Code vert déclenché : Sodebo Ultim 3 sur le départ ! 

Ils vont tenter ! En stand-by depuis le 9 novembre, les sept hommes d’équipage de Sodebo Ultim 3 s’apprêtent à s’élancer sur le Trophée Jules Verne, puisqu’ils ont activé le code vert. Pour Thomas Coville, Frédéric Denis, Pierre Leboucher, Léonard Legrand, Guillaume Pirouelle, Benjamin Schwartz et Nicolas Troussel, les événements s’accélèrent : ils ont quitté ce vendredi à 14h leur base de Lorient pour se diriger vers la ligne virtuelle, située entre Ouessant et le cap Lizard, et s’élancer, probablement dans la soirée de ce vendredi 29 novembre. Le record à battre ? 40 jours 23 heures et 30 minutes, propriété depuis janvier 2017 d’Idec Sport (Francis Joyon).

 

 

A l’affût depuis le début du mois de novembre d’une fenêtre météo, Thomas Coville, le navigateur du bord Nicolas Troussel, Benjamin Schwartz et la cellule de routage à terre (Philippe Legros et Simon Fisher) ont estimé ce vendredi 29 novembre que les conditions étaient réunies pour larguer les amarres de Lorient et faire route vers Ouessant, d’où Sodebo Ultim 3 devrait s’élancer dans la soirée de ce vendredi. Une délivrance pour un équipage qui, lors de ce stand-by, n’a jamais cessé de se côtoyer pour continuer à renforcer sa cohésion, entre séances de sport collectives, navigation hebdomadaire et réunions. Autant dire que c’est avec une très forte envie que les sept marins, choisis pour leurs compétences techniques, leurs aptitudes physiques et leur complémentarité, larguent les amarres, conscients de s’attaquer à un challenge relevé qui va les pousser dans leurs retranchements.

 

 

Interrogé ce vendredi matin au moment de rejoindre Sodebo Ultim 3 sur son ponton de Lorient, Thomas Coville raconte ce moment toujours particulier, une fois la décision de départ prise. « Le passage de l’orange à vert est souvent assez brutal, il faut changer de mode et de mental, on est dans la chambre d’appel. Personnellement, ce qui m’aide à basculer, c’est quand je m’habille avec mes vêtements de mer, que j’enfile mes bottes, ça me permet de rentrer dans un autre monde, celui de marin. La séquence de convoyage jusqu’à la ligne va également contribuer à rentrer dans la dimension de ce départ. C’est un moment fort pour notre équipe et dans notre histoire. »

Les conditions du départ ? « On va partir au près/reaching pour chercher un premier front dans le sud d’une dépression, avec un virement de bord prévu samedi après-midi, pour ensuite plonger au sud dans un vent qui va adonner, donc du portant, répond Benjamin Schwartz. L’objectif est de contourner l’anticyclone des Açores par l’est et de se glisser dessous pour un dernier empannage, sans doute lundi matin, qui nous amènera tout droit vers l’équateur en environ 5 jours, donc avec un peu d’avance sur le temps du record. » L’intéressé se montre cependant prudent : « La fenêtre est assez courte, dans la mesure où l’anticyclone des Açores a tendance à émettre une dorsale (un prolongement) qui vient fermer la route vers le Portugal, donc il va falloir réussir à se glisser dans un couloir assez étroit dans le temps. »

 

 

L’enjeu de ce début de tour du monde est, une fois l’Equateur franchi, de se placer à l’avant d’une dépression au large du Brésil pour faire route vers le cap de Bonne-Espérance, où il faut arriver en une douzaine de jours. Car dans l’océan Indien, Francis Joyon et son équipage avaient au cours de l’hiver 2016-2017 signé une trajectoire quasiment parfaite, enchaînant les journées à plus de 800 milles en 24 heures, ce qui leur avait permis de prendre une avance considérable sur le temps de passage du détenteur du Trophée Jules Verne de l’époque, Banque Populaire V (45 jours 13 heures 42 minutes). « En ce qui concerne l’Atlantique Sud, on a vu, notamment sur le Vendée Globe, qu’il y avait une bonne dynamique ces derniers temps, elle devrait se prolonger lors des dix prochains jours et nous permettre de faire une connexion au large du Brésil avec une dépression qui nous emmènerait, on l’espère, dans des bons temps vers Bonne-Espérance », indique Benjamin Schwartz.

Thomas Coville, qui a lui-même battu à deux reprises ce record du tour du monde en équipage, la première en 1997 aux côtés d’Olivier de Kersauson (71 jours 14 heures et 22 minutes), la seconde avec Franck Cammas en 2010 (48 jours 7 heures et 44 minutes), confirme la nécessité d’être dans les temps du record en entrée d’océan Indien : « Francis et son équipage avaient bénéficié de conditions parfaites dans l’Indien à l’avant d’une dépression, ce qui leur avait permis de faire un bord quasiment tout droit pendant plus de dix jours. D’où l’importance de ne pas être en retard, voire en avance, sur leur temps de passage à Bonne-Espérance. »

 

 

Il y a quatre ans, Sodebo Ultim 3 avait franchi cette marque en 12 jours et 2 heures (contre 12 jours et 19 heures pour Idec Sport), preuve que le trimaran, considérablement optimisé depuis et sur lequel son équipage s’entraîne depuis mai dernier, a toutes les armes pour décrocher le véritable graal de la course au large qu’est ce Trophée Jules Verne. Un Trophée, qui, depuis, que le pionnier Bruno Peyron s’en est emparé en 1993, premier sous la barre des 80 jours (79 jours et 3 heures), est passé entre les mains de Peter Blake (1994), Olivier de Kersauson (1997 et 2004), Bruno Peyron de nouveau (2002 et 2005), Franck Cammas (2010), Loïck Peyron (2012) et Francis Joyon (2017).

Une sacrée lignée de marins dans laquelle Thomas Coville, avec son équipage, rêve de s’inscrire, lui qui confie, à propos du défi qui attend l’équipage : « Nous préparons cet objectif tous ensemble depuis mon retour de l’Arkea Ultim Challenge. C’est la première fois que je fais deux tours du monde la même année et c’est un sentiment très fort d’emmener six garçons qui n’y sont jamais allés, de leur laisser leur chance, c’est aussi dans l’ADN de Sodebo. Je revois tous les moments qu’on a passés ensemble pour se préparer à ce Trophée Jules Verne qui a une place très particulière dans notre culture maritime. Dans mon histoire aussi car c’est sur un Jules Verne que j’ai bouclé mon premier tour du monde, en 1997 avec Olivier de Kersauson. On avait mis 71 jours, on vise aujourd’hui autour des 40 jours, c’est dire à quel point tout notre milieu a progressé. »

Sodebo Ultim 3 ne sera d’ailleurs pas le seul à s’élancer, puisque SVR Lazartigue a prévu de débuter sa tentative à peu près à la même heure. « C’est assez normal, nous avons les mêmes données, nous avons quasiment les mêmes performances, commente Thomas Coville. C’est fantastique de pouvoir se dire qu’on repart à deux Ultim autour de la planète sur ce record, ça donne le ton d’une époque. »

Avant de terminer avec une pensée pour les 3000 collaborateurs de Sodebo : « C’est un moment important de notre histoire commune. Ensemble nous faisons des choses rares. J’espère que je suis leur ambassadeur pour dire que c’est une entreprise de fous et que ce que nous allons faire avec le trophée Jules Verne est quelque chose qui nous ressemble. »

Six marins sur le Trimaran SVR-Lazartigue à la conquête du Trophée Jules Verne

Le Trimaran SVR-Lazartigue s’attaquera au Trophée Jules Verne, record du tour du monde à la voile, à la fin de l’année. Pour décrocher ce « Graal » de la course au large, ils seront six à bord. François Gabart, capitaine du bateau, sera entouré d’un équipage d’une grande complémentarité avec de multiples compétences et expériences associées.

 

© Qaptur

Le Trophée Jules Verne est sans aucun doute le record à la voile le plus mythique. Il est celui de l’absolu, celui du tour du monde en équipage, sans escale et sans assistance. L’obtenir c’est devenir le bateau le plus rapide autour de la planète et écrire une des plus belles pages de l’histoire de la course au large.

Depuis janvier 2017, et le passage de la ligne d’arrivée du trimaran IDEC mené par Francis Joyon, en 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes, plusieurs équipages ont tenté l’exploit. En vain. L’hiver prochain, le Trimaran SVR-Lazartigue se lancera à son tour à l’assaut de ce défi et coupera cette ligne reliant le phare de Créac’h sur l’île d’Ouessant et le Phare du cap Lizard. Avec l’ambition d’y revenir plus vite que l’actuel record. À bord, ils seront six à partager cette aventure unique où chaque émotion est exacerbée et poussée à son extrême. Cinq hommes et une femme à partager le même rêve ultime.

François Gabart, que vous inspire le Trophée Jules Verne ?

L’exercice du tour du monde reste extraordinaire alors le faire le plus vite possible, c’est ce qui se fait de mieux. C’est la dimension ultime. J’ai le même discours sur le Trophée Saint-Exupéry pour le record en solitaire. Dans le Jules Verne, il y a aussi cette notion d’équipe qui apporte quelque chose d’assez incroyable.

Comment avez-vous constitué votre équipage ? 

Il faut de la complémentarité des compétences mais aussi des tempéraments et des caractères. Je suis déjà confronté à ces optimisations à terre avec beaucoup de monde à gérer. Sur l’eau, c’est le même principe. Pour ce projet, il faut surtout des gens qui ont l’étincelle. Le Jules Verne c’est une étincelle. Il faut que tous aient cette formidable envie. Il faut ensuite amener des expériences et des compétences avec une palette variée. L’équipe me semble complète. On a l’expérience avec Pascal (Bidégorry) qui connait ces tentatives de Jules Verne et qui a une connaissance extraordinaire au large sur plein de bateaux différents. Des marins aux compétences techniques exceptionnelles comme Antoine (Gautier) et Emilien (Lavigne). Amélie (Grassi) a déjà navigué sur un Ultim (Actual), elle a l’enthousiasme et l’étincelle pour un tel projet. Ça amène aussi de la jeunesse et une énergie différente. Tom (Laperche) est un pilier du bateau. Il est le plus jeune mais a déjà une grande expérience et une maturité exceptionnelle. Cette aventure va aussi l’enrichir et c’est important pour le plus long terme. Ça va continuer à le rendre encore plus fort. Ça fait un joli cocktail qui me semble bien équilibré. À nous de faire en sorte que cette équipe murisse. On a le potentiel, l’envie, les compétences et une belle dynamique. Je suis très fier de partir avec cet équipage.

L’équipage est composé à la quasi-totalité de personnes qui se connaissent très bien. Est-ce indispensable ?

Nous allons être un temps assez long et dans un espace restreint, sur un bateau lancé à toute vitesse, avec tous les imprévus que cela implique. Il y aura des bons moments mais aussi des périodes plus délicates et des choses qui vont casser. On va être sous pression et sous stress. On le sait. Dans ces moments, l’humain est poussé dans ses retranchements. C’est bien de savoir où on peut aider les gens, là où il ne faut pas s’inquiéter ou alors porter davantage d’attention. Un tel projet est avant tout une aventure humaine.

 

© Qaptur

 

L’équipage en détails :

François Gabart : 41 ans. François est l’un des marins les plus talentueux de sa génération. Son palmarès est des plus impressionnants. Diplômé en génie mécanique et développement à l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, le skipper a entamé sa carrière en IMOCA avec de multiples succès et records. Après avoir notamment remporté le Vendée Globe en 2013 puis la Route du Rhum en 2014, il part dans l’aventure des bateaux géants de la catégorie Ultim en 2015 avec à nouveau de nombreux succès. Le dimanche 17 décembre 2017, au terme d’une aventure de 42 jours, 16 h 40 min et 35s, il termine son tour du monde en solitaire et établit un nouveau record du monde, un record toujours d’actualité.
Au sein de son entreprise MerConcept, il a imaginé et construit le Trimaran SVR-Lazartigue avec lequel il affiche déjà plusieurs records (traversée de la Méditerranée notamment) et plusieurs belles performances sur de grandes courses comme la Route du Rhum (2e en 2022) ou la Transat Jacques Vabre (2e en 2021 et 2023, associé à Tom Laperche).

Tom Laperche : 26 ans. Tom est l’étoile montante de la course au large. Champion du monde sur un petit dériveur à l’âge de 11 ans, Tom a réalisé sa première traversée de l’Atlantique à… 13 ans, en compagnie de son père Philippe. Diplômé de l’école d’ingénieur de l’université de Technologie de Compiègne, Tom a intégré le programme du Trimaran SVR-Lazartigue pratiquement dès son origine. Il a depuis participé à deux Transats Jacques Vabre associé à François Gabart et a pris le départ de l’Arkea Ultim Challenge en janvier dernier, première course autour du monde en solitaire pour les bateaux Ultim. Une avarie à la suite d’une collision a malheureusement mis fin à l’aventure, au large du Cap (Afrique du sud).

« Le Trophée Jules Verne, c’est historique. Ça donne forcément envie d’y aller. Gérer un bateau en équipe c’est très différent. Il y a déjà une grosse marche entre le solitaire et le double. Tu sais que tu peux compter sur une équipe. C’est attrayant de partager et vivre une telle aventure. La connaissance entre nous est importante. Un équipage ne doit pas être une somme d’individualités mais un groupe qui doit bien s’entendre. Il peut y avoir des désaccords mais il ne faut pas voir de blocage. Comme on se connait tous, ça va bien se passer. Nous sommes les cinq qui ont fait le plus de milles sur le bateau et on a toute confiance en Amélie qui rejoint l’équipe. C’est un atout de bien connaitre ce bateau, notamment techniquement, avec Antoine et Emilien qui font partie des équipes techniques depuis la conception du bateau. On pourra tout gérer en mer sans passer par la terre. Ça fait un équipage complet. Pour réussir, il y a beaucoup de secteurs dans lesquels il faut exceller. Et je crois que nous sommes assez complets et complémentaires. »

Pascal Bidegorry : 56 ans. Déjà champion du monde des multicoques ORMA en 2005, Pascal possède un des plus beaux palmarès de la voile avec des victoires dans très nombreuses courses, comme la Solitaire du Figaro (2000), la Volvo Ocean Race (tour du monde en équipage par étapes) en 2018, ou encore sur la Transat Jacques Vabre, une première fois en 2005, avec Lionel Lemonchois, puis en 2015, avec François Gabart. 2eme de la Route du Rhum en 2006 en multicoque ORMA. Il est aussi un homme des records. Parmi tous ceux qu’il a battus, il détient toujours depuis 2009 celui de la traversée de l’Atlantique nord en équipage, en 3 jours, 15 heures, 25 minutes et 48 secondes, à une moyenne de 32,94 nœuds et le record du monde à la voile en 24 heures. En 2011, il s’était attaqué au Trophée Jules Verne mais avait dû renoncer au 13e jour de mer après une collision avec un OFNI. Il fait partie de l’équipe du Trimaran SVR-Lazartigue depuis le début de l’aventure et a participé comme navigant au record de la Méditerranée et à la victoire sur la Drheam Cup en 2022.

« Avoir la chance une fois dans sa vie de naviguer une seule journée en Ultim c’est déjà sympa, alors partir faire le tour du monde, c’est génial. Il faut le prendre comme une chance de vivre quelque chose d’extraordinaire maritimement et humainement. Pour la plupart, nous nous connaissons depuis hyper longtemps. Nous avons une belle relation d’amitié, de respect et peut-être même de fraternité. C’est un des points forts de l’équipe. On sait que ça ne sera pas marrant tous les jours et que c’est un truc engagé. Chacun dans son secteur d’activité a beaucoup de savoir-faire et d’expérience. Ça reste un tour du monde et il se passe plein de choses. C’est une belle aventure humaine qui demande beaucoup d’engagement et de détermination. »

Amélie Grassi : 30 ans. Amélie affiche déjà une belle expérience. À la barre de La Boulangère Bio, elle vient de terminer The Transat à la 7ème place en Class 40. En 2021 et 2023, sur le même bateau, elle a participé à la Transat Jacques Vabre, associée la première fois à Marie Riou (9e) puis à Anne-Claire Le Berre (13e). En IMOCA, Amélie, basée à Lorient, a également navigué sur les deux premières étapes de la dernière édition de The Ocean Race, dans l’équipe Biotherm menée par Paul Meilhat. Une expérience de la navigation en équipage qui sera un atout dans cette aventure. Elle a aussi  participé à 4 courses en Ultim avec Actual.

« Quand le projet m’a été proposé, j’ai d’abord été surprise car je ne m’y attendais pas. Ensuite j’ai été honorée. Je n’ai pas mis longtemps à accepter. Le Trophée Jules Verne c’est un monument de la course au large. D’abord par le voyage. Faire le tour du monde ce n’est jamais anodin et pour moi ce sera une grande première. C’est surtout un défi sportif prestigieux et un record difficile à casser. Il faut de l’exigence, de l’excellence et de l’endurance pendant toute la durée du tour. Je suis hyper enthousiaste de me mesurer à ce défi mythique. Naviguer avec de tels marins sur une longue période sur un bateau comme le Trimaran SVR-Lazartigue qui est vraiment à la pointe de la technologie, de l’optimisation de la performance, c’est hyper réjouissant. C’est vertigineux et hyper excitant pour moi d’imaginer voler tout autour du monde à des vitesses pas possibles. L’équipage, ça te tire toujours plus haut et plus loin. Tu te dois de donner le meilleur pour tes équipiers et s’il y a un coup de mou, tu te raccroches à l’énergie des autres pour repartir. Ça va être une expérience exceptionnelle. Je me sens bien chanceuse d’embarquer dans cette histoire. »

Antoine Gautier : 43 ans. Directeur technique du projet Trimaran SVR- Lazartigue au sein de MerConcept, Antoine affiche une grande expérience de la voile. Neveu d’Alain Gautier (vainqueur du Vendée Globe 1992 entre autres grands succès), il a tout de suite baigné dans l’univers de la course au large. En 2011, il travaillait déjà sur le bateau vainqueur du Vendée Globe, skippé par… François Gabart. Récemment, à bord du Trimaran SVR-Lazartigue  il a participé comme navigant au record de la Méditerranée (13h55’ entre Marseille et Carthage, en mai 2022), et aux victoires sur la Rolex Fasnet Race 2023 (record à la clé) et sur la Drheam Cup 2022. Sa parfaite connaissance du Trimaran dans tous ses aspects sera un précieux atout.

« Le Jules Verne, c’est le Graal absolu, l’épreuve mythique, étrangers compris. Quelle que soit la classe, on dessine des bateaux avec la volonté de les rendre les plus rapides possible. Il n’y a pas mieux que de décrocher un Jules Verne. C’est le record le plus emblématique car tu sais qu’il n’y a pas un bateau plus rapide que le tien. Il y a de l’excitation mais aussi un peu d’appréhension car ce n’est pas anodin. Les mers du sud ça fascine. On a envie d’aller voir ce qui se passe là-bas. On sera très bien entourés à bord. Entre François, Pascal et Tom, il y a des légendes de la voile française et un sacré palmarès. Nous aurons aussi beaucoup de compétences complémentaires. C’est dur de rêver mieux. Je me sens privilégié, chanceux. »

Emilien Lavigne : 30 ans. Aujourd’hui ingénieur du bureau d’études de MerConcept et principalement responsable électronique, Émilien a intégré MerConcept en 2015, comme stagiaire, lors de la construction du Trimaran Macif. Alors qu’il n’avait pratiqué la voile légère que comme un loisir sportif, François Gabart lui a rapidement donné l’opportunité de naviguer, d’abord sur des sorties d’entraînement ou de convoyage, puis en course ou sur des tentatives de record. Récemment, à bord du Trimaran SVR-Lazartigue, il faisait partie de l’équipage du record de la Méditerranée (13h55’ entre Marseille et Carthage, en mai 2022), et lors des victoires sur la Rolex Fasnet Race 2023 (record à la clé) et sur la Drheam Cup 2022. Ses compétences en électronique sont louées par tous.

« C’est l’accomplissement de plusieurs années de projet et de travail autour d’un super bateau et d’une super équipe. Faire partie de l’équipage, ça me réjouit et m’excite. C’est mythique d’aller dans les mers du sud et de franchir tous ces caps. C’est un parcours qui m’a fait rêver depuis tout petit quand je suivais le Vendée Globe. Pour moi, c’était des légendes qui faisaient ces courses. J’étais loin d’imaginer faire une telle aventure, surtout accompagné de ces marins. Quand on fait la compilation de tout ce qu’on a à bord, c’est dingue. Je suis très conscient de la chance que j’ai d’embarquer sur ce parcours, avec ces personnes et sur ce bateau qui est une merveille. »

FRANCIS JOYON ENTRE DANS LA LEGENDE DU RHUM

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Copyright : Jean-Marie Liot / Alea

Incroyable ! Complètement dingue ! Après 6 jours de course poursuite derrière François Gabart, tout s’est finalement joué au terme d’un tour de la Guadeloupe totalement fou, dans les dévents et la pétole. A la marque de Basse Terre, avec 17 minutes d’avance, on pense que MACIF a course gagnée. Il reste encore 30 milles à faire dans des vents évanescents. 30 milles de suspense total et de rebondissements. Entre le Sud de l’île et la ligne d’arrivée, Francis Joyon, décalé à terre, parvient à prendre l’ascendant dans une risée. Bien que ralenti par un filet de pêche pris dans un de ses safrans, le skipper d’IDEC Sport conserve l’avantage. A deux milles de la ligne, le vent tombe à nouveau. MACIF, légèrement plus rapide, revient au contact et les deux adversaires se retrouvent bientôt bord à bord, à 3 nœuds de vitesse. Il faut encore caler un virement de bord très délicat. Francis ne tremble pas dans la manœuvre et parvient à s’imposer ce dimanche 11 novembre à 23 h 21 mn 47 secondes (heure locale) avec seulement 7 minutes 08 secondes d’avance sur le trimaran bleu. Un écart qui fait entrer dans la légende cette 11e édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe et son vainqueur Francis Joyon.

Le skipper d’IDEC Sport a mis 7 jours 14 heures 21 minutes et 47 secondes pour boucler le parcours de 3542 milles à la vitesse moyenne de 19,42 nœuds. Il établit ainsi un nouveau temps de référence sur le parcours en battant de 46 minutes 45 secondes le chrono réalisé en 2014 par Loïck Peyron.  A 62 ans, le détenteur du Trophée Jules Verne a mené une course exceptionnelle à la force des bras et du mental. Jusqu’au bout, il aura tout donné pour tenter de ravir la victoire à son jeune concurrent.  Avec succès ! Après sept tentatives, il remporte la toute première Route du Rhum-Destination Guadeloupe de sa carrière. Brillant !

Origine du texte : https://www.idecsport-sailing.com/2018/11/12/francis-joyon-entre-dans-la-legende-du-rhum/

FRANCIS JOYON REVIENT SUR L’ANNÉE 2017

Pour Francis Joyon, la saison 2017 a débuté par un exploit retentissant, le record du Trophée Jules Verne à bord d’IDEC SPORT, en 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes. Observateur aguerri, longtemps solitaire le plus rapide de la planète, Francis est également bien placé pour analyser l’impressionnant record établi dimanche dernier par François Gabart. Alors qu’une prometteuse année 2018 s’annonce, avec comme rendez-vous majeur la mythique Route du Rhum, Joyon exprime son opinion sur la question de l’asservissement des foils sur la prochaine Route du Rhum-Destination Guadeloupe… Entretien.

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Le 27 janvier 2017, tu améliorais avec ton équipage le record du Trophée Jules Verne. Avec le recul, quel regard portes-tu sur cette performance ?
« Elle me réjouit. Je suis fier qu’avec notre « petit » bateau et notre équipage réduit, nous ayons réussi à battre ce record. La satisfaction est d’autant plus grande que nous avions auparavant effectué plusieurs tentatives infructueuses. Ce succès en équipage est très différent de ceux que j’ai pu connaître en solitaire, c’est comme si j’avais commencé une deuxième carrière. Je garde de très bons souvenirs de cette expérience. Notre équipage n’était pas composé de mercenaires, mais de gars responsables qui avaient tous mené leurs projets respectifs auparavant et qui connaissaient la musique. L’engagement moral et physique de chacun d’entre nous a été maximum pour arriver à un tel résultat. »

Comment juges-tu la récente performance de François Gabart, nouveau détenteur du record autour du monde en solitaire ?
« On prend un coup au moral quand François, avec un bateau plus récent, se rapproche sérieusement de notre record absolu en équipage (rires). Si nous n’avions pas conquis le Trophée Jules Verne sur IDEC SPORT en début d’année, François aurait réalisé le meilleur temps de l’histoire, équipages compris ! C’est exceptionnel, d’autant plus pour une première tentative. J’avais bien imaginé que François battrait le record de Thomas Coville, mais pas avec une telle avance. Cette année j’ai régaté contre François sur The Bridge (entre Saint-Nazaire et New York) et j’ai pu constater tout le potentiel de son trimaran qui a l’air magique. Pour son record autour du monde, François a adopté une approche intelligente, sans se mettre de pression. Et il a parfaitement navigué. Nous sommes désormais quatre à avoir bouclé le tour du monde en solitaire en multicoque, après moi, Ellen MacArthur, Thomas Coville et François Gabart. »

Tu as été longtemps et par deux fois détenteur de ce record (en 2004-2005 puis de 2008 à 2016, en 57 jours et 13 heures). Comment analyses-tu cette évolution actuelle très rapide des records ?
« Elle est logique. Les bateaux progressent énormément. Entre mon ancien trimaran IDEC et le Sodebo Ultim de Thomas Coville, le différentiel de vitesse est d’environ 20 %. La performance de Thomas l’an dernier ne m’a donc pas étonné. Sur le Macif de François Gabart, le potentiel augmente encore et le record s’améliore. Et bientôt les bateaux volants s’y attaqueront. Les performances vont encore grimper. La connaissance météo évolue aussi et le niveau des marins est excellent. Tout pousse à croire que les records seront à nouveau battus dans les années à venir. »

Un mot pour Yves Le Blévec qui a chaviré au large du cap Horn lors de sa tentative du tour du monde à l’envers…
« Yves est notre voisin de ponton à la Trinité-sur-Mer. Lui aussi a fait preuve d’un engagement formidable, prenant beaucoup de risques. Son parcours est beau, même s’il se solde par une grande déception. J’ai connu des échecs, des chavirages, des démâtages. Je suis bien placé pour savoir que surmonter ces moments difficiles permet d’en connaître des meilleurs par la suite. Yves saura se relever. »

Projetons-nous sur la saison 2018. Le premier grand rendez-vous sera Nice UltiMed. Quels seront tes objectifs sur cette épreuve ?
« L’objectif principal est de mettre à profit les convoyages et le parcours de l’épreuve en Méditerranée pour valider tous les changements effectués en chantier cet hiver. Nous menons un travail de fond avec les nouveaux safrans et plans porteurs ainsi que les foils transformés, qui vont améliorer les performances du bateau. Nous changeons également les rails et charriots de grand-voile et installons des pilotes performants en vue de la Route du Rhum en solitaire. Plus anecdotique, nous réinstallons aussi le fameux vélo utilisé par Franck Cammas sur ce même bateau, qui s’appelait à l’époque Groupama 3. »

Comment envisages-tu la Route du Rhum, l’événement majeur de ta saison en 2018 ?
« Je souhaite prendre le départ avec un bateau rapide, léger et fiable. Le plateau sera impressionnant, avec notamment les nouveaux bateaux volants. Cela m’intéresse énormément de me confronter à eux. Ce ne sera pas simple mais je compte bien tirer mon épingle du jeu grâce à des options météo, et peut-être un peu plus de fiabilité que les autres. Le solo a tendance à réduire les différences de potentiel entre les bateaux. »« Soyons exemplaires en valorisant les énergies renouvelables »

La question se pose pour le Rhum d’autoriser ou non l’asservissement des foils. Quel est ton point de vue à ce sujet ?
« Certains teams demandent un système d’asservissement des foils, qui permettrait de les régler automatiquement. Je suis contre pour des raisons d’équité sportive et j’ai écrit à la Fédération Française de Voile pour donner mon avis. Autoriser l’asservissement à moins d’un an de la Route du Rhum serait une profonde injustice. Il faut respecter la flotte des bateaux existants, ne pas privilégier certains teams par rapport à d’autres qui n’ont pas eu le temps de développer cette technologie. A terme, je ne suis pas fondamentalement contre le principe de l’asservissement. Mais il faut mener une vraie réflexion et l’énergie nécessaire ne doit en aucun cas être fournie par des moteurs diesel qui tourneraient probablement en permanence. Nous devrons privilégier les énergies renouvelables : éoliennes, panneaux solaires, hydrogénérateurs. Notre force est de nous déplacer à la voile. Un jour, il n’y aura plus de pétrole alors autant anticiper. Continuer à faire tourner des moteurs thermiques ne va pas dans le sens de l’évolution du monde. Alors soyons exemplaires ! »

Entretien a retrouver sur ce lien : https://www.idecsport-sailing.com/2017/12/26/francis-joyon-revient-lannee-2017/

François Gabart bat le record autour du monde en solitaire !

En explosant le record autour de la mer de plus de six jours, François Gabart se voit récompenser avec toute son équipe, d’une implication totale sur son projet de multicoque géant. Le trimaran MACIF était non seulement bien né, il était surtout bien entretenu, optimisé, peaufiné, amélioré, revisité, radiographié… Et pourtant cette révolution planétaire ne fut pas de tout repos : sans une remarquable motivation, sans une préparation sans faille, sans un surpassement physique et mental, sans une détermination de tous les jours, le challenge aurait pu s’achever bien avant Ouessant.

Macif_François_Gabart

La facilité n’est qu’apparence et la désinvolture virtuelle : les images apaisées voire sereines que François Gabart a laissé diffuser tout au long de son périple pourraient laisser entendre que ce tour du monde express ne se résume qu’à une sortie d’entrainement au large des Glénan ! Que nenni : le solitaire a l’art d’aborder les challenges avec précision, préparation, motivation. Il n’est que de voir le palmarès déjà prodigieux qu’il accumule depuis ses premiers pas en course (monotype Figaro et 60 pieds IMOCA) et depuis que MACIF lui a donné les clés pour concevoir et mener ce trimaran de trente mètres mis à l’eau à l’été 2015 : pas une course qu’il n’ait remportée… Transat Jacques Vabre 2015 avec Pascal Bidégorry, The Transat bakerly 2016 en solitaire, l’ArMen Race USHIP et The Bridge 2017 en équipage. Alors sur ce tour du monde express, si la souffrance n’était pas de mise, l’âpreté et la concentration sont restées le quotidien du skipper.

Tour à tour

Il a d’abord fallu partir, c’est-à-dire décider aux aurores d’un 4 novembre 2017 de s’élancer pour une tentative. Car à l’origine, il n’y avait pas une fenêtre météorologique fabuleuse, juste un vasistas jusqu’à l’équateur et une opportunité encore incertaine vers le Sud. Mais pourquoi attendre qu’un portail s’ouvre quand un simple battant permet déjà de passer de l’autre côté de l’hémisphère ? « Bon cavalier monte à toute main » dit le proverbe, ce qui en français moderne se traduit par « la fortune sourit aux audacieux ». Bref, il était toujours temps de revenir au point de départ après une virée tropicale ! Car « la chance aide parfois, le travail toujours ».

Or partir au débotté comme l’a fait François Gabart était gonflé en ce sens où les polaires de vitesse du trimaran indiquaient que si l’atterrissage sur le Pot au Noir était véloce, sa traversée s’annonçait laborieuse. Et elle le fut ! Et s’il n’a pas fallu longtemps au solitaire pour prendre la mesure d’une machine qu’il connaissait déjà sur le bout de ses doigts avec des vitesses moyennes de plus de trente nœuds et même des pointes frisant les quarante (en solo !), le passage de la ligne de démarcation hémisphérique était déjà frustrant : 140 milles de débours et 3h 34’ de retard sur le temps de référence établi un an plus tôt par Thomas Coville… Et une position géographique peu ordinaire sur le 34° Ouest (soit quasiment la longitude de Recife) qui ne semblait pas favorable pour aborder les alizés brésiliens.

Atours et atouts

Mais voilà : un peu plus d’une journée après, le trimaran MACIF croisait la route de son prédécesseur et mettait déjà le clignotant à gauche, cap sur l’Afrique du Sud ! La bascule était faite : dans un joli flux de secteur Nord, le skipper « envoyait du pâté » pour filer à des vitesses supersoniques vers les Quarantièmes Rugissants. Une superbe diagonale vers le cap des Aiguilles pour entrer dans l’océan Indien avec un chrono incroyable : 11 jours 22 heures 20 minutes, soit le meilleur temps de tous les temps ! Et François Gabart en profitait pour s’adjuger la plus grande distance parcourue en solo sur 24h avec 851 milles, soit 67 milles de mieux que son propre record… Et 35,46 nœuds de moyenne sur une journée.

La démonstration était faite : son plan VPLP était plus rapide que son prédécesseur (ce qu’indiquaient déjà les courses précédentes), mais surtout François Gabart avait la capacité à tenir des moyennes « affoilantes » tout en conservant une bonne marge de sécurité. Pour autant, la boîte à outil était déjà de sortie avec une latte à consolider en 2h30, réparation dont on n’a plus entendu parler jusqu’à l’arrivée. Et à la longitude du cap des Aiguilles, le solitaire avait 829 milles, soit 2j 06h 24’ d’avance ! Mais la suite était moins enthousiasmante : une méchante dépression tropicale se mettait en travers du chemin au point que le trimaran MACIF était contraint de ralentir pour laisser passer la tempête… Réduire l’allure quand il faut compresser le temps a des relents paradoxaux.

François Gabart laissera d’ailleurs quelques plumes dans cet Indien peu fréquentable : obligation de changer de stratégie en plongeant plein Sud avant les Kerguelen jusqu’à aller friser le 55° S pour remonter fissa vers le 47° S. Mais si le passage de la longitude du cap Leeuwin était encore bénéfique avec 653 milles, soit 1j 12h 59’ de marge, la suite était rude : nouvelle journée bricolage pour changer un filtre de dessalinisateur. Puis l’entrée dans le Pacifique au large de la Tasmanie était plus que mouvementée avec huit heures perdues (1j 05h 02’ d’avance) : le multicoque souffrait dans une mer si pourrie que la galette d’enrouleur du génois de brise (J2) donnait déjà des signes de faiblesse. Et une fois à mi-parcours, alors que le marin entamait son empannage par 60° Sud (brrr…), un iceberg pointait à l’horizon !

Une fois remonté vers les Cinquantièmes Hurlants, la grande cavalcade reprenait de plus belle pour atteindre son point culminant juste avant le cap Horn avec des moyennes hallucinantes de plus de trente-cinq nœuds. C’est dans cette deuxième moitié de Pacifique que François Gabart grignotait un temps considérable avec un record à la clé toutes catégories confondues : 7j 15h 15’ pour avaler le plus grand océan du monde ! Et surtout, plus de 1 200 milles d’avance sur Thomas Coville, soit 2j 08h 15’ de marge…

Macif_François_Gabart_2

Le bon tour

Mais si ce tour était le bon, c’est aussi parce que l’Atlantique Sud était très coopératif, autant à la « descente » qu’à la « remontée ». Une belle dépression argentine propulsait le trimaran MACIF jusqu’à la latitude du Rio de La Plata mais avec des conséquences matérielles très plombantes. D’abord la galette de J2 ne résistait pas à la pression, obligeant le skipper à naviguer surtoilé, donc en veille permanente, impliquant de puiser au plus profond des réserves humaines. François Gabart était sur les rotules quand une bulle bienfaisante lui permit non seulement de réparer cette nouvelle avarie, mais aussi de recharger ses batteries avant le rush final.

Car ce qu’il ne faudrait pas oublier sur cette rotation planétaire, c’est que si le skipper n’avait pas tiré sur sa machine et sur son corps, l’enchaînement météorologique n’aurait pas du tout était le même : la trajectoire aurait été beaucoup plus septentrionale sur la fin de l’Indien et le début du Pacifique si le solitaire avait été dans le même temps que Thomas Coville et la remontée au large de l’Argentine aurait été particulièrement laborieuse… Aller vite était donc quasiment une nécessité pour le marin au risque de perdre tout espoir d’aligner les bonnes configurations météorologiques, des Kerguelen jusqu’à l’équateur ! Une ligne de démarcation qu’il franchissait aussi dans un temps record puisqu’il ne mettait que 6 jours 22 heures et 15 minutes pour parcourir les 3 900 milles orthodromiques qui séparent le cap Dur de l’équateur. Et la marge bondissait à près de 2 000 milles, soit 5j 13h 23’ d’avance.

Dernier détour

Le Pot au Noir perforé sans coup férir, ne rester plus qu’à négocier le grand tour de l’anticyclone des Açores, dernier obstacle pas toujours très coopératif sur un tour du monde. Mais les Dieux de la mer et du ciel furent complaisants : les alizés étaient vigoureux sans être trop puissants et la parabole presque parfaite… Jusqu’à Florès. Car il fallut ensuite transpercer un front chaud fort intrusif, puis contourner une déplaisante bulle calée devant la Bretagne. Un détour vers l’Irlande s’imposait donc avant de couper le cordon…

Après 42 jours 16 heures 40 minutes et 35 secondes de mer, soit à 27,2 nœuds de moyenne sur l’eau après 27 860 milles parcourus (22 nœuds sur la route optimale de 22 500 milles), François Gabart en finissait avec 6 jours 10 heures 23 minutes et 53 secondes d’avance sur le précédent record établi par Thomas Coville quasiment un an auparavant ! Chapeau bas.

Avance-retard sur le parcours de Thomas Coville
Équateur : + 140 milles, soit 03h 34’ de retard
Cap des Aiguilles : – 829 milles, soit 2j 06h 24’ d’avance
Cap Leeuwin : – 653 milles, soit 1j 12h 59’ d’avance
Tasmanie : – 687 milles, soit 1j 05h 02’ d’avance
Cap Horn : -1 215 milles, soit 2j 08h 15’ d’avance
Équateur retour : – 1 990 milles, soit 5j 13h 23’ d’avance
Ouessant : -2 810 milles, soit 6j 10h 23’ d’avance

Temps de référence au départ de Ouessant
Ouessant-Équateur : 05j 20h 45’
Ouessant-Cap des Aiguilles : 11j 22h 20’ (nouveau temps de référence absolu)
Ouessant-Cap Leeuwin : 19j 14h 10’ (nouveau temps de référence en solitaire)
Ouessant-Cap Horn : 29j 03h 15’ (nouveau temps de référence en solitaire)
Ouessant-Équateur retour : 36j 01h 30’ (nouveau temps de référence absolu)
Ouessant-Ouessant : 42j 16h 40’ (nouveau temps de référence en solitaire)

Temps de référence par tranche de parcours
Équateur-Cap des Aiguilles : 6j 01h 35’ (nouveau temps de référence absolu)
Cap Horn-Equateur : 06j 22h 15’ (nouveau temps de référence absolu)

Records WSSRC (en cours de validation)
Équateur-Équateur : 30j 04h 45’ (record en solitaire) précédent détenteur, Thomas Coville en 35j 21h 38’)
Océan Pacifique Sud : 7j 15h 15’ (record absolu) précédent détenteur : Francis Joyon et son équipage en 7j 21h 13’
Distance parcourue en 24h : 851 milles (record en solitaire) précédent détenteur, François Gabart avec 784 milles

VPLP-2

Disparition en mer du navigateur chinois Guo Chuan

A quelques jours du coup d’envoi de la 8ème édition du Vendée Globe, le monde de la voile est endeuillé suite à la disparition du navigateur Chinois Guo Chan. A 51 ans, la star chinoise de la voile s’était lancée le 19 octobre dernier de San Francisco dans une tentative de record du monde de la traversée du Pacifique en solitaire. Son maxi-trimaran, Qingdao China, a été retrouvé vide et dérivant 8 jours plus tard par des sauveteurs dépêchés depuis un bâtiment de la marine américaine. Le trimaran Qingdao China, ex-IDEC, était l’ancien bateau de Francis Joyon.

©Mer et Média / Idec Sport
©Mer et Média / Idec Sport

 

C’est en 2015 que Guo Chuan s’est rendu acquéreur du plan Irens lancé par Francis en 2007, et à bord duquel le marin de Locmariaquer allait écrire certaines des plus belles pages de la voile océanique. C’est avec une profonde émotion que Joyon, mais aussi tout l’équipage d’IDEC SPORT a appris la nouvelle : « Nous sommes à plus d’un titre concernés par ce drame qui s’est déroulé à bord de notre ancien bateau, témoigne Francis. Guo est un homme pour lequel j’ai la plus grande admiration. Ancien scientifique, il n’est pas « du sérail », est venu à la voile tardivement et s’est fait tout seul. Je suivais avec passion ses tentatives, très respectueux de ce qu’il était capable d’accomplir. »

Un sentiment partagé au sein de l’équipage d’Idec Sport, en stand-by pour une nouvelle tentative dans le Trophée Jules Verne, et particulièrement par l’Allemand Boris Herrmann, équipier de Guo lors de la récente tentative de passage du Nord-Ouest.

En 2013, Guo Chuan a été le premier Chinois à boucler un tour du monde sans escale (137 j 20 h), en monocoque.

 

Source : www.idecsport-sailing.com