Partis de Ouessant dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 janvier, à 2h 33′ 46 », Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers poursuivent leur rapide descente de l’Atlantique Nord en direction de l’équateur. Avec près de 2 000 milles parcourus en deux jours et demi, à la vitesse moyenne de 31,4 nœuds, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild sont parfaitement dans le rythme et s’offraient même, au pointage de 18h, une avance de 139 milles sur le record de Francis Joyon. Cette troisième journée de mer a été marquée par une transition météo le long de la dorsale de l’anticyclone des Açores et les six marins ont dû composer avec des vents très variables et bien trop faibles à leur goût pour gagner vers le Sud. Mais que l’on se rassure, dès la nuit prochaine le changement de décor sera radical. Le flux de nord-est va prendre du coffre à l’approche du Cap Vert.
Une zone de transition en bordure de dorsale
Dans la semaine qui a précédé le départ du Maxi Edmond de Rothschild sur le Trophée Jules Verne, le choix de la fenêtre et du timing précis pour s’élancer de Ouessant a alimenté de nombreuses discussions au sein de la cellule météo du team. Celle qui a été privilégiée représentait le meilleur compromis pour obtenir une descente de l’Atlantique Nord correcte mais surtout une bonne connexion dans l’Atlantique Sud pour attraper les dépressions qui filent vers les mers australes. La situation météo que connaît l’équipage du maxi-trimaran volant depuis 24 heures, à savoir des vents faiblissants qui nécessitent de beaucoup manœuvrer pour adapter sans cesse le cap et l’allure aux variations en force et en direction du flux, est directement liée à ce créneau en fin de fenêtre de départ.
« Nous avons cherché à quitter Ouessant le plus tard possible dans la fenêtre pour deux raisons. La première, éviter le plus fort de la dépression au niveau de la péninsule ibérique et la deuxième, profiter d’un bon enchaînement dans l’Atlantique Sud pour être au rendez-vous avec une dépression sortant de l’Amérique Latine et prenant la direction des mers du Sud. C’est le point de passage qui a essentiellement motivé notre timing de départ. » Cependant, mais l’histoire était claire depuis le départ, cette configuration pouvait présenter quelques inconvénients, dont le principal était le déplacement de la dorsale anticyclonique sur la route de Gitana 17.
« Les conditions sont très instables depuis notre passage de Madère et la journée s’est déroulée dans un vent plutôt faiblissant – entre 12 et 20 nœuds – avec des gros changements de direction et des passages de grains. On sent la dorsale qui s’étale dans notre sillage et dans notre Ouest, » confiait Charles Caudrelier, avant de rappeler : « Notre choix n’est pas le plus optimal pour le temps à l’équateur car nous sommes partis en fin de créneau. Mais l’équateur n’est pas notre priorité, c’est le Trophée Jules Verne notre objectif. »
En enchaînant les empannages et en ne ménageant pas leurs efforts les six marins du bord sont malgré tout parvenus à bien exploiter le potentiel de leur machine et à conserver une bonne vitesse. Un motif de satisfaction tandis que le jour se couche sur cette troisième journée de record, d’autant que la porte des alizés de l’hémisphère Nord n’est plus très loin. Un flux de nord-est bien plus puissant soufflera bientôt dans les voiles du Maxi Edmond de Rothschild. En effet, dès la nuit prochaine la cadence va sérieusement s’accélérer à bord du dernier-né des Gitana en direction du Cap Vert. Santo Antão, l’île la plus septentrionale de l’archipel devrait être doublée demain, mercredi 13 janvier, à la mi-journée.