Le maxi-trimaran IDEC SPORT, en ralliant cet après-midi la longitude du Cap Leeuwin, au sud ouest de l’Australie, vient de signer depuis son entrée dans l’océan Indien jeudi 29 décembre dernier, une des plus époustouflante, ahurissante, ébouriffante page de l’histoire du Trophée Jules Verne. Les Joyon, Surtel, Audigane, Pella, Gahinet et Stamm viennent tout simplement d’aligner sept journées à plus de 800 milles parcourues quotidiennement, avec des pointes du 28 au 31 décembre à respectivement 876, 871 et 869 milles, soit d’effarantes moyennes à plus de 36 noeuds!
Ouessant – Australie en seulement de 17 jours, 6 heures et 59 minutes
Parti d’Ouessant le 16 décembre dernier en profitant d’une fenêtre météo unanimement qualifiée de « moyenne », Joyon et son incroyable commando ont forcé leur destin dans un océan Atlantique peu coopératif, concédant jusqu’à 755 milles de retard sur le tenant du titre, le maxi-trimaran Banque Populaire V de Loïck Peyron et ses 13 hommes d’équipage. En plongeant dans les 40èmes sud, ils ont accroché l’avant d’une dépression qu’ils chevauchent encore alors que se profile la longitude du cap Leeuwin. Vitesses moyennes stratosphériques, permanence dans la durée, et trajectoires au cordeau, dynamitent ce soir tous les chronos références à ce point d’une course encore longue. Avec un passage à Leeuwin en 17 jours, 06 heures et 59 minutes, Joyon et sa bande effacent de plus de 16 heures la performance de Peyron. Groupama 3, devenu IDEC SPORT, avait mis en 2010, 21 jours et 14 heures pour rejoindre ce même point.
L’Indien en 4 jours et 09 heures. Plus de 35 nœuds de moyenne
Le chrono record entre le cap des Aiguilles (qui marque l’entrée dans l’Indien) et le cap Leeuwin était déjà, depuis l’an passé, propriété de Francis Joyon en 5 jours, 11 heures et 23 minutes. Il se désintègre au terme de cette historique semaine pour ne plus représenter « que » 4 jours, 09 heures et 37 minutes. Certes, Ouessant est encore loin, et la mi-course ne sera atteinte qu’en fin de semaine. Mais IDEC SPORT n’en a pas encore terminé avec la rectitude de son impressionnant sillage qu’il compte bien prolonger jusqu’aux portes du Pacifique…
Un titanesque effort
Le nez dans le guidon depuis son entrée dans les quarantièmes, l’équipage d’IDEC SPORT vit littéralement en apnée, absorbé quart après quart par l’effort prolongé d’un exercice de vitesse de haute volée. « Les conditions étaient réunies pour glisser vite et sans effort » explique Francis Joyon, loin de tout triomphalisme à l’énoncé des immensités océaniques avalées en quelque jours. « Nous sommes totalement concentrés sur le travail de barre, pas plus de 30 minutes d’affilées, et sur les réglages. Sur un seul bord bâbord amure, nos manoeuvres consistent essentiellement à prendre ou larguer des ris, et à modifier le plan de voilure à l’avant. Cela a été le cas la nuit dernière quand nous sommes tombés dans une zone à grains imprévue. » Le talent des hommes de barre fait merveille sur une mer jusqu’alors bien rangée.
« Nous entrons aujourd’hui dans une zone de transition entre la dépression que nous devançons depuis plusieurs jours, et une nouvelle dépression en formation devant nous » précise Bernard Stamm. « Tant que ces deux systèmes ne sont pas confondus en un seul, les conditions de vent vont demeurer instables. » IDEC SPORT poursuit ainsi sa folle équipée, travers au vent de nord, une allure hautement acrobatique, quand le trimaran géant se montre volatile, levant parfois exagérément la patte au vent. « Plus que jamais, et alors que nous commençons à sentir la fatigue, il faut être vigilant à la barre mais aussi aux écoutes » insiste captain Joyon.
Les hommes d’IDEC SPORT, loin de s’attarder sur leurs lauriers du jour, ont déjà le regard braqué sur l’avenir immédiat, et leur envie de pousser toujours plus loin ce bord gagnant. « Nous pensions revenir sur Banque Populaire V beaucoup plus tard » s’étonne Francis Joyon, « dans le Pacifique où Loïck avait connu quelques journées difficiles. Nous sommes contents. Le Pacifique s’annonce plutôt intéressant pour nous, et nous aurons à coeur d‘y pousser notre avantage… »
Source : www.idecsport-sailing.com