Après un long bord bâbord amure de quelques jours qui a commencé à la sortie du Pot-au-noir, Sodebo Ultim 3 a empanné mercredi soir au large de Rio de Janeiro pour mettre le cap vers le sud de l’Afrique du Sud qu’il devrait atteindre en un peu moins de 12 jours. Flashé jeudi matin à 33 nœuds avec 162 milles d’avance sur le tableau de marche d’Idec, le trimaran devrait bénéficier à partir de vendredi d’un renforcement du vent pour se retrouver rapidement plongé dans l’ambiance du Grand Sud.
La fin de l’été brésilien se profile pour l’équipage de Sodebo Ultim 3 qui ne devrait pas tarder à changer d’ambiance, puisque d’après la cellule de routage, il sera dès samedi dans les quarantièmes, à l’avant d’une dépression qui devrait le mener rapidement vers l’entrée de l’océan Indien, matéralisée par le Cap des Aiguilles. « Il fait un peu plus frais depuis quelques heures, on sent qu’on plonge dans le Sud et que dans quelques jours, on va remettre les polaires, les bottes, les sous-couches et rentrer dans le vif du sujet de ce tour du monde qu’est le Grand Sud », confirme Martin Keruzoré, le media man, qui, sur ce Trophée Jules Verne, aide aussi l’équipage pour les manœuvres.
Hors quart, le Breton de 30 ans a dû trouver son rythme pour se fondre dans ce double rôle :
« Je ne suis pas géré par la montre comme les autres qui font des quarts depuis le début. J’ai donc pris le parti de vivre avec le soleil pour passer le maximum de temps sur le pont, ne pas rater les temps d’échanges entre les gars, les lumières rasantes du matin et du soir, j’essaie juste de faire une petite sieste dans la journée. Et les manœuvres viennent modifier ma routine : je me lève la nuit s’il y a besoin d’assister les gars et de tourner les manivelles. Au bout de quelques jours, j’ai compris à quels moments je devais être présent pour les aider et ceux où je pouvais prendre du recul pour les filmer. »
Témoin privilégié de la vie de l’équipage, Martin Keruzoré se réjouit de l’ambiance qui règne à bord : « Le groupe est vraiment soudé. Tout le temps que nous avons passé ensemble depuis le début de l’année a été bénéfique. Il n’y a pas de surprises parce qu’on se connaît tous. On est vraiment heureux d’être là, ce n’est que du bonheur, j’espère que ça se voit à terre, on a tous des personnalités différentes, mais ça fait une super entité. » Une entité menée de main de maître par Thomas Coville, qui, d’après le media man, « joue parfaitement bien son rôle de chef d’équipe, il est toujours là pour écouter les gars, pour les mettre en confiance, c’est super positif pour la suite et notamment pour le Sud que certains ne connaissent pas. »
Et le skipper de Sodebo Ultim 3 est souvent là pour partager les repas, moments de convivialité appréciés par tous. « On mange des pâtes deux fois par semaine, c’est Thomas Rouxel qui s’en charge, c’est le professionnel de la cuisson. On se retrouve alors tous autour de la cuisine qui est bien placée pour la vie à bord, assez centrale, ce sont des moments sympas », ajoute Martin Keruzoré. Qui, en plus de ses rôles de media man et de régleur, est le préposé, avec Thomas Rouxel, à l’avitaillement :
« Je monte tous les jours les sacs de repas lyophilisés stockés dans la coque centrale, ça me permet aussi de voir ce qui a été consommé la veille, de faire un inventaire pour qu’on ait de quoi tenir 40 jours. »