À 500 milles de l’Indien

Trophée Jules Verne 2020/2021
Gitana Team
Charles Caudrelier
Franck Cammas


Créé le:
20 January 2021 / 6:34
Modifié le:
21 January 2021 / 4:50

Les hommes du Maxi Edmond de Rothschild s’apprêtent à quitter les eaux familières de l’océan Atlantique pour dévaler celles moins hospitalières de l’océan Indien. Demain, à la mi-journée, Franck Cammas, Charles Caudrelier, David Boileau, Erwan Israël, Morgan Lagravière et Yann Riou devraient en effet franchir la longitude du cap des Aiguilles, qui marque l’entrée dans les mers australes. Si les hommes du Gitana Team maintiennent le rythme qu’ils impriment depuis plus de trois jours, c’est avec un beau chronomètre à la clé qu’ils concluront ce tronçon de près de 6200 milles (soit environ 10 000 km).

 

 

Il ne faut pas toujours se fier aux apparences… Malgré les vitesses moyennes de plus de 33 nœuds qu’affiche le maxi-trimaran volant sur les dernières 24 heures, les six marins du bord s’emploient à ralentir au mieux le géant qui ne demanderait pourtant qu’à accélérer. Dans un vent compris entre 30 et 35 nœuds, avec des rafales à plus de 45 nœuds qui viennent claquer dans les voiles, et par une mer courte et croisée, l’heure n’est pas aux excès de vitesse mais bien au dosage et à la préservation du matériel. « Nous cherchons les freins depuis quelques heures », nous confiait même Charles Caudrelier.

 

Après dix jours et demi de mer, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild profitait à 16h d’une belle avance sur la trace de son adversaire virtuel, plus de 950 milles. Mais à observer la carte de plus près, c’est dans les prochaines heures que Francis Joyon et ses hommes, les actuels détenteurs du trophée Jules Verne, débuteront leur incroyable chevauchée en ligne droite vers le Pacifique ; une trajectoire limpide et implacable qui avait permis un record de haut vol dans l’Indien. Autant dire que le match ne fait que commencer.

 

Les Maxi-sons du Large, un podcast du Gitana Team

À l’affût dans le raffut, Yann Riou, régleur et équipier média, tend le micro à ses partenaires de navigation extrême sur le Trophée Jules Verne. Une belle invitation sonore à partager le quotidien hors normes des six marins engagés dans la chasse au record de vitesse autour des mers du globe.

 

La saison 1 de notre podcast, consacrée à la descente de l’Atlantique qui constitue le premier quart du parcours planétaire en temps, se conclut avec ce 3e épisode. Les hommes du Maxi Edmond de Rothschild sont aux portes du Grand Sud. Demain, jeudi 21 janvier, avec le franchissement de la longitude du cap des Aiguilles à la pointe sud-africaine, les six marins et leur maxi-trimaran volant basculeront dans l’océan Indien.

 

À quelques heures de cette grande première pour lui, David Boileau, boat captain et équipier, nous fait partager un moment de vie dans les quarantièmes rugissants. Dans une mer formée, où le géant de 32 mètres part en surf ou à l’inverse vient buter dans les vagues qui se dressent devant ses étraves, les simples gestes du quotidien réclament une attention de tous les instants. Car dans une machine de carbone lancée à plus de 30 nœuds en permanence et pensée avant toute chose pour la performance et non pour le confort de navigation, la chute, le vol plané ou pire la blessure ne sont jamais loin.

 

 

David Boileau, le 20 janvier 2021, dans les quarantièmes

« Là c’est magnifique autour de nous ! Un ciel bleu, du soleil et des reflets dans la mer bleu clair je dirais. Il y a beaucoup de mer, du vent et le bateau glisse à 30 – 35 nœuds.  C’est super joli ! Mais effectivement au-delà de la carte postale ce n’est pas toujours super confortable à bord. Avec la mer là, ça a tendance à s’arrêter brutalement dans les vagues, il faut bien se tenir à l’intérieur du Maxi et surtout être prudent quand on se déplace pour ne pas se laisser surprendre. Ce matin par exemple, je me suis coupé le doigt alors que j’étais au niveau de la cuisine, en bas dans la coque centrale, en m’accrochant pour ne pas tomber. Je me suis accroché sur une vis.

 

D’ailleurs, quand on cuisine, pour éviter de se faire éjecter, nous avons une sangle que nous passons autour de notre taille. Mais ce matin lors de mon incident je n’étais pas en cuisine, juste de passage dans cette zone en sortant de mon quart de repos à l’arrière dans les bannettes qui se situent sous le cockpit. Niveau sonore, oui c’est toujours très bruyant. On entend l’eau qui glisse le long des coques ou tape contre et puis le sifflement des appendices. Mais ce bruit est un bon repère et nous permet justement pas mal d’anticiper les mouvements du bateau. Aux vibrations de la coque, on sent l’accélération et on imag ine la décélération qui va suivre inévitablement derrière. À ce moment-là, tout le monde s’accroche à ce qu’il a sous la main pour amortir le planté ! Le bateau est également bien sollicité, dans une mer assez courte, depuis trois jours. Nous y sommes très attentifs et nous faisons ce qu’il faut en termes de vitesse pour préserver au maximum le matériel. »



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