qui plantait régulièrement dans les vagues. J’ai d’ailleurs fait mon premier vol plané à l’intérieur du bateau mais heureusement sans me faire mal. Mais depuis quelques heures nous glissons bien mieux parce que le vent a bien faibli et la mer s’est aplatie. Les vitesses deviennent plus intéressantes. »

 

Vers des latitudes plus clémentes 

Dans la nuit de samedi à dimanche, au large de la pointe bretonne, alors qu’ils s’apprêtaient à franchir la ligne de départ du Trophée Jules Verne, les six marins ont connu quelques heures bien vivifiantes, tout comme dans le golfe de Gascogne lancés à plus de 30 nœuds de moyenne. Heureusement leur début de record rapide et les plus de 640 milles déjà parcourus vers le but sur les premières 24 heures augurent d’une amélioration tout aussi rapide des conditions de vie à bord du Maxi Edmond de Rothschild : « Il faisait très froid au départ et chacun avait sa technique pour se protéger au mieux. Personnellement, j’avais empilé les couches de polaires, chaussettes… bref j’ai doublé tout ce qui pouvait l’être, prêt pour affronter le grand sud ! Plus nous glissons vers le Sud et plus l’atmosphère commence à se réchauffer. On ne peut pas dire qu’il fasse très chaud encore car nous avons encore tous le bonnet bien vissé sur la tête mais l’ambiance change doucement. On enlève les couches les unes après les autres et on devrait quitter nos bonnets dans les prochaines heures » nous confiait Yann Riou ce matin.

 

Depuis son dernier empannage, réalisé en milieu de nuit dernière vers 2h30 du matin dans le sud de Lisbonne, au large de Comporta pour être plus précis, le Maxi Edmond de Rothschild a débuté un long bord tribord amure vers le Sud-Ouest en direction de l’archipel portugais de Madère, à plus de 34 nœuds de moyenne bien calé sur ses plans porteurs.

Par le travers du cap Finisterre !

Parti la nuit dernière, à 2h33, de Ouessant, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a déjà avalé le golfe de Gascogne et déborde ce dimanche après-midi la pointe nord-ouest de l’Espagne et le très connu et redouté cap Finisterre. Comme prévu, le flux Nord-Est a forci tout au long de la nuit et souffle actuellement au-delà des 30 nœuds avec une mer qui s’est formée. Les six marins du Gitana Team ont dû pas mal manœuvrer pour adapter la voilure et leur trajectoire. Mais ces conditions toniques n’ont pas empêché Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs équipiers de prendre leurs marques et de rentrer pleinement dans la course de fond qui s’ouvre devant les étraves de leur géant de 32 mètres.

 

 

« Nous devons être à plus de 30 nœuds de moyenne sur la descente… Ça va vite avec ces bateaux. Mais notre première nuit a été plutôt calme après un super départ du ponton hier à Lorient, sous le soleil et avec nos proches. Il y a eu du vent mais une mer relativement organisée qui nous a permis de prendre nos quarts et de rentrer dans notre rythme », confiait Charles Caudrelier au micro tendu de Yann Riou, l’équipier média du bord.

 

La route vers le Sud passe aux abords du cap Finisterre, un secteur de navigation réputé et redouté par les marins à double titre, comme l’expliquait le co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild : « C’est une zone de convergence de tout le trafic maritime qui remonte vers le Nord de l’Europe. Il y a une concentration de bateaux de commerce ici car ils sont supposés passer dans un rail étroit que l’on appelle un DST (dispositif de séparation de trafic). Il y a beaucoup d’activité et quand on navigue à nos vitesses il faut être extrêmement vigilants pour ne pas se laisser surprendre dans les croisements. Et puis, il y a également un phénomène météo, notamment par secteur de vent au nord-est comme ce que nous avons actuellement. C’est un coin très connu pour son accélération de vent car il y a une chaîne montagneuse très élevée et derrière il peut y avoir un trou d’air qu’il faut éviter. C’est toujours un passage un peu compliqué ici où on rentre dans du vent fort, avec une mer désorganisée et du trafic maritime. Les manœuvres s’ajoutant à cela, il s’y passe toujours des choses. »

 

Poursuivant sa route à vive allure, le Maxi Edmond de Rothschild gagne rapidement vers le Sud. Charles Caudrelier imaginait encore 24 heures musclées mais promet déjà une amélioration rapide. Une motivation supplémentaire pour les six marins qui savent pertinemment que dans les prochaines heures, les températures vont considérablement grimper à bord du maxi-trimaran volant pour leur offrir des conditions de navigation bien plus clémentes vers les alizés de l’hémisphère Nord.

Trophée Jules Verne, 2e round

Avec la précision d’un métronome c’est à 2 heures 33 minutes et 46 secondes que le Maxi Edmond de Rothschild s’est élancé ce dimanche 10 janvier sur une nouvelle tentative de record du Trophée Jules Verne. Par un vent de nord-est d’une vingtaine de nœuds et dans une mer maniable, les six marins ont laissé l’île de Ouessant par son travers et salué une dernière fois le Créac’h, phare emblématique de ce passage de ligne. Partis de leur base lorientaise quelques heures auparavant, juste avant le coucher du soleil, Franck Cammas, Charles Caudrelier, Morgan Lagravière, David Boileau, Yann Riou et Erwan Israël ont dû patienter quelques heures au large pour ajuster au mieux leur créneau de départ; un timing millimétré savamment calculé avec leur routeur météo à terre Marcel van Triest, véritable 7ehomme du bord. Car dans un record comme le Trophée Jules Verne chaque minute compte! Il faut dire qu’avec leur chrono de 40 jours 23 heures et 30 minutes, Francis Joyon et l’équipage d’Idec Sport ont placé la barre très haut. Pour battre le record et devenir le 10e équipage à inscrire son nom à ce monument de la course au large, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild devront être de retour au large de la pointe bretonne avant le 20 février à 2 heures 3 minutes et 15 secondes. D’ici là, près de 22000 milles nautiques se présentent devant les étraves et une aventure planétaire à hautes vitesses les attend.

 

 

 

Deuxième tentative et deuxième départ de nuit

Il semble que les départs au clair de lune soient au goût des marins du Maxi Edmond de Rothschild. Le 25 novembre dernier, pour la première tentative du Gitana Team sur le Trophée Jules Verne, la ligne avait été franchie dans l’intimité de la nuit noire, à 3h26 très précisément.  Un mois et demi plus tard, l’histoire se répète. Cette nuit, à 2 heures 33 minutes et 46 secondes, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont à nouveau déclenché le chronomètre du record du tour du monde à la voile à bord du premier maxi-trimaran conçu pour voler en haute mer.  Rappelons que, fin novembre, les six hommes avaient dû interrompre leur parcours dans la descente de l’Atlantique Nord suite à des dommages sur le safran et le foil bâbord du géant ; des avaries consécutives à un choc avec un OFNI. De retour à Lorient début décembre, ils avaient pu compter sur la réactivité de l’équipe technique pour réparer au plus vite et se remettre en stand-by avant les fêtes de fin d’année. Depuis, tous attendaient la bonne fenêtre, et ces derniers jours aucun ne cachait son impatience de repartir au plus vite.

 

 

Une route rapide et des compromis

« Nous aurons un vent de secteur nord-est de 15-20 nœuds sur la ligne, avec une mer très maniable. Mais ça va forcir rapidement et nous devrions avoir 24 premières heures avec pas mal de vent et des manœuvres, notamment au niveau du cap Finisterre, avant de pourvoir rejoindre les alizés », expliquait brièvement Franck Cammas. Le long de la péninsule ibérique tout sera déjà histoire de compromis et l’équipage devra se faufiler dans un couloir étroit pour gagner vers le Sud, ni trop près de la côte où le vent pourrait s’essouffler, ni trop au large pour ne pas subir une mer forte et peu propice à la vitesse. Toute la difficulté de ce début de Trophée Jules Verne est de trouver puis de maîtriser l’enchaînement météorologique si déterminant entre le Nord et le Sud pour gagner au plus vite vers les mers australes. Pour y parvenir, le duo Cammas-Caudrelier et leurs quatre équipiers savent qu’ils devront être précis dans leur trajectoire pour tenir le tempo imposer par le schéma météo. Selon les derniers routages, les temps de passage du premier tiers de parcours sont prometteurs. L’équateur est accessible sous les 5 jours et le cap des Aiguilles pourrait être dépassé en moins de 12 jours.

 


Toute une équipe dans leur sillage 
Tandis que le Maxi Edmond de Rothschild s’apprêtait à larguer les amarres sous les applaudissements d’un public venu nombreux malgré l’ambiance hivernale qui régnait ce samedi après-midi, Cyril Dardashti, le directeur du Gitana Team, ne cachait pas son plaisir : « Nous sommes sur notre deuxième départ cet hiver et nous sommes super contents que cette fenêtre s’ouvre pour permettre à l’équipage d’aller s’exprimer sur l’eau. Cela fait un mois désormais, depuis que le bateau est réparé, que nous nous préparons à saisir une situation favorable. S’engager sur le Trophée Jules Verne, c’est l’un des grands objectifs de notre programme. Avec le Team Verdier, nous avons imaginé et conçu ce bateau pour ce type de grand record avec l’objectif d’expérimenter le vol au large. Cela fait plaisir de rentrer concrètement dans le jeu. Les temps prévus par Marcel van Triest et les routages sont bons, à l’équateur comme au cap des Aiguilles ; l’équipage et le bateau sont bien prêts ; on peut dire qu’il n’y a plus qu’à ! Les gars ont hâte d’y aller, nos armateurs, l’équipe technique et tous les collaborateurs du groupe Edmond de Rothschild sont derrière. C’est ce que nous attendons tous, que le bateau s’élance et aille se mesurer à ce fabuleux record ! »



Paroles de marins
Franck Cammas : « Nous sommes ravis d’avoir cette belle fenêtre qui s’ouvre devant nous. C’est notre deuxième tentative et nous l’abordons avec beaucoup plus d’espoir que la première. En plus, les conditions sont avec nous sur ce départ de nuit, sans lune mais avec des étoiles. Il fera frisquet, c’est sûr, mais on va très vitre rejoindre les latitudes plus chaudes. Tout va aller très vite. J’espère qu’on va rencontrer de la réussite, même si c’est une longue aventure qui se profile devant les étraves du Maxi Edmond de Rothschild. C’est vraiment sympa de se retrouver dans l’action avec l’équipage. On croise les doigts pour revenir le plus vite possible à Brest après notre grand tour complet de la planète. »


Charles Caudrelier : « L’attente a été un peu longue. À Noël, quand une fenêtre s’est refermée, on a eu une petite inquiétude. On aurait pu partir il y a deux-trois jours, l’Atlantique Nord était très bon, mais l’Atlantique Sud restait très moyen. On a essayé d’allier les deux, ce qui n’est pas simple, car il reste des incertitudes. Ce n’est pas encore parfait, mais on est en janvier et on a rarement eu une si bonne fenêtre. Notre première tentative a eu l’avantage de nous permettre de re-naviguer ensemble dans des conditions musclées. Aujourd’hui, on est plus que prêt, l’équipe a fait un boulot fantastique avec le souci du détail. Au-delà de la performance, nous avons gagné en fiabilité, ce qui est essentiel pour battre ce record très dur à atteindre. Depuis une semaine, l’impatience monte crescendo. On observe, on analyse et on décale tous les jours le moment de partir. Ce sera mon troisième tour du monde en équipage après deux Volvo Ocean Race, mais en mode record, c’est la première fois. C’est une nouvelle aventure,  je suis ravi de vivre ça et conscient de la chance que nous avons de vivre nos rêves. »


Yann Riou : « Personnellement, je trouve cela plus agréable que le premier départ ; il fait beau, il fait jour et il y a du monde, les proches sont là. Tout ça fait que c’est très sympa de partir aujourd’hui. Cela reste un peu difficile de dire au revoir à sa famille quand on part pour un tour du monde. Mais je suis super content d’embarquer à nouveau à bord de ce magnifique bateau. J’ai une double casquette sur ce Trophée Jules Verne, je suis naviguant tout autant qu’équipier média. Les journées de départ, comme celles des passages aux temps intermédiaires par exemple, sont des journées bien chargées. Après avoir envoyé des images du départ, pour essayer de vous faire vivre au plus près l’intimité du franchissement de la ligne en pleine nuit, je vais pouvoir rentrer petit à petit dans mon rôle d’équipier, prendre mes quarts ! J’ai vraiment hâte… »


Erwan Israël :  « Le Trophée Jules Verne, c’est peut-être le plus beau record à la voile avec la possibilité de naviguer sur des bateaux extraordinaires. Je connais bien Franck et Charles, avec lesquels j’ai disputé la Volvo Ocean Race il y a près de dix ans. Être de nouveau avec eux, à bord de cette belle machine pour battre ce record, c’est l’éclate totale ! »

Décollage imminent du Maxi Edmond de Rothschild pour le Trophée Jules Verne

Il y avait de l’agitation dans l’air cet après-midi sur les pontons de Lorient La Base.. À l’issue d’une ultime lecture des cartes et modèles météo, le Gitana Team a pris ce matin la décision de passer en code vert et de se lancer à nouveau à la conquête du Trophée Jules Verne. Sous le soleil breton, généreux ce samedi 9 janvier malgré les frimas hivernaux, l’émotion était palpable et se lisait dans les yeux des six marins à quelques heures de s’élancer sur ce mythique record du tour du monde à la voile. Le public était venu en nombre pour les saluer comme il se doit. Après plus de deux mois de stand-by, marqués par une première tentative qui a tourné court suite à un choc avec un OFNI et plusieurs faux espoirs de s’engouffrer dans une fenêtre favorable, les affaires reprennent de plus belle pour les deux skippers, Franck Cammas et Charles Caudrelier, et leurs quatre membres d’équipage. Tous sont fins prêts à s’engager dans une circumnavigation planétaire express à bord du Maxi Edmond de Rothschild, le premier géant taillé pour le vol en haute mer. Le challenge est extraordinaire, à la hauteur du temps de référence de 40 jours 23 heures et 30 minutes détenu depuis janvier 2017 par Francis Joyon et ses équipiers d’Idec Sport.. C’est entre minuit et quatre heures du matin, que les hommes du Gitana Team devraient franchir la ligne de départ, au large de Ouessant et déclencher ainsi leur chrono autour du monde.

 

 

L’art du départ

Après un dernier briefing météo à terre et à distance avec Marcel van Triest, routeur et 7e homme, les six marins de l’écurie aux cinq flèches ont rejoint un peu après 15 heures le trimaran de 32 mètres, qui depuis plusieurs jours piaffe d’impatience de repartir à la chasse au titre de voilier le plus rapide autour du monde. Choisir le jour et l’heure de son départ au regard des prévisions météo décryptées et analysées avec une précision chirurgicale, c’est tout un art qui fait la particularité du Trophée Jules Verne. À ce petit jeu qui consiste à choisir la meilleure fenêtre de lancement, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a dû ronger son frein et s’armer de solides convictions pour bien prendre leur mal en patience. Mais cette fois-ci, ça y est, devant un horizon météo qui se dégage sur tout l’Atlantique, ils sont bel et bien dans les starting-blocks, fin prêts à s’élancer dans cette course effrénée contre le chronomètre. « Nous avons pris un départ en tout début de stand-by, mais nous savions que la situation n’était pas idéale. Depuis notre retour, nous avons vu et observé six fenêtres qui se sont refermées. Nous sommes donc particulièrement contents d’y aller dans une configuration météo qui, bien que toujours un peu incertaine au niveau des systèmes dépressionnaires de l’hémisphère Sud, nous ouvre une belle opportunité », explique Franck Cammas.

 

 

En moins de 12 jours dans les mers australes

« Nous nous sommes fixés pour objectif d’arriver en moins de cinq jours à l’équateur et en 11 jours et demi au cap des Aiguilles, aux portes de l’océan Indien. Et là, c’est le cas, tout du moins sur les routages. La situation n’est pas encore tout à fait calée dans l’Atlantique Sud mais c’est une bonne fenêtre, peut-être la meilleure qu’on ait eu depuis le début de notre stand-by », confie avec le regard déjà perdu loin à horizon Charles Caudrelier. « Pour espérer améliorer le temps établi par Francis Joyon, qui a bénéficié d’une météo de rêve pour traverser l’océan Indien et la moitié du Pacifique à l’avant d’une dépression à 35-38 nœuds de vitesse constante, il nous paraît nécessaire d’avoir plus ou moins deux jours d’avance avant d’attaquer le tour des mers australes. Il s’agit pour nous d’exploiter la polyvalence et le potentiel de vitesse du Maxi Edmond de Rothschild, qui peut faire la différence, grâce à ses foils et ses appendices, dans les phases de transition sur la descente et la remontée de l’Atlantique », complète-t-il.

 

 

« Faire le tour de la planète en empruntant le chemin le plus rapide sur un parcours laissé libre, sans aucune contrainte, qu’elle soit technique ou humaine, c’est un exercice, qui au-delà d’une simplicité apparente se révèle extrêmement complexe, notamment sur le plan stratégique », souligne de son côté Franck Cammas, qui a déjà compté parmi les détenteurs de ce fabuleux record, à chaque fois plus difficile à battre. C’était en 2010 quand il avait, aux côtés de neuf autres membres d’équipage, bouclé la grande boucle en moins de 50 jours (48j 7h et 44 mn). Onze ans plus tard, c’est avec un esprit de compétition toujours aussi aiguisé, qu’il revient sur cette épreuve qui, forte de son concept d’une simplicité et d’une pureté exemplaires sur son parcours planétaire, compte au rang des plus hauts sommets à gravir à la voile. « Le Trophée Jules Verne a bien changé en termes de défi au fil des années. Aujourd’hui, il s’agit de faire huit jours de mieux qu’il y a dix ans. Avec le Gitana Team, nous sommes dans le bon timing pour affronter le chronomètre en relevant le défi de voler le plus possible au large ; et en passant pourquoi pas sous la barre historique et légendaire des 40 jours, qui sera un jour ou l’autre franchie », ajoute ce touche-à-tout élu récemment Marin de la Décennie 2010/2020 par la Fédération Française de Voile. « C’est un challenge pour lequel nous nous sommes beaucoup préparés avec le Gitana Team et c’est très excitant. Mais il reste très difficile à atteindre ; il est donc passionnant à tenter. »

 

 

En milieu de nuit prochaine sur la ligne

C’est à 16h que Franck Cammas, Charles Caudrelier, Morgan Lagravière, Erwan Israël, Yann Riou et David Boileau, escortés par des membres de l’équipe, encouragés par leurs familles et leurs proches, ont largué les amarres qui retenaient le Maxi Edmond de Rothschild à terre. À bord du dernier-né des Gitana, les six marins de cette équipée planétaire hissaient les voiles du coursier océanique sitôt les couteaux de Groix laissés dans le sillage, et mettaient le cap sur la pointe bretonne qu’ils devaient rejoindre rapidement. C’est en milieu de nuit prochaine, entre minuit et 4h, qu’ils devraient couper la ligne au large du phare du Créac’h, à Ouessant.

 

 

Les membres de l’équipage se livrent avant le départ : 

Erwan Israël : « Je suis super content. Cela fait longtemps qu’on attendait de prendre ce nouveau départ après notre petite escapade du mois de novembre. Il a fallu réparer le bateau et puis la météo sur ce Trophée Jules Verne, c’est toujours la même chose avec des potentielles fenêtres qui s’ouvrent et se referment. C’est vraiment une satisfaction de partir, d’autant qu’on a des conditions fabuleuses pour prendre la mer. On est très heureux. »

Morgan Lagravière : « On l’a attendu patiemment ce départ. Ce n’est jamais des moments faciles, mais je suis super content d’avoir cette opportunité météo qui s’ouvre devant nous et nous offre l’occasion d’aller vivre notre rêve, notre aventure. Dans quelques heures on va quitter Ouessant, s’élancer sur l’océan et probablement pas revoir de terres pendant pas mal de temps. Ce n’est pas anodin et je m’attends à vivre quelque chose d’exceptionnel, d’en profiter au maximum et faire ce pourquoi on s’est entrainé depuis des mois avec ce record en tête et l’objectif de faire mieux qu’Idec Sport. On va sûrement passer par différents états émotionnels pendant la course, avec des moments positifs, d’autres plus difficiles. Après les émotions du départ, j’attends avec impatience les premières heures de navigation et les premiers quarts pour basculer en mode course, en mode compétiteur. C’est une dynamique qui permet de profiter de chaque instant tout en étant dans le dépassement de soi. »

David Boileau : « Là, c’est un peu la libération.. On a eu un départ assez rapide, puis un retour suivi d’une bonne quinzaine de jours de réparation et de remise en état du bateau et enfin une longue période d’attente avec toujours cette incertitude de savoir si on part ou pas pendant les fêtes. On est content aujourd’hui de pouvoir prendre cette fenêtre. Ce stand-by et cette attente, cela fait partie des tentatives de record, c’est le jeu ! »

Une fenêtre nommée désir !

Pour s’attaquer au Trophée Jules Verne, il faut évidemment un excellent bateau, un équipage tout aussi exceptionnel pour le mener à son plein potentiel mais aussi un certain flegme et des nerfs solides pour attendre la bonne fenêtre météo. Depuis lundi, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild est en alerte, prêt à embarquer et à larguer les amarres pour 40 jours de mer dès que le routeur du Gitana Team, Marcel van Triest, donnera son feu vert. Les six marins et toute l’équipe vivent ainsi au rythme des analyses météo et de leurs mises à jour biquotidiennes. Après cinq jours d’attente, les planètes semblent enfin s’aligner et tout converge pour un départ ponton demain, samedi, dans l’après-midi de Lorient. Franck Cammas, Charles Caudrelier, David Boileau, Morgan Lagravière, Erwan Israël et Yann Riou prendront alors le chemin de la pointe bretonne pour un franchissement de ligne estimé au large de Ouessant dans la nuit de samedi 9 à dimanche 10 janvier.

 

 

Un code jaune glissant

Mardi 4 janvier, l’équipe aux cinq flèches passait en code jaune ; un changement chromatique synonyme d’un possible départ dans les 24 à 48 heures. Mais depuis, le créneau de départ ne cesse de glisser et c’est finalement dans la nuit de samedi à dimanche que la situation devrait se décanter. « Le code jaune se prolonge mais c’est pour la bonne cause ! »garantissait Cyril Dardashti, le directeur de l’écurie fondée par Ariane et Benjamin de Rothschild, avant de poursuivre : « Après plus de deux mois de stand-by et une première tentative infructueuse, nous avons tous hâte de voir l’équipage s’élancer. Mais le record que nous allons chercher est si exigeant que cette fenêtre de départ est capitale. Depuis lundi, avec Marcel van Triest, nous voyons que les choses évoluent dans le bon sens. Notre chance a été que la fenêtre soit longue dans l’Atlantique Nord, ce qui nous a permis de temporiser et de laisser évoluer le Sud pour caler au mieux la connexion que nous recherchons au large du Brésil. Aujourd’hui, ça se précise et c’est super enthousiasmant d’être prêt à s’attaquer à nouveau au Trophée Jules Verne dans la configuration de critères de temps que nous nous étions fixés. »

 

Du nord-est pour dégolfer

Demain matin, si tout se passe comme prévu, le Gitana Team passera en code vert. Dès lors, tout s’enchaînera très vite pour les six marins qui s’apprêtent à déclencher le chrono du record absolu du tour du monde à la voile. Chargement des sacs personnels, au revoir aux familles et dernier briefing météo avec Marcel van Triest. Il sera alors temps de larguer les amarres, direction Ouessant et le phare du Créac’h. Comme fin novembre, lors de leur première tentative, ce point dans la nuit sera leur dernier contact avec les côtes françaises tandis que le géant de 32 mètres pointera ses étraves vers le Sud : « Selon nos dernières prévisions, nous devrions partir avec un flux de nord-est de 15-20 nœuds sur zone et une mer très maniable. Ce vent forcira à 25-30 nœuds à l’approche du cap Finisterre et la descente le long de la péninsule ibérique sera tonique. Mais avec du nord-est l’avantage sera de profiter d’une mer correcte. Il y a une dépression au cap St Vincent que nous irons chercher avant d’empanner vers l’anticyclone des Açores. Sous l’anticyclone, nous aurons un nouveau point d’empannage à placer avant de mettre le cap vers l’équateur », détaillait Charles Caudrelier.

 

Si cette configuration météo, que l’équipage attend depuis des semaines, semble enfin se présenter, la descente vers l’hémisphère Sud ne sera pas de tout repos car le timing est serré :« Avec cette fenêtre nous visons moins de 5 jours à l’équateur et moins de 12 jours au cap des Aiguilles. Notre timing de départ n’est pas le meilleur si nous visions uniquement le record à l’équateur mais c’est un compromis pour avoir le meilleur créneau dans l’Atlantique. Pour le moment, ce dernier paraît assez favorable avec une route pas trop extrême dans le Sud mais ça sera à réajuster durant notre descente car c’est encore loin et ça a le temps d’évoluer », concluait le co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild.

Patience et concentration

Les fichiers météo qui se succèdent depuis plusieurs jours et que Franck Cammas et Charles Caudrelier étudient avec le routeur et 7e homme, Marcel van Triest, s’accordent pour dire qu’il est bientôt temps de larguer les amarres et hisser les voiles du Maxi Edmond de Rothschild. Ce jeudi, tous les indicateurs prennent une belle couleur jaune soutenu en passe de tourner au vert. Tous les membres de l’écurie aux cinq flèches sont sur le qui-vive depuis plusieurs jours pour ne pas laisser s’échapper cette belle opportunité qui se présente devant les étraves du coursier océanique. Les six marins de ce trimaran taillé pour le vol en haute mer pourraient se présenter ce samedi 9 janvier 2021 sur la zone de départ au large de l’île d’Ouessant pour couper la ligne de ce record absolu de vitesse autour du monde à la voile.

 

 

Erwan Israël

« On attaque le début du 3e mois de stand-by… C’est long, mais avec des moments où on a la certitude qu’il ne va rien se passer d’intéressant sur le plan météo. On peut penser à autre chose, faire du sport. Et puis il y a des situations, comme ces derniers jours, où on lorgne un départ, on hésite… On enchaîne des déplacements, des tests PCR… Et puis finalement, on ne part pas. Ces périodes plus incertaines sont un peu moins rigolotes. On est sur le qui-vive et nerveusement c’est plus compliqué, notamment sur un plan familial. On dit au revoir aux enfants, mais on ne sait pas si c’est pour 3 jours… ou 40 jours. Le stand-by idéal, c’est quand cela ne dure pas longtemps et qu’une fenêtre extraordinaire se présente au bout d’une semaine ou de 15 jours. Là, cela ne s’est pas passé comme ça malheureusement.

Actuellement, il y a une situation de départ qui s’installe avec beaucoup de portant, des vents de Nord générés par l’anticyclone. Cela nous laisse une fenêtre de tir un peu plus ouverte. Mais il y a aussi une dépression qui barre un peu la route au début, elle est assez violente, donc on aimerait qu’elle s’évacue dans l’Est pour nous ouvrir le chemin des alizés plus facilement. On aimerait partir le plus tard possible, mais attendre comporte le risque qu’on se retrouve aussi avec pas de vent du tout sur la ligne de départ. »

 

 

Morgan Lagravière 

« C’est mon premier stand-by. Je n’avais jamais vécu jusqu’ici ce type de préparation et cette période d’attente. C’est une période particulière, mais j’ai la chance d’être en contact avec des gens qui ont déjà vécu ce type d’expérience. Cela fait partie du jeu. Depuis deux mois, on a eu plusieurs situations où on était prêt à partir, on est même parti avant de faire vite demi-tour. Ces tentatives dans la tentative sont des bons entraînements pour se préparer au niveau matériel, mais aussi sur un plan plus psychologique pour être en mode course dès qu’on lâche les amarres et qu’on dit au revoir. Cela reste des bateaux exigeants et l’erreur n’est jamais loin. Il faut vraiment se concentrer d’entrée de jeu. Mais c’est vrai que plus le temps passe, plus on a envie de partir… Et il va être temps d’y aller. Cela tombe bien, c’est le bon moment ! 

Depuis mardi soir, on a différentes options possibles, avec une fenêtre assez longue sur l’Atlantique Nord qui nous permet de patienter pour voir comment évolue l’Atlantique Sud. On va monter en pression petit à petit, finir d’affiner les derniers préparatifs. Le bateau est prêt. Il est chargé en avitaillement, il ne reste plus qu’à embarquer un peu de frais et à se diriger vers la ligne de départ ! »

 

 

Une nouveau briefing est organisé demain matin avec la cellule météo du Gitana Team. Nous aurons alors plus de précisions quant à l’heure et aux conditions de départ.

Un nouveau départ en ligne de mire

Les choses se précisent… enfin ! Après plus de deux mois de stand-by et une première tentative interrompue sur problème technique fin novembre, les marins du Maxi Edmond de Rothschild ne cachent pas leur envie d’enfiler bottes et cirés pour s’élancer à l’assaut du Trophée Jules Verne.

 

 

Leurs vœux pourraient être exaucés et leur patience récompensée d’ici la fin de la semaine. Depuis lundi, la cellule météo du Gitana Team, composée de Franck Cammas, Charles Caudrelier et leur routeur Marcel van Triest, observe deux grandes tendances à 48 heures d’intervalle. Les prévisions s’affinant c’est la deuxième qui a été retenue, soit un départ vendredi ou samedi au plus tard au large de Ouessant. Découvrez dans la vidéo ci-dessus les explications des skippers du Maxi Edmond de Rothschild et de deux des équipiers, Morgan Lagravière et Erwan Israël, qui les accompagneront sur ce record absolu du tour du monde à la voile.

 

À Lorient, l’équipe technique s’affaire aux derniers détails et tout est mis en place pour voir le Maxi Edmond de Rothschild s’élancer dans 48 heures sur le Trophée Jules Verne.

 

 

Code jaune, la fenêtre semble se concrétiser

Le scénario météo se précise pour les hommes du Maxi Edmond de Rothschild, plus que jamais en attente d’un code vert pour larguer les amarres et rejoindre la ligne de départ du Trophée Jules Verne au large de la pointe bretonne. La mise à jour des fichiers de prévisions de ce mardi soir est très attendue.
En effet, la cellule météo de l’écurie aux cinq flèches affinera à l’issue de l’analyse de ces derniers le bon moment pour quitter Lorient et pointer les étraves du géant de 32 mètres vers Ouessant. Deux grandes tendances sont dans la balance : un départ dès demain, mercredi 6 janvier, au petit matin ou 48 heures plus tard pour finir cette première semaine de l’année 2021 en beauté.

 

 

Update du 5 janvier au soir

Les fichiers météos convergent pour indiquer un meilleur créneau de départ vendredi 8 janvier. C’est pourquoi ce soir, à l’issue de l’analyse des dernières prévisions, la cellule météo du Maxi Edmond de Rothschild a choisi de rester en code jaune en attente de ce scénario favorable. Les deux skippers, Franck Cammas et Charles Caudrelier, et leur routeur Marcel van Triest observent la situation plusieurs fois par jour et la fenêtre sera à ajuster jusqu’au dernier moment pour optimiser les premiers temps de passage visés (équateur et cap des Aiguilles). Les six marins du dernier-né des Gitana sont sur le pied de guerre, prêts à larguer les amarres, et pourraient quitter leur port d’attache lorientais dès jeudi si besoin était.

 

Une fenêtre de tir à ajuster

Au briefing de lundi matin 10h30, Marcel van Triest dressait le tableau : « L’année 2021 semble vouloir nous proposer plus de possibilités et la semaine qui s’ouvre devrait nous permettre d’envisager un premier départ avec les temps de passage que nous nous étions fixés en critères. Sous les 5 jours à l’équateur et autour des 11 jours sous l’Afrique du Sud. » Le ton était donné mais restait alors à ajuster au mieux le timing de franchissement de ligne pour parvenir à obtenir l’enchaînement si capital de ce premier tiers de record.


En effet, lorsque les équipages s’élancent de la pointe bretonne, ils cherchent non seulement une bonne fenêtre de départ afin d’être rapides jusqu’à l’équateur mais surtout ils visent une transition millimétrée au large du Brésil afin d’embarquer dans le bon wagon pour glisser vers les mers du Sud. C’est précisément cette coordination que recherche actuellement la cellule météo du Gitana Team.


Sur le pied de guerre
Cet après-midi au cœur de la base technique du Gitana Team et à bord du Maxi Edmond de Rothschild, l’équipe tout comme les navigants s’affairaient aux derniers détails : chargement de l’avitaillement, réalisation des pleins d’eau et de « gasoil », installation des affaires personnelles des six marins… Demain, à l’aube, si la météo en a décidé ainsi, le dernier-né des Gitana sera prêt pour attaquer son nouveau défi ; le premier tour du monde en équipage d’un maxi-trimaran volant, ou bénéficiera d’un répit de quelques heures pour fourbir ses armes.

La fenêtre se referme, retour en stand-by pour préparer la prochaine !

Hier midi, à l’issue du briefing météo avec leur routeur Marcel van Triest, Franck Cammas et Charles Caudrelier savaient que leurs chances de s’élancer dans les prochaines heures à l’assaut du Trophée Jules Verne étaient faibles pour ne pas dire infimes : «nous estimons à 5 % de chance la possibilité d’un départ demain, mais d’un fichier à l’autre ce pourcentage peut doubler ou totalement s’écrouler, alors il faut tenter et se laisser quelques heures supplémentaires pour trancher», expliquait le marin aixois. Malheureusement, la patience des six équipiers du Maxi Edmond de Rothschild et de tout le team qui les accompagne n’a pas été récompensée ; pour cette fois tout du moins ! Car si la période consacrée au stand-by dans la quête du mythique record est sérieusement entamée, avec déjà deux mois au compteur et une tentative écourtée fin novembre suite à un choc avec un OFNI, il reste encore plus d’un mois et demi aux hommes du Gitana Team pour concrétiser leurs efforts et tenter de venir détrôner Francis Joyon et son équipage d’Idec Sport, les actuels détenteurs en 40 jours 23 heures 30 minutes.

 

 

Aucun des trois critères réunis

Les six marins du maxi-trimaran volant se seraient parfaitement vus tourner la page de cette année 2020 en mer. Mais il en sera autrement ! L’étroite fenêtre visée depuis quelques jours représente trop de zones d’incertitude pour un gain faible, c’est-à-dire des temps de passage intermédiaires trop éloignés des objectifs fixés par le team.

 

« Hier midi, les probabilités étaient très faibles mais existantes. Nous savions que l’Atlantique Nord ne s’améliorerait pas mais nous pouvions toujours espérer que le Sud en vaille la chandelle. Les derniers fichiers de prévisions météo que nous avons à notre disposition n’ont montré aucune amélioration notable. Les temps de passage à l’équateur sont bien plus élevés que ce que nous visons : de 5 jours 18 heures à 6 jours 10 heures contre les 4 jours 15 heures que nous pourrions légitiment viser avec une belle fenêtre. D’autant que malgré ces temps peu engageants, la route pour y parvenir nous paraît difficile à mettre en œuvre avec un tracé majoritairement côtier et plein d’embûches du fait des chapelets d’îles à négocier. Et désormais s’ajoute à cela que dans le Sud, la transition que nous devons accrocher pour gagner rapidement les latitudes australes ne semble plus acquise. Il y a trop d’aléatoire et pas assez de certitudes pour tenter l’histoire sur cette fenêtre. Ces allers et retours font partie du jeu des records… » ,  relativisait le co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild bien que naturellement déçu de devoir rester à quai encore quelques jours.

 

Ne pas gâcher ses chances

Les échanges ont été fournis car l’enjeu est important, mais la décision a été unanime ! « Nous pouvons avoir plus d’ambition que ce que nous proposait cette fenêtre. Ce n’est jamais une décision facile de revenir en stand-by mais il ne faut pas gâcher nos chances de battre ce record en voulant partir dans un mauvais timing. Nous avons tous hâte de pouvoir partir et de nous exprimer sur ce parcours, c’est ce qui rend l’attente assez longue… Et la météo n’est pas des plus simples cette année. Depuis le début nous devons composer avec un Atlantique Nord plutôt atypique pour la saison. Il y a des dépressions qui descendent très Sud, elles se promènent vers les Açores et dans l’Ouest des Canaries. Cette configuration météo rend notre tâche plus compliquée car bien souvent nous avons des situations favorables pour quitter la pointe bretonne mais des ruptures dans le régime d’alizés de l’hémisphère Nord qui hypothèquent sérieusement une course de vitesse vers les latitudes Sud… » concluait Franck Cammas, récemment élu marin de la décennie par la Fédération Française de Voile.

 

A ce stade de leur stand-by sur le Trophée Jules Verne, les hommes de Gitana 17 doivent être particulièrement vigilants et ne pas confondre vitesse et précipitation… Ce proverbe prend aujourd’hui tout son sens, comme l’expliquait Charles Caudrelier : « La date de fin de stand-by approchant, nous ne pouvons pas nous permettre de partir pour un essai, il faut que ça soit la bonne ! »

Code jaune malgré de nombreuses incertitudes

C’est bien connu, le Trophée Jules Verne est avant tout une école de patience. Car avant même d’espérer battre le prestigieux record aujourd’hui détenu par Francis Joyon et les hommes d’Idec Sport, il faut trouver la meilleure rampe de lancement pour débuter ce tour du monde. Et attendre la bonne fenêtre n’est pas chose facile tant l’envie de s’élancer est forte après deux mois de stand-by. Surtout quand les éléments ne semblent pas décidés à s’aligner…Mais Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers sont depuis longtemps rompus aux aléas de la météo et savent garder la tête froide. Malgré une forte dégradation des conditions météos et des temps de passage qui s’allongent tant à l’équateur qu’au cap des Aiguilles, une fine probabilité subsiste. Alors tant que la fenêtre reste entrouverte, les skippers du Maxi Edmond de Rothschild ne relâchent pas leurs observations. Les mises à jour des fichiers de prévision de ce lundi soir et celles de demain matin seront déterminantes pour déclencher ou non un nouveau départ sur les 21 760 milles nautiques théoriques de la grande boucle planétaire.

 

 

Depuis le début, le créneau actuellement étudié par la cellule de routage du Gitana Team n’est pas classique. En effet, la tempête Bella qui a touché les côtes bretonnes en fin de week-end a laissé des stigmates, à commencer par une mer très forte qui pour l’heure empêche tout convoyage vers le départ du Trophée Jules Verne, au large de Ouessant. Les choses devraient se calmer dans la journée de demain, ce qui autoriserait un franchissement de ligne en fin de journée. Mais par la suite le scénario que propose l’Atlantique Nord n’est pas propice à un record de vitesse au passage dans l’hémisphère Sud. En effet, certains modèles voient une dépression en formation dans l’ouest sud-ouest des Canaries qui pourrait venir casser le régime d’alizés, forçant ainsi à une route très Est tandis que le Pot-au-Noir semblerait plus coopératif à l’ouest. En bref, l’enchaînement météorologique n’est pas là et obligerait l’équipage à un véritable zigzag pour rejoindre l’équateur. Pour autant un faible pourcentage de routes correctes demeure sur les derniers routages.

 

« 5% de chance c’est déjà 5% de chance d’être dans une bonne fenêtre donc tant que l’espoir est permis il faut se donner les moyens d’y aller à fond. Aujourd’hui de façon certaine, la fenêtre n’est pas terrible dans l’Atlantique Nord avec des temps très très moyens à l’équateur et une route difficile à tenir et à mettre en pratique le long des côtes africaines, avec notamment les Canaries et le Cap Vert à négocier sur notre trajectoire proche. Mais tant qu’il y a une possibilité, même si aujourd’hui elle est très fine, d’avoir une bonne transition dans l’Atlantique Sud et donc de faire un bon temps au cap des Aiguilles, nous maintenons l’option ouverte jusqu’au dernier moment », précisait Franck Cammas pour expliquer le passage en code jaune.

 

« Pour partir nous nous étions fixés trois critères principaux. En premier lieu des conditions maniables pour s’élancer de Ouessant et dégolfer, un temps de passage à l’équateur autour des 4 jours 15 heures et un passage au cap des Aiguilles sous les 11 jours. Aujourd’hui, nous approchons de la deuxième partie de notre stand-by et le temps avançant vers la fin de notre période possible d’attente fixée à la mi-février, nous revoyons un peu nos critères et nos prétentions. Une fenêtre comme celle des prochains jours n’aurait certainement pas été étudiée début novembre mais au 28 décembre elle mérite qu’on s’y attarde un peu », rappelait cependant le co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild.

 

A l’issue d’un long briefing météo, l’ensemble de l’équipe réuni dans la base lorientaise de l’écurie aux cinq flèches s’est une fois encore prêté au jeu des tests PCR. Les membres d’équipage ont quant à eux finalisé leur sac d’affaires personnelles, avant que chacun ne regagne son domicile dans l’attente des fichiers du soir.