Patience et concentration

Les fichiers météo qui se succèdent depuis plusieurs jours et que Franck Cammas et Charles Caudrelier étudient avec le routeur et 7e homme, Marcel van Triest, s’accordent pour dire qu’il est bientôt temps de larguer les amarres et hisser les voiles du Maxi Edmond de Rothschild. Ce jeudi, tous les indicateurs prennent une belle couleur jaune soutenu en passe de tourner au vert. Tous les membres de l’écurie aux cinq flèches sont sur le qui-vive depuis plusieurs jours pour ne pas laisser s’échapper cette belle opportunité qui se présente devant les étraves du coursier océanique. Les six marins de ce trimaran taillé pour le vol en haute mer pourraient se présenter ce samedi 9 janvier 2021 sur la zone de départ au large de l’île d’Ouessant pour couper la ligne de ce record absolu de vitesse autour du monde à la voile.

 

 

Erwan Israël

« On attaque le début du 3e mois de stand-by… C’est long, mais avec des moments où on a la certitude qu’il ne va rien se passer d’intéressant sur le plan météo. On peut penser à autre chose, faire du sport. Et puis il y a des situations, comme ces derniers jours, où on lorgne un départ, on hésite… On enchaîne des déplacements, des tests PCR… Et puis finalement, on ne part pas. Ces périodes plus incertaines sont un peu moins rigolotes. On est sur le qui-vive et nerveusement c’est plus compliqué, notamment sur un plan familial. On dit au revoir aux enfants, mais on ne sait pas si c’est pour 3 jours… ou 40 jours. Le stand-by idéal, c’est quand cela ne dure pas longtemps et qu’une fenêtre extraordinaire se présente au bout d’une semaine ou de 15 jours. Là, cela ne s’est pas passé comme ça malheureusement.

Actuellement, il y a une situation de départ qui s’installe avec beaucoup de portant, des vents de Nord générés par l’anticyclone. Cela nous laisse une fenêtre de tir un peu plus ouverte. Mais il y a aussi une dépression qui barre un peu la route au début, elle est assez violente, donc on aimerait qu’elle s’évacue dans l’Est pour nous ouvrir le chemin des alizés plus facilement. On aimerait partir le plus tard possible, mais attendre comporte le risque qu’on se retrouve aussi avec pas de vent du tout sur la ligne de départ. »

 

 

Morgan Lagravière 

« C’est mon premier stand-by. Je n’avais jamais vécu jusqu’ici ce type de préparation et cette période d’attente. C’est une période particulière, mais j’ai la chance d’être en contact avec des gens qui ont déjà vécu ce type d’expérience. Cela fait partie du jeu. Depuis deux mois, on a eu plusieurs situations où on était prêt à partir, on est même parti avant de faire vite demi-tour. Ces tentatives dans la tentative sont des bons entraînements pour se préparer au niveau matériel, mais aussi sur un plan plus psychologique pour être en mode course dès qu’on lâche les amarres et qu’on dit au revoir. Cela reste des bateaux exigeants et l’erreur n’est jamais loin. Il faut vraiment se concentrer d’entrée de jeu. Mais c’est vrai que plus le temps passe, plus on a envie de partir… Et il va être temps d’y aller. Cela tombe bien, c’est le bon moment ! 

Depuis mardi soir, on a différentes options possibles, avec une fenêtre assez longue sur l’Atlantique Nord qui nous permet de patienter pour voir comment évolue l’Atlantique Sud. On va monter en pression petit à petit, finir d’affiner les derniers préparatifs. Le bateau est prêt. Il est chargé en avitaillement, il ne reste plus qu’à embarquer un peu de frais et à se diriger vers la ligne de départ ! »

 

 

Une nouveau briefing est organisé demain matin avec la cellule météo du Gitana Team. Nous aurons alors plus de précisions quant à l’heure et aux conditions de départ.

Un nouveau départ en ligne de mire

Les choses se précisent… enfin ! Après plus de deux mois de stand-by et une première tentative interrompue sur problème technique fin novembre, les marins du Maxi Edmond de Rothschild ne cachent pas leur envie d’enfiler bottes et cirés pour s’élancer à l’assaut du Trophée Jules Verne.

 

 

Leurs vœux pourraient être exaucés et leur patience récompensée d’ici la fin de la semaine. Depuis lundi, la cellule météo du Gitana Team, composée de Franck Cammas, Charles Caudrelier et leur routeur Marcel van Triest, observe deux grandes tendances à 48 heures d’intervalle. Les prévisions s’affinant c’est la deuxième qui a été retenue, soit un départ vendredi ou samedi au plus tard au large de Ouessant. Découvrez dans la vidéo ci-dessus les explications des skippers du Maxi Edmond de Rothschild et de deux des équipiers, Morgan Lagravière et Erwan Israël, qui les accompagneront sur ce record absolu du tour du monde à la voile.

 

À Lorient, l’équipe technique s’affaire aux derniers détails et tout est mis en place pour voir le Maxi Edmond de Rothschild s’élancer dans 48 heures sur le Trophée Jules Verne.

 

 

Code jaune, la fenêtre semble se concrétiser

Le scénario météo se précise pour les hommes du Maxi Edmond de Rothschild, plus que jamais en attente d’un code vert pour larguer les amarres et rejoindre la ligne de départ du Trophée Jules Verne au large de la pointe bretonne. La mise à jour des fichiers de prévisions de ce mardi soir est très attendue.
En effet, la cellule météo de l’écurie aux cinq flèches affinera à l’issue de l’analyse de ces derniers le bon moment pour quitter Lorient et pointer les étraves du géant de 32 mètres vers Ouessant. Deux grandes tendances sont dans la balance : un départ dès demain, mercredi 6 janvier, au petit matin ou 48 heures plus tard pour finir cette première semaine de l’année 2021 en beauté.

 

 

Update du 5 janvier au soir

Les fichiers météos convergent pour indiquer un meilleur créneau de départ vendredi 8 janvier. C’est pourquoi ce soir, à l’issue de l’analyse des dernières prévisions, la cellule météo du Maxi Edmond de Rothschild a choisi de rester en code jaune en attente de ce scénario favorable. Les deux skippers, Franck Cammas et Charles Caudrelier, et leur routeur Marcel van Triest observent la situation plusieurs fois par jour et la fenêtre sera à ajuster jusqu’au dernier moment pour optimiser les premiers temps de passage visés (équateur et cap des Aiguilles). Les six marins du dernier-né des Gitana sont sur le pied de guerre, prêts à larguer les amarres, et pourraient quitter leur port d’attache lorientais dès jeudi si besoin était.

 

Une fenêtre de tir à ajuster

Au briefing de lundi matin 10h30, Marcel van Triest dressait le tableau : « L’année 2021 semble vouloir nous proposer plus de possibilités et la semaine qui s’ouvre devrait nous permettre d’envisager un premier départ avec les temps de passage que nous nous étions fixés en critères. Sous les 5 jours à l’équateur et autour des 11 jours sous l’Afrique du Sud. » Le ton était donné mais restait alors à ajuster au mieux le timing de franchissement de ligne pour parvenir à obtenir l’enchaînement si capital de ce premier tiers de record.


En effet, lorsque les équipages s’élancent de la pointe bretonne, ils cherchent non seulement une bonne fenêtre de départ afin d’être rapides jusqu’à l’équateur mais surtout ils visent une transition millimétrée au large du Brésil afin d’embarquer dans le bon wagon pour glisser vers les mers du Sud. C’est précisément cette coordination que recherche actuellement la cellule météo du Gitana Team.


Sur le pied de guerre
Cet après-midi au cœur de la base technique du Gitana Team et à bord du Maxi Edmond de Rothschild, l’équipe tout comme les navigants s’affairaient aux derniers détails : chargement de l’avitaillement, réalisation des pleins d’eau et de « gasoil », installation des affaires personnelles des six marins… Demain, à l’aube, si la météo en a décidé ainsi, le dernier-né des Gitana sera prêt pour attaquer son nouveau défi ; le premier tour du monde en équipage d’un maxi-trimaran volant, ou bénéficiera d’un répit de quelques heures pour fourbir ses armes.

La fenêtre se referme, retour en stand-by pour préparer la prochaine !

Hier midi, à l’issue du briefing météo avec leur routeur Marcel van Triest, Franck Cammas et Charles Caudrelier savaient que leurs chances de s’élancer dans les prochaines heures à l’assaut du Trophée Jules Verne étaient faibles pour ne pas dire infimes : «nous estimons à 5 % de chance la possibilité d’un départ demain, mais d’un fichier à l’autre ce pourcentage peut doubler ou totalement s’écrouler, alors il faut tenter et se laisser quelques heures supplémentaires pour trancher», expliquait le marin aixois. Malheureusement, la patience des six équipiers du Maxi Edmond de Rothschild et de tout le team qui les accompagne n’a pas été récompensée ; pour cette fois tout du moins ! Car si la période consacrée au stand-by dans la quête du mythique record est sérieusement entamée, avec déjà deux mois au compteur et une tentative écourtée fin novembre suite à un choc avec un OFNI, il reste encore plus d’un mois et demi aux hommes du Gitana Team pour concrétiser leurs efforts et tenter de venir détrôner Francis Joyon et son équipage d’Idec Sport, les actuels détenteurs en 40 jours 23 heures 30 minutes.

 

 

Aucun des trois critères réunis

Les six marins du maxi-trimaran volant se seraient parfaitement vus tourner la page de cette année 2020 en mer. Mais il en sera autrement ! L’étroite fenêtre visée depuis quelques jours représente trop de zones d’incertitude pour un gain faible, c’est-à-dire des temps de passage intermédiaires trop éloignés des objectifs fixés par le team.

 

« Hier midi, les probabilités étaient très faibles mais existantes. Nous savions que l’Atlantique Nord ne s’améliorerait pas mais nous pouvions toujours espérer que le Sud en vaille la chandelle. Les derniers fichiers de prévisions météo que nous avons à notre disposition n’ont montré aucune amélioration notable. Les temps de passage à l’équateur sont bien plus élevés que ce que nous visons : de 5 jours 18 heures à 6 jours 10 heures contre les 4 jours 15 heures que nous pourrions légitiment viser avec une belle fenêtre. D’autant que malgré ces temps peu engageants, la route pour y parvenir nous paraît difficile à mettre en œuvre avec un tracé majoritairement côtier et plein d’embûches du fait des chapelets d’îles à négocier. Et désormais s’ajoute à cela que dans le Sud, la transition que nous devons accrocher pour gagner rapidement les latitudes australes ne semble plus acquise. Il y a trop d’aléatoire et pas assez de certitudes pour tenter l’histoire sur cette fenêtre. Ces allers et retours font partie du jeu des records… » ,  relativisait le co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild bien que naturellement déçu de devoir rester à quai encore quelques jours.

 

Ne pas gâcher ses chances

Les échanges ont été fournis car l’enjeu est important, mais la décision a été unanime ! « Nous pouvons avoir plus d’ambition que ce que nous proposait cette fenêtre. Ce n’est jamais une décision facile de revenir en stand-by mais il ne faut pas gâcher nos chances de battre ce record en voulant partir dans un mauvais timing. Nous avons tous hâte de pouvoir partir et de nous exprimer sur ce parcours, c’est ce qui rend l’attente assez longue… Et la météo n’est pas des plus simples cette année. Depuis le début nous devons composer avec un Atlantique Nord plutôt atypique pour la saison. Il y a des dépressions qui descendent très Sud, elles se promènent vers les Açores et dans l’Ouest des Canaries. Cette configuration météo rend notre tâche plus compliquée car bien souvent nous avons des situations favorables pour quitter la pointe bretonne mais des ruptures dans le régime d’alizés de l’hémisphère Nord qui hypothèquent sérieusement une course de vitesse vers les latitudes Sud… » concluait Franck Cammas, récemment élu marin de la décennie par la Fédération Française de Voile.

 

A ce stade de leur stand-by sur le Trophée Jules Verne, les hommes de Gitana 17 doivent être particulièrement vigilants et ne pas confondre vitesse et précipitation… Ce proverbe prend aujourd’hui tout son sens, comme l’expliquait Charles Caudrelier : « La date de fin de stand-by approchant, nous ne pouvons pas nous permettre de partir pour un essai, il faut que ça soit la bonne ! »

Code jaune malgré de nombreuses incertitudes

C’est bien connu, le Trophée Jules Verne est avant tout une école de patience. Car avant même d’espérer battre le prestigieux record aujourd’hui détenu par Francis Joyon et les hommes d’Idec Sport, il faut trouver la meilleure rampe de lancement pour débuter ce tour du monde. Et attendre la bonne fenêtre n’est pas chose facile tant l’envie de s’élancer est forte après deux mois de stand-by. Surtout quand les éléments ne semblent pas décidés à s’aligner…Mais Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers sont depuis longtemps rompus aux aléas de la météo et savent garder la tête froide. Malgré une forte dégradation des conditions météos et des temps de passage qui s’allongent tant à l’équateur qu’au cap des Aiguilles, une fine probabilité subsiste. Alors tant que la fenêtre reste entrouverte, les skippers du Maxi Edmond de Rothschild ne relâchent pas leurs observations. Les mises à jour des fichiers de prévision de ce lundi soir et celles de demain matin seront déterminantes pour déclencher ou non un nouveau départ sur les 21 760 milles nautiques théoriques de la grande boucle planétaire.

 

 

Depuis le début, le créneau actuellement étudié par la cellule de routage du Gitana Team n’est pas classique. En effet, la tempête Bella qui a touché les côtes bretonnes en fin de week-end a laissé des stigmates, à commencer par une mer très forte qui pour l’heure empêche tout convoyage vers le départ du Trophée Jules Verne, au large de Ouessant. Les choses devraient se calmer dans la journée de demain, ce qui autoriserait un franchissement de ligne en fin de journée. Mais par la suite le scénario que propose l’Atlantique Nord n’est pas propice à un record de vitesse au passage dans l’hémisphère Sud. En effet, certains modèles voient une dépression en formation dans l’ouest sud-ouest des Canaries qui pourrait venir casser le régime d’alizés, forçant ainsi à une route très Est tandis que le Pot-au-Noir semblerait plus coopératif à l’ouest. En bref, l’enchaînement météorologique n’est pas là et obligerait l’équipage à un véritable zigzag pour rejoindre l’équateur. Pour autant un faible pourcentage de routes correctes demeure sur les derniers routages.

 

« 5% de chance c’est déjà 5% de chance d’être dans une bonne fenêtre donc tant que l’espoir est permis il faut se donner les moyens d’y aller à fond. Aujourd’hui de façon certaine, la fenêtre n’est pas terrible dans l’Atlantique Nord avec des temps très très moyens à l’équateur et une route difficile à tenir et à mettre en pratique le long des côtes africaines, avec notamment les Canaries et le Cap Vert à négocier sur notre trajectoire proche. Mais tant qu’il y a une possibilité, même si aujourd’hui elle est très fine, d’avoir une bonne transition dans l’Atlantique Sud et donc de faire un bon temps au cap des Aiguilles, nous maintenons l’option ouverte jusqu’au dernier moment », précisait Franck Cammas pour expliquer le passage en code jaune.

 

« Pour partir nous nous étions fixés trois critères principaux. En premier lieu des conditions maniables pour s’élancer de Ouessant et dégolfer, un temps de passage à l’équateur autour des 4 jours 15 heures et un passage au cap des Aiguilles sous les 11 jours. Aujourd’hui, nous approchons de la deuxième partie de notre stand-by et le temps avançant vers la fin de notre période possible d’attente fixée à la mi-février, nous revoyons un peu nos critères et nos prétentions. Une fenêtre comme celle des prochains jours n’aurait certainement pas été étudiée début novembre mais au 28 décembre elle mérite qu’on s’y attarde un peu », rappelait cependant le co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild.

 

A l’issue d’un long briefing météo, l’ensemble de l’équipe réuni dans la base lorientaise de l’écurie aux cinq flèches s’est une fois encore prêté au jeu des tests PCR. Les membres d’équipage ont quant à eux finalisé leur sac d’affaires personnelles, avant que chacun ne regagne son domicile dans l’attente des fichiers du soir.

Code orange activé, un nouveau départ pour conclure l’année 2020 ?

Il y a un mois jour pour jour, le Maxi Edmond de Rothschild était contraint de rebrousser chemin et d’interrompre sa première tentative de record sur le Trophée Jules Verne suite à un choc qui avait endommagé safran et foil du flotteur bâbord. Cet incident intervenant relativement tôt dans la période de stand-by fixée par le Gitana Team augurait d’un nouveau départ dès les réparations faites, mais surtout d’un créneau météo propice. Ce dernier pourrait se présenter dès mardi prochain et ce jusqu’au jeudi 31 décembre inclus.

 

 

Orange is the new black…
Après un long retour vers leur base lorientaise dicté par une météo atypique sur l’Atlantique Nord, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild avaient confié début décembre le géant de 32 mètres aux mains expertes de l’équipe technique. Peu avant la trêve des fêtes de fin d’année, le dernier-né des Gitana était prêt à en découdre à nouveau grâce au remarquable travail et à la réactivité de l’équipe dirigée par Cyril Dardashti. Ne manquait alors que l’enchaînement météorologique espéré pour s’élancer sur les 21 760 milles nautiques théoriques de la grande boucle planétaire.
Depuis, la cellule météo composée des deux skippers, Franck Cammas et Charles Caudrelier, et de leur routeur Marcel van Triest, scrutait matin et soir les fichiers de prévisions pour trouver cette fameuse « fenêtre ». Une possibilité est actuellement étudiée et pourrait conduire à un franchissement de ligne au large de Ouessant entre le 29 et le 31 décembre. Par conséquent, le Gitana Team bascule ce dimanche en code orange !

 

Le routeur hollandais, véritable 7e homme de l’équipage, nous décryptait la situation atypique dans laquelle pourraient s’élancer les six marins dès mardi ; une fenêtre loin d’être parfaite mais qui retient aujourd’hui toutes les attentions à quelques jours de basculer en 2021 :
« Ce n’est pas un créneau extraordinaire comme nous l’espérions en début de stand-by, mais c’est un créneau à prendre au sérieux car il propose des temps de passage corrects sur le premier tiers du parcours. Actuellement la météo est très agitée au large de la Bretagne avec la tempête Bella qui a balayé les côtes atlantiques et celles de La Manche. Le vent va tourner au nord nord-ouest puis il devrait faiblir à compter de demain soir. L’état de la mer devrait également redevenir plus praticable. Ces conditions musclées et trop engagées bloquent pour le moment tout départ. Mais il ne nous faudra pas trop trainer car dans les prochains jours si les modèles voient juste une dépression se forme dans l’ouest sud-ouest des Canaries, au milieu de l’Atlantique, et son déplacement vers les côtes africaines pourrait venir totalement casser le régime d’alizés… » Rester vigilants, opportunistes et prêts à partir, tels sont les mots d’ordre du jour pour le Gitana Team.

 

Demain matin, les six marins du Maxi Edmond de Rothschild et l’équipe qui les accompagne dans cette quête de Trophée Jules Verne, se retrouveront à la base lorientaise de l’écurie aux cinq flèches pour un programme bien chargé. Entre briefing météo avec Marcel van Triest, tests PCR, chargement de l’avitaillement et préparation des affaires personnelles, le début de semaine se fera sur les chapeaux de roues, à l’image du défi que s’apprêtent une nouvelle fois à relever Franck Cammas, Charles Caudrelier, Yann Riou, Erwan Israël, Morgan Lagravière et David Boileau.

SODEBO ULTIM 3 MET LE CAP SUR LORIENT

Après cinq jours d’escale technique express, l’équipage de Sodebo Ultim 3 a quitté La Réunion mardi pour mettre le cap sur Lorient. Le trimaran géant devrait retrouver sa base à la mi-janvier.

 

 

L’équipage a été légèrement modifié, puisque Thierry Briend et Léo Legrand sont montés à bord remplaçants ainsi François Duguet, le boat-captain, et Martin Keruzoré, équipier-médiaman. Ils rejoignent donc le reste de l’équipage, également composé de Thomas Coville, François Morvan, Matthieu Vandame, Corentin Horeau, Sam Goodchild et Thomas Rouxel, et vont donc passer les fêtes en mer, entre océan Indien et Atlantique Sud.

 

Arrivé jeudi dernier au Port, au nord-ouest de La Réunion, six jours après avoir interrompu sa tentative sur le Trophée Jules, l’équipage de Sodebo Ultim 3 avait été rejoint par l’équipe technique, dépêchée sur place pour procéder aux réparations sur le safran tribord endommagé.

 

« Dès que le bateau est arrivé, on a tout de suite attaqué par les « checks » pour s’assurer qu’il n’y avait pas plus de boulot que ce que les navigants avaient vu et prévu, explique William Fabulet, responsable composite du team Sodebo. On a attaqué les réparations dès le lendemain pour remettre le bateau en état et permettre à l’équipage de repartir sereinement. Les marins nous ont aidés sur beaucoup de petits dossiers, tout ça s’est fait dans une bonne ambiance. »

 

Et rapidement, car grâce à l’énorme travail de toute l’équipe technique, Sodebo Ultim 3 a repris la mer mardi en début d’après-midi, après une escale technique qui aura duré cinq jours et aussi permis à l’équipage de partager des moments forts avec la population locale.

 

« Une escale comme ça, ça fait du bien, confirmait Thomas Coville au moment de quitter La Réunion. Quand on est athlète, on est dans le prisme du résultat, du chiffre, de la déception, et là, on arrive chez des gens qui sont dans la rencontre, l’échange. Cela confirme que nos projets ont un sens, c’est celui de partager. Je suis assez ému, on a tout le temps eu 20, 30, 40 personnes qui sont venues nous voir, de 7 à 77 ans, La Réunion est une très belle île qui fera partie de mon histoire et de l’histoire de ce Trophée Jules Verne. »

 

Place désormais à trois semaines de navigation que l’équipage compte bien mettre à profit pour continuer à progresser sur Sodebo Ultim 3.

 

« Léo s’occupe de l’électronique, c’était important qu’il puisse naviguer, parce que nous avons encore des développements à faire, explique Thierry Briend. De mon côté, comme je suis en charge des voiles, ça va me permettre de me concentrer dessus surtout que nous allons rencontrer différentes conditions de navigations et d’arriver avec de bonnes idées à la maison. »

 

SODEBO ULTIM 3 EN ESCALE TECHNIQUE À LA RÉUNION

Six jours après avoir renoncé à sa tentative sur le Trophée Jules Verne et après 23 jours de mer, l’équipage de Sodebo Ultim 3 est arrivé jeudi midi heure locale à La Réunion (9h, heure de la Métropole) – précisément au Port, au nord-ouest de l’île. Il devrait y rester entre 3 et 5 jours avant de reprendre la mer en direction de Lorient, son port d’attache.

 

 

Vendredi dernier, Thomas Coville et son équipage prenaient la difficile décision de mettre un terme à leur tentative sur le Trophée Jules Verne. L’avarie survenue sur le safran tribord ne leur permettait pas d’envisager une traversée du Pacifique avec un bateau fiable, et donc sûr, à 100%. La déception passée, les huit « Sodeboys » ont mis le cap sur La Réunion, alors distante de 2 300 milles, où ils sont arrivés ce jeudi matin, après un peu moins de six jours de mer.

 

« Nous avons été très bien accueillis, il y avait du monde, nous avons retrouvé notre équipe technique. Même si ce n’était pas le plan à l’origine de s’arrêter à La Réunion, ce sont toujours de bons moments », a commenté le skipper de Sodebo Ultim 3 au moment d’amarrer le trimaran. L’équipe technique dépêchée sur place est aussitôt montée à bord pour inspecter en détail le safran abîmé avant d’entamer les réparations.

 

« On estime entre 3 et 5 jours la durée de l’escale, l’objectif est de repartir vers Lorient rapidement tout en restant dans la dynamique de faire progresser le bateau. Quand on s’est arrêté, on s’est dit qu’on avait déjà fait quelque chose de formidable, on veut encore faire fructifier ce que nous avons appris et capitalisé sur la dynamique de notre équipe », explique Thomas Coville. Sodebo Ultim 3 devrait retrouver sa base mi-janvier après trois semaines de navigation.

Franck Cammas élu marin de la décennie

Comme chaque année, la Fédération Française de Voile récompense ses champions. Mais en cette année 2020 si particulière, elle a su s’adapter pour proposer une élection différente de l’accoutumée. Ce jeudi 17 décembre, c’est un jury d’experts qui s’est virtuellement réuni pour désigner le navigateur français considéré comme le meilleur de sa génération de 2010 à 2020. Franck Cammas a été élu marin de la décennie et ajoute ainsi une prestigieuse récompense à son incroyable palmarès. Mais outre les nombreuses victoires que compte le marin d’origine aixoise, expatrié en Bretagne depuis le milieu des années 90, c’est son parcours pluridisciplinaire allant de la course au large à la voile olympique sans oublier la Coupe de l’America, que le jury présidé par Michel Desjoyeaux a souhaité saluer par ce titre.

 

 

Très honoré de cette distinction, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild nous confiait ses premières impressions : « Nous ne faisons pas notre sport pour recevoir des prix mais cela fait toujours super plaisir quand nous sommes distingués ainsi, surtout cette année où l’élection revenait sur la dernière décennie. Depuis mes débuts dans la voile, j’ai eu la chance incroyable de faire des disciplines très différentes : de la course au large en équipage et en solitaire, sur des petits et des très grands bateaux, de la voile olympique, du Match-racing à très haut niveau notamment avec la Coupe de l’America. Je suis un boulimique de travail et de navigation et j’adore évoluer et découvrir sans cesse de nouveaux supports. Dans mon parcours des dix dernières années, il y a eu des hauts, avec de très belles victoires, et des bas avec des échecs et un accident en entraînement en 2015 qui aurait pu avoir de lourdes conséquences. Dans ces dix ans, j’ai forcément des tonnes de très bons souvenirs, mais être à la barre d’un bateau français pour la coupe de l’America c’est rare et exceptionnel. Cela a été assez frustrant car nous n’avions pas toutes les cartes en main pour nous défendre sur l’eau mais j’en garde un très grand souvenir car c’était une expérience très forte. Avec cette distinction, je pense forcément à Groupama qui m’a accompagné une très grande partie de ma carrière et à toutes les personnes dans le team grâce à qui j’ai pu vivre tous ces beaux challenges.

 

Aujourd’hui mon quotidien s’écrit avec le Gitana Team et tout le groupe Edmond de Rothschild. Depuis deux ans, avec Charles Caudrelier nous sommes à fond sur ce projet. Gitana est une parfaite synthèse de ce que j’ai appris dans la dernière décennie. De la technologie, de l’innovation et du très haut niveau. Le vol est la grande révolution de ces dernières années. En rejoignant le Gitana Team à la barre du Maxi Edmond de Rothschild j’ai rejoint la démarche pionnière de toute cette équipe pour le vol hauturier. C’est une chance incroyable et j’espère pouvoir vivre autant de beaux challenges avec la même passion pour les dix prochaines années. »

 

 

Cette année, le président du Jury du marin de la décennie était un certain Michel Desjoyeaux, navigateur hors norme que l’on ne présente plus : « Je suis ravi de l’avoir appris de sa bouche ! Mich a non seulement été très inspirant pour moi mais il a aussi été très présent à mes débuts en Figaro. Il m’a permis d’apprendre en accéléré et ces années au Pôle d’entraînement de Port-la-Forêt représentent pour moi toute la genèse de ce qu’est la voile de compétition d’aujourd’hui avec toute la rigueur et le professionnalisme que l’on connaît », concluait le fraîchement élu marin de la décennie.

 

Mais Franck Cammas n’aura pas le temps de se reposer sur ses lauriers. Avec Charles Caudrelier et l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild, le marin est à nouveau en stand-by pour s’élancer sur une nouvelle tentative de record dans le Trophée Jules Verne. Mi-novembre, l’équipe aux cinq flèches avait dû renoncer et rebrousser chemin après trois jours de mer suite à une avarie sur son safran et son foil bâbord. Après quelques jours de réparation dans son port d’attache lorientais, le dernier-né des Gitana est à nouveau à 100 % de son potentiel. Tous les voyants sont au vert et la cellule météo est à nouveau en quête de la fenêtre idéale pour s’attaquer au record du tour du monde à la voile.

 

 

Les grandes victoires de Franck Cammas, de 2010 à 2020

– Trophée Jules Verne 2010, avec Groupama 3, en 48 jours 7 heures 45 minutes
– Route du Rhum 2010, avec Groupama 3 en catégorie Ultime
– Volvo Ocean Race 2011-2012 avec Groupama 4
– Tour de France à la Voile 2013 avec le M34 Groupama
– Marin de l’année 2012 et 2013
– Champion du Monde de Class C 2013 et 2015
– Rolex Fastnet Race 2019 et record de l’épreuve, avec le Maxi Edmond de Rothschild
– Brest Atlantiques 2019, avec le Maxi Edmond de Rothschild
Sans oublier …
– Préparation Olympique en Nacra 17 pour les JO 2016 (non sélectionné)
– Participation à la Coupe de l’America 2017, skipper Team France


Jury du Marin de la décennie

– Michel Desjoyeaux – Navigateur, président du jury du marin de la décennie
– Henry Bacchini – Vice Président de la FFVoile
– Alain Pichavant – Directeur Général du Nautic Festival
– Capitaine de Corvette Patrice L’Hour – Chef du groupement Manoeuvre de l’Ecole Navale
– Commandant Henri Duval – Directeur Technique des Sports Militaires et President Fédération Internationale de Voile Sport Militaire
– Neuf journalistes
– Les votes du public qui comptaient pour deux voix (plus de 16 000 votes cette année)

THOMAS COVILLE : « C’EST UNE ÉVIDENCE QU’ON REVIENDRA »

Après un peu plus de 16 jours de mer, Thomas Coville a pris la décision vendredi avec son équipage de ne pas poursuivre la tentative sur le Trophée Jules Verne. Après avoir essayé de réparer le safran tribord de Sodebo Ultim 3 avec François Duguet, le boat-captain et le reste de l’équipe, le skipper a choisi d’agir en bon marin et de ne pas « tenter le diable ». Le trimaran fait actuellement route vers La Réunion où il est attendu en fin de semaine prochaine.

 

 

C’est une journée de vendredi particulière qu’auront vécue, à des milliers de kilomètres de distance, les huit équipiers de Sodebo Ultm 3 en plein milieu de l’océan Indien, et les membres du team dans la base de Lorient. Tout a commencé par des premiers retours de deux des barreurs du bord, François Morvan et Matthieu Vandame.

 

« Après une réflexion de François et de Matthieu sur leurs quarts qui avaient été difficiles à la barre dans du vent fort au portant, on s’est rendu compte lors d’un contrôle de routine qu’on avait un problème de direction, de safran, de gouvernail », explique Thomas Coville.

 

Après un premier diagnostic, le skipper décide de ralentir pour tenter de réparer le safran du flotteur tribord. Du côté de Lorient, l’équipe à terre se mobilise, comme le raconte Jean-Christophe Moussard, le team-manager : « On a un document spécial qui nous permet de gérer ces moments anxiogènes, pendant lesquels il y a beaucoup de choses à faire en même temps. Il faut notamment que les responsables techniques des pièces touchées rejoignent la cellule routage pour une coordination rapide et efficace avec le bateau. De notre côté, on est arrivé à la conclusion qu’après la réparation, le bateau ne serait plus à 100%. Mais, le dernier mot revient au skipper et à son équipage. »

 

A bord, Thomas Coville, après six heures passées avec François Duguet dans l’inconfort du flotteur tribord de Sodebo Ultim 3, se rend à l’évidence : « Le problème était plus sérieux qu’on ne le pensait au départ, si bien qu’il n’était plus possible de diriger le bateau avec les mêmes ambitions et surtout la même sécurité. » Le skipper, après avoir échangé avec la terre, réunit son équipage pour lui annoncer sa décision de renoncer à poursuivre cette tentative :

 

« C’est super dur de vous dire ça mais c’est aussi mon job de vous ramener et de ramener le bateau à son armateur. On n’est pas « out », on a fait un truc super jusqu’aux Kerguelen, on était devant, je ne pense pas qu’il faille tenter le diable avec un bateau qui n’est pas à 100%. »

 

Pour Jean-Christophe Moussard, « Thomas a pris la décision qui s’imposait, c’est un homme d’expérience, il sait que le Pacifique est un « no man’s land », où personne ne vient te chercher. Prendre ce genre de décision après six heures passées dans le flotteur, il faut être costaud. »

 

Les équipiers accusent forcément le coup, certains yeux sont rougis, mélange de fatigue et d’une déception légitime après 16 jours de navigation intense. Interrogé samedi matin par Martin Keruzoré, Thomas Coville résume : « Le fait de prendre cette décision quasiment à mi-chemin a été plus qu’une déception. Quand vous êtes dans une spirale, que vous avez quelque chose qui vous prend les tripes et que tout le groupe est dans cette même atmosphère, arrêter ça, c’est arrêter quelque chose de trop beau. Je n’étais pas uniquement dans la projection de battre le Jules Verne, je voulais aussi continuer à vivre ce moment, cette expérience, ce voyage, qui étaient tels que je l’avais imaginé avec ce groupe qu’on a formé. Je n’avais pas envie que ça s’arrête. »

 

S’il parle « d’une école d’humilité », le skipper de Sodebo Ultim 3 sait aussi tout le beau chemin qui a été accompli jusque-là : « Le prix à payer est un peu fort, je suis très déçu, mais je ne suis pas abattu parce que c’est une évidence : on reviendra. On a un groupe et un bateau pour le faire, on a un partenaire qui veut bien y retourner aussi, donc l’avenir est devant nous. On écrira d’autres histoires, mais on continuera d’abord celle-là, tellement elle a bien démarré, ce n’est pas fini ! »

 

Ce périple n’est en effet pas terminé puisque le trimaran fait désormais route vers La Réunion, où il sera rejoint par une petite équipe technique pour remplacer les pièces défectueuses. « Nous avons choisi La Réunion plutôt que l’Australie pour plusieurs raisons, explique Jean-Christophe Moussard. D’abord parce que les conditions météo étaient plus favorables pour rejoindre la Réunion, ensuite parce qu’on pouvait envoyer plus facilement une équipe technique. Pour l’Australie, les conditions sanitaires actuelles imposaient une quatorzaine en isolement. La Réunion est un département français, c’est donc beaucoup plus simple pour s’organiser. Pour rentrer à Lorient en passant par le Cap de Bonne Espérance, les systèmes météo sont plus favorables. Dans les premiers échanges que nous avons avec les Réunionnais, on les sent déjà très enthousiastes pour nous aider et nous accueillir, on va vivre de beaux moments de partage. »

 

L’escale à Port Réunion au Nord-Ouest de l’île devrait durer quelques jours, après quoi l’équipage reprendra la mer pour environ trois semaines jusqu’à Lorient où il est espéré à la mi-janvier. Un nouveau départ pour le Trophée Jules Verne sera-t-il alors possible cet hiver ? « Non, on ne repartira pas, le bateau aura fait plus qu’un tour du monde en nombre de milles, il a besoin d’être révisé, inspecté sous toutes ses coutures, mais nous allons profiter du retour pour continuer à travailler sur la connaissance et la performance de ce jeune bateau mis à l’eau en Mars 2019 », conclut le team-manager.